Produits d’information sur les changements climatiques pour les communautés agricoles des comtés de Bruce, de Grey et de Huron dans le sud de l’Ontario

Au cours d’une période de deux ans (de 2020 à 2022), le Climate Risk Institute, grâce au financement de Bruce Power, a été embauché par le Council of the Great Lakes Region (CGLR) pour travailler en vue de favoriser la participation des communautés agricoles dans les comtés de Grey, de Bruce et de Huron avec comme objectif de créer des produits de connaissances et d’information qui traitent des possibilités et des risques liés aux impacts des changements climatiques sur le secteur. Selon le Recensement de l’agriculture de 2016, le secteur abrite 6 700 fermes, qui cultivent environ 1 300 000 acres de terres agricoles. Les principaux produits sont les veaux et les bovins, les porcs, les produits laitiers, le soja et la volaille, tandis que la culture des oléagineux et des céréales représente le plus grand nombre de fermes par groupe d’industrie. Ce projet fait partie d’une étude échelonnée sur plusieurs années visant à comprendre l’état de la science sur les changements climatiques dans la région des Grands Lacs et les impacts des changements climatiques sur divers secteurs et écosystèmes de la région. Durant les travaux de recherche, de la documentation portant sur les vulnérabilités, les risques et les possibilités dans le contexte des changements climatiques a été colligée et examinée pour élaborer des scénarios de risque et prendre en compte les risques actuels et prévus relatifs aux différentes composantes du secteur agricole. Des consultations avec des parties prenantes représentant la communauté agricole locale, les organisations agricoles, les municipalités et les autorités de conservation ont permis d’obtenir de l’information au sujet des expériences relatives aux changements passés en lien avec les impacts des changements climatiques, les risques et les préoccupations météorologiques. Une séance de travail en ligne a été organisée afin de présenter et de passer en revue les résultats de l’évaluation des risques et de discuter des options relatives aux risques climatiques prioritaires et aux produits d’information. Les trois principaux objectifs que les produits visent ultimement à atteindre sont la sensibilisation, le soutien de la planification et de la conception et, finalement, le soutien de la mise en œuvre et de l’adaptation. Les produits de connaissances et d’information développés englobent les éléments suivants :

  • Infographie du registre des risques
  • Cartographie du SIG des principaux indicateurs de risques climatiques et des facteurs de sensibilité aux risques
  • Cartographie du SIG des endroits les plus susceptibles de bénéficier de l’adoption de pratiques exemplaires de gestion (PEG)
  • Études de cas des projets de mise en œuvre réussie de PEG

Comprendre et évaluer les impacts

L’agriculture est une importante industrie dans les comtés de Grey, de Bruce et de Huron. Le climat changeant peut introduire de nouveaux risques ou accentuer des risques existants dans le secteur agricole, notamment l’érosion des sols et l’épuisement des nutriments, le retard de certaines activités agricoles, une augmentation des eaux de ruissellement et de la contamination de l’eau, une réduction des récoltes, une plus grande vulnérabilité aux maladies et des coûts de production plus élevés. Les températures plus chaudes pourraient également être bénéfiques pour l’agriculture dans la région des Grands Lacs, prolongeant les saisons de culture et de pâturage, améliorant le rendement des récoltes et offrant la possibilité de faire pousser de nouvelles espèces de cultures dans un climat plus chaud. Un examen de la documentation a été réalisé pour cerner les principaux risques climatiques, les impacts, les occasions et les risques touchant les composants majeurs du secteur agricole, et une ébauche de registre de risques a été créée afin d’évaluer et de quantifier les risques. Des scénarios de risques ont été élaborés pour tenir compte de la manière dont un risque climatique peut entraîner des impacts directs et indirects en cascade sur différentes composantes du secteur. Le terme « risque » a été défini comme étant le potentiel de conséquences lorsque quelque chose de valeur est en jeu et que le résultat est incertain. Le risque d’impacts liés au climat provient de l’interaction des risques climatiques (notamment des tendances et des événements dangereux) avec la vulnérabilité et l’exposition de l’être humain et des systèmes naturels. La trajectoire des impacts climatiques commence par les risques climatiques (comme la sécheresse ou des précipitations de pluie extrêmes) qui ont des répercussions sur les composants agricoles (dont les récoltes, le bétail et les infrastructures). Par la suite, ces répercussions peuvent avoir des conséquences dans de nombreux secteurs (notamment des pertes financières et des dommages environnementaux). Les données climatiques ont été obtenues de la documentation ainsi que du Climate Change Hazards Information Portal (portail d’information sur les risques associés aux changements climatiques) (CCHIP), un outil en ligne qui utilise des données provenant de 40 des plus récents modèles climatiques mondiaux et de nombreuses autres sources afin de tirer des conclusions justifiables et exploitables au sujet des changements dans l’éventail complet des conditions climatiques et météorologiques sévères. L’étude a permis d’examiner les tendances historiques (de 1981 à 2010) et prévues à l’avenir (dans les années 2050) sous l’angle de nombreuses variables climatiques selon le scénario d’émissions RCP 8.5.

Pour plus d’informations sur le climat, consultez la section Ressources de cet exemple (ci-dessous).

Déterminer les actions

Afin d’évaluer adéquatement les risques liés au climat, sept (7) thèmes clés avec des composants ou des sous-secteurs clés ont été établis, notamment :

  • Culture dans les champs (soja, maïs, blé, foin et trèfle)
  • Bétail (veaux et bovins, porcs, produits laitiers, volaille et œufs)
  • Fruits et légumes (pommes)
  • Sol (qualité et fertilité du sol)
  • Ressources en eau (eau de surface, eau souterraine)
  • Infrastructures de ferme (bâtiments, sources d’alimentation)
  • Activités agricoles (plantation, récolte, application de pesticides)

Les travaux ont commencé en 2020 par la collecte et l’examen de la documentation sur les vulnérabilités, les risques et les occasions dans le contexte des changements climatiques et l’élaboration de scénarios de risques pour cerner les risques actuels et prévus touchant différents composants du secteur agricole. Des entrevues avec des parties prenantes représentant la communauté agricole locale, des organisations agricoles, des municipalités et des autorités de conservation ont permis d’obtenir de l’information au sujet de leurs expériences par rapport aux changements passés en lien avec les impacts des changements climatiques, les risques climatiques et les conditions météorologiques afin d’éclairer la production du registre de risques. Les principaux résultats provenant de la documentation et des entrevues ont été présentés aux membres de la communauté agricole et les options concernant les risques climatiques prioritaires et les produits d’information ont été discutées lors d’une séance de travail en ligne. En tenant compte de la rétroaction, le plan d’évaluation a été élaboré afin d’aborder les principales questions touchant les risques et les dangers, et de développer plusieurs produits d’information, notamment des documents infographiques, des études de cas de projets de mise en œuvre réussie de pratiques exemplaires de gestion (PEG), ainsi que des cartes en ligne (a) des principaux indicateurs de risques climatiques et de facteurs de sensibilité aux risques et (b) des régions les plus susceptibles de bénéficier de l’adoption de PEG. Dans le cadre de cette évaluation, une approche prudente a été adoptée pour l’attribution des probabilités. Le terme « probabilité » désigne l’occurrence d’un événement climatique (comme une sécheresse en raison d’une période de faibles précipitations) et les impacts en cascade censés également se produire. Il s’agit d’une approche de précaution, car dans le cas d’un scénario « de la vie réelle », l’événement climatique qui survient pourrait ne pas toujours entraîner les autres impacts. La gravité des conséquences découlant des impacts a été évaluée sous quatre angles : pertes financières, dommages environnementaux, dommages aux infrastructures et interruption de services, ainsi que santé humaine et sécurité publique.

Mise en oeuvre

Les examens documentaires ont permis de cerner les impacts majeurs attendus en raison des facteurs climatiques clés pour les composants pertinents du secteur agricole. Par exemple, les périodes de gel au printemps et à l’automne entraînent des dommages causés par le froid aux arbres fruitiers ainsi qu’aux vivaces et annuelles, ayant des conséquences sur le durcissement et les récoltes. L’engagement des parties prenantes faisait partie intégrante de la présente étude pour éclairer continuellement les résultats et l’orientation du projet. Des entrevues individuelles ont été menées à l’automne 2021 (décembre et janvier) afin de commencer à colliger les préoccupations touchant les conditions météorologiques et le climat dans la région. Au total, huit agriculteurs et organisations agricoles, huit autorités de conservation et quatre organisations locales ont été interrogés. Les réponses recueillies lors des entrevues ont été utilisées pour éclairer davantage les efforts en matière d’information sur les risques. Par la suite, une séance de travail en ligne a été organisée en février afin de présenter les résultats préliminaires et de donner aux parties prenantes l’occasion de réfléchir ensemble à la manière de transmettre cette information à la communauté. Un registre de risques a été créé en utilisant l’information sur les variables climatiques, les composants du secteur agricole ainsi que les principaux impacts et principales vulnérabilités associés au climat obtenus à partir de l’examen de la documentation et validés durant les entrevues avec les parties prenantes. Un total de 26 scénarios de risques possibles a été évalué en fonction des risques actuels et futurs. Les scénarios de risques tiennent compte de la manière dont un risque climatique peut entraîner des impacts directs et indirects dans différents sous-secteurs. Les indicateurs climatiques sont utilisés pour décrire la façon dont un risque climatique peut être représenté en utilisant des données météorologiques et climatiques pour établir des projections pour les changements climatiques futurs. Les événements climatiques peuvent toucher les composants de différentes façons. Par exemple, les conditions de gel ayant des répercussions sur le blé et les pommiers en hiver sont différentes, ce qui est reflété dans ces scénarios.

Résultats et suivi des progrès

Les efforts en matière de recherche et de mobilisation ont mis en évidence le fait suivant : l’information sur les risques doit s’accompagner d’information sur les solutions. Dans cette optique, les produits d’information créés visaient à éclairer les solutions d’adaptation et à reconnaître que le secteur agricole fait partie intégrante de ces travaux dans l’ensemble de la région. À la fin du projet en mars 2022, un webinaire en ligne a été organisé afin de présenter les principaux résultats, d’expliquer les principaux risques climatiques et de faire une démonstration des produits d’information créés. Il s’agit notamment des produits suivants :

  1. Des documents infographiques axés sur le secteur agricole dans les comtés de Grey, de Bruce et de Huron qui résument :
    • les tendances et les impacts climatiques;
    • les dangers et les risques climatiques.
  2. Des études de cas de projets de mise en œuvre réussie de pratiques exemplaires de gestion (PEG) et d’ALUS (Alternative Land Use Services/Services d’utilisation alternative des terres). Il s’agissait d’un point important, car il était essentiel de présenter de l’information axée sur les solutions et de démontrer l’importance des PEG et des services d’utilisation alternative des terres (ALUS) pour trouver et mettre en œuvre des solutions efficaces en réponse aux problèmes climatiques actuels et futurs. Le rapport sur les études de cas présente divers projets de PEG et d’ALUS mis en œuvre dans les comtés de Grey, de Bruce et de Huron. Les études de cas sélectionnées varient en termes d’échelle, du niveau régional aux applications d’exploitation agricole, et mettent en évidence les avantages et les résultats de chaque projet.
  3. Des cartes en ligne du SIG qui indiquent les données historiques et prévues relatives aux variables et aux indicateurs climatiques clés pour la région, superposées de facteurs de sensibilité, notamment le type de sol, les pentes, le type de culture, etc. La sensibilité à l’érosion, à la sécheresse, aux inondations et au gel est présentée avec les PEG qui pourraient constituer des solutions plus efficaces pour aborder les problèmes actuels et futurs. Des données de base sur les caractéristiques topographiques et hydrologiques, dont les lacs et les cours d’eau, ainsi que les limites municipales et les centres de population sont également inclus.

Prochaine(s) étape(s)

Au cours de la prochaine année, grâce au financement de l’Initiative ontarienne pour la recherche agroalimentaire du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales, le Climate Risk Institute offrira une série de formations sur les tendances climatiques, les impacts climatiques, la résilience des terres agricoles et l’évaluation des risques dans les comtés de Grey, de Bruce et de Huron. Ces séances de formation traiteront des sujets suivants :

  1. projections climatiques régionales et information sur les risques;
  2. changements climatiques, risques et possibilités dans le secteur agricole;
  3. vulnérabilités et capacité d’adaptation;
  4. planification de mesures d’adaptation et rôle des PEG.

Les participants seront composés de représentants d’associations locales et régionales, de producteurs agricoles ainsi que de représentants d’un éventail d’organisations qui travaillent étroitement avec le secteur agricole, notamment les autorités locales de conservation. La formation sera conçue pour maximiser les occasions d’apprentissage avec les pairs et inclure des experts ayant des connaissances techniques précises sur les principaux risques (autorités de conservation sur les inondations) ainsi que les pratiques exemplaires de gestion (ALUS), et pour maximiser l’éventuelle transférabilité à d’autres régions de l’Ontario.

Ressources