Services écosystémiques et prise de décisions sur la côte ouest de l’île de Vancouver

En 2012-2013, les responsables du Natural Capital Project (NatCap) ainsi que le West Coast Aquatic Management Board (WCA) ont travaillé avec divers intervenants et collectivités sur la côte ouest de l’île de Vancouver afin de déterminer la meilleure façon de répondre aux désirs particuliers de développement, tout en s’assurant que la région reste saine et résiliente aux conditions météorologiques extrêmes et à leurs conséquences. Alors que la région est particulièrement vulnérable à l’érosion côtière et aux inondations provoquées par les ondes de tempête, l’impulsion initiale pour les études était le désir du WCA de créer un plan spatial marin régional. NatCap est dirigé par l’Université de Stanford et est composé d’une multitude d’instituts universitaires et d’ONGE, tandis que le WCA est lui-même une collection d’entités gouvernementales multiscalaires et d’intervenants locaux. Les travaux ont été effectués en particulier dans les baies Barkley et Cloyoquot, ainsi qu’à une échelle plus fine dans l’inlet Lemmens (dans la baie Cloyoquot). Une grande partie du travail effectué a été facilitée par un logiciel créé par NatCap, appelé InVEST, qui permet l’évaluation (monétaire et autre) de divers services écosystémiques. Après la détermination des utilisations marines, la consultation publique et la création de scénarios hypothétiques à l’échelle locale et régionale, les scénarios susmentionnés ont été présélectionnés et les conflits potentiels et les effets sur tous les intervenants et les services écosystémiques de ces scénarios ont été examinés. Les scénarios ont ensuite été présentés à l’organisme décisionnel gouvernemental (WCA) pour examen et intégration potentielle dans les plans spatiaux marins.

Comprendre et évaluer les impacts

Il est important de noter tout d’abord que ce projet a été initié par le West Coast Aquatic Management Board (WCA) dans le but de créer un plan spatial marin pour la région. On ne sait pas exactement ce qui a motivé la création du plan spatial marin, mais diverses études de cas liées au projet ont montré que ce travail de planification peut avoir pour effet de renforcer la résilience aux ondes de tempête, d’améliorer ou de maintenir la qualité de l’eau, de préserver les moyens de subsistance et de réduire les conflits entre les multiples utilisateurs. Les études de cas ont permis de recueillir des renseignements auprès de divers intervenants afin de comprendre les conditions de base dans une zone donnée. Les variables ont ensuite été modifiées en fonction des changements d’utilisation de l’océan souhaités par les personnes concernées (pour plus de renseignements sur ce processus, voir la rubrique Cerner les mesures à prendre). Les études de cas indiquent que les tempêtes extrêmes et les effets des ondes de tempête constituent une préoccupation dans la région de la côte ouest de l’île de Vancouver. Tout au long des exercices de cartographie communale et de la consultation publique, une grande attention a été accordée au maintien ou au renforcement des zones tampons naturelles contre les tempêtes.

Comprendre les risques et les impacts dans le cas d’un écosystème côtier peut devenir un défi, car de nombreux services écosystémiques dépendent les uns des autres dans une certaine mesure. Un manque de communication entre les acteurs concernés pourrait rendre la situation encore plus confuse. Les logiciels créés pour rendre explicites ces relations et pour quantifier les services écosystémiques, associés à une sensibilisation appropriée, pourraient contribuer à clarifier ces risques et ces impacts.

Déterminer les actions

Les études de cas ont commencé par comprendre toutes les utilisations marines existantes dans la zone. Ces renseignements ont été recueillis au cours d’une année par des entrevues avec les intervenants concernés. Après la désignation des utilisations, le WCA et NatCap ont organisé des réunions communautaires au cours desquelles divers scénarios ont été imaginés et discutés par les parties concernées. Au moyen de discussions et d’exercices de cartographie interactive, ces scénarios ont permis aux intervenants d’exprimer leurs souhaits quant à l’avenir de la côte ouest de l’île de Vancouver. Les visions des intervenants pour l’avenir de la zone ont été déterminées, y compris l’introduction de nouvelles utilisations (comme un complexe touristique) ou la restriction d’une implantation humaine (ajout de maisons flottantes) parmi d’autres modifications. Les scénarios ont été évalués et précisés grâce à diverses itérations d’un logiciel développé par NatCap appelé InVEST. InVEST a permis aux intervenants de comprendre et de quantifier la manière dont les modifications et les ajouts qu’ils souhaitent apporter à la zone toucheraient aux services écosystémiques tels que la protection contre l’érosion et les inondations ou la conservation d’une esthétique particulière. Ce processus a été répété une multitude de fois avec chaque groupe autochtone à l’échelle locale avant qu’un ou deux scénarios idéaux ne soient choisis par chacun. Une fois les scénarios finaux choisis à cette échelle locale, les utilisations marines régionales ont été superposées afin de cerner les zones de conflit potentiel. Après cette agglomération de cartes de scénarios, d’autres scénarios de rechange ont été créés à l’échelle régionale. Ce processus a permis de dégager une vision collective des changements souhaités en matière d’utilisation du milieu marin, qui sera ensuite prise en compte par les preneurs de décisions du WCA. L’ensemble du processus s’est étalé sur plus de deux ans.

Résultats et suivi des progrès

Les phases de planification liées aux multiples études de cas dans la zone de la côte ouest de l’île de Vancouver, qui influenceront en fin de compte le plan spatial marin régional plus large, fournissent une multitude de leçons et mettent en évidence les bénéfices communs inhérents à la prise en compte simultanée de plusieurs services écosystémiques. Tout d’abord, NatCap a constaté que l’établissement d’une image complète des utilisations marines dans une zone donnée est un défi compliqué par un vaste éventail d’intervenants et de compétences et par l’absence d’une source centrale de renseignements holistiques. Ensuite, l’approche permettant d’utiliser au mieux le logiciel InVEST est longue (plus de 2 ans dans certains cas) et exigeante en ressources. Il s’agit d’un facteur dont NatCap est maintenant conscient et est convaincu que le processus pourrait être simplifié à mesure que l’on acquiert de l’expérience dans l’évaluation des services écosystémiques marins. De plus, le processus de mobilisation publique dans la côte ouest de l’île de Vancouver a montré à NatCap que ces processus de planification peuvent rapidement devenir personnels, car les moyens de subsistance peuvent potentiellement être en jeu et doivent donc être abordés en gardant cela à l’esprit. Les études de cas ont également montré la capacité d’un logiciel de modélisation des services écosystémiques tel qu’InVEST à trouver et à afficher clairement les bénéfices communs potentiels de diverses décisions de zonage qui ne seraient pas apparents autrement. Par exemple, des scénarios ont été relevés dans lesquels l’intensité de la récolte des produits de la mer et le nombre d’établissements humains pourraient être augmentés sans nuire aux habitats végétaux importants qui amortissent les ondes de tempête (zostères). Alors que l’approche et le logiciel de NatCap continueront d’être modifiés, les plans formels de suivi des résultats ne seront pas clairs tant que les mesures ne seront pas mises en œuvre.

Prochaine(s) étape(s)

Une fois que les projets de scénarios des études de cas ont été terminés par Natural Capital, ils sont ensuite transmis à la WCA qui examine les conflits potentiels qui peuvent survenir avec l’introduction d’intervenants importants à l’échelle régionale. En fin de compte, les scénarios seront probablement réajustés plusieurs fois avant la création d’un plan spatial marin régional grâce aux contributions de ces intervenants. Il n’y a pas d’horizon temporel défini attaché à la pertinence du plan spatial marin, se prêtant à des réajustements périodiques. À l’avenir, NatCap a l’intention de développer et de modifier son logiciel de services écosystémiques InVEST afin de mieux répondre aux besoins d’un large éventail de collectivités. Tout d’abord, NatCap souhaite explorer les moyens de communiquer au grand public les différents degrés de certitude de la modélisation d’une manière accessible, précise et cohérente. Deuxièmement, NatCap estime que le fait de rendre son logiciel plus robuste et plus détaillé augmentera la polyvalence d’InVEST et le rendra ainsi plus accessible à une multitude de collectivités et d’utilisations, par exemple pour un large éventail de scénarios d’énergie renouvelable. Enfin, NatCap espère ajouter de la profondeur au logiciel en créant des moyens par lesquels les valeurs de ceux qui sont en dehors d’une frontière régionale choisie peuvent être incorporées dans la modélisation, le cas échéant.

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