Évaluer et atténuer les impacts des changements climatiques à l’aéroport d’Inuvik-Mike Zubko

En 2015, Transports Canada, en collaboration avec le ministère des Transports du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.), a mené une évaluation de la vulnérabilité aux changements climatiques de l’aéroport d’Inuvik-Mike Zubko afin d’étudier les vulnérabilités de l’aéroport au dégel et à la dégradation du pergélisol, à l’augmentation des températures, à la variabilité des précipitations et aux conditions climatiques extrêmes. Il est important de comprendre les impacts potentiels des changements climatiques pour soutenir les travaux de maintenance et la prise de décisions pour l’aéroport, qui est également un site essentiel pour les opérations de l’Aviation royale canadienne et du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord. Les données climatiques historiques ont été comparées aux projections dans le contexte de 32 paramètres climatiques concernant les infrastructures et les opérations aéroportuaires pertinentes. Une classification de risque a été attribuée à 465 interactions climat-infrastructure, selon la probabilité qu’un composant soit touché négativement s’il était exposé à un certain paramètre climatique et la gravité des conséquences d’une perte de performance ou de fonctionnalité. Sur les 465 interactions climat-infrastructure évaluées, aucune interaction n’a été cernée comme présentant un risque élevé et 65 ont été classées comme présentant un risque moyen ou moyennement élevé. Les recommandations ont porté sur la poursuite de la collecte de renseignements de base pour les éléments qui ont été déterminés comme étant les plus vulnérables aux changements climatiques et sur la planification de mesures d’adaptation en conséquence. Depuis l’évaluation, des fonds fédéraux et territoriaux ont été accordés à l’aéroport pour élargir les talus des voies de circulation, mettre en place un nouveau terminal aéroportuaire, améliorer le drainage, ainsi que pour élargir et prolonger les pistes. Les améliorations apportées aux infrastructures et aux opérations de l’aéroport d’Inuvik-Mike Zubko permettent d’atténuer les risques climatiques, notamment le dégel du pergélisol, tout en favorisant la sécurité et la souveraineté de l’Arctique canadien.

Comprendre et évaluer les impacts

L’aéroport d’Inuvik-Mike Zubko est situé sur un pergélisol continu. Le site a déjà connu des problèmes structurels en raison d’un affaissement soudain, d’un encrassement et d’un drainage médiocre. Pour évaluer la vulnérabilité de l’aéroport d’Inuvik aux impacts des changements climatiques, le protocole du Comité sur la vulnérabilité de l’ingénierie des infrastructures publiques (CVIIP) d’Ingénieurs Canada a été utilisé. Trente-deux (32) paramètres climatiques ont été cernés dans les catégories suivantes : température de l’air, précipitations, chutes de neige, dégel et gel du sol, vent, tempêtes, feux de forêt, couverture nuageuse et brouillard. Les données climatiques historiques (1958 à 2014) concernant les températures et les précipitations ont été obtenues auprès d’une station météorologique située à Inuvik. Les projections relatives aux températures, aux précipitations et aux extrêmes climatiques ont été obtenues à partir de plusieurs modèles climatiques mondiaux et de l’outil IDF-CC selon les scénarios RCP 4.5 et RCP 8.5 à l’horizon de 2045. Les données relatives à la sous-surface et au pergélisol proviennent de plusieurs sources, y compris d’études spécifiques au site. Inuvik connaîtra une augmentation de la température d’environ 3 °C d’ici 2045, ainsi qu’une diminution des cycles de gel-dégel et une augmentation des précipitations moyennes, malgré le fait que les données historiques indiquent une diminution de la pluie et de la neige au cours de la dernière décennie.

Pour évaluer la vulnérabilité des infrastructures et des opérations, les éléments pertinents de l’infrastructure physique de l’aéroport, les systèmes d’appui et d’autres systèmes ont été cernés et évalués en fonction des 32 paramètres climatiques. Une classification de risque a été attribuée à chaque interaction selon la probabilité qu’un composant perde sa fonctionnalité ou soit touché de manière négative s’il était exposé à un certain paramètre climatique et la gravité des conséquences d’une perte de performance ou de fonctionnalité de ce composant. Au total, 465 interactions climat-infrastructure ont été évaluées et aucune interaction n’a été classée comme présentant un risque élevé. Toutefois, 65 interactions ont été classées comme présentant un risque moyen ou moyennement élevé. Les composants les plus vulnérables aux changements climatiques sont le système de drainage et les opérations de vol en hiver et en été. Les principaux risques climatiques susceptibles d’entraîner des problèmes de sécurité à l’aéroport à l’avenir sont le gel sur les pistes, les voies de circulation et les aires de trafic, ainsi que la mauvaise visibilité.

Déterminer les actions

L’évaluation a recommandé une analyse technique pour les risques moyens afin de déterminer si une action immédiate est nécessaire. Cependant, puisque les données environnementales et de maintenance disponibles pour l’analyse technique étaient insuffisantes, il a été nécessaire de faire appel au jugement professionnel. À la suite de l’analyse, aucune mesure technique immédiate n’a été recommandée. Le manque de données a été cerné comme étant un autre risque potentiel, car cela peut mener les responsables à prendre des décisions inappropriées concernant les futures stratégies d’adaptation et d’atténuation. Par conséquent, les recommandations se sont concentrées sur la collecte de renseignements de base pour les composants considérés comme étant les plus vulnérables aux changements climatiques, et ce, afin que ces composants puissent être réévalués et que des mesures d’adaptation et d’atténuation puissent être conçues.
Recommandations spécifiques par ordre d’importance décroissante :

  1. Recueillir des données sur la formation du gel.
  2. Évaluer la capacité des systèmes de drainage.
  3. Recueillir systématiquement des renseignements sur la visibilité (brouillard et plafond nuageux).
  4. Surveiller l’accumulation locale de neige, y compris la (re)distribution spatiale.
  5. Procéder à l’examen des pratiques actuelles en matière d’exploitation et de maintenance.
  6. Documenter les efforts d’entretien et de réparation de manière systématique.
  7. Réévaluer la vulnérabilité aux changements climatiques tous les cinq ans.

Mise en oeuvre

L’aéroport d’Inuvik n’a cessé de moderniser ses infrastructures en réponse à des problèmes structurels, notamment en améliorant le drainage et en remblayant les pistes pour atténuer le dégel du pergélisol. Les résultats de cette évaluation du CVIIP serviront à formuler d’autres recommandations en matière d’ingénierie et de planification qui donneront la priorité aux composants de l’infrastructure aéroportuaire qui sont vulnérables aux changements climatiques actuels et futurs.

Résultats et suivi des progrès

De 2019 à 2021, les gouvernements fédéral et des T.N.-O. ont accordé un financement à l’aéroport d’Inuvik pour des travaux de modernisation comprenant l’élargissement des talus des voies de circulation, la construction d’un nouveau terminal aéroportuaire, l’amélioration du drainage et l’allongement de la piste d’atterrissage. Lors de la planification et de la conception des améliorations de l’aéroport, les paramètres climatiques et les projections relatives aux changements climatiques ont été pris en compte.

Prochaine(s) étape(s)

Pour assurer la sécurité et la souveraineté de l’Arctique, les améliorations aéroportuaires qui tiennent compte des changements climatiques actuels et futurs demeurent une priorité pour le Canada.

Ressources