Intervention en cas d’inondation à Grand Forks et dans la région frontalière

En 2018, Grand Forks et la région frontalière en Colombie-Britannique (C.-B.) ont vécu la pire inondation enregistrée de leur histoire, entraînant la mise en œuvre de la Stratégie de rétablissement à la suite d’inondations dans la région frontalière (Boundary Flood Recovery Strategy). Après une semaine de températures élevées et trois jours de fortes pluies, la confluence des rivières Kettle et Granby a dépassé le niveau de crue sur 200 ans (0,5 % de probabilité annuelle). Les conditions existantes ayant favorisé les inondations comprennent une accumulation record de neige à 240 % de la moyenne au début de mai, une canicule qui a déclenché la fonte rapide de la neige et 40 mm de pluie sur une grande partie du bassin hydrographique de la rivière Kettle. À la suite des inondations, la région a subi des dommages se chiffrant à près de 40 millions de dollars, nécessitant l’évacuation de 1 500 personnes et la diffusion d’avis concernant l’eau potable. Dans l’ensemble de la région, des maisons, remorques et fermes ont été inondées d’eaux foncées, forçant des milliers de personnes à évacuer leur maison et nécessitant 30 évacuations de secours immédiatement après les inondations. Les quartiers à plus faibles revenus de Grand Forks ont été les plus durement touchés par les inondations de 2018, ce qui n’est pas unique dans le contexte d’inondations majeures. La Stratégie de rétablissement à la suite d’inondations dans la région frontalière a été dirigée par la communauté et elle faisait appel à une collaboration entre le district régional de Kootenay-Programme en cas d’urgence dans la région frontalière, la Ville de Grand Forks, de nombreux partenaires communautaires, la Croix-Rouge et la Colombie-Britannique.

Comprendre et évaluer les impacts

Le modèle d’intervention et de rétablissement de Grand Forks, dans le contexte des inondations, s’est fondé sur un partenariat entre le district régional de Kootenay-Programme en cas d’urgence dans la région frontalière, la Ville de Grand Forks et de nombreux dirigeants provenant de divers secteurs dans la communauté. Les inondations ont eu des répercussions sociales, psychologiques et sanitaires dans la communauté, surtout chez les personnes à faibles revenus, les personnes sans abri ou mal logées, les personnes âgées, les femmes et les peuples autochtones. Les quartiers les plus touchés furent Ruckle Nord et Sud ainsi que Johnson Flats. Ces quartiers ont une plus grande proportion de logements locatifs que d’autres secteurs de Grand Forks ainsi que bon nombre de maisons plus âgées ayant besoin d’entretien et de réparations.

En juin 2018, les citoyens touchés par les récentes inondations ont amorcé une discussion pour savoir quelles étaient les étapes en cours pour faire progresser la communauté de la phase d’intervention en cas d’inondations à la phase de rétablissement, pour comprendre les différents rôles au sein de chaque phase et pour obtenir des réponses à leurs questions de la part d’un groupe de représentants participant à la phase de rétablissement. La première étape visait à mener une évaluation des impacts hydrologiques dans l’ensemble du système riverain afin d’obtenir des données essentielles au sujet du débit de la rivière et de la manière dont celui-ci a changé, des chenaux creusés, des effets sur le sol et des débris qui ont été déposés le long de la rivière. L’étude permettrait à l’équipe de rétablissement de prendre des décisions éclairées en ce qui concerne les endroits où améliorer les mesures de protection contre les inondations qui n’auraient pas de répercussions sur les régions en aval. Une évaluation séparée des risques d’inondation au sein de la ville de Grand Forks a également recalculé le niveau d’inondation sur 200 ans et mis à jour la cartographie de la plaine inondable. Ces renseignements étaient essentiels pour appuyer la construction de nouvelles structures de contrôle des inondations conformément au plan d’infrastructures essentielles visant à restaurer et à rebâtir les digues, les sentiers, les routes ainsi que les systèmes sanitaires et d’égouts pluviaux.

Déterminer les actions

L’une des caractéristiques distinctes du plan de rétablissement à la suite d’inondations dans la région frontalière est la suivante : une décision intentionnelle a été prise pour renforcer les capacités locales des efforts de rétablissement dirigés par la communauté. Par conséquent, un modèle de gestion du rétablissement à cinq volets a été élaboré, comprenant les points suivants : infrastructures essentielles, bien-être, économie, environnement et logement. Le modèle met l’accent sur un leadership solide et collaboratif, le renforcement des capacités locales et l’utilisation de l’approche de gestion de cas pour cerner les mesures à prendre. Cela était important pour s’assurer que les efforts d’intervention visaient un vaste éventail de besoins provenant des populations qui n’auraient pas cherché à obtenir notre soutien d’elles-mêmes. Des relations personnelles ont été établies et une confiance s’est installée entre les personnes les plus durement touchées et les principaux organismes. La Ville de Grand Forks, avec le soutien de RDKB, a communiqué avec les gouvernements fédéral et provincial pour obtenir de l’aide financière qui contribuerait à mettre en œuvre les projets de protection contre les inondations. Pour avoir accès à du financement, le gouvernement fédéral a suggéré de présenter une demande à son Fonds actuel d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes. Le gouvernement provincial n’étant pas doté d’un programme de ce type, les représentants du gouvernement provincial ont présenté au Conseil du Trésor de la C.-B. une demande d’autorisation de dépenses. Ensemble, ils ont versé plus de 50 millions de dollars pour aider la Ville à construire de nouvelles digues et des systèmes d’égouts pluvieux, et pour naturaliser plus de 11 hectares de plaines inondables.

Mise en oeuvre

Dans le cas de Grand Forks, le rôle le plus efficace en matière de rétablissement à la suite d’inondations a été celui que dirigeaient des organisations locales bien financées et soutenues. Les évaluations des risques et des vulnérabilités ainsi que la planification préalable ont été au-delà des composants techniques; ils comprenaient des considérations en matière de santé et de bien-être pour diverses populations, y compris la sécurité culturelle des peuples autochtones. Il demeure nécessaire de travailler avec les régions rurales et éloignées susceptibles d’être touchées afin de comprendre qui y vit et comment les inondations ou les incendies toucheront ces populations et l’économie en particulier. Les mesures mises en œuvre englobent trois thèmes qui ont contribué à leur succès, notamment :

  1. Leadership distribué et collaboratif : Le modèle de Grand Forks a été décrit comme étant une approche de leadership « distribuée » et « collaborative » fondée sur la confiance. Un organisme principal a été invité à coordonner les interventions de chaque volet. Les volets fonctionnaient ensemble en vue de « composer avec les enjeux sous l’angle de l’adaptation à mesure qu’ils émergeaient ». Le volet « bien-être » du plan de rétablissement a fourni un leadership pour la coordination de l’intervention sanitaire et sociale découlant des inondations, notamment la sensibilisation auprès des populations les plus touchées.
  2. Renforcement des capacités locales : Il était prioritaire de trouver tout d’abord dans la communauté des leaders qui avaient l’expertise et la capacité d’assumer un rôle de leadership dans le cadre du modèle de gestion du rétablissement, avant de faire appel à des experts externes. Ce modèle a aidé les populations touchées, car il appuyait les organismes locaux ayant le plus de connaissances au sujet des besoins de la communauté.
  3. Approche de gestion de cas : Le modèle s’est fondé sur une approche de gestion de cas qui offre une sensibilisation et une mobilisation personnalisées à différentes populations dans la communauté. Cela était important pour s’assurer que les efforts d’intervention visaient un vaste éventail de besoins provenant des populations qui n’auraient pas cherché à obtenir notre soutien d’elles-mêmes. Des relations personnelles ont été établies et une confiance s’est installée entre les personnes les plus durement touchées et les principaux organismes.

Résultats et suivi des progrès

L’accent du modèle sur un leadership solide et collaboratif, le renforcement des capacités locales et l’utilisation d’une approche de gestion de cas ont contribué à son succès. Le modèle a révélé l’importance d’accorder une priorité au leadership provenant d’organisations locales, dans le contexte de l’intervention et du rétablissement, et de travailler avec celles-ci pour renforcer les capacités, car elles ont les connaissances, l’expérience, les relations et la confiance pour soutenir les populations les plus touchées dans la communauté. Il est également important de travailler afin de mieux comprendre les vulnérabilités des sous-populations dans les régions rurales et éloignées. Pour l’avenir, il est nécessaire d’améliorer et d’accélérer le soutien en matière de santé mentale aux populations les plus touchées. Il est également important de clarifier les rôles et les attentes à l’échelle du gouvernement pour éviter les temps d’attente et les inefficacités inutiles. Cette clarté est aussi importante pour trouver des solutions de logement, ce qui demeure un énorme problème, car les personnes sans abri étaient parmi les plus vulnérables pendant les inondations. Des ressources supplémentaires pour les organisations familiales et sanitaires locales ainsi que pour la planification en amont, y compris la planification sociale en ce qui concerne la diversité des genres et les répercussions sexospécifiques, amélioreront la résilience aux changements climatiques. Des questions comme : « Quel est l’état de préparation de la communauté et quels services de soutien les fournisseurs de services doivent-ils prévoir en vue de la saison des inondations? » ont été soulevées pendant la phase de la mise en œuvre. Les réponses à ces questions constituent une étape importante pour les futurs plans de préparation aux inondations. Enfin, l’initiative a révélé qu’il serait utile de partager les expériences et les leçons tirées des inondations à Grand Forks avec d’autres communautés exposées aux inondations en C.-B.

Prochaine(s) étape(s)

La Ville de Grand Forks se trouve au milieu d’un programme majeur d’atténuation des inondations, notamment l’établissement de mesures de protection contre les inondations, les retraits planifiés et la naturalisation des plaines inondables. Ce ne sont pas tous les documents qui sont complets et publiés, donc cette étude de cas se veut plutôt un aperçu. Cette information sera mise à jour après un suivi l’an prochain, lorsque les principaux travaux seront terminés et entreront dans leur phase finale et qu’une plus grande partie de la documentation sera disponible.

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