Laboratoire vivant – Québec

Ce projet de laboratoire vivant se déroule dans trois petits bassins versants de la province du Québec : le bassin versant de la rivière du Bois Blanc, le bassin versant de la rivière Pot au Beurre et une région appelée le bassin versant de la rive sud du lac Saint‑Pierre. Ces bassins font partie du grand bassin hydrographique du lac Saint‑Pierre, un bassin situé dans la région de la voie maritime du Saint‑Laurent entre Trois‑Rivières et Sorel‑Tracy. Le Laboratoire vivant – Québec a été créé par l’intermédiaire d’une collaboration entre Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA) et divers producteurs et partenaires locaux. Environ 50 exploitants agricoles participent à ce projet. Comme c’est le cas pour les autres projets de l’Initiative des laboratoires vivants, l’objectif global est d’encourager et d’accélérer l’adoption de meilleures pratiques agricoles grâce à la participation directe des producteurs au processus de recherche. Premièrement, par le biais de réunions d’information et d’élaboration conjointe, les producteurs et collaborateurs participants ont identifié trois priorités environnementales pour la région : la gestion des sols (changements climatiques et qualité du sol), la qualité de l’eau et la biodiversité. De plus, l’alimentation du bétail et la gestion des déchets ont été identifiées comme des thèmes de recherche complémentaires. L’Initiative des laboratoires vivants vise à étudier chaque thème à l’intérieur du cadre des changements climatiques. Deuxièmement, des activités de recherche axées sur la rotation des cultures de couverture, les bandes riveraines et leurs répercussions sur la biodiversité, la gestion de l’eau, la santé du microbiome et du sol, l’alimentation du bétail et la gestion des déchets ont été mises en œuvre dans
les exploitations participantes dans un contexte de production réelle.

Comprendre et évaluer les répercussions

Les changements climatiques ont des répercussions de plus en plus concrètes sur les agroécosystèmes. Les épisodes de sécheresse plus hâtifs et plus longs durant la période de culture ont des répercussions coûteuses sur le rendement des cultures. De meilleures pratiques agricoles peuvent contribuer à réduire le plus possible ces répercussions, mais le contexte de production peut faire obstacle à leur adoption par les producteurs. L’Initiative des laboratoires vivants vise à établir un nouveau paradigme pour la recherche scientifique sur les agroécosystèmes, dans lequel le processus d’adoption de pratiques plus durables est encouragé et accéléré. En plaçant les producteurs au cœur du processus de recherche et en les faisant participer directement à la création conjointe de protocoles de recherche, AAC est d’avis qu’ils sont susceptibles d’adopter les meilleures pratiques une fois que des résultats positifs auront été obtenus.

Image of a sustainable urban rainwater management project in the City of Vancouver. The schematic includes incorporation of greenscaping as a way of not only beautifying the streetscape, but also to provide functional purposes such as rainwater management and small areas of habitat refugia. The image shows the integration of sustainable design with climate adaptation actions. Specific foci are on the inclusion of more city street trees, native plants, areas for pollinators, rain gardens, and the creation of common spaces for gathering.

Cerner les mesures à prendre

La première étape du projet de Laboratoire vivant – Québec a été de construire une structure organisationnelle qui créerait un environnement optimal pour la collaboration participative des producteurs agricoles dans les trois bassins versants. Ces bassins versants sont caractérisés par une agriculture intensive et la nécessité pour les exploitants de s’adapter rapidement aux effets des changements climatiques. Des réunions préliminaires ont permis de présenter l’Initiative des laboratoires vivants aux intervenants et aux exploitants du secteur agricole. Des séances d’information et une série d’ateliers d’élaboration et de création conjointes de protocoles de recherche ont été organisées au cours de la première phase du projet. Par la suite, les activités de recherche choisies ont commencé. Elles portaient principalement sur les thèmes suivants : rotation des cultures de couverture, bandes riveraines et leurs répercussions sur la biodiversité, la gestion de l’eau, la santé du microbiome et du sol, l’alimentation du bétail et la gestion des déchets.

Mise en œuvre

À la suite des séances d’information et des ateliers d’élaboration conjointe, les protocoles de recherche préliminaires établis ont été présentés aux producteurs afin d’obtenir leurs commentaires et leurs suggestions de modifications. Ces protocoles ont fait l’objet de séances de travail dans un environnement collaboratif constitué de cellules d’innovation thématiques en vue d’établir la liste des exploitants agricoles qui seraient des participants actifs dans le cadre du processus de recherche. Les exploitants agricoles considérés comme des participants non actifs, mais qui ont quand même manifesté un intérêt pour la recherche, ont pu collaborer en restant membres de la cellule d’innovation et en interagissant pendant le processus de recherche. La cellule d’innovation joue le rôle de centre de contrôle pour les activités de recherche dans le cadre du projet de Laboratoire vivant – Québec. Plusieurs cellules d’innovation ont été mises en place pour aborder les problèmes et préoccupations présentés par les producteurs lors des réunions d’élaboration et de création conjointes :

  1. une cellule d’innovation sur la rotation des cultures de couverture pour s’occuper des questions liées à la santé du sol, à l’érosion, à la gestion des éléments nutritifs et à la rotation des cultures;
  2. une cellule d’innovation sur les bandes riveraines pour se pencher sur la protection des plans d’eau, la qualité de l’eau et la biodiversité (pollinisateurs et oiseaux champêtres);
  3. une cellule d’innovation pour s’occuper de la gestion des cours d’eau dans les agroécosystèmes;
  4. une cellule d’innovation ciblant l’alimentation du bétail et la gestion des déchets.

Résultats et suivi des progrès

Les activités de recherche effectuées sont les suivantes :

  • Les producteurs agricoles ont mis en place, en partenariat avec des chercheurs scientifiques d’AAC, un réseau d’essais englobant plusieurs exploitations agricoles afin de quantifier l’apport en éléments nutritifs azotés selon différents modes de gestion des cultures de couverture. Les essais avaient comme objectif de réduire les quantités d’engrais azotés utilisés. Ce réseau a également permis d’évaluer les répercussions des cultures de couverture sur la biodiversité du sol, la séquestration du carbone, les émissions de gaz à effet de serre et, finalement, la santé du sol.
  • Un deuxième réseau, composé d’une vingtaine d’entreprises agricoles, a étudié de manière intensive les bandes riveraines, que celles‑ci aient été constituées de prairies ou de plantes herbacées, d’arbustes ou d’arbres. Certaines de ces bandes existaient déjà, tandis que d’autres ont été créées récemment. L’objectif de ces travaux de recherche était d’évaluer les répercussions des bandes riveraines sur la biodiversité dans les agroécosystèmes (microbiome du sol, pollinisateurs et oiseaux champêtres) et leur capacité à intercepter les eaux de ruissellement de surface et les contaminants connexes qui s’écoulent vers le réseau hydrographique. Enfin, les répercussions communautaires et économiques des bandes riveraines ont également été prises en compte.
  • Dans les trois bassins versants ciblés pour le projet, la caractérisation des zones qui pourraient faire l’objet de mesures concrètes liées à la gestion des cours d’eau est en cours.
  • Plusieurs entreprises de production laitière et porcine ont établi un protocole de recherche pour caractériser le régime alimentaire des animaux et faire un lien entre celui‑ci et les répercussions sur l’environnement et la fertilisation découlant de l’utilisation du fumier de bétail dans les champs agricoles.
  • Le projet a également fait l’objet d’une collaboration avec une communauté autochtone locale pour évaluer la possibilité de réintégrer des espèces végétales d’importance spirituelle, culturelle et économique dans les agroécosystèmes.
  • Des études socioéconomiques ont également été effectuées pour pouvoir mieux cibler les moyens de surmonter les obstacles à l’adoption de meilleures pratiques agricoles.

Prochaines étapes

Les résultats obtenus après la première année de recherche expérimentale continuent de faire l’objet d’analyses approfondies. Ils seront présentés aux producteurs avec les résultats de l’année en cours. Par la suite, des discussions seront menées pour établir la pertinence de l’adoption rapide de pratiques ayant un potentiel économique et environnemental réel pour les entreprises agricoles, pour approfondir l’étude dans le cas des pratiques qui nécessiteront d’autres cycles d’élaboration, et pour rejeter les pratiques qui n’ont pas permis d’atteindre les objectifs fixés par les producteurs.

Ressources