Évaluations régionales : Évaluation de la vulnérabilité régionale aux changements climatiques et conception de plans d’adaptation régionaux au climat en santé publique (VRAC-PARC)

Le projet, « Évaluations régionales : Évaluation de la vulnérabilité régionale aux changements climatiques et conception de plans d’adaptation régionaux au climat en santé publique (VRAC-PARC) » a été financée par le programme ADAPTATIONSanté de Santé Canada jusqu’en mars 2022.

Ce projet est coordonné par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et inclut 13 des 18 directions de santé publique (DSPublique) du Québec afin qu’elles évaluent leurs vulnérabilités régionales et développent un plan d’adaptation régional au climat. Le projet s’est déroulé dans les régions suivantes : Bas-Saint-Laurent, Québec, Mauricie-et-Centre-du-Québec, Estrie, Montréal, Outaouais, Nord-du-Québec, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Chaudière-Appalaches, Laval, Lanaudière, Laurentides et Terres-Cries-de-la-Baie-James.

Plus de quinze risques ont été pris en compte, dont les températures extrêmes, l’érosion côtière, les inondations, les précipitations extrêmes ou atypiques, les allergènes, la pollution de l’air et de l’eau et les maladies infectieuses. Une variété de risques, de populations, de ressources et de capacités différentes caractérise les régions participantes. Par exemple, certaines populations résident dans un environnement côtier, tandis que d’autres se trouvent dans un contexte nordique. En général, un mélange diversifié d’environnements urbains, suburbains, ruraux et mixtes couvrent les régions concernées. Grâce aux résultats du projet, les DSPublique ont pu effectuer une première priorisation des risques présents dans leur région selon les effets potentiels sur la santé physique, mentale et sociale des populations. Elles se sont particulièrement concentrées sur les effets touchant les populations les plus à risque, comme les personnes âgées, les personnes plus isolées, les personnes en situation d’itinérance ou les personnes à faible revenu. Le projet a évalué les risques à l’échelle de la région sociosanitaire, mais également à des échelles géographiques plus fines dans la plupart des cas.

Comprendre et évaluer les retombées

De nombreux aléas climatiques ont affecté la santé de la population québécoise au cours des dernières années. Par exemple, au cours de l’été 2020, d’importantes canicules ont entraîné 149 décès et de nombreuses hospitalisations, tandis que les inondations de 2017 et de 2019 ont provoqué une détresse psychologique importante. Les cas de maladie de Lyme ont également continué à augmenter pendant plus d’une décennie. Ces effets sur la santé, révélés par plusieurs études, ont suscité un élan de santé publique pour s’adapter au changement climatique et y faire face. Le projet « Évaluation de la vulnérabilité régionale aux changements climatiques et conception de plans d’adaptation régionaux au climat en santé publique (VRAC-PARC) » visait donc à intégrer plus systématiquement la dimension sanitaire de l’adaptation aux changements climatiques au niveau régional ainsi qu’à promouvoir la capacité et l’importance des acteurs de la santé publique dans l’adaptation aux changements climatiques.

Le VRAC-PARC a utilisé la méthode de gestion des risques en santé publique en mettant l’accent sur l’aspect multirisque des phénomènes climatiques, les effets du changement climatique sur la santé, les déterminants sociaux de la santé et l’accumulation de la vulnérabilité. L’INSPQ a fourni un cadre aux DSPublique participantes pour décrire les fondements d’une évaluation, les méthodes et les sources de données disponibles. Les probabilités d’occurrence des risques liés au climat et leurs conséquences potentielles sur la santé ont été estimées sur la base de ce cadre. Les projections ont ensuite été combinées dans une matrice de risque pour évaluer le risque global pour la santé publique. Les données proviennent de multiples sources, notamment des portails sur le climat, des recensements, des enquêtes sur l’état de santé et les comportements d’adaptation, ainsi que de la littérature scientifique et des renseignements recueillis sur le terrain.

La collaboration avec les acteurs régionaux a été fortement encouragée dans le cadre du projet afin de profiter de l’expertise locale (p. ex., capacité d’adaptation) et d’entrer en complémentarité avec les efforts existants en adaptation. À la fin de 2022, plus de 800 acteurs régionaux, notamment des milieux municipaux ou communautaires, ont participé aux efforts des DSPublique pour réaliser leur évaluation. La comparaison des secteurs, des dangers et des populations en fonction de leur niveau de risque permettra de mieux cibler les mesures d’adaptation qui doivent être intégrées au plan régional pour réduire de manière optimale les conséquences du climat sur la santé. De plus, l’INSPQ continue à évaluer périodiquement le projet afin d’en améliorer la structure et les méthodes.

Mise en œuvre

Grâce au soutien du programme ADAPTATIONSanté, huit DSPublique avaient été financées au départ. Cet intérêt a permis d’aller chercher des fonds supplémentaires auprès du gouvernement du Québec et de financer cinq autre DSPublique. En date de fin 2022, le projet dessert 75 % de la population du Québec et plus de la moitié du territoire de la province. Les DSPublique s’organisent différemment en fonction de leurs capacités, mais le projet encourage la collaboration entre plusieurs équipes internes et externes, qui comprennent des équipes en santé environnementale, en promotion et prévention, en surveillance et en maladies infectieuses. En raison de la pandémie de COVID-19, le projet a été mis sur pause en 2020, car les directions de santé publique ont dû mobiliser leurs ressources pour y répondre. Néanmoins, les DSPublique ont réussi à remettre une évaluation préliminaire de leur vulnérabilité régionale au climat changeant en décembre 2022.

L’INSPQ coordonne également une communauté de pratique avec les groupes de travail des directions de santé publique participantes, qui se réunissent mensuellement et partagent leurs expériences. Un groupe de partenaires, formé de plusieurs acteurs gouvernementaux comme le ministère de la Santé et des Services sociaux, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, le ministère des Affaires municipales et du Logement et Espace MUNI déterminent les liens possibles avec d’autres projets en adaptation au climat afin d’éviter le dédoublement des efforts.

Résultats et suivi des progrès

Le VRAC-PARC a servi à renforcer les capacités internes des DSPublique et à créer des partenariats externes avec plus de 800 acteurs régionaux et gouvernementaux. De nombreuses directions de santé publique ne disposaient pas au départ des connaissances et des capacités adéquates pour intégrer les questions liées au changement climatique et à l’adaptation de la santé dans. À cette fin, la structure de gouvernance de ce projet a été un grand atout, notamment en ce qui concerne l’établissement d’une communauté de pratique et l’accent mis sur le partage des connaissances. VRAC-PARC a aussi exigé des équipes de santé publique qu’elles effectuent la majorité de leur travail à l’interne, et non à l’externe, afin qu’elles puissent développe leur expertise et mieux utiliser les résultats.

Les DSPublique intègrent maintenant de façon plus systématique les changements climatiques dans l’ensemble de leurs travaux. Les relations avec diverses organisations, comme les municipalités et les organisations universitaires, permettront également de mettre en place les travaux futurs, notamment les mesures d’adaptation prioritaires proposées par les directions de santé publique en collaboration avec ces derniers.

Plusieurs autres leviers et freins ont aussi influencé la progression et les résultats du projet, dont le financement limité, le soutien scientifique de l’INSPQ et l’accès aux données. Une évaluation globale du processus a été réalisée en 2022 et sera publiée sur le site du projet en 2023 (voir « Ressources »).

Prochaines étapes

L’équipe du VRAC-PARC et l’INSPQ ont grandement apprécié la collaboration avec Santé Canada dans le cadre du programme ADAPTATIONSanté. Bien que le grand nombre d’acteurs à soutenir dans le cadre du projet ait pu constituer un obstacle, le financement de ADAPTATIONSanté a permis de mettre en avant l’importance du travail de santé publique dans l’adaptation au climat. Les 13 DSPublique participantes disposent désormais d’une évaluation de leur vulnérabilité régionale aux changements climatiques et s’orientent vers l’élaboration d’un plan d’adaptation adapté à leur réalité régionale. Les résultats de ce projet ont permis de démontrer la pertinence de ces évaluations et de solliciter un financement supplémentaire du Plan de mise en œuvre 2022-2027 du Plan pour une économie verte 2030 du gouvernement du Québec pour poursuivre le VRAC-PARC dans une phase 2.

Cette deuxième phase vise l’inclusion des cinq autres DSPublique du Québec, dont certaines participent déjà de manière informelle aux activités du VRAC-PARC en tant qu’observatrices. Ce financement supplémentaire permettra d’accroître les ressources humaines et financières dont disposent les DSPublique pour affiner leurs évaluations, diffuser leurs résultats et élaborer leur plan d’adaptation régionale au climat. Le travail de collaboration avec les acteurs régionaux et gouvernementaux se poursuivra et s’intensifiera au cours de cette deuxième phase. L’INSPQ et ses partenaires continueront d’offrir des services et des outils scientifiques aux DSPublique fondés sur les besoins soulevés par les acteurs de la santé publique. Au cours de cette deuxième phase, le VRAC-PARC devra s’harmoniser avec la Politique gouvernementale de prévention en santé (PGPS) et sur le Programme national de santé publique (PNSP) du gouvernement du Québec qui inclut désormais des mesures en changements climatiques.

Ressources