Comprendre et évaluer les impacts
Le lac Érié est entouré de sources de pollution qui contribuent au déséquilibre des nutriments, dont le phosphore qui est le plus dommageable. Le phosphore provenant du débordement des eaux usées urbaines, des industries (surtout de la raffinerie pétrochimique à Sarnia) et du ruissellement des activités agricoles pénètre dans le lac. Au cours des deux dernières décennies, les températures plus chaudes de l’eau, la fréquence et l’intensité plus élevées des précipitations et les moules zébrées et quaggas envahissantes ont perturbé l’absorption des nutriments par les algues dans les lacs. L’excès de nutriments a favorisé l’efflorescence des algues qui dégagent des produits chimiques dangereux et qui nuisent aux poissons, à la faune et à l’écologie du lac. Cela entraîne d’importantes répercussions d’ordre financier, économique, sanitaire et social dans les communautés.
En 2019, les chercheurs ont conclu dans un article publié dans une revue scientifique, intitulé Harmful Algae, que les coûts directs associés à l’efflorescence d’algues au Canada pourraient s’établir à 5,3 milliards de dollars ou à 272 millions de dollars par année si aucune mesure n’est prise. Ces coûts seront absorbés par le secteur de la pêche commerciale, les utilisateurs d’eau (usines de traitement, utilisateurs industriels d’eau), les adeptes de loisirs (navigation, pêche, observation d’oiseaux, chasse, plages), le secteur du tourisme (hôtels, restaurants et voyages) et les propriétaires fonciers.
Afin de mieux comprendre le rôle et le potentiel de la restauration des terres pour réduire la pollution dans le lac, ALUS a travaillé en partenariat avec le Dr Wanhong Yang de l’Université de Guelph pour utiliser son modèle IMWEB. Cet outil est un modèle cellulaire qui évalue la quantité et la qualité de l’eau associées aux pratiques exemplaires de gestion (PEG) dans le secteur agricole, y compris le travail de conservation du sol, la gestion des nutriments, les bassins de rétention du fumier, la gestion du pâturage, la gestion des zones tampons riveraines, la restauration des zones humides et la conversion de terres peu productives. Pour ce faire, le modèle IMWEB utilise des données d’entrée sur le climat, la topographie, le sol, l’utilisation et la gestion des terres, les PEG ainsi que le débit et la qualité de l’eau pour caractériser les processus du paysage et générer des données de sortie, notamment sur le ruissellement, la production de sédiments et de nutriments, ainsi que leur transport. Le modèle utilise une échelle variable, allant de la largeur de l’ensemble du bassin versant à une parcelle de 10 ou 20 mètres. Cette variabilité offre un aperçu sans précédent des résultats provenant de projets d’infrastructures fondées sur la nature. Le modèle a fait l’objet d’essais rigoureux sur le terrain par ALUS dans le bassin versant de la rivière Modeste en Alberta et dans le bassin du lac Érié.
Les informations fournies par le modèle IMWEB et son interface, la plateforme Web ESAT (outil d’évaluation des services écosystémiques), aideront les agriculteurs, les éleveurs et les partenaires communautaires à prendre en compte des facteurs complexes de la gestion des terres et à évaluer la manière dont les décisions influent sur la santé en aval du lac Érié et, subséquemment, sur la communauté au sens large.