Restauration de la dynamique naturelle et mise en valeur de l'écosystème côtier de Cap-des-Rosiers

Le secteur situé entre Cap-des-Rosiers et la pointe de Cap-Gaspé constitue un milieu unique au parc national Forillon. Il est localisé sur la côte est du parc et fait face au golfe du Saint-Laurent. La péninsule de Forillon est particulièrement vulnérable aux changements climatiques et à l’érosion côtière. Au cours des dernières décennies, des dommages récurrents aux infrastructures du parc y ont d’ailleurs été répertoriés. Plusieurs études ont donc été réalisées et les connaissances acquises ont été mises à profit pour guider les gestionnaires du parc dans le choix des options de restauration à privilégier. L’ensemble de la démarche mise en œuvre est basé sur une gestion adaptative axée vers une prise de décision s’appuyant sur des données scientifiques probantes prenant en compte les particularités du milieu, la dynamique naturelle et les prévisions d’évolution de ces processus dans le temps. Ce projet visait donc à restaurer la dynamique naturelle de l’écosystème côtier/marin du secteur de Cap-des-Rosiers ainsi qu’à protéger et mettre en valeur les ressources naturelles et culturelles qui y sont rattachées. Ce projet a également permis d’acquérir des connaissances supplémentaires sur l’histoire des communautés locales. Il a aussi offert la possibilité de réaménager un lieu de commémoration et de sépulture des naufragés du Carricks pour que leurs descendants puissent s’y recueillir.

Comprendre et évaluer les impacts

La localisation et la situation de la péninsule de Forillon la rendent particulièrement vulnérable aux aléas des changements climatiques et à l’érosion côtière. Cette problématique a d’ailleurs été identifiée depuis de nombreuses années. En effet, au début du 20e siècle, un chemin a été construit par les résidents sur le haut de plage dans le secteur de Cap-des-Rosiers. C’est en 1926 que la route du littoral est officiellement érigée entre le phare et le havre de Cap-des-Rosiers, directement sur la partie active du haut de plage. Rapidement, cette nouvelle route a dû être protégée par des caissons de bois emplis de pierres. Divers ouvrages de protection supplémentaires (mur de bois, talus de pierres) ont dû être mis en place au fil du temps afin de la protéger des intempéries. Les derniers en liste ont été un enrochement de protection d’environ 2 kilomètres érigé en 1980 ainsi qu’un mur de béton construit dans les années 1990. Les dommages causés à la route et aux infrastructures associées ainsi que l’érosion côtière se sont particulièrement accentués depuis le milieu des années 1990 et les ouvrages de protection ne suffisaient plus à la tâche. En 2011, une portion de la route a dû être abandonnée et relocalisée, car une brèche importante s’était créée dans l’enrochement et un câble électrique (15 000 volts) avait été endommagé. Le projet s’est échelonné sur une période de 7 ans, soit de 2015 à 2021.

Identifier les actions

L’approche privilégiée a été de mettre en œuvre les principes de gestion adaptative et d’intégrer les connaissances acquises dans le cadre du projet au fur et à mesure de l’évolution de ce dernier. Ainsi, ce projet a pu bénéficier de l’expérience et des connaissances acquises dans le cadre du projet s’inscrivant dans le Programme de conservation et de restauration (CoRe) réalisé dans le secteur de Penouille, mais également des observations de longue date effectuées par l’équipe de Conservation des ressources du parc national Forillon et des données récoltées par l’un de nos partenaires, le laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Malgré cela, des connaissances spécifiques au site et à sa dynamique côtière devaient être acquises et des études supplémentaires ont dû être menées pour évaluer les différentes options d’aménagement.

Mise en œuvre

Les scénarios d’adaptation et de restauration envisagés ont pris en compte la dynamique naturelle du milieu, les prédictions d’évolution des conditions côtières liées aux changements climatiques, et les objectifs de gestion pour ce secteur du parc.

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Image of a sustainable urban rainwater management project in the City of Vancouver. The schematic includes incorporation of greenscaping as a way of not only beautifying the streetscape, but also to provide functional purposes such as rainwater management and small areas of habitat refugia. The image shows the integration of sustainable design with climate adaptation actions. Specific foci are on the inclusion of more city street trees, native plants, areas for pollinators, rain gardens, and the creation of common spaces for gathering.

Résultats et suivi des progrès

Dans son ensemble, le projet de restauration de la dynamique naturelle et de mise en valeur de l’écosystème côtier de Cap-des-Rosiers est un grand succès. Les objectifs établis ont été atteints et même dépassés dans plusieurs cas. En effet, grâce au retrait d’infrastructures en interaction avec la dynamique côtière (enrochement, route, etc.) et à la restauration de la plage ainsi qu’à la mise en place d’infrastructures pour les visiteurs, tels le sentier, le belvédère, la passerelle sur pilotis les utilisateurs peuvent apprécier et se plonger davantage dans le contexte du milieu naturel dans lequel ils se trouvent. De la même façon, le retrait de la route et de l’enrochement permet maintenant la libre circulation des vagues et des sédiments sur la plage. Cette dernière est accessible non seulement aux visiteurs, mais également à d’autres organismes vivants comme le capelan qui l’utilise à titre d’habitat de reproduction. La revégétalisation naturelle en cours s’ajoute à celle réalisée sur la partie nord de la plage et progresse à un rythme satisfaisant. Sur le plan des ressources culturelles, le déménagement du Monument aux Irlandais assure la protection de ce symbole patrimonial commémorant les naufragés du Carricks. De plus, le rétablissement de profils de plage naturels, altérés par la présence d’infrastructures humaines, contribuera à réduire les risques pour les ressources culturelles toujours enfouies en bordure de mer. Finalement, comme en témoignent les statistiques récoltées, ce projet s’est avéré une occasion unique de faire connaître la valeur du parc national Forillon et ses enjeux et d’obtenir le soutien et l’engagement des Canadiens et des Canadiennes.

Prochaine(s) étape(s)

L’écosystème côtier étant de par sa nature très dynamique, une période prolongée est attendue avant que ce dernier ne retrouve complètement son fonctionnement naturel. Dans ce contexte, il est important de mettre en place des suivis à long terme pour évaluer l’efficacité des interventions réalisées En effet, il est connu que les écosystèmes et leurs processus se rétablissent de façon progressive à la suite d’une perturbation, et ce, particulièrement si les modifications ont été substantielles et étendues sur une longue période. La mise en place de suivis à long terme contribuera à améliorer le taux de succès de projets de restauration futurs de par les leçons apprises sur les interventions qui ont été efficaces par rapport à celles qui n’ont pas aussi bien fonctionné.

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