Renforcer la capacité d’adaptation aux changements climatiques des Premières Nations du Grand Nord de l’Ontario par l’échange de connaissances et la collaboration

De 2019 à 2022, Up North on Climate de l’Université Laurentienne, le Grand Conseil du Traité no 3 et les conseils tribaux de Mushkegowuk, de Matawa, de Nokiiwin, de Shibogama et de Keewaytinook Okimakanak ont travaillé en collaboration et partagé leurs connaissances afin de renforcer la capacité d’adaptation aux changements climatiques au sein des conseils et de leurs 63 communautés membres dans le Nord de l’Ontario.
L’objectif consiste à établir une base solide de capacités pour la prise de mesures contre les impacts des changements climatiques, notamment la sécheresse, les modifications aux écosystèmes, les inondations, la sécurité alimentaire, la santé, les infrastructures, le transport et les feux de forêt dans les communautés des conseils. Ces capacités pourraient ensuite être transmises aux communautés dans le cadre d’ateliers communautaires. Un aspect clé du processus concerne le mentorat de « spécialistes des changements climatiques » à temps partiel désignés par chaque conseil et soutenus par le programme RCERA (Renforcer la capacité et l’expertise régionales en matière d’adaptation) de Ressources naturelles Canada. Les spécialistes des changements climatiques étaient en mesure d’assurer une capacité durable et ils pouvaient s’intégrer aux autres services fournis par les conseils. Cette collaboration se poursuit aujourd’hui et porte le nom de Partnership for Indigenous Climate Change Adaptation ou PICCA (Partenariat pour l’adaptation des peuples autochtones aux changements climatiques). Cette initiative a permis d’élaborer conjointement une série importante de ressources pour soutenir le renforcement continu des capacités et pour contribuer à la planification des projets d’adaptation des communautés. De plus, un réseau d’échange de connaissances en ligne, ACClimateNOW, est hébergé sur Facebook comme plateforme d’apprentissage social et de discussion pour les membres qui travaillent au sein des Premières Nations du Nord et qui cherchent à apprendre les uns des autres. Malheureusement, les contraintes liées à la pandémie de COVID-19 ont gravement nui au renforcement des capacités dans les communautés individuelles. Le renforcement des capacités avec des spécialistes des changements climatiques dans les communautés sera au cœur des prochaines étapes.

Comprendre et évaluer les impacts

Les peuples autochtones s’adaptent aux changements environnementaux depuis des millénaires. Des générations de vie sur la terre et de partage d’histoires, d’expériences et d’observations ont abouti à un vaste éventail de connaissances autochtones locales, souvent appelé connaissances écologiques traditionnelles (CÉT). Les connaissances écologiques traditionnelles peuvent révéler les changements environnementaux observés au cours de la vie d’une personne ou sur plusieurs générations. De nombreux aînés du nord de l’Ontario ont exprimé leur inquiétude face à la rapidité sans précédent des changements, souvent néfastes, qu’ils ont observés sur les terres ainsi que dans le climat et la faune au cours de leur vie. L’approche collaborative à double perspective de l’aîné mi’kmaw Albert Marshall, adoptée par Up North on Climate depuis 2017, permet d’intégrer les CÉT à la science occidentale.

Immédiatement avant le début de ce projet, entre 2016 et 2018, Up North on Climate a rédigé 24 rapports d’évaluation des impacts et des vulnérabilités pour les communautés en fonction des connaissances recueillies lors des entrevues avec les aînés et les membres de la communauté. Les entrevues ont été menées par un membre de la communauté et toutes les personnes participant à cette collecte de connaissances communautaires ont été rémunérées pour leur contribution. Les rapports étaient confidentiels pour chaque communauté. Ces rapports et entrevues ont permis de comprendre les impacts, les vulnérabilités et les risques dans la région du projet actuel. Les points suivants ont été largement signalés : des hivers plus chauds, souvent vécus sous forme de pluie sur un sol gelé causant des inondations; des écosystèmes changeants touchant les emplacements traditionnels des plantes médicinales et alimentaires, ainsi que les modèles de migration de la faune; des sécheresses plus communes; des tempêtes de pluie plus fréquentes et intenses causant des inondations; et des feux de forêt plus fréquents durant une saison active plus longue. Les données historiques des stations météorologiques locales et les projections de Données et scénarios climatiques canadiens ont réitéré les impacts que les Premières Nations observent depuis des décennies. Ces impacts ont des effets en aval sur la sécurité alimentaire, la santé et le bien-être des Premières Nations (y compris la santé culturelle), ainsi que sur la fiabilité et la sécurité des infrastructures et des voies de transport, tant en hiver sur la glace qu’en été lorsque les niveaux d’eau peuvent être très bas.

Pour plus d’informations sur le climat, consultez la section Ressources de cet exemple (ci-dessous).

Déterminer les actions

Phase de planification : De janvier à mai 2019, l’Université Laurentienne a entrepris une étude de portée pour confirmer que la méthodologie de la collaboration de Up North on Climate avec cinq conseils tribaux du Nord et le Grand Conseil du Traité no 3 était soutenue par les conseils et les membres de leurs communautés. En plus de confirmer que le projet était soutenu et réalisable, la consultation a confirmé que le renforcement de la capacité de planification des mesures d’adaptation des « spécialistes des changements climatiques » à temps partiel au sein des conseils constituait une stratégie raisonnable pour établir une expertise d’adaptation durable dans les Premières Nations. Il a également été convenu qu’un groupe de coordination composé d’un membre de haut niveau de chaque conseil serait informé et que ce dernier formulerait des recommandations au sujet du processus et des progrès du projet.

Le soutien du projet lors de la phase de planification provient des relations avec les Premières Nations établies grâce à une année autofinancée de participation à des réunions et de visites des communautés des Premières Nations, ainsi qu’à une demande d’étude relative aux impacts des changements climatiques dans le Nord, présentée en 2015 par le chef régional de l’Ontario Isadore Day. De plus, en 2016-2018, l’Ontario a fourni des fonds pour la participation des Premières Nations de l’Ontario à une étude sur les impacts des changements climatiques et les mesures d’adaptation. Dans le cadre de cette étude, le groupe d’adaptation Up North on Climate a été créé. Ce groupe a effectué de nombreuses visites dans les communautés et a rédigé 24 rapports confidentiels sur les impacts et les vulnérabilités des communautés du Nord. Chaque rapport comprenait une matrice d’impacts climatiques, de risques et de mesures d’adaptation spécifiques à la communauté pour composer avec des répercussions comme la sécheresse, les modifications des écosystèmes, les feux de forêt, les inondations, la sécurité alimentaire, la santé humaine, les infrastructures, les déplacements et les routes en hiver. Enfin, une conférence de trois jours de Up North on Climate, qui s’est déroulée à Thunder Bay en 2018, a réuni plus de 150 participants provenant de 50 Premières Nations et organisations autochtones.

Mise en oeuvre

L’équipe de projet créée en lien avec l’étude de portée, y compris la désignation d’un spécialiste des changements climatiques financé par le projet, a été très bien accueillie et productive. En effet, le spécialiste des changements climatiques a été choisi par le Conseil; il peut participer à la co-création de ressources d’adaptation et animer des discussions sur les impacts des changements climatiques et les options d’adaptation au sein des communautés. Le spécialiste peut agir en tant que personne-ressource en matière de climat auprès de son conseil. Les contraintes liées à la pandémie de COVID-19 ont nui aux réunions communautaires, mais une excellente série de ressources créées conjointement a découlé des réunions virtuelles interactives hebdomadaires. L’orientation des spécialistes des changements climatiques dans l’utilisation de ces ressources a permis de les préparer aux réunions sur l’adaptation dans les communautés après la pandémie de COVID-19. Cela a également favorisé l’inclusion des connaissances communautaires à la science occidentale lors de la sélection des principales priorités d’adaptation de chaque communauté. La mise en œuvre immédiate du réseau de connaissances interactif du projet, accompagné de messages informatifs réguliers sur le climat, s’est ajoutée aux réunions virtuelles, tout comme la création du site Web complet de Up North on Climate.

Résultats et suivi des progrès

Les conseils sont reconnaissants du travail et du rôle de leurs spécialistes des changements climatiques, au point où, en mars 2022, lorsque le financement du programme RCERA a pris fin, ils ont décidé de les garder dans leur équipe. Les spécialistes des changements climatiques continuent de participer aux réunions régulières sur Zoom, organisées par Up North on Climate, à titre de représentants du PICCA afin de discuter des options d’adaptation et des impacts climatiques pertinents. Les spécialistes des changements climatiques continuent également à participer au réseau de connaissances ACClimateNOW.

Les résultats ont été limités (et continuent de l’être) par les restrictions liées à la COVID-19 en ce qui concerne les déplacements et les visites des spécialistes des changements climatiques, accompagnés au besoin d’un représentant de Up North on Climate, pour animer les réunions de planification de l’adaptation des communautés. La phase de mobilisation communautaire du projet est l’élément clé des prochaines étapes et celle-ci nécessitera l’élaboration d’un protocole d’évaluation. Un financement sera aussi nécessaire.

Prochaine(s) étape(s)

Lors des prochaines étapes, les spécialistes des changements climatiques visiteront les communautés pour favoriser les discussions et organiser des réunions sur l’adaptation. La communication entre les spécialistes des changements climatiques au sujet de leurs expériences sera importante. Pour soutenir ces discussions, Up North on Climate organisera des activités dans le cadre du PICCA aussi longtemps que possible. Il sera nécessaire d’adapter les besoins individuels des différentes communautés touchées par des impacts changeants qui cherchent différentes options d’adaptation appropriées au niveau local. Up North on Climate espère être disponible afin de poursuivre le travail d’équipe, par exemple en offrant des sources d’information sur les options d’adaptation et en développant des ressources graphiques et numériques d’adaptation spécifiques à la communauté. La prochaine étape consiste à poursuivre la création du géocarrefour PICCA (GeoHub), un carrefour unique qui héberge de multiples sources d’informations climatiques élaborées conjointement et offertes à la population qui sont requises par les Premières Nations du Nord pour la planification des mesures d’adaptation au climat.

Ressources

Lien vers l’étude de cas complète :

Ressources supplémentaires :

Informations climatiques supplémentaires :

L’utilisation des projections en changements climatiques permet de prendre de meilleures décisions d’adaptation, car cela vous permet de mieux comprendre comment le climat peut changer. Pour savoir comment choisir, accéder et comprendre les données climatiques, visitez la Zone d’apprentissage de Donneesclimatiques.ca. 

 Visitez Donneesclimatiques.ca et cliquez sur « Explorer par variable » pour les projections climatiques futures liées à la température et aux précipitations, qui peuvent être utilisées pour éclairer la planification de l’adaptation.