Adaptation aux changements climatiques en action dans la forêt communautaire de Harrop-Procter

En 2016, les responsables de la forêt communautaire de Harrop-Procter ont commencé à mettre en œuvre un plan de gestion forestière adaptative pour atténuer les impacts des changements climatiques, notamment les feux de forêt et la sécheresse, et s’y adapter. La forêt communautaire de Harrop-Procter, gérée par la Harrop-Procter Community Cooperative (HPCC), est une forêt d’environ 11 300 hectares située dans le sud-est de la Colombie-Britannique. Afin de comprendre les mesures d’adaptation et d’établir leur priorité pour les 20 à 40 prochaines années, la HPCC a réalisé une évaluation des risques liés aux changements climatiques dans la forêt communautaire. Les modèles climatiques ont révélé que la région deviendra probablement plus chaude et plus sèche, ce qui présente un risque élevé de sécheresse et de feux de forêt pour les zones sèches près de la communauté, les vieilles forêts, les cours supérieurs des ruisseaux et le bois d’œuvre. Pour gérer les risques, une stratégie d’exploitation axée sur la résistance aux feux de forêt et le réalignement des forêts pour les rendre plus résilientes au climat a été mise en œuvre. Le volet « résistance » de la stratégie s’est concentré sur le traitement des combustibles, la mise en place de coupe-feu et de points d’accès pour l’extinction des incendies. Le volet « réalignement » de la stratégie s’est fondé sur l’élimination des espèces sensibles à la sécheresse par la coupe, l’empilage et le brûlage, et sur la promotion des espèces à feuilles caduques et résistantes à la sécheresse. La HPCC poursuit sa stratégie d’exploitation, tout en envisageant l’avenir de son plan de gestion du bois d’œuvre pour s’assurer qu’il s’harmonise avec des objectifs de récolte réalistes dans le contexte d’un climat changeant.

Comprendre et évaluer les impacts

La forêt communautaire de Harrop-Procter se compose principalement de forêts mixtes de conifères de 100 à 120 ans. La région a connu une hausse d’environ 1,6 °C de la température annuelle moyenne depuis 1913, alors qu’au cours des 40 dernières années, elle a connu une augmentation du débit des cours d’eau au printemps et une diminution du débit en été. De plus, des feux se sont déclarés dans la forêt, dont deux feux de forêt majeurs en 2003 et en 2017. Les résultats de la modélisation climatique ont été obtenus auprès du Pacific Climate Impacts Consortium (PCIC) pour divers scénarios d’émissions futures (A2 : émissions modérées où les émissions finissent par augmenter; A1B : émissions modérées où les émissions finissent par diminuer; B1 : faibles émissions où les émissions finissent par diminuer) pour les années 2050 et 2080. Les projections révèlent qu’au cours des 30 à 60 prochaines années, l’automne, l’hiver et le printemps pourraient être de 2 à 5 °C plus chauds et de 10 à 25 % plus humides, tandis que l’été pourrait être de 3 à 7 °C plus chaud et jusqu’à 30 % plus sec. En raison des étés plus secs et plus chauds, les feux de forêt pourraient brûler en moyenne de 5 à 15 fois plus de superficies de la forêt chaque année. On s’attend également à une augmentation de la fréquence et de l’ampleur des événements extrêmes, notamment des fortes précipitations.

Afin d’établir la priorité des mesures d’adaptation pour les 20 à 40 prochaines années, la HPCC a réalisé une évaluation des risques liés aux changements climatiques. La probabilité des feux de forêt et des périodes de sécheresse a été évaluée pour chaque peuplement de la forêt communautaire en fonction du terrain, des classifications des écosystèmes, de l’inventaire des ressources végétales et des interprétations LiDAR. Les probabilités associées aux feux de forêt et aux périodes de sécheresse ont ensuite été réévaluées pour 2055 et 2085 à l’aide des données cumulatives sur le déficit hydrique du ministère des Forêts de la Colombie-Britannique. Les conséquences d’un éventuel feu de forêt ou d’une période de sécheresse potentielle sur les valeurs communautaires clés, comme les maisons, l’eau, la biodiversité et le bois d’œuvre, ont été cartographiées de manière indépendante. Des cotes de risque relatif ont été attribuées en combinant les probabilités et les conséquences. Les risques les plus élevés et les zones prioritaires cernées étaient les zones plus sèches près de la communauté, les cours d’eau supérieurs ayant une forte probabilité d’incendie, les vieilles forêts sur des sites plus secs, et les peuplements de bois d’œuvre accessibles sur des sites plus secs.

 

Déterminer les actions

Les résultats de l’évaluation des risques ont éclairé la stratégie d’exploitation et le plan de gestion. La stratégie d’exploitation comportait deux volets principaux : la résistance et le réalignement. Le volet « résistance » se concentre sur la protection contre les feux de forêt par des coupe-feu, la protection des vieilles forêts, des zones riveraines et des cours d’eau supérieurs. Alors que la résistance aux feux de forêt est essentielle pour tenter de séquestrer le carbone dans la forêt, celle-ci a déjà atteint sa capacité de charge probable en 2003 et, depuis lors, le carbone est libéré par des incendies majeurs et des infestations de dendroctones du pin. Comme le carbone ne peut être stocké partout, dans les endroits où la résistance n’est pas possible, la forêt est réalignée. Le volet « réalignement » se concentre sur la modification de la structure forestière afin d’accroître la résilience et de créer de nouvelles normes de peuplement avec des densités plus faibles et des arbres à feuilles caduques, tout en favorisant les types de forêts à faible altitude.

Mise en oeuvre

Plusieurs stratégies de traitement de combustibles ont été mises en œuvre pour mener à bien le volet « résistance » de la stratégie d’exploitation. Des garde-machines et des garde-mains, qui sont des barrières stratégiquement construites pour freiner ou ralentir la propagation du feu et favoriser l’extinction des incendies, ont été créés ou renforcés. Les anciennes routes et les héliports ont également été rouverts ou construits de manière proactive afin d’augmenter les points d’accès pour l’extinction des incendies en prévision d’un feu de forêt. Pour réaliser le volet « réalignement » de la stratégie, la HPCC s’est concentrée sur le réalignement des sites sujets à la sécheresse, tels que les peuplements centenaires composés d’espèces comme le cèdre et la pruche, qui sont moins viables dans un climat changeant. Les cèdres et les pruches à risque élevé ont été retirés par coupe partielle, tandis que les arbres tolérants à la sécheresse, comme le douglas vert et le mélèze occidental, ont été conservés. Les autres stratégies de réalignement comprenaient l’élaboration de normes sur la coupe partielle de peuplements, c’est-à-dire la mise en place de coupe-feu partiellement ombragés qui ne nécessitent pas de repeuplement, et l’élaboration de normes de forêts équiennes, où la forêt est considérablement transformée/réalignée pour favoriser la croissance des arbres à feuilles caduques et une plus faible densité de conifères.

Résultats et suivi des progrès

Les volets « résistance » et « réalignement » de la stratégie d’exploitation donnent des résultats positifs. Un réseau de coupe-feu est en grande partie achevé et plusieurs zones ont été réalignées pour favoriser la résilience des bassins versants. La stratégie d’exploitation est en cours et la HPCC a reçu des fonds pour poursuivre les travaux de réduction des risques de feux de forêt en 2023.

L’étape finale du projet actuel consiste à examiner les scénarios d’approvisionnement en bois d’œuvre et à réévaluer les niveaux de récolte. La HPCC est actuellement en train d’actualiser l’examen de l’approvisionnement en bois d’œuvre pour la forêt communautaire et de modifier les hypothèses liées aux feux de forêt, au dendroctone et aux pertes de croissance.

Prochaine(s) étape(s)

Tout au long du projet, la sensibilisation et l’engagement de la communauté ont été essentiels. Les incendies majeurs de 2003 et de 2017 ont suscité un vif intérêt et un soutien de la part de la communauté pour le projet. Les responsables de la HPCC ont créé plusieurs vidéos éducatives sur les changements climatiques et sur la protection contre les feux de forêt, et ils donnent fréquemment des présentations et des mises à jour au sujet du projet. De plus, ils travaillent actuellement sur un manuel décrivant le projet.

Ressources

Lien vers l’étude de cas complete (en Anglais seulement)

Ressources supplémentaires : (en Anglais seulement)