Projet de paysage de rue du quartier Marda Loop de la ville de Calgary

En 2022 la ville de Calgary a retenu les services de Dillon Consulting Ltd. (Dillon Consulting) pour réaliser une évaluation des risques et de la résilience climatiques (ERRC) dans le cadre du projet Rues Principales de Marda Loop (le projet). Le projet concerne la conception, la construction, l’exploitation et l’entretien des améliorations aux rues principales de Marda Loop, de la 33e avenue et 34e avenue, du sentier Crowchild à la 14e rue Sud-Ouest. Cela comprend notamment la modification des infrastructures relatives à l’eau, des feux de signalisation et routières de la zone. La vision du Projet est de créer des éléments du domaine public et des espaces publics bien conçus et de qualité qui font de l’expérience des piétons une priorité et qui soutiennent le réaménagement en cours ainsi qu’un environnement économique prospère. Une fois achevé, il offrira aux Calgariens une sécurité et une accessibilité accrues, ainsi que de nouveaux espaces de rassemblement communautaires, et incarnera le caractère unique de Marda Loop.

Dans le quartier Marda Loop, l’évolution des caractéristiques démographiques et les efforts de la zone d’amélioration commerciale (ZAC) ont entraîné une résurgence du développement résidentiel et commercial dans la zone, créant ainsi une demande pour de nouvelles possibilités de vente au détail et la croissance du développement. Marda Loop est connu comme une destination branchée qui offre un environnement dynamique d’activité commerciale et de vente au détail et une diversité d’options pour vivre et travailler dans la collectivité, attirant les jeunes familles, les professionnels et les étudiants universitaires. Cela a fait de cette zone l’un des quartiers les plus populaires de Calgary.

Le climat de Calgary devrait changer au cours des prochaines décennies, et ces changements pourraient avoir une incidence sur les actifs, les infrastructures, les services et les programmes d’entretien de la ville – y compris les bâtiments et les espaces publics, les réseaux de transport et les services publics de la ville. Les changements climatiques auront une incidence directe sur l’utilisation de l’espace du projet proposé dans Marda Loop.

Afin de mieux comprendre et d’améliorer la résilience climatique du projet, la ville a retenu les services de Dillon Consulting pour réaliser une ERRC. L’évaluation a permis de déterminer les risques liés aux changements climatiques et de recommander des mesures d’adaptation susceptibles d’atténuer ces risques, en les classant par ordre de priorité. Les caractéristiques de conception ciblées qui prennent en compte les considérations d’adaptation aux changements climatiques comprennent un nouveau couvert forestier urbain pour offrir de l’ombre, l’installation de fontaines d’eau potable publiques et le remplacement du béton imperméable par des pavés perméables pour assurer la gestion des eaux souterraines et des eaux de ruissellement. Ces mesures permettent d’atténuer les risques pour la phase de construction du projet, les infrastructures construites, l’environnement naturel, le bien-être humain et les infrastructures de tiers associés à l’augmentation prévue des événements de chaleur extrême, des températures plus chaudes, des feux de forêt, des pluies abondantes, etc. Il s’agit d’un des premiers projets de la ville qui permet la mise en œuvre des mesures d’adaptation recommandées par l’ERRC dans les phases de conception détaillée et de construction d’un projet.

Comprendre et évaluer les impacts

Pour mieux comprendre la manière dont le climat de Calgary pourrait changer à l’avenir, la ville s’est associée à l’administration de l’aéroport de Calgary, aux climatologues du Pacific Climate Impacts Consortium (PCIC) et à GHD (une société de conseil en ingénierie employant des climatologues) pour élaborer les projections climatiques qui pourraient être utilisées pour l’évaluation des risques ainsi que pour la planification de l’adaptation et d’autres projets d’ingénierie. Les détails des projections climatiques sont résumés dans le rapport intitulé « Climate Projections for Calgary », accessible en ligne.

Les données météorologiques historiques proviennent de la station d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) de l’aéroport international de Calgary (dont la surveillance a débuté en 1953), la ville de Calgary ayant effectué le contrôle d’assurance et de qualité de 1960 à 2014. Des données d’observation des précipitations, de la température de l’air, de la vitesse et de la direction du vent, de l’humidité relative et du rayonnement solaire ont été recueillies à l’aéroport. Les données historiques ont ensuite été perturbées pour obtenir les climats des années 2050 et 2080. Les projections climatiques sont basées sur la période des normales climatiques du Canada (1981 à 2010) comme période de référence du modèle global du climat (MGC). Le climat des années 2050 est basé sur les projections du MGC pour 2041 à 2070 (milieu du siècle), et le climat des années 2080 est basé sur les projections du MGC pour 2071 à 2100 (fin du siècle). De plus, les projections climatiques sont basées sur l’ensemble des modèles globaux du climat CMIP5 (phase 5 du projet d’intercomparaison de modèles couplés) pour le scénario d’émissions RCP 8.5 (profils représentatifs d’évolution de concentration ou Representative Concentration Pathways en anglais).

Le PCIC a fait une réduction d’échelle des données de température de l’air et des données sur les précipitations quotidiennes en utilisant une méthodologie statistique d’étude des phénomènes de sous-échelle (p. ex., la deuxième version de l’algorithme Bias Corrected/Constructed Analogues with Quantile Mapping [BCCAQv2]) sur une grille d’environ 6 km sur 10 km. Les données du PCIC comprennent 27 MGC, et l’on compte 3 MGC qui ont 2 simulations chaque, pour un total de 30 jeux de données à cette taille de grille. La taille de la grille a été choisie en fonction de la disponibilité des données d’observations du climat historiques maillées. Les données relatives au vent, au rayonnement solaire et à l’humidité relative ont fait l’objet d’une réduction d’échelle dynamique à l’aide de modèles régionaux du climat (MRC) sur une grille d’environ 15 km sur 25 km dans le cadre du programme NA-CORDEX (North America Coordinate Regional Downscaling Experiment). La taille de la grille a été choisie en fonction de la disponibilité et de la résolution des MRC. Cette source permet d’obtenir des données pour un maximum de 16 paires de MGC. Les ensembles de données à haute résolution disponibles sont actuellement les données ayant la plus haute résolution et fournissent un signal clair de changements climatiques pour Calgary et pour le niveau de certitude disponible dans la modélisation climatique actuelle. Les modèles climatiques s’appuient sur des approximations pour décrire la complexité du système climatique sans pouvoir définir précisément les phénomènes à une échelle plus petite que leur cellule de grille.

Pour le projet, la ville de Calgary a utilisé ses projections climatiques de la ville pour déterminer les scores de probabilité climatique, en combinaison avec l’évaluation des impacts des conditions météorologiques historiques pour déterminer les scores de conséquence afin d’évaluer les risques climatiques pour le projet. Les aléas climatiques susceptibles d’avoir une incidence sur le projet sont la chaleur extrême, l’augmentation de la température de l’air, les feux de forêt, la sécheresse, les précipitations de courte durée et de forte intensité, les tempêtes violentes, les vents violents, les fortes chutes de neige et les inondations des fleuves et des rivières.
Ces changements pourraient avoir des répercussions sur les infrastructures (construites et naturelles), sur les gens qui fréquentent Marda Loop et sur l’exploitation et l’entretien du projet.

Déterminer les actions

Les tendances croissantes en magnitude et fréquence des aléas climatiques ont incité la ville à élaborer un processus d’évaluation des risques climatiques pour les infrastructures publiques qui s’aligne sur le protocole du Comité sur la vulnérabilité de l’ingénierie des infrastructures publiques (CVIIP) et aux exigences de l’Optique des changements climatiques d’Infrastructure Canada. Le processus d’évaluation des risques de la ville comprend l’application de critères particuliers qui précisent quand une ERRC doit être entreprise pour les projets de la ville, en tenant compte de facteurs comme la durée de vie des infrastructures, leur valeur et leur capacité à atténuer les risques climatiques. Ces critères ainsi que la politique sur les bâtiments durables de la ville et les demandes de financement fédéral (p. ex., le Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes d’Infrastructure Canada), servent de moteurs pour la mise en œuvre d’ERRC. Une ERRC a pour objectif l’élaboration d’une série de recommandations qui pourraient être intégrées aux étapes de conception de nouvelles infrastructures ou d’un projet de modernisation afin d’atténuer les risques climatiques pour les infrastructures et leurs utilisateurs.

En utilisant le processus d’ERRC de la ville, les données climatiques et les cotes de probabilité prédéterminées (déjà calculées et fournies par la ville), Dillon Consulting a participé, de concert avec le personnel de la ville et les membres de l’équipe de conception, à trois ateliers virtuels en mars et avril 2022 pour réaliser les tâches suivantes.

  1. Évaluation des impacts (1er atelier) – Les participants à l’atelier ont évalué la façon dont les aléas climatiques passés et projetés ont et pourraient avoir une incidence sur les actifs, les activités, l’entretien et les utilisateurs dans le cadre du projet en fonction des expériences antérieures dans la zone et des répercussions futures potentielles.
  2. Évaluation des conséquences et des risques (2e atelier) – Évaluation qualitative des conséquences possibles de l’interaction d’un aléa climatique avec un actif. Les participants à l’atelier ont noté les conséquences en utilisant un système de notation des conséquences selon lequel « 1 » représente une très faible conséquence et « 5 » représente une conséquence extrême. Pour chaque interaction entre un aléa climatique et un actif, ils ont multiplié les scores de probabilité et de conséquence afin de déterminer le niveau de risque durant les trois périodes (période de référence, années 2050 et années 2080). Ils ont déterminé les risques élevés ou extrêmes et les ont classés par ordre de priorité.
  3. Détermination des mesures d’adaptation et établissement des priorités (3e atelier) – Les participants à l’atelier ont ciblé les mesures d’adaptation possibles qui pourraient être appliquées pour atténuer les risques les plus élevés et ont accordé la priorité à la faisabilité de la mise en œuvre.

L’ERRC a permis d’examiner les risques pour tous les utilisateurs, et les infrastructures construites et naturelles dans la zone du projet tout au long de sa durée de vie, y compris pendant la construction. On a utilisé les renseignements tirés du profil de risque climatique de la collectivité de South Calgary et du plan d’urbanisme du paysage de rue de Marda Loop dans le cadre de l’ERRC pour les 33e et 34e avenues Sud-Ouest comme contexte.

L’ERRC a permis d’évaluer les risques climatiques pour la période de référence (1981 à 2010), les années 2050 (2041 à 2070) et les années 2080 (2071 à 2100). Les risques suivants par catégorie de système ont été dégagés des résultats.

Les personnes (bien-être humain) :

  • La chaleur extrême pourrait avoir une incidence sur les travailleurs de la construction en augmentant le risque de coup de chaleur et de maladies liées à la chaleur, ce qui pourrait entraîner des interruptions de travail;
  • Les feux de forêt pourraient générer de la fumée qui empêche le travail en toute sécurité et aggravent les problèmes respiratoires;
  • Les précipitations extrêmes pourraient perturber le travail et créer des risques pour la santé du public.

Les infrastructures construites :

  • La chaleur extrême pourrait endommager les trottoirs, la surface des routes et d’autres infrastructures routières;
  • L’augmentation de la température de l’air pourrait endommager les trottoirs, les bordures, les sentiers et les routes;
  • La sécheresse pourrait avoir une incidence sur le sol sous les trottoirs et les routes, ce qui pourrait entraîner des déplacements et des tassements;
  • Les précipitations extrêmes pourraient endommager les infrastructures des services publics souterrains en raison des inondations;
  • Les tempêtes violentes pourraient provoquer des vents violents et compromettre l’intégrité des lignes électriques aériennes;
  • Les fortes chutes de neige pourraient entraîner une accumulation de neige qui bloque les éléments de drainage du réseau d’eaux pluviales.

L’environnement naturel :

  • La chaleur extrême pourrait endommager les arbres et nuire à leur santé, tout particulièrement dans le cas de nouveaux arbres;
  • L’augmentation de la température de l’air pourrait entraîner l’apparition d’espèces envahissantes ou de ravageurs, ce qui provoquerait la dégradation des arbres;
  • Les tempêtes violentes qui causent des vents violents et des tempêtes de grêle pourraient endommager les arbres, les pelouses et les massifs fleuris.

Mise en œuvre

Suivant la détermination et le classement par ordre de priorité des risques les plus élevés, l’ERRC a permis de définir 26 mesures d’atténuation des risques et de renforcement de la résilience. À partir de cette liste, Dillon Consulting a procédé à une évaluation de haut niveau de la faisabilité économique, aussi appelée « analyse du rendement sur le capital investi ». L’analyse du rendement sur le capital investi s’appuie sur les données relatives au coût fournies par la ville et permet de déterminer si les avantages d’une mesure d’adaptation dépassent le coût de sa mise en œuvre et de son exploitation. Les mesures dont les avantages l’emportent sur les coûts peuvent alors être mises en œuvre par ordre de priorité. L’approche que Dillon a cherché à appliquer au projet de Marda Loop est conforme aux orientations présentées dans les Lignes directrices de l’Optique des changements climatiques d’Infrastructure Canada – Annexe G – Directives relatives au rendement sur le capital investi. Sur la base de l’analyse du rendement sur le capital investi de haut niveau, la ville a sélectionné cinq mesures d’adaptation prioritaires à prendre en considération et à mettre en œuvre dans le cadre du projet Rues principales de Marda Loop, dont quatre devraient être mises en œuvre en 2024.

  1. Ajouter des stations de remplissage de bouteille d’eau au projet de Marda Loop (deux stations seront construites en 2024).
  2. Mettre en place des plantes et des éléments paysagers tolérants à la sécheresse (à mettre en place en 2024).
  3. Remplacer le béton imperméable par du pavé poreux (à installer en 2024).
  4. Permettre une plus grande dilatation thermique des joints entre les trottoirs et les rampes.
  5. Sélectionner des espèces de petits arbres latéraux plantés avec des sols de structure ou des cellules Silva (à mettre en place en 2024).

La construction du projet Rues principales de Marda Loop a commencé en juin 2023 et devrait se poursuivre en 2024.

Résultats et suivi des progrès

Le projet Rues principales de Marda Loop de la ville de Calgary comportait plusieurs défis. La zone est aux prises avec des contraintes d’espace et des conflits de services publics. En raison de l’augmentation des coûts de la main-d’œuvre et des matériaux, certaines mesures d’adaptation recommandées ont été supprimées.

On s’est également heurté à des défis pour obtenir l’adhésion de la collectivité et des parties concernées pour les mesures suivantes.

  1. L’utilisation de pavés poreux dans la ville de Calgary est un projet pilote. Les défis tenaient des préoccupations opérationnelles et des techniques d’entretien. L’équipe a travaillé avec Stantec, le consultant en conception du projet et les services routiers pour comprendre quel équipement ou quelle formation sont nécessaires aux fins de l’entretien et de la maintenance. Des discussions sur la propriété des actifs ont également eu lieu (infrastructures des eaux pluviales et de l’eau, routes).
  2. La coordination avec une entreprise de services publics tierce a permis d’allonger la construction dans la zone (afin de mieux prendre en compte les besoins des arbres et le volume de sol souhaité) – un défi évoqué dans les médias en raison de la durée et de l’intensité des travaux de construction.
  3. Le projet prévoit la construction d’un sentier polyvalent accessible à tous qui sera relié au réseau de sentiers et de voies cyclables de Calgary (programme 5A). Le sentier offrira également un mode de transport supplémentaire dans la zone et sera relié à l’échangeur du sentier Crowchild, au futur espace du Richmond Green Park et à la station de SRB (service rapide par bus) MAX Yellow. L’équipe a organisé de nombreuses séances de mobilisation concernant le sentier polyvalent, deux séances en ligne ciblant les résidents et les entreprises le long du côté sud de la 34e avenue pour leur fournir de l’information au sujet du sentier polyvalent et de l’utilisation du droit de passage public. Des lettres seront envoyées à la fin de l’automne pour fournir de l’information à chaque propriétaire d’un site le long du sentier polyvalent en vue de sa construction au printemps 2024.
  4. Le plan de communication comporte des messages clés qui décrivent le projet ainsi que ses buts et objectifs, sur la base de la hiérarchie des priorités dégagées des consultations publiques.

Plusieurs mesures ont été mises en place pour surmonter ces défis, dont les suivantes :

  1. Réunions multiples avec les unités opérationnelles et les équipes responsables des opérations;
  2. Création d’un manuel d’exploitation et de gestion pour les pavés poreux;
  3. Création d’un processus de suivi de la mobilité;
  4. Soutien à l’entrepreneur pour l’installation d’un système de pavés poreux;
  5. Soutien aux promoteurs qui assurent la construction et dont les travaux sont susceptibles d’avoir une incidence sur le domaine public urbain;
  6. Communication et collaboration précoces avec les unités opérationnelles.

Ce projet a permis de tirer plusieurs leçons, dont les suivantes :

  1. Communiquer clairement avec les propriétaires d’actifs à l’égard des buts et des objectifs du projet (y compris le risque climatique et la résilience). Fournir un examen supplémentaire, de la documentation, des renseignements techniques ou d’autres renseignements demandés;
  2. Communiquer rapidement et régulièrement avec les unités opérationnelles. Résoudre les problèmes et effectuer des examens techniques au besoin;
  3. Fournir du soutien supplémentaire au besoin, pendant les séances d’information, les réunions individuelles ou les réunions sur place.

Pour cette ERRC, aucun plan de mise en œuvre n’a été préparé dans le cadre de ce projet. Toutefois, depuis que ce projet a été mené à bien, il est désormais attendu que chaque projet faisant l’objet d’une ERRC soit accompagné d’un plan de mise en œuvre.

Prochaine(s) étape(s)

La ville effectuera un suivi fréquent auprès des gestionnaires de projet et des ingénieurs afin de surveiller l’avancement de la construction et de la mise en œuvre des mesures de conception.

Ressources