3.1
Notre approche de rédaction pour ce rapport
Il s’agit du premier rapport exhaustif sur les répercussions, les expériences et les approches en matière de changements climatiques rédigé du point de vue des Premières Nations, des Inuit et des Métis vivant sur le territoire que l’on appelle actuellement le Canada. Ce rapport a pour objectif de reconnaître, de mettre en évidence et de mieux faire connaître le savoir, les droits, l’expertise, les enjeux, les perspectives et les expériences autochtones concernant les changements climatiques et leurs répercussions au Canada. Nous souhaitons que ce rapport soit utile dans les domaines de la recherche et des politiques, ainsi qu’au sein des collectivités elles-mêmes. On y reconnaît la diversité des peuples autochtones du Canada sur les plans de la culture, de la capacité, de la gouvernance et de la géographie, et offre une occasion unique d’intégrer directement les connaissances et les expériences autochtones au processus d’évaluation nationale des connaissances du Canada.1
Notre démarche est centrée sur les approches fondées sur les droits et les responsabilités, visant à rehausser le travail des Premières Nations, des Inuit et des Métis dans la prise en charge de l’action climatique aux niveaux local, régional, national et mondial. Cette approche est de plus en plus reconnue et soutenue par le gouvernement du Canada, qui fait progresser les travaux sur le leadership climatique autochtone.
Notre équipe d’auteurs, composée de plus de vingt auteurs et réviseurs, est diversifiée et comprend des universitaires, des dirigeants, des étudiants, des femmes, des hommes, des récolteurs et des jeunes autochtones de l’ensemble du pays. Nous sommes affiliés à des universités, à des organisations autochtones nationales, à des organisations communautaires et à des organisations non gouvernementales autochtones (ONGA); nous sommes tous profondément engagés à prendre soin de nos familles et de nos collectivités et à maintenir des liens étroits avec elles. Tous les membres de notre équipe d’auteurs et de réviseurs sont autochtones, à deux exceptions près : Shari Fox et Anne Kendrick, qui ont toutes deux plusieurs dizaines d’années d’expérience de travail avec les populations autochtones.
L’élaboration de ce rapport a commencé par une réunion de l’équipe d’auteurs sur les terres (Aki) algonquines anichinabées (également connu sous le nom d’Ottawa) en février 2020. Cette réunion a été cruciale pour établir des liens personnels et a porté principalement sur l’élaboration conjointe de grands principes clés (voir l’encadré 1) et de messages clés pour orienter notre travail. Alors que nous avions initialement prévu de nombreuses réunions d’auteurs en personne sur le territoire et dans nos collectivités tout au long de l’élaboration du rapport, la pandémie mondiale a forcé le passage à une collaboration à distance (voir la section 3.5).
Les auteurs ont élaboré conjointement les sections du rapport en fonction de leurs expériences uniques, de leur expertise et de leur formation professionnelle, en revenant et en réfléchissant constamment sur les principes et les valeurs clés établis au début du processus (voir l’encadré 1). En outre, nous avons sollicité des contributions externes; nous avons, par exemple, organisé un atelier de rédaction virtuel pour renforcer des parties particulière du texte et pour élaborer collectivement la section « Aller de l’avant », qui aborde les lacunes en matière de connaissances et les nouveaux enjeux (voir la section 10.0).
Pour renforcer la rigueur de notre approche, le rapport a fait l’objet d’un examen par les pairs, c’est-à-dire par des universitaires issus des populations des Premières Nations, des Inuit et des Métis. Ce groupe diversifié d’experts a veillé à ce que les perspectives autochtones soient correctement exprimées, a identifié les forces et les faiblesses et a contribué à une meilleure représentation régionale.
La collaboration a été fondamentale tout au long de l’élaboration de ce rapport; les messages clés, les principes clés et le contenu ont été élaborés de manière itérative par l’équipe d’auteurs et peaufinés au fil du temps. La démarche vaste et participative utilisée pour élaborer ce rapport reflète l’esprit de collaboration qui existe et qui est nécessaire pour comprendre les répercussions des changements climatiques du point de vue des Premières Nations, des Inuit et des Métis.
Au cours de l’élaboration de ce rapport, nous avons rencontré des difficultés, notamment des tensions liées à la création d’un « rapport autochtone » faisant écho aux diverses perspectives, expériences et connaissances de populations autochtones du Canada, et à la définition du terme Autochtone. Dans le cadre de ce rapport, nous définissons ce terme de manière à englober les trois groupes distincts au Canada : les Premières Nations, les Inuit et les Métis. Nous reconnaissons les cultures distinctes qui existent sous le terme général Autochtone, la diversité entre ces groupes et au sein de ceux‑ci, ainsi que le fait que nos expériences des impacts des changements climatiques et de l’adaptation ne peuvent être exclues de l’ensemble vaste et diversifié de cultures, d’histoires, d’expériences et de langues des Premières Nations, des Inuit et des Métis aux quatre coins du pays. Ce principe s’applique également, dans la mesure du possible, aux Premières Nations, aux Inuit et aux Métis vivant dans les zones urbaines, qui représentent plus de la moitié de la population autochtone au Canada.
Par respect et par engagement à reconnaître cette diversité comme un élément central de notre travail, nous devons reconnaître nos limites à saisir pleinement la complexité des systèmes de savoirs, ainsi que les expériences des Premières Nations, des Inuit et des Métis à travers le Canada liées aux impacts des changements climatiques et l’adaptation. Le présent rapport et ses cinq messages clés visent plutôt à fournir un cadre pour orienter la prise en compte et l’inclusion des populations autochtones et de leurs systèmes de savoirs dans les discussions relatives aux changements climatiques. Ces discussions doivent se poursuivre directement avec les détenteurs de droits et de titres. Nous considérons ce rapport comme une étape initiale et essentielle pour les futures évaluations des changements climatiques menées par des Autochtones, ainsi que pour l’apport de changements aux mesures et aux politiques à l’échelle locale, provinciale, nationale et mondiale qui intègrent les Premières Nations, les Inuit et les Métis, ainsi que leurs systèmes de savoirs, leurs expériences et leurs perspectives.