Restaurer les marais par la marée

En 2020, Canards illimités Canada (CIC) et le Service canadien de la faune (SCF) ont restauré un milieu humide situé dans la réserve nationale de faune (RNF) de la Baie-Wallace où l’élévation du niveau de la mer a causé la brèche et l’érosion d’une digue. La Baie-Wallace, dans le nord de la Nouvelle-Écosse, est perchée sur les rives du détroit de Northumberland. La RNF couvre une superficie de plus de 1 433 acres (580 hectares) de marais, de champs et de forêts. Au cours des années 1970, CIC et le SCF ont créé des milieux humides à niveau d’eau contrôlé qui ont permis d’accueillir des espèces comme le fuligule à collier, la sarcelle à ailes bleues et le canard noir. Des bassins de retenue d’eau douce en milieux humides ont été développés sur une grande partie des terres qui étaient autrefois drainées et protégées par des digues pour les activités agricoles. Cependant, étant donné la récente élévation du niveau de la mer, les marées dépassaient la digue dont elles accéléraient l’érosion, rendant son entretien plus difficile. Le mélange d’eau salée et d’eau douce dans l’écosystème n’était pas aussi favorable aux plantes et à la faune qui y avaient initialement élu domicile. En 2016, des buts et des objectifs de gestion ont été établis au moyen du Plan de gestion de la réserve nationale de faune de la Baie-Wallace. Afin d’aborder les impacts des changements climatiques, l’approche de gestion du plan visait à cerner et à retirer les obstacles dans le but de favoriser la migration à l’intérieur des terres des marais salés en réponse à l’élévation du niveau de la mer. Cette approche visait également à cerner et à atténuer les zones à forte érosion des digues de bassins de retenue. En 2020, le projet de restauration comprenait le retrait de la digue et des systèmes de contrôle du niveau d’eau afin de réintroduire l’influence des marées dans un bassin de retenue en milieu humide, permettant de rétablir le régime des marées. La libre circulation de l’eau des marées a offert des conditions pour restaurer les marais salés. Le projet a permis de restaurer environ 23 hectares d’habitats de marais salés. CIC a travaillé en partenariat avec la Confederacy of Mainland Mi’kmaq (CMM) pour la surveillance du site de la Baie-Wallace et le contrôle des marais salés situés à seulement un kilomètre de distance.

Au cours des 50 dernières années, des milieux humides ont été créés sur une grande partie des terres qui étaient autrefois drainées et protégées par des digues pour les activités agricoles dans la RNF de la Baie-Wallace. Ces milieux humides marins se composent de chenaux de marée et de marais salés. La biodiversité s’est épanouie à la Baie-Wallace, grâce à la collaboration de CIC et du SCF pour assurer la surveillance des conditions d’habitat, ajuster les niveaux d’eau et maintenir les infrastructures. Même si la RNF de la Baie-Wallace est généralement protégée contre les tempêtes les plus sévères à cause de son emplacement en amont du port Wallace, l’une des sections, Baie-Wallace no 3, est devenue plus difficile à surveiller au fil du temps en raison de l’élévation du niveau de la mer. Les marées dépassaient la digue dont elles accéléraient l’érosion, rendant son entretien plus difficile. Le Service canadien de la faune a terminé le Plan de gestion pour la RNF de la Baie-Wallace en 2016. Ce plan soulignait bon nombre de défis et de menaces, y compris l’élévation prévue du niveau de la mer entraînant l’érosion des marais salés étendus dans la Baie-Wallace. Il indique ce qui suit : à mesure que les hautes terres s’élèveront rapidement autour des milieux humides existants, les gains à l’interface des marais salés et des hautes terres ne compenseront probablement pas la perte des marais salés le long de la côte. Étant donné la fréquence et l’intensité accrues des tempêtes, cela peut accélérer l’érosion, accompagnée d’une éventuelle perte considérable d’habitats en milieux humides. À la section no 3 de la Baie-Wallace, la transgression des marais n’était pas possible à cause de l’infrastructure de la digue qui bloquait les processus des marées.

Comprendre et évaluer les impacts

Déterminer les actions

Des approches de gestion ont été établies pour s’assurer que les milieux humides continuent d’offrir des habitats aux oiseaux migrateurs, notamment à la sauvagine, aux oiseaux aquatiques et aux oiseaux de marais dans le contexte d’un climat changeant. Ces approches comprennent la surveillance des changements aux habitats et de l’érosion côtière au sein de la RNF grâce à la prise annuelle de photos aériennes, à l’identification et au retrait d’obstacles à la migration à l’intérieur des terres des marais salés en réponse à l’élévation du niveau de la mer ainsi qu’à l’identification et à l’atténuation des zones de forte érosion des digues de bassins de retenue.

Dans ce cas-ci, l’entretien continu de la digue à la section no 3 de la Baie-Wallace n’était plus possible à cause de l’affouillement et de l’érosion continus produits par l’activité hydrodynamique des marées. De plus, la restauration de la plateforme et du régime de marées était nécessaire pour faire place à la migration des marais côtiers à l’intérieur des terres. Des scénarios de risque d’inondation, un MNÉ (modèle numérique d’élévation) LiDAR, des cartes topographiques, des images aériennes actuelles et historiques ainsi que la recherche de connaissances locales ont été utilisés ensemble pour éclairer l’élaboration du plan de restauration. Les propriétaires de terres adjacentes ont participé au projet et ont soutenu ses objectifs. Après des séances de consultation, CIC et le SCF ont convenu de réintroduire l’influence des marées dans le bassin de retenue en retirant les infrastructures matérielles. La libre circulation de l’eau des marées permettrait de rétablir les conditions favorisant la restauration des marais salés et le libre passage des poissons grâce à la reconnexion des chenaux. Les attributs suivants étaient essentiels au succès de la restauration : la reconnexion des chenaux de marée, l’apport adéquat de sédiments et l’élévation appropriée des marais. La présence d’une banque de semences de végétation halophile a aussi été envisagée avant d’entreprendre le projet.Déterminer les actions)

Mise en oeuvre

En septembre 2020, le SCF et CIC ont entrepris les travaux pour restaurer le site afin de retrouver l’état original des marais salés au moyen de brèches de digues contrôlées. La route d’accès avec une végétation dense a été recouverte de paillis pour permettre le transport de l’équipement. Le niveau d’eau du bassin de retenue a baissé légèrement pour révéler la plateforme de marais. Après l’assèchement, l’équipement d’excavation a permis de mettre de niveau le matériel de la digue en remettant l’excès de sol dans le banc d’emprunt de retenue. Plus tard, deux structures connexes de contrôle hydrique ont également été retirées, puis les chenaux principal et secondaire ont été reconnectés aux marées. En réintroduisant l’influence des marées dans ce bassin de retenue, les conditions étaient propices à la restauration des marais salés. La reconnexion des chenaux de marées était aussi importante afin de rétablir l’équilibre dynamique et d’améliorer les taux de solidification du sol sur les marais.

À mesure que les marées entreront dans les marais salés, les particules du sol floculeront hors de l’eau et se déposeront à la surface des marais, les renforçant avec le temps. Avec l’écoulement des marées, l’eau salée retourne dans le marais, révélant les vasières et laissant renaître les graines d’herbes salées enfouies profondément dans le sol. Dans les parcelles de marais moins profonds, les plantes et les quenouilles d’eau douce pourraient survivre des années avant de céder la place aux spartines de roseaux. À mesure que les marais salés se développeront, la végétation poussera et changera en cours de route. Il y a la première espèce de spartine colonisatrice qui s’enracine dans la plongée initiale d’eau nouvelle. À mesure que le marais s’élèvera avec plus de sédiments, les plantes de succession apparaîtront. Tous ces changements sont essentiels dans la lutte contre les changements climatiques.

Résultats et suivi des progrès

La réintégration des plaines inondables s’accompagne de nombreux avantages et cela est bien documenté dans la baie voisine de Fundy. Toutefois, à cause d’une écologie semblable, ce projet est un pilote pour éclairer d’autres éventuels projets de réalignement de digue dans le détroit de Northumberland. CIC a travaillé en partenariat avec la Confederacy of Mainland Mi’kmaq (CMM) pour la surveillance du site de la Baie-Wallace et le contrôle des marais salés situés à seulement un kilomètre de distance. Avant le début des travaux, des équipes de la CMM ont effectué une captation vidéo de deux sites à l’aide de drones en juillet 2020 pour obtenir des données de référence et un aperçu des conditions des sites avant la restauration. La surveillance se poursuivra chaque année pendant au moins trois ans. L’endroit a également été désigné comme site de recherche par les universités locales.

Prochaine(s) étape(s)