Ce rapport présente une évaluation des risques des changements climatiques pour la santé des Canadiens et des Canadiennes et le système de soins de santé, et des options d’adaptation. Dirigé par Santé Canada, il a été publié en 2022.
Chapter 2
Key Messages and Summary
Résumé
Les Premières Nations, les Inuits et les Métis du Canada sont particulièrement susceptibles de subir les impacts des changements climatiques compte tenu de leur tendance à vivre dans des régions touchées à l’heure actuelle par de rapides changements climatiques, de leurs liens étroits avec l’environnement et ses ressources naturelles et du fait qu’ils en dépendent. Les impacts directs et indirects des changements climatiques sur la santé et le bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis sont interreliés et profonds.
Le climat en évolution exacerbera les inégalités socioéconomiques et iniquités en santé que subissent déjà les Premières Nations, les Inuits et les Métis, y compris les maladies respiratoires, cardiovasculaires, les maladies d’origine hydrique et alimentaire, les maladies chroniques et infectieuses, ainsi que les difficultés financières et l’insécurité alimentaire. Les aléas naturels, associés à des événements météorologiques imprévisibles et extrêmes, peuvent entraîner des évacuations temporaires ou à long terme des territoires traditionnels, en plus d’augmenter le risque de blessures et de décès causés par des accidents survenus sur le terrain. Les dommages aux infrastructures ou l’instabilité de celles-ci causés par les changements climatiques, en particulier dans les régions nordiques et éloignées, peuvent restreindre l’accès aux systèmes de santé et aux fournitures médicales. Les changements climatiques menacent les modes de vie, la résilience, la cohésion culturelle et les possibilités de transmission du savoir autochtone et des compétences liées aux terres des Premières Nations, des Inuits et des Métis, en particulier chez les jeunes. Les impacts transversaux des changements climatiques perturberont les moyens de subsistance des Premières Nations, des Inuits et des Métis, de leurs familles et de leurs collectivités, ayant une incidence sur leur sentiment d’identité et leur continuité culturelle et aggravant les problèmes de santé mentale existants. Les systèmes du savoir et les pratiques autochtones sont essentiels à la capacité des Premières Nations, des Inuits et des Métis d’observer les changements climatiques et environnementaux, d’y réagir et de s’y adapter.
Messages clés
- Les Premières Nations, les Inuits et les Métis du Canada sont particulièrement susceptibles de subir les impacts des changements climatiques compte tenu de leurs liens étroits avec la terre, les cours et plans d’eau, les animaux, la flore et les ressources naturelles, de leur tendance à vivre dans des régions touchées à l’heure actuelle par de rapides changements climatiques, particulièrement dans le nord du Canada, et du fardeau plus lourd que leur imposent les iniquités en santé et les déterminants de la santé connexes.
- Les changements climatiques ont des impacts interreliés et profonds sur la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Ces impacts directs et indirects des changements climatiques exacerbent les inégalités existantes et ont des effets sur la sécurité alimentaire et hydrique, la qualité de l’air, les infrastructures, la sécurité personnelle, le bien-être mental, les moyens de subsistance et l’identité, en plus d’augmenter l’exposition aux organismes pathogènes.
- Les impacts sur la santé sont ressentis différemment entre les collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis et entre les membres de ces collectivités, de même qu’entre les hommes, les femmes, les garçons, les filles et les personnes de diverses identités de genre. Par conséquent, la recherche et les adaptations doivent respecter les cultures, la géographie, les contextes locaux et les besoins particuliers de ces collectivités.
- Depuis des temps immémoriaux, les Premières Nations, les Inuits et les Métis observent activement les changements environnementaux et s’y adaptent de diverses façons. Les systèmes du savoir et les pratiques autochtones sont égaux aux connaissances scientifiques et ont été et continuent d’être essentiels à la survie et à la résilience des peuples autochtones.
- Il est de plus en plus reconnu à l’échelle nationale et internationale que les systèmes du savoir autochtone sont importants pour l’adaptation aux changements climatiques, la surveillance des impacts à l’échelle locale et régionale, et l’élaboration des politiques et de la recherche sur les changements climatiques.
- Les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis sont détenteurs de droits. Dans le cadre de la préparation aux impacts sur la santé des changements climatiques, il faut respecter, protéger et mettre de l’avant les droits et responsabilités des peuples autochtones à l’égard de leurs terres, de leurs ressources naturelles et de leurs modes de vie par des politiques, des recherches et des mesures d’adaptation en matière de changements climatiques fondées sur les distinctions et dirigées par les Autochtones.
Aperçu des impacts des changements climatiques sur la santé et le bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis du Canada
Catégorie d’impact et d’aléa pour la santé | Causes liées au climat | Effets possibles sur la santé |
Impacts sur les peuples et les collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis |
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Chapter 3
Key Messages and Summary
Résumé
Les vagues de chaleur, les graves inondations, les feux de forêt, l’érosion du littoral et les sécheresses sont quelques exemples d’aléas naturels dont la fréquence et l’intensité sont influencées par les changements climatiques. Ces aléas peuvent causer des pertes en vies humaines, des blessures et divers problèmes de santé, des dommages aux biens, des perturbations sociales et économiques ou une dégradation de l’environnement. Les impacts des aléas naturels sur la santé humaine sont particulièrement préoccupants. Des coups de chaleur aux maladies cardiovasculaires et respiratoires, en passant par les impacts psychologiques et sociaux, les impacts sanitaires des aléas naturels sont graves et dépendent de processus complexes impliquant des facteurs individuels, sociaux, économiques et environnementaux. Le Canada a vu de nombreux exemples d’impacts graves de ces aléas sur la santé et la sécurité de la population au cours des dernières années (p. ex., vague de chaleur et sécheresse en Colombie-Britannique, feux à Fort McMurray en Alberta, vagues de chaleur et inondations de 2018 en Ontario et au Québec, tempêtes dans les provinces maritimes). À mesure que les changements climatiques s’accéléreront, ces impacts sur les populations augmenteront à moins que des mesures d’adaptation efficaces ne soient mises en œuvre pour les réduire et protéger les populations les plus à risque d’être touchées. Des exemples de ces mesures d’adaptation propres à chaque aléa existent déjà et devraient être activement mis en œuvre par la société civile, les municipalités, les autorités sanitaires, les provinces et le gouvernement fédéral.
Messages clés
- On s’attend à ce que de nombreux événements météorologiques extrêmes, et les impacts sur la santé des Canadiens et des Canadiennes qui y sont associés, augmentent au cours des prochaines décennies, sous l’effet du réchauffement généralisé. Par exemple, la chaleur extrême deviendra plus fréquente et plus intense. Cela augmentera la gravité des vagues de chaleur et contribuera à accroître les risques de sécheresse et de feux de forêt. Pour la majeure partie du Canada, les précipitations devraient augmenter, en moyenne, bien qu’il soit possible que les précipitations estivales diminuent dans certaines régions. Les risques d’inondation urbaine augmenteront en raison de précipitations plus intenses (Rapport sur le climat changeant du Canada, 2019).
- On prévoit que les décès au Canada augmenteront considérablement d’ici la fin du siècle en raison des effets de la hausse des températures (et de la chaleur extrême) si les émissions de gaz à effet de serre (GES) continuent d’augmenter au même rythme qu’au cours des 30 dernières années. À cela s’ajoutent les effets sanitaires potentiels de l’évolution de certains événements météorologiques extrêmes (p. ex., feux de forêt, sécheresses, vagues de chaleur, précipitations extrêmes), comme l’augmentation des blessures accidentelles, de l’anxiété et de la dépression, des maladies d’origine hydrique, des problèmes cardiovasculaires et des maladies respiratoires. Les travailleurs directement exposés à ces événements extrêmes se heurtent déjà à un accroissement du fardeau de la maladie et des blessures.
- Les communautés des régions côtières sont confrontées à une multitude de risques accrus. On s’attend à davantage d’inondations côtières dans de nombreuses régions du Canada en raison de l’augmentation locale du niveau de la mer. La perte de glace de mer dans l’Arctique, l’est du Québec et le Canada atlantique augmente encore le risque de dommages aux infrastructures et aux écosystèmes côtiers en raison d’ondes de tempête et de vagues plus importantes (Rapport sur le climat changeant du Canada, 2019).
- Certaines populations des zones urbaines et rurales ont un accès limité aux ressources financières, sociales, sanitaires et humaines nécessaires pour s’adapter aux aléas naturels influencés par les changements climatiques. De nombreuses collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis subissent un fardeau plus lourd d’iniquités en santé et de déterminants connexes d’une mauvaise santé. À ceci s’ajoute leur dépendance à l’égard de l’environnement pour leur subsistance, leurs moyens de subsistance et leurs pratiques culturelles, ce qui les rend particulièrement sensibles aux impacts des changements climatiques, y compris les aléas naturels.
- Les aînés sont particulièrement à risque de souffrir des impacts sanitaires des événements liés aux changements climatiques, comme les vagues de chaleur, les vagues de froid, la sécheresse, la fumée des feux de forêt et les inondations. L’âge et les maladies chroniques sont les principaux facteurs de vulnérabilité, et le fait que notre société vieillisse rapidement augmentera ce risque au cours des prochaines décennies. Les vulnérabilités des aînés peuvent être aggravées par la perte de cohésion communautaire, l’inégalité socioéconomique et l’adoption de comportements malsains.
- Les provinces, les municipalités, la société civile, les autorités de santé et le gouvernement fédéral ont un rôle déterminant à jouer en matière d’adaptation aux changements climatiques. Malgré les progrès réalisés sur de nombreux fronts, les mesures d’adaptation font toujours défaut, en particulier pour les sécheresses, les tempêtes et les fortes précipitations. De plus, les populations exposées à des risques accrus et les conditions évitables qui augmentent ces risques sont souvent négligées par les parties prenantes lors de la mise en œuvre des mesures d’adaptation.
- De nombreuses solutions susceptibles de réduire l’exposition humaine et la vulnérabilité aux aléas naturels influencés par les changements climatiques sont déjà connues et devraient être mieux promues. Ces solutions comprennent le verdissement des milieux de vie, l’identification des zones à risque, l’utilisation de systèmes d’alerte précoce, l’amélioration de l’accès aux ressources, la mise en pratique de l’aménagement intégré du territoire, la mise à jour des infrastructures et la sensibilisation du public.
- Le rythme, la nature et l’étendue des mesures d’adaptation doivent augmenter rapidement et considérablement afin de réduire les impacts sanitaires actuels et futurs au Canada, y compris les évacuations liées au climat et les déplacements forcés.
Aperçu des impacts sur la santé des aléas naturels découlant des changements climatiques
Catégorie d’impact ou d’aléa sanitaire | Causes liées au climat | Effets possibles sur la santé |
Températures extrêmes et réchauffement graduel |
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Événements météorologiques extrêmes et aléas naturels
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Chapter 5
Key Messages and Summary
Résumé
Les changements climatiques et la qualité de l’air sont intimement liés : les changements climatiques ont une incidence sur la qualité de l’air au Canada, et plusieurs polluants atmosphériques contribuent aux changements climatiques. L’exposition aux principaux polluants atmosphériques, y compris les matières particulaires et l’ozone, augmente le risque d’effets nocifs sur la santé, qu’il s’agisse des symptômes respiratoires, du développement de maladies ou de la mortalité précoce. On s’attend à ce que le réchauffement climatique aggrave les niveaux de pollution atmosphérique au Canada. Comme la fréquence et la gravité des feux de forêt devraient augmenter en raison des changements climatiques, les émissions découlant des feux de forêt représenteront l’un des plus grands risques climatiques pour la qualité de l’air au Canada. Les changements climatiques peuvent également influer sur la qualité de l’air intérieur lorsque des niveaux élevés de polluants atmosphériques extérieurs s’infiltrent dans les bâtiments ou lorsque la moisissure s’accumule à la suite d’événements météorologiques extrêmes, comme des inondations. Les changements climatiques ont une incidence sur les allergènes en suspension dans l’air tels que le pollen en élargissant la répartition géographique des espèces végétales, en prolongeant les saisons polliniques et en augmentant la densité pollinique.
Certains groupes sont plus exposés aux impacts de la pollution atmosphérique sur la santé, comme les enfants, les personnes âgées, les peuples autochtones, les personnes atteintes d’affections préexistantes comme l’asthme ou les maladies cardiaques, et les populations vivant dans des régions où les niveaux de pollution atmosphérique sont élevés. Les mesures d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre peuvent apporter aux populations de grands avantages accessoires pour la santé en raison de l’amélioration de la qualité de l’air. Ces avantages accessoires peuvent aider à compenser les coûts d’atténuation des changements climatiques, en soutenant la mise en œuvre accélérée des politiques d’atténuation. Les efforts d’adaptation qui permettraient de prévenir ou d’atténuer les impacts de la pollution atmosphérique sur la santé associés aux changements climatiques renferment la limitation de l’exposition aux polluants atmosphériques, y compris par l’utilisation de refuges d’urgence au cours de feux de forêt; les prévisions quotidiennes de la qualité de l’air, de la fumée des feux de forêt et des aéroallergènes, comme la Cote air santé; et la prévention des crues et l’assurance que les bâtiments disposent d’une ventilation et d’une filtration de l’air adéquates.
Messages clés
- Les changements climatiques et la qualité de l’air sont liés : dans l’ensemble, un climat plus chaud devrait aggraver la pollution atmosphérique au Canada, et certains polluants atmosphériques concourent par ailleurs aux changements climatiques. Si les émissions de polluants atmosphériques demeurent inchangées, le réchauffement climatique aura probablement pour effet d’élever les concentrations d’ozone dans les régions populeuses et industrialisées comme le sud de l’Ontario et le sud-ouest du Québec. Les effets projetés sur les matières particulaires sont plus modestes et d’une nature plus incertaine.
- Les impacts de la pollution atmosphérique sur la santé au Canada, notamment les décès prématurés et les maladies, devraient s’aggraver à l’avenir en raison de l’influence des changements climatiques. À moins que ces impacts ne soient compensés par la réduction de la pollution atmosphérique, on s’attend à ce que des centaines de décès chaque année surviennent d’ici le milieu du siècle. Aujourd’hui, la pollution atmosphérique compte parmi les grandes causes écologiques de mortalité et de maladie au Canada, étant à l’origine d’un nombre estimatif de 15 300 décès chaque année pour une valeur économique de 114 milliards de dollars annuellement.
- Par ailleurs, le Canada doit se préparer à un avenir avec plus de feux de forêt. La montée des émissions découlant des feux de forêt est l’un des plus grands risques climatiques pour la qualité de l’air au Canada. La fumée que dégagent les feux de forêt, et qui peut se propager sur de vastes parties du territoire canadien, a contribué à environ 620 à 2 700 décès chaque année au pays de 2013 à 2018. Le fardeau que lève cette fumée pour la santé publique devrait augmenter du fait des changements climatiques.
- Les changements climatiques allongeront les saisons des allergènes de l’air, augmenteront la densité pollinique et la répartition géographique des allergènes. On s’attend à ce que les allergies respiratoires et l’asthme touchent de plus en plus de gens plus souvent à l’avenir, ce qui se traduira par un alourdissement des coûts pour le système de santé.
- Les changements climatiques peuvent nuire à la qualité de l’air intérieur à cause d’une infiltration accrue de polluants et d’allergènes atmosphériques, et en raison de événements météorologiques comme les inondations qui entraînent la formation de moisissure dans les bâtiments. En même temps, l’amélioration du rendement énergétique des bâtiments qui ne disposent pas d’un système de ventilation adéquat peut diminuer la qualité de l’air intérieur. Au nombre des stratégies clés d’adaptation en ce qui concerne l’air intérieur, il y a la ventilation, la filtration et la maîtrise des sources de polluants.
- Les prévisions quotidiennes de la qualité de l’air, de la fumée engendrée par les feux de forêt et des aéroallergènes qui sont livrées sous des formes accessibles comme la Cote air santé constituent d’importants outils de protection de la santé communautaire et une grande stratégie d’adaptation pour informer les populations risquant davantage de subir des impacts sur leur santé à cause d’un climat en évolution.
- Les mesures d’atténuation des polluants climatiques, dont le méthane et le carbone suie, peuvent apporter à la santé des populations locales de grands avantages accessoires dans l’immédiat et à long terme en diminuant la pollution atmosphérique. Les avantages de ces mesures d’atténuation pour la qualité de l’air peuvent aider à compenser les coûts associés à la protection du climat. Les mesures d’atténuation des changements climatiques qui contribuent à l’amélioration de la qualité de l’air permettront également d’éviter d’ici le milieu du siècle des milliers de décès chaque année au Canada.
Aperçu des impacts sanitaires de la qualité de l’air dans le contexte des changements climatiques
Catégorie d’impact ou d’aléa sanitaire | Causes liées au climat | Effets possibles sur la santé |
Qualité de l’air |
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Chapter 4
Key Messages and Summary
Résumé
Les changements climatiques accroissent les risques à l’égard de la santé mentale et du bien-être de nombreuses personnes au Canada. Les populations particulières qui peuvent être touchées de façon disproportionnée et inéquitable comprennent celles qui font l’objet d’iniquités en santé en raison de la race, de la culture, du genre, de l’âge, du statut socioéconomique, de la capacité et de l’emplacement géographique. Ces facteurs sont inclus dans les déterminants sociaux, biologiques, environnementaux et culturels de la santé qui sont amplifiés par les changements climatiques. La santé mentale peut être touchée par des aléas à court et à long termes tels que les inondations, les événements de chaleur extrême, les feux de forêt et les ouragans, de même que la sécheresse, l’élévation du niveau de la mer et la fonte du pergélisol. Connaître les menaces liées aux changements climatiques et en prendre conscience peuvent aussi avoir une incidence sur la santé mentale et le bien-être et entraîner des réactions émotionnelles et comportementales telles que l’inquiétude, le chagrin, l’anxiété, la colère, le désespoir et la peur.
Les impacts des changements climatiques sur la santé mentale peuvent inclure l’aggravation de maladies mentales existantes, comme la psychose; l’apparition de nouveaux cas de maladies mentales, comme le trouble de stress post-traumatique; des facteurs de stress liés à la santé mentale, comme le deuil, l’inquiétude, l’anxiété et les traumatismes indirects; et la perte du sentiment d’appartenance, qui fait référence à un détachement perçu ou réel de la collectivité, de l’environnement ou de la patrie. Ils peuvent également perturber le bien-être psychosocial et la résilience, émousser le sentiment d’avoir une vie qui a du sens et miner la cohésion communautaire, ce qui peut occasionner de la détresse, des taux plus élevés d’hospitalisations, une augmentation des idéations suicidaires ou des suicides et un accroissement des comportements négatifs comme l’abus de substances, la violence et l’agression. Les efforts d’adaptation pouvant atténuer les impacts des changements climatiques sur la santé mentale comprennent l’élargissement des activités de communication, de sensibilisation et de préparation communautaire; un meilleur accès aux soins de santé pour ceux qui ont besoin d’aide; et une meilleure littératie et formation en santé mentale.
Messages clés
- Le fardeau actuel de la mauvaise santé mentale au Canada risque de s’intensifier en raison des changements climatiques. Étant donné le très grand nombre de Canadiens et de Canadiennes aux prises avec des problèmes de santé mentale, les résultats défavorables des futurs changements climatiques sur la santé mentale risquent d’augmenter de façon considérable.
- Les aléas liés aux changements climatiques qui peuvent avoir un effet néfaste sur la santé mentale de la population canadienne comprennent des dangers graves comme les inondations, les événements de chaleur extrême, les feux de forêt et les ouragans, de même que des aléas à évolution lente tels que la sécheresse, l’élévation du niveau de la mer et la fonte du pergélisol. Les impacts secondaires des dangers climatiques (tels que l’insécurité économique, le déplacement de populations et l’insécurité alimentaire et hydrique) peuvent causer un stress continu, de l’anxiété et de la dépression.
- Les impacts des changements climatiques sur la santé mentale peuvent inclure l’aggravation de maladies mentales existantes, comme la psychose; l’apparition de nouveaux cas de maladies mentales, comme le trouble de stress post-traumatique; des facteurs de stress liés à la santé mentale, comme le deuil, l’inquiétude, l’anxiété et les traumatismes indirects; et la perte du sentiment d’appartenance, qui fait référence à un détachement perçu ou réel de la collectivité, de l’environnement ou de la patrie. Ils peuvent également perturber le bien-être psychosocial et la résilience, émousser le sentiment d’avoir une vie qui a du sens et miner la cohésion communautaire, ce qui peut occasionner de la détresse, des taux plus élevés d’hospitalisations, une augmentation des idéations suicidaires ou des suicides et un accroissement des comportements négatifs comme l’abus de substances, la violence et l’agression.
- Les changements climatiques et les changements environnementaux connexes peuvent causer des réactions émotionnelles et comportementales complexes chez les gens, qui ne sont pas nécessairement pathologiques. Ces réactions de détresse environnementale, appelées syndromes psychoterratiques, incluent l’écoanxiété, la solastalgie et l’écoparalysie.
- Les changements climatiques touchent de façon disproportionnée la santé mentale de certaines populations, notamment les Autochtones; les femmes; les enfants; les jeunes; les adultes âgés; les personnes qui vivent dans des conditions socioéconomiques défavorables (y compris les personnes en situation d’itinérance); les personnes qui ont des problèmes de santé physique et mentale préexistants; et certains groupes professionnels tels que les personnes qui travaillent à l’extérieur et les premiers intervenants. Par exemple, les peuples autochtones sont plus à risque d’être déplacés en raison de dangers liés au climat. Cela peut engendrer l’annihilation du sentiment d’appartenance à la communauté et la perte de moyens de subsistance, ce qui peut avoir des répercussions le bien-être individuel et collectif.
- Compte tenu des coûts actuellement élevés que représentent les maladies mentales pour la société et de l’ampleur des impacts des changements climatiques sur la santé mentale, on s’attend à ce que le coût futur pour la population canadienne et les systèmes de santé soit élevé, étant donné que le climat continue de se réchauffer.
- L’accès à des professionnels de la santé mentale, à des établissements de santé mentale et de soins de santé, à des services sociaux et à de l’information sur les soins de santé mentale adaptée à la culture peut prévenir les effets néfastes sur la santé mentale, améliorer les résultats et accroître le bien-être dans un climat en évolution. Les milieux ruraux, éloignés et urbains qui ont actuellement de la difficulté à fournir des soins de santé mentale seront confrontés à une demande accrue pour des services en raison des impacts des changements climatiques.
- Une communication et une sensibilisation accrues sur les impacts des changements climatiques sur la santé mentale, une meilleure préparation communautaire aux répercussions éventuelles, un accès à grande échelle à des soins de santé adaptés à la culture pour aider les personnes dans le besoin, une collaboration intersectorielle et transdisciplinaire sur les initiatives d’adaptation et une meilleure littératie et formation en santé mentale appuient les efforts de préparation aux impacts des changements climatiques sur la population canadienne.
- Des mesures bien conçues pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre et favoriser l’adaptation aux changements climatiques – comme le transport actif, la gérance de l’environnement, l’infrastructure verte et l’amélioration des réseaux sociaux et des services de soutien communautaires – peuvent également présenter des avantages sur le plan de la santé mentale.
Aperçu des impacts des changements climatiques sur la santé mentale et bien-être
Catégorie d’impact et d’aléa pour la santé | Causes liées au climat | Effets possibles sur la santé |
Santé mentale |
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Chapter 6
Key Messages and Summary
Résumé
Les changements climatiques ont une incidence sur le risque de maladies infectieuses. Selon les données probantes, l’émergence récente de la maladie de Lyme au Canada a été favorisée par le réchauffement du climat, ce qui a rendu une plus grande partie du pays propice aux espèces de tiques qui sont porteuses de cette maladie. L’émergence d’autres maladies transmises par des insectes, comme l’encéphalite équine de l’Est, a possiblement été favorisée par le réchauffement du climat. En outre, des épidémies d’infections imputables au virus du Nil occidental ont probablement été favorisées par la variabilité des conditions météorologiques et climatiques, qui va augmenter en raison des changements climatiques. On sait également que des risques découlant d’un très grand éventail d’autres maladies infectieuses peuvent être fonction des conditions météorologiques et climatiques. L’évolution des tendances géographiques et saisonnières de ces maladies en Amérique du Nord de même que le risque accru d’importation de maladies sensibles au climat en provenance de contrées plus lointaines, sont susceptibles de poser des risques accrus pour la population canadienne au cours des prochaines décennies. Les mesures d’adaptation comprennent des évaluations des risques et des vulnérabilités, des systèmes intégrés de surveillance et d’alerte précoce qui exploitent des technologies émergentes, et l’approche « Un monde, une santé » (aussi connu sous le nom d’Une seule santé) qui englobe la santé humaine, animale et environnementale.
Messages clés
- En raison des changements climatiques, bon nombre de maladies considérées comme étant « sensibles au climat » sont plus susceptibles d’émerger ou de réémerger au Canada et dans le monde entier. Ces maladies comprennent celles transmises par des arthropodes vecteurs (p. ex., virus du Nil occidental, maladie de Lyme), celles transmises directement de l’animal à l’humain (zoonoses, p. ex., rage, syndrome cardio-pulmonaire à hantavirus), celles transmises directement d’un humain à un autre (p. ex., grippe saisonnière, infections entérovirales) et celles pouvant être contractées par inhalation à partir de sources environnementales (p. ex., infection à Cryptococcus, maladie du légionnaire).
- Des maladies infectieuses nouvelles au Canada peuvent se propager vers le nord à partir des États-Unis, et d’ailleurs dans le monde, par des personnes, des marchandises ou des animaux sauvages. Les effets socioéconomiques indirects des changements climatiques peuvent avoir une incidence sur la capacité des pays à prévenir et à contrôler les maladies infectieuses à l’échelle mondiale, ce qui accroît la probabilité que de nouvelles maladies arrivent au Canada par le biais des déplacements et de la migration des humains.
- On s’attend à ce que les changements climatiques rendent l’environnement canadien plus propice aux arthropodes vecteurs (comme les moustiques et les tiques) et à la transmission de nouvelles maladies infectieuses. Par exemple, des maladies transmises par le moustique déjà au Canada, comme le virus du Nil occidental, qui cause habituellement un nombre limité d’infections chaque année, peuvent produire des épidémies dans un climat plus variable connaissant des événements météorologiques extrêmes plus fréquents.
- Les effets potentiels des changements climatiques sur les maladies infectieuses sont déterminés au moyen d’études de modélisation, tandis que la surveillance des maladies a permis de cerner des changements au chapitre de l’occurrence des maladies infectieuses et, dans certains cas, de lier ces changements aux effets récents des changements climatiques. Ces études se limitent en grande partie aux maladies que les humains contractent à partir d’arthropodes vecteurs (insectes et tiques) et directement des animaux.
- Le Canada a une importante capacité d’adaptation qui lui permet de faire face aux maladies infectieuses, étant donné ses robustes mécanismes de surveillance et d’intervention nationaux en matière de santé publique qui se rattachent à des réseaux nationaux et internationaux, de son système de santé solide et de sa capacité à innover sur le plan technologique. Il est également un chef de file pour ce qui est des approches « Un monde, une santé » (aussi connu sous le nom d’Une seule santé) qui tiennent compte des facteurs humains, animaux et environnementaux combinés, mettant à profit des connaissances provenant d’une multitude de disciplines et de secteurs. De telles approches sont essentielles à la planification en prévision des maladies infectieuses émergentes et réémergentes, y compris celles liées aux changements climatiques.
- Le Canada accroît également sa capacité à réagir aux effets des changements climatiques sur les maladies infectieuses. Cette capacité sera renforcée par les mégadonnées et les technologies génomiques modernes, l’observation de la Terre à partir de satellites et l’exploration Web, de même que par les approches axées sur la « science participative » pour ce qui est de la surveillance des impacts des changements climatiques sur les maladies infectieuses.
Aperçu des impacts des changements climatiques sur les maladies infectieuses
Catégorie d’impact et d’aléa sanitaire | Causes liées au climat | Effets possibles sur la santé |
Maladies infectieuses transmises par des arthropodes vecteurs |
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Maladies infectieuses transmises directement par les animaux (maladies zoonotiques ou zoonoses) |
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Maladies infectieuses contractées par inhalation à partir de sources environnementales |
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Maladies infectieuses émergentes |
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Liste d’acronymes
ADMC analyse décisionnelle multicritères
EEV encéphalomyélite équine du Venezuela
EJ encéphalite japonaise
FJ fièvre jaune
FPMR fièvre pourprée des montagnes Rocheuses
FVR fièvre de la vallée du Rift
GOARN Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie
MCM modèle climatique mondial
MMPB maladie mains-pieds-bouche
OMS Organisation mondiale de la Santé
PIE période d’incubation extrinsèque
RCP profils représentatifs d’évolution de concentration
RMISP Réseau mondial d’information en santé publique
RSI Règlement sanitaire international
VEEE virus de l’encéphalite équine de l’Est
VELC virus de l’encéphalite de La Crosse
VESL virus de l’encéphalite de Saint-Louis
VJC virus de Jamestown Canyon
VNO virus du Nil occidental
VSGC virus du sérogroupe de la Californie
VSSH virus snowshoe hare
VUSU virus Usutu
WGS séquençage du génome entier
Chapter 7
Key Messages and Summary
Résumé
On s’attend à ce que les changements climatiques entraînent des fluctuations de la quantité d’eau, une dégradation de la qualité de l’eau et une augmentation des risques d’inondation et de sécheresse et à ce qu’ils imposent un fardeau plus lourd de maladies d’origine hydrique liées au climat. L’augmentation du niveau de la mer et la fonte des glaces au Canada auront probablement de forts impacts. Ces impacts ne se répercuteront pas de façon égale sur tous les Canadiens et Canadiennes. Les collectivités des Premières Nations, des Métis et des Inuits, dont bon nombre vivent déjà dans l’insécurité de l’approvisionnement en eau, devraient être touchées de façon disproportionnée, tout comme les collectivités rurales et éloignées qui ne disposent que d’infrastructures élémentaires de distribution d’eau et d’égouts.
Les impacts sur la santé associés aux effets des changements climatiques sur la qualité de l’eau et la quantité d’eau ne sont pas inévitables. Grâce à des stratégies d’atténuation et d’adaptation efficaces, il est possible de limiter ces impacts. Pour mieux s’adapter à ces impacts attendus et protéger leur santé, les Canadiens et les Canadiennes peuvent évaluer les risques climatiques auxquels fait face une région donnée et les vulnérabilités de celle-ci, élaborer des plans d’adaptation, améliorer les systèmes de surveillance, construire des réseaux d’approvisionnement en eau résilients face aux changements climatiques et favoriser la collaboration intersectorielle pour protéger les ressources hydriques et parer aux risques climatiques.
Messages clés
- Les variations de précipitations et de température attribuables aux changements climatiques auront des impacts sur la qualité de l’eau et la quantité d’eau et perturberont à la fois les sources d’eau naturelles (rivières, lacs, océans) et les réseaux d’approvisionnement en eau potable et d’évacuation des eaux usées, augmentant ainsi les risques pour la santé de la population canadienne. L’ampleur et l’intensité de ces changements varieront selon les régions et les saisons.
- Les risques hydriques pour la santé associés aux changements climatiques comprennent les menaces qui pèsent sur les systèmes d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation, l’augmentation du nombre de maladies d’origine hydrique (p. ex., cryptosporidiose, giardiase, campylobactériose), les blessures physiques et les impacts sur la santé mentale des événements météorologiques extrêmes comme les inondations et les sécheresses ainsi que les menaces pour la santé et le bien-être attribuables aux conséquences socioéconomiques et environnementales de l’insécurité hydrique.
- Les pénuries d’eau et d’aliments liées aux changements climatiques, combinées à la croissance démographique dans les régions du monde vulnérables au climat qui disposent de moins de ressources, pourraient avoir une incidence sur le Canada en raison des migrations régionales et internationales.
- L’adaptation aux impacts attendus des changements climatiques sur les ressources hydriques et la santé humaine peut aider à protéger la population canadienne contre les risques futurs. De vastes mesures multisectorielles et une coordination entre, par exemple, les professionnels de la santé publique, les fournisseurs de services et les gestionnaires des réseaux d’approvisionnement en eau et d’évacuation des eaux usées seront nécessaires aux fins d’adaptation.
- Les peuples autochtones font partie des populations les plus touchées par la dégradation des ressources hydriques, mais ils disposent d’un savoir acquis au fil de nombreuses générations, qui peut être mis en pratique pour protéger leur santé. Des partenariats entre les collectivités autochtones, les autorités sanitaires et les gestionnaires de l’approvisionnement en eau sont nécessaires pour déterminer les impacts sur la santé d’une population donnée des changements climatiques qui ont des impacts sur les ressources hydriques et mettre en œuvre des stratégies d’adaptation efficaces fondées sur le savoir traditionnel et les besoins culturels.
- Il est nécessaire d’obtenir davantage d’information sur le fardeau actuel des maladies au Canada en ce qui a trait aux impacts des changements climatiques sur les ressources hydriques et les aléas connexes ainsi que sur les risques prévus pour la santé si le réchauffement se poursuit. Des recherches doivent également être menées sur les moyens les plus efficaces de s’adapter aux pressions croissantes exercées sur les systèmes d’approvisionnement en eau potable et les interventions de santé publique requises, y compris la communication des risques au public. De meilleurs modèles de prévision des sécheresses et des inondations régionales doivent être élaborés.
- Les autorités sanitaires peuvent améliorer notre compréhension des impacts des changements climatiques sur les ressources hydriques et la santé ainsi que des options d’adaptation potentielles en réalisant des évaluations locale et régionale de la vulnérabilité et de la capacité d’adaptation axées sur les changements climatiques et la santé. Ce faisant, les autorités sanitaires peuvent améliorer leur état de préparation, maximiser les avantages de la collaboration intersectorielle pour la santé et renforcer la résilience climatique au sein de leurs collectivités.
Aperçu des impacts sanitaires de la qualité de l’eau, la quantité d’eau et la sécurité de l’approvisionnement en eau dans le contexte des changements climatiques
Catégorie d’impact ou d’aléa sanitaire | Causes liées au climat | Effets possibles sur la santé |
Qualité, quantité et sécurité de l’approvisionnement en eau |
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Chapter 8
Key Messages and Summary
Résumé
Les changements climatiques ont une incidence sur la sécurité alimentaire et la salubrité des aliments au Canada. Ils augmentent les risques d’insécurité alimentaire en perturbant les réseaux alimentaires, en entraînant une hausse des prix des aliments et en ayant des effets négatifs sur leur valeur nutritionnelle. Les précipitations, la température et les événements météorologiques extrêmes devraient accroître l’introduction d’agents pathogènes (virus, bactéries et parasites) dans les aliments, causant ainsi des maladies d’origine alimentaire. Les voies d’exposition environnementale sensibles au climat peuvent aussi provoquer l’introduction, dans les réseaux alimentaires du Canada, de contaminants chimiques qui ont des effets préjudiciables sur la santé. Les impacts des changements climatiques sur la sécurité alimentaire et la salubrité des aliments ne seront pas répartis équitablement, et le Nord du Canada ainsi que les peuples autochtones connaîtront probablement les effets les plus graves. Les mesures d’adaptation englobent ce qui suit : surveiller les résultats sanitaires liés à la salubrité des aliments; mener des évaluations de la vulnérabilité et de l’adaptation qui tiennent compte des impacts liés au climat sur la salubrité et la sécurité des aliments; utiliser la science occidentale et le savoir autochtone; élaborer des plans d’adaptation au sein de tous les paliers de gouvernement et dans toutes les régions, en particulier dans le Nord du Canada; mener des activités de communication des risques et d’éducation; et s’attaquer aux causes profondes de la vulnérabilité.
Messages clés
- L’augmentation des températures, la modification des régimes de précipitations de même que la fréquence et l’intensité croissantes des événements météorologiques extrêmes augmenteront les risques quant aux principales composantes des systèmes alimentaires au Canada, comme la production, la transformation, la distribution, la préparation et la consommation d’aliments.
- Les impacts des changements climatiques sur les systèmes alimentaires, la hausse des prix des aliments et les effets négatifs sur leur valeur nutritionnelle ont déjà une influence négative sur la sécurité alimentaire et la salubrité des aliments, ce qui a des implications majeures pour la santé humaine. À l’échelle mondiale, on s’attend à ce que les changements climatiques aient des effets négatifs sur la production de certaines denrées agricoles et sur leur teneur en éléments nutritifs, en particulier sur la production de cultures de subsistance, y compris les céréales et les légumineuses. L’évolution de la biodiversité due aux changements climatiques peut également générer des problèmes sur le plan nutritionnel, par exemple, en raison de la réduction de la disponibilité des sources de nourriture traditionnelles. On s’attend donc à ce que les changements climatiques nuisent à la santé des Canadiens et des Canadiennes en raison de leur incidence sur la quantité d’éléments nutritifs que les Canadiens et les Canadiennes tirent de leurs aliments, ainsi que sur la stabilité de la disponibilité, de l’accessibilité et de l’utilisation des aliments.
- On prévoit que les changements climatiques exacerberont les problèmes actuels et créeront de nouveaux défis en matière de salubrité des aliments au Canada. Les précipitations, la température et les événements météorologiques extrêmes ont une incidence sur l’introduction d’agents pathogènes dans les aliments et sur leur capacité de proliférer à des niveaux causant des maladies d’origine alimentaire. Les changements climatiques peuvent modifier les comportements humains, comme les pratiques de manipulation et de consommation des aliments (p. ex., barbecue, pique-niques).
- Les impacts des changements climatiques sur la sécurité alimentaire et la salubrité des aliments varient grandement d’une province et d’un territoire à l’autre au Canada, reflétant les facteurs et les iniquités sous-jacents sur les plans sociétal, culturel, environnemental et économique. Bien qu’il soit difficile d’estimer l’ampleur précise des impacts des changements climatiques actuels et futurs sur l’insécurité alimentaire, on s’attend à ce que ces impacts exacerbent les risques pour la santé des Canadiens et des Canadiennes.
- Les changements climatiques peuvent accroître l’exposition des Canadiens et des Canadiennes à des contaminants chimiques, comme les polluants organiques persistants et les métaux lourds qui peuvent avoir des effets préjudiciables sur la santé. Ces contaminants chimiques peuvent être introduits dans les systèmes alimentaires du Canada par diverses voies d’exposition environnementale, puis s’accumuler dans les tissus végétaux et animaux qui sont consommés. Bon nombre de ces produits chimiques peuvent exacerber les risques existants pour la santé des Canadiens et des Canadiennes et en créer de nouveaux, ce qui montre bien l’importance des programmes de surveillance du Canada.
- Les changements climatiques ont des répercussions sur les systèmes alimentaires autochtones et contribuent à la diminution de la disponibilité, de l’accessibilité et de la qualité des aliments récoltés traditionnellement, lesquels jouent un rôle important dans la santé et le bien-être des collectivités et des personnes. On observe déjà les impacts des changements climatiques sur la nutrition, les résultats en santé mentale et la souveraineté alimentaire. La sécurité alimentaire des Autochtones doit être comprise dans le contexte de l’incidence historique et continue du colonialisme. L’autodétermination des Autochtones et la transition intergénérationnelle et axée sur le genre du savoir autochtone sont essentielles à la sécurité alimentaire et à la souveraineté alimentaire des Autochtones ainsi qu’aux mesures d’adaptation nécessaires.
- Il est nécessaire de mettre en œuvre des mesures d’adaptation qui accroissent la résilience du système alimentaire de façon à réduire au minimum les risques pour la santé humaine liés aux changements climatiques, y compris la collaboration des autorités sanitaires parmi un large éventail d’acteurs et de secteurs du système alimentaire. Des efforts sont en cours partout au Canada pour se préparer et réagir aux impacts des changements climatiques sur les systèmes alimentaires, afin de protéger et de soutenir la santé et le bien-être. D’autres mesures d’adaptation réduiront les risques futurs.
Aperçu des impacts des changements climatiques sur la salubrité et sécurité des aliments
Catégorie d’aléa ou de risque sanitaire lié au climat | Causes liées au climat | Effets possibles sur la santé |
Sécurité alimentaire |
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Salubrité des aliments |
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Chapter 9
Key Messages and Summary
Résumé
Les changements climatiques exacerbent les iniquités existantes en santé et créent les conditions propices à l’émergence de nouvelles iniquités. Les effets sanitaires associés aux changements climatiques ne seront pas ressentis uniformément. La vulnérabilité aux impacts sanitaires des changements climatiques est déterminée par l’exposition aux aléas des changements climatiques, la sensibilité aux impacts possibles et la capacité d’intervenir ou de faire face aux impacts des changements climatiques. À l’échelle individuelle, ces trois facteurs sont influencés par les déterminants de la santé, comme le statut socioéconomique, la qualité du logement et l’éducation. La complexité des interactions entre les déterminants de la santé et les iniquités rend uniques les expériences des divers groupes et individus. Les systèmes structurels d’oppression, tels que le racisme et le colonialisme, influencent également la vulnérabilité d’un individu aux risques sanitaires liés au climat. Par conséquent, pour être efficaces, les mesures d’adaptation doivent être intersectionnelles et fondées sur l’équité. Si les efforts d’adaptation ne sont pas soigneusement planifiés, les efforts d’adaptation peuvent ne profiter qu’à une partie de la population et aggraver par inadvertance les iniquités existantes. La résilience et la cartographie des actifs, la cartographie de la vulnérabilité, les évaluations de l’impact sur l’équité ainsi que l’engagement et les communications communautaires significatifs et inclusifs peuvent tous contribuer à des mesures d’adaptation axées sur l’équité.
Messages clés
- Les changements climatiques peuvent exacerber les iniquités existantes en santé, définies comme des différences évitables et injustes en matière de santé. Ces iniquités, par exemple les impacts disproportionnés de la chaleur extrême sur la santé, peuvent accroître la vulnérabilité de certaines personnes et populations aux risques sanitaires associés aux changements climatiques. Il est difficile d’évaluer et de quantifier la mesure dans laquelle les changements climatiques ont déjà eu et continueront d’avoir une incidence sur l’équité en santé au Canada en raison des lacunes dans les connaissances et des limites dans les données.
- Les voies par lesquelles les changements climatiques ont une incidence sur les iniquités en santé sont complexes et dynamiques. Ces voies font souvent intervenir les conditions et les facteurs qui influent sur la santé d’une personne, appelés déterminants de la santé (comme le revenu, l’éducation, l’emploi et les conditions de travail et de vie), qui peuvent augmenter ou diminuer l’exposition ou la sensibilité d’une personne aux dangers sanitaires liés au climat et peuvent créer des obstacles qui limitent sa capacité à prendre des mesures de protection.
- Les systèmes structurels d’oppression (tels que le racisme, l’hétéronormativité et le capacitisme) qui entraînent des iniquités en santé sont des facteurs sous-jacents de la vulnérabilité aux changements climatiques.
- L’équité en santé devrait être un élément important des évaluations de la vulnérabilité et de l’adaptation en matière de changements climatiques et de santé ainsi que des activités connexes de développement des connaissances. Les outils de cartographie (cartographie des actifs, cartographie de la vulnérabilité), l’amélioration de la collecte de données et l’engagement communautaire inclusif aideront à cerner les populations et les régions à risque accru et à mieux orienter les mesures d’adaptation.
- Les mesures d’adaptation aux changements climatiques visant à protéger la santé humaine ne sont pas ressenties de la même façon dans l’ensemble des populations et des collectivités. Faute de planification minutieuse, les efforts d’adaptation peuvent ne profiter qu’à une partie de la population et, par inadvertance, aggraver les iniquités existantes.
- L’équité en santé peut être accrue et les déterminants d’une bonne santé renforcés par l’adaptation. Les autorités de santé publique devraient s’assurer que les mesures d’adaptation sont prévues et mises en œuvre afin que les personnes touchées de manière disproportionnée par le réchauffement climatique en bénéficient.
- Il est essentiel d’assurer une participation communautaire inclusive et équitable au processus d’adaptation pour concevoir et mettre en œuvre des mesures d’adaptation efficaces qui protègent la santé de tous les Canadiens. La participation des personnes et des communautés racialisées et marginalisées qui sont déjà victimes d’un fardeau disproportionné de maladies et d’iniquités en santé est nécessaire.
- Les mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques mises en œuvre en dehors du secteur de la santé peuvent avoir une incidence positive ou négative sur les déterminants de la santé et les résultats en matière de santé. La collaboration entre les administrations, les secteurs et les disciplines peut permettre aux autorités de santé publique de s’assurer que l’action climatique favorise l’équité en santé et les résultats positifs connexes en matière de santé au Canada.
Chapter 10
Key Messages and Summary
Résumé
Les changements climatiques ont une incidence sur la santé des Canadiens et des Canadiennes et sur leurs systèmes de santé. Les inondations, incendies de forêt, événements de chaleur extrême et tempêtes violentes des dernières années ont eu des impacts sur les établissements de santé et ont perturbé les soins dispensés aux personnes qui en avaient besoin. Les mesures d’adaptation telles que l’évaluation des risques et des vulnérabilités, les systèmes intégrés de surveillance et d’alerte, la formation des professionnels de la santé et l’éducation du public peuvent aider à préparer les Canadiens et les Canadiennes et à renforcer la résilience des systèmes de santé aux changements climatiques. Des efforts bien conçus pour s’adapter aux effets des changements climatiques et réduire les émissions des gaz à effet de serre (GES) à l’intérieur et à l’extérieur du secteur de la santé peuvent avoir des avantages accessoires énormes et à court terme pour la santé. De nombreuses autorités sanitaires au Canada multiplient les efforts d’adaptation. Toutefois, les efforts déployés sont inégaux d’un bout à l’autre du pays et l’adaptation doit être rapidement intensifiée pour protéger la santé alors que le Canada continue de se réchauffer.
Messages clés
- Les changements climatiques ont d’ores et déjà des répercussions sur la santé et sur les systèmes de santé au Canada; ces répercussions s’aggraveront si les points faibles actuels ne sont pas corrigés et si les lacunes d’adaptation en matière de santé ne sont pas comblées.
- Les efforts déployés pour s’adapter aux changements climatiques (en se concentrant sur leurs impacts sur la santé) peuvent réduire considérablement les impacts actuels et futurs sur les Canadiens et les Canadiennes, les collectivités et les systèmes de santé.
- Les répercussions des changements climatiques sur la santé imposent aux Canadiens et aux Canadiennes un fardeau économique important qui ne cessera d’augmenter si des mesures d’adaptation efficaces ne sont pas prises.
- Les autorités sanitaires du Canada prennent une panoplie de mesures d’adaptation aux changements climatiques, mais tardent encore à prendre des mesures concrètes en matière de changements climatiques et de santé afin de faire face aux risques croissants pour les Canadiens et les Canadiennes.
- De nombreuses autorités sanitaires ne tiennent pas compte des principaux facteurs de vulnérabilité pour des groupes de population précis et, par conséquent, n’abordent peut-être pas certains aspects importants de l’adaptation pour les personnes touchées de manière disproportionnée, comme les Premières Nations, les Inuits et les Métis, les populations racialisées, les personnes âgées, les femmes et les personnes ayant un statut socio-économique inférieur.
- Les Canadiens et les Canadiennes doivent se préparer davantage aux effets des changements climatiques. Nombreux sont ceux qui doivent encore prendre les mesures nécessaires pour se protéger et protéger leurs proches des risques croissants pour la santé.
- Les autorités sanitaires doivent prendre des mesures pour créer des systèmes de santé plus résilients face aux changements climatiques. Il faut donc voir à ce qu’elles restent opérationnelles lorsqu’elles sont menacées par des aléas et demeurent durables à long terme. C’est l’un des moyens les plus efficaces pour protéger la santé et le bien-être humains contre les effets du changement climatique. Les mesures d’adaptation doivent être déployées avec rapidité et robustesse si l’on veut réduire les impacts actuels et futurs sur la santé.
- La protection des Canadiens et des Canadiennes contre les changements climatiques nécessite un engagement auprès des leaders autochtone et les partenariats avec les Autochtones dans le cadre des efforts de recherche et d’adaptation, notamment en engageant un dialogue concret avec les peuples autochtones ainsi qu’en reconnaissant le savoir autochtone et en l’utilisant de manière respectueuse.
- Il est possible d’obtenir des avantages accessoires considérables pour la santé lorsque les décideurs d’autres secteurs (p. ex., l’alimentation en eau, le transport, l’énergie, le logement, l’aménagement urbain, l’agriculture et la conservation) favorisent la santé et l’équité en santé grâce à la conception et à la prise de mesures d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation des émissions de GES.
- Des mesures énergiques de réduction des GES sont nécessaires pour protéger les Canadiens et les Canadiennes, leurs collectivités et leurs systèmes de santé contre les changements climatiques. Le secteur de la santé peut faire preuve de leadership en réduisant son empreinte carbone et en améliorant la durabilité environnementale tout en renforçant la résilience aux impacts futurs des changements climatiques.