Modélisation et cartographie des inondations dans les basses-terres continentales de la C.-B.

En raison des changements observés et prévus concernant la fonte des neiges, les régimes de précipitations et l’élévation du niveau de la mer, le Fraser Basin Council (FBC) a entrepris en 2019 le projet de modélisation et de cartographie en 2D des inondations du fleuve Fraser dans la région des basses-terres continentales, soit un élément majeur de la stratégie de gestion des inondations dans les basses-terres continentales (SGIBTC). La SGIBTC est une initiative conjointe qui comprend la participation de plus de 60 organismes gouvernementaux et non gouvernementaux qui visent à réduire les risques et à renforcer la résilience à l’égard du fleuve Fraser et des inondations côtières dans la région des basses-terres continentales. Ce projet, échelonné sur plusieurs années, est divisé en trois phases :

  • Phase 1 : Comprendre les risques d’inondation dans la région des basses-terres continentales.
  • Phase 2 : Établir une stratégie régionale, y compris le projet de modélisation et de cartographie en 2D du fleuve Fraser dans la région des basses-terres continentales.
  • Phase 3 : Prendre des mesures.

Le projet de modélisation et de cartographie en 2D du fleuve Fraser dans la région des basses-terres continentales cerne les limites géographiques et les profondeurs des crues d’une inondation selon le type d’événement et la probabilité d’occurrence. En plus de 14 scénarios de base (comprenant plusieurs scénarios par rapport aux changements climatiques), 8 scénarios de brèches de digues et 5 options d’atténuation ont été examinés (quatre ont fait l’objet d’une modélisation) : l’élévation de digues, le recul de digues, le retrait de sédiments, l’élévation de terres et le stockage de l’eau en amont. Les cartes résultantes peuvent être utilisées pour déterminer les structures, les personnes et les actifs qui se trouvent dans les zones inondables et pour éclairer les mesures proactives de réduction des risques d’inondation ainsi que la planification d’urgence. Le modèle d’inondation 2D du fleuve Fraser dans la région des basses-terres continentales peut être utilisé par les autorités pour produire des exécutions de modèles et des cartes supplémentaires qui conviennent aux besoins de la région. Ce projet permettra d’aider les responsables de la gestion des inondations à mieux comprendre les risques d’inondation actuels et futurs, à faire progresser leurs travaux sur l’évaluation des risques dans le but de mettre en priorité les zones à risque élevé, à évaluer les options de réduction des risques d’inondation et à améliorer l’état de préparation et la planification des interventions en cas d’urgence.

Comprendre et évaluer les impacts

Le fleuve Fraser est le plus grand cours d’eau de la côte ouest du Canada, s’écoulant sur plus de 1 300 km vers la mer et drainant environ un quart de l’eau de la province de la Colombie-Britannique. Les eaux élevées du fleuve Fraser sont saisonnières, surtout pendant les crues printanières lorsque l’eau de ruissellement provenant de la fonte des neiges cause l’élévation du niveau du fleuve. Les changements climatiques modifient les modèles météorologiques. On s’attend à ce que les changements des régimes de fonte des neiges et de précipitations dans le bassin Fraser contribuent à des inondations plus importantes et plus fréquentes du fleuve Fraser. L’élévation du niveau de la mer aura aussi une incidence sur les niveaux d’eau du fleuve Fraser dans la région des basses-terres continentales pendant les crues printanières. Plus de 300 000 personnes habitent ou travaillent dans la plaine inondable et plus de 2,7 millions de personnes dans cette région dépendent des infrastructures, notamment les routes, le transport en commun et les services publics qui peuvent être touchés par les inondations. Au total, 74 systèmes de digues sont exploités par 35 autorités en la matière dans l’ensemble des basses-terres continentales. Ce réseau d’environ 600 km de digues (125 km de digues de mer) protège environ 75 000 hectares de terres. Une seule inondation riveraine ou côtière majeure dans la région des basses-terres continentales au cours des prochaines décennies pourrait entraîner des pertes de 20 à 30 milliards de dollars.

Le projet de modélisation et de cartographie des inondations était un élément majeur de la phase 2 de la SGIBTC. Le Fraser Basin Council a retenu les services de Northwest Hydraulic Consultants (NHC) pour élaborer un modèle d’inondation exhaustif pour l’exécution d’un éventail de scénarios d’inondation futurs visant les basses-terres continentales en fonction de différentes conditions climatiques, d’écoulements de rivières et d’éventuelles brèches de digues. Les projections des écoulements futurs du fleuve Fraser utilisées dans le cadre des scénarios de changements climatiques ont été élaborées par NHC et éclairées par le Pacific Climate Impacts Consortium (PCIC). Le projet a supposé une élévation du niveau de la mer de 0,5 m et de 1,0 m d’ici 2050 et 2100, respectivement. La profondeur et l’ampleur des crues augmentent lorsque l’on tient compte des impacts des changements climatiques. Par exemple, pour la probabilité annuelle de dépassement de 0,2 % d’inondation, d’ici 2050, les changements climatiques pourraient augmenter les niveaux d’eau à Mission d’environ 0,8 m et d’environ 1,9 m d’ici 2100, comparativement aux conditions actuelles.

Déterminer les actions

Le modèle d’inondation en 2D du fleuve Fraser dans la région des basses-terres continentales prévoit l’étendue, la profondeur et la vélocité de l’eau dans le chenal du fleuve Fraser et dans la plaine inondable (normalement des terres sèches) pour des inondations de diverses ampleurs. Le modèle couvre une section de 170 km du fleuve Fraser, de Hope à la mer Salish (détroit de Géorgie). Le modèle peut également être utilisé pour illustrer les scénarios de brèches de digues et les effets possibles des options d’atténuation des inondations.
Dans le cadre de la phase 2 de ce projet de la SGIBTC, 27 scénarios d’inondation ont été produits. Trois cartes simplifiées ont été élaborées et 24 scénarios ont été simulés par le modèle d’inondation : 14 scénarios de base (2 avec des cartes simplifiées seulement); 8 scénarios de brèches de digues et 5 scénarios sur les effets de différentes options d’atténuation des inondations (quatre options sur cinq ont fait l’objet d’une modélisation).

Voici certaines des constatations du modèle :

  • De nombreuses zones qui ne sont pas actuellement protégées par des digues seront inondées, même dans le cas d’une petite inondation, et l’étendue ainsi que la profondeur potentielles des crues dans ces régions augmentent avec les changements climatiques
  • La superficie totale de la plaine inondable ainsi que le nombre de digues surchargées augmentent considérablement à mesure que les scénarios de crues printanières deviennent plus graves.
  • Le recul de nouvelles digues de leur emplacement actuel pour créer « plus d’espace pour le fleuve » en cas d’inondation pourrait aussi réduire les niveaux d’inondation à certains endroits.
  • Le chenal du fleuve subira un changement considérable au fil du temps à mesure qu’il s’ajustera au nouveau régime d’écoulement alimenté par les changements climatiques. Il existe de l’incertitude quant à la projection des niveaux d’eau précis liés aux inondations, mais on s’attend à ce que ceux-ci augmentent considérablement à l’avenir.
  • À cause de l’élévation du niveau de la mer, le « point de transition » entre les inondations côtières et riveraines se déplacera probablement en amont.

L’un des principaux objectifs du projet de modélisation et de cartographie des inondations de la SGIBTC visait à appuyer la planification et la prise de décisions liées aux diverses options d’atténuation des inondations. La simulation des options d’atténuation dans le modèle a permis d’évaluer leur efficacité et de sélectionner les options prometteuses pour un examen plus approfondi. L’information et les données de la cartographie des inondations seront utilisées pour établir les vulnérabilités d’une communauté (et d’une région) à l’égard de multiples scénarios d’inondation. Par la suite, ces scénarios pourront éclairer la feuille de route des mesures à prendre, y compris des projets précis d’atténuation. Le modèle et les cartes d’inondation fournissent des données probantes au sujet de la nature, de l’étendue et de la distribution des risques d’inondation ainsi que des autres risques connexes dans l’ensemble de la région et constituent un motif convaincant pour passer à l’action.

Mise en oeuvre

Les résultats du modèle ont été utilisés pour appuyer une évaluation des risques d’inondation dans les basses-terres continentales, qui peut contribuer à établir la priorité des mesures de réduction des risques d’inondation à l’échelle régionale. Le Fraser Basin Council, en tant que médiateur du processus d’élaboration de la stratégie, travaille avec des organisations partenaires pour élaborer la stratégie dans le cadre de la phase 2. En allant de l’avant, le FBC continuera de collaborer avec les représentants des organisations partenaires afin d’explorer les résultats de la modélisation et les options. À ce jour, de multiples territoires de cette région ont accédé au modèle et à la cartographie ainsi qu’à d’autres résultats pour appuyer leur planification et d’autres activités de gestion des inondations.

Résultats et suivi des progrès

Le Fraser Basin Council a reçu des commentaires préliminaires concernant la première ébauche de la SGIBTC du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux, locaux et des Premières Nations ainsi que de plusieurs organismes responsables d’infrastructures et d’autres organismes régionaux. Bon nombre ont été des participants actifs tout au long de la phase 2 grâce à leur soutien financier ou à leur expertise et à d’autres types de soutien. Les discussions et les travaux dans le cadre du projet se poursuivront pour la rédaction de la deuxième ébauche.

Prochaine(s) étape(s)

Une mise à jour du modèle d’inondation a été entreprise en 2022 pour assurer la précision et la pertinence continues. D’autres exécutions de modèles sont réalisées pour tenir compte des renseignements à jour sur les changements climatiques et d’autres scénarios d’intérêt. Ces exécutions de modèles supplémentaires peuvent aider les décideurs à examiner l’efficacité des options de réduction des risques d’inondation, notamment les différents types d’infrastructures ou les politiques sur l’utilisation des terres, lorsqu’elles sont mises en œuvre à l’échelle régionale, séparément ou ensemble. Ce modèle ainsi que d’autres applications de modèles feront l’objet d’un examen et d’une mise en œuvre au cours des prochaines années.

Ressources