Établir une stratégie globale de réduction des risques d’incendie de forêt

Consciente que les changements climatiques augmentent la probabilité des incendies de forêt et la transmission du feu en milieu périurbain, la Ville de Quesnel, en Colombie-Britannique, a choisi d’adopter une approche plus engagée dans sa stratégie d’atténuation des incendies de forêt lorsque le plan précédent a fait l’objet d’un examen en 2017. Les changements climatiques exacerbent la menace des incendies de forêt par de multiples vecteurs. En plus de provoquer des bouleversements climatiques qui entraînent des saisons d’incendies de forêt plus longues et plus intenses, ils sont également responsables de l’augmentation de la quantité de bois mort hautement inflammable dans les forêts. Le dendroctone du pin ponderosa provoque des taux élevés de mortalité des arbres dans l’Ouest du Canada. La population de l’espèce était auparavant contrôlée par des températures constamment basses pendant l’hiver. Toutefois, l’évolution des conditions météorologiques a entraîné une explosion démographique qui s’est traduite par une dévastation généralisée des forêts. Ces arbres morts augmentent alors le risque d’incendie de forêt en raison de leur nature sèche et hautement inflammable. L’une des composantes de ce plan, la gestion des combustibles par le défrichement de la végétation, a eu d’autres effets positifs dans la collectivité, au-delà des objectifs déclarés d’accroître la sensibilisation et d’améliorer la résistance au feu. Le programme a permis d’étendre le réseau de sentiers locaux et de réviser en permanence les pratiques locales de gestion des terres.

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Comprendre et évaluer les impacts

Le dendroctone du pin ponderosa est un insecte qui s’attaque aux pins tordus et qui est à l’origine de graves infestations nuisant à la santé des forêts de la Colombie-Britannique et de l’Alberta. Si les dendroctones du pin ponderosa peuvent causer des dommages importants aux forêts, ils augmentent également la gravité des incendies de forêt. La croissance rapide des populations de coléoptères dans l’Ouest du Canada a été causée par l’évolution du climat. Les températures des mois d’hiver n’ont pas été assez froides pour empêcher la propagation de ces insectes, ce qui a mené à l’infestation de plus grandes zones. Rien qu’en Colombie-Britannique, l’infestation de dendroctone du pin ponderosa a touché plus de 18 millions d’hectares de forêt. Cette menace a nécessité une nouvelle approche de la gestion des incendies. Selon Bob Simpson, maire de la Ville de Quesnel, l’épidémie de dendroctone du pin ponderosa constitue une indication précoce du fait que le risque d’incendie de forêt auquel les municipalités comme Quesnel étaient confrontées allait devenir fondamentalement différent de ce qu’elles avaient connu auparavant. L’expérience du maire Simpson dans le domaine de la foresterie l’a rendu très conscient du risque d’incendie de forêt auquel Quesnel est confronté lorsqu’il a été élu pour son premier mandat en 2014. Il s’est donné pour priorité de faire face à cette menace croissante en mobilisant son administration municipale dans des discussions sur les stratégies de gestion des risques d’incendie. Le maire et son équipe ont convaincu les membres du conseil municipal que l’une des priorités de la collectivité devait être de mieux gérer les forêts et que cette démarche devait commencer au niveau municipal, car le soutien provincial était limité à ce moment-là. Cela a entraîné la création d’un groupe de réflexion dans le cadre duquel la Ville a élaboré une stratégie globale de réduction des risques d’incendies de forêt.

Déterminer les actions

La Ville de Quesnel avait préparé un premier plan communautaire de protection contre les incendies de forêt (Community Wildfire Protection Plan) en 2007. Le plan était axé sur la gestion des combustibles dans les zones à risque de la collectivité, avec un objectif d’intervention global de 2 000 hectares de terrain. Malheureusement, seuls 20 hectares de terrain ont été traités. Lorsque le moment est venu de renouveler le plan en 2017, les dirigeants locaux ont informé le conseil que la mise à jour du document nécessiterait des décisions sérieuses quant aux travaux de protection à effectuer. Au moment de la mise à jour du plan, de graves incendies de forêt en Colombie-Britannique, combinés à des changements à la direction du gouvernement provincial, ont permis aux municipalités de disposer de plus de ressources pour investir dans la réduction des risques d’incendie de forêt. Le nouveau plan a révélé que les principales zones de préoccupation étaient situées sur des terres de la Couronne ou des terres privées. La Ville a élaboré une stratégie d’intervention en matière de gestion des combustibles autour de deux grandes priorités : la gestion directe des combustibles dans les zones situées sur les terres de la Couronne dans la ville ou à proximité de la ville, et la sensibilisation et la mobilisation accrues des propriétaires privés en ce qui concerne les mesures du programme Intelli-feu. Interrogé sur la stratégie de gestion des combustibles adoptée par la Ville de Quesnel, le maire Simpson a mentionné « qu’il était crucial pour la collectivité d’adopter cette double stratégie, car il ne servait à rien d’investir dans notre territoire vulnérable sur les terres publiques si le risque autour des propriétés privées restait élevé. »

Mise en œuvre

Au moment de promouvoir les pratiques du programme Intelli-feu dans les propriétés privées, le personnel municipal a rapidement perçu une résistance de la part de certains propriétaires qui craignaient que la mise en œuvre des mesures Intelli‑feu ne supprime complètement la présence de la nature autour de leurs maisons. Pour répondre à ces préoccupations, la municipalité a mis en place une démonstration des principes Intelli-feu sur le terrain de l’aéroport, qui comprenait un système de sentiers avec des panneaux d’interprétation pour montrer à quoi ressemblent les stratégies particulières. Erin Robinson, directrice des initiatives forestières de la Ville de Quesnel, qui a corédigé le plan et gère sa mise en œuvre, a déclaré : « Il est important que tous les membres de la collectivité adhèrent au concept Intelli-feu. Plus de 60 % de nos terres dans le plan sont privées, il faut donc que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. » La Ville de Quesnel a également investi dans la gestion des combustibles le long des différents sentiers de la collectivité. Cet effort de gestion des combustibles, qui a commencé par l’élagage des arbres en bordure des sentiers, a fini par apporter plusieurs avantages supplémentaires à la collectivité. Depuis, la Ville a prolongé certains des sentiers existants pour faciliter l’accès des pompiers en cas d’incendie de forêt. En outre, le développement du réseau de sentiers, combiné à la gestion des combustibles le long des différents sentiers, dégage désormais l’horizon à des endroits qui étaient auparavant inaccessibles. Cela permet aux randonneurs de profiter de nouveaux paysages autour de la collectivité.

Résultats et suivi des progrès

Résultats :

  • Nouveau réseau de sentiers publics de 3 km à l’intérieur des limites de la ville, qui présente les traitements d’atténuation des incendies et comporte un grand kiosque éducatif.
  • Collaboration accrue entre les organismes pour mener à bien les travaux d’atténuation des combustibles prévus dans le plan communautaire de protection contre les incendies de forêt (Ville, ministère des Forêts, des Terres et de l’Exploitation des ressources naturelles de la Colombie-Britannique, programme de vente de bois d’œuvre de la Colombie‑Britannique, West Fraser, permis et entrepreneurs locaux, Parcs)
  • Le plan communautaire a permis de créer environ 10 000 heures d’emploi dans la collectivité (sans compter le personnel de la Ville)
  • Campagne concernant les terrains privés : à ce jour, 70 maisons et bâtiments de Quesnel et de la région ont été évalués en fonction des risques d’incendie, et 26 remises ont été accordées (total de 13 000 $); plus de 30 documents de communication ont été produits (annonces dans les journaux, communiqués de presse, segments radiophoniques, sondages, brochures, bulletins d’information, courriels et messages sur Facebook); incidence moyenne par communication : ~ 2 000 personnes rejointes et ~ 450 personnes mobilisées; la campagne se poursuivra en 2021 et peut-être au-delà, en fonction du financement

Surveillance des progrès :

  • Réunion multiagences convoquée par la Ville en 2021 pour suivre les progrès globaux du plan communautaire, accumuler les défis et en tirer des leçons, commencer à planifier le prochain renouvellement du plan communautaire (2022).
  • Le programme d’initiatives forestières (Forestry Initiatives Program) participe à plusieurs projets de recherche visant à contribuer à la compréhension globale de la gestion du paysage et des incendies de forêt, notamment :
    • Quesnel constitue l’un des cinq projets pilotes en Colombie-Britannique pour le projet pilote Forest Landscape, et la Ville fait partie du comité; l’objectif est d’élaborer un processus de planification intégrée qui rassemble diverses parties pour s’attaquer à des problèmes complexes d’utilisation des ressources afin de restructurer la dynamique du paysage et de limiter les futurs incendies de forêt et les infestations d’insectes.
    • Quesnel représente la plaque tournante provinciale d’un projet fédéral intitulé « Silv@21 », qui vise à élaborer des solutions sylvicoles pour relever les défis du XXIe siècle liés aux changements climatiques, et la Ville y participe. Les résultats de la recherche permettront de savoir comment préserver les emplois, tenir compte des intérêts des Premières Nations et répondre aux besoins économiques, culturels, récréatifs et autres du territoire de la Colombie-Britannique.
    • La Ville effectue une analyse de la fabrication de produits en bois afin d’optimiser l’utilisation de la fibre pour soutenir notre économie et réduire les risques d’incendie.

Prochaine(s) étape(s)

En plus des diverses initiatives mises en place pour réduire les risques d’incendie de forêt à Quesnel, la collectivité travaille également à l’établissement d’une forêt communautaire. Ce concept implique que la Municipalité, quatre gouvernements locaux des Premières Nations et le District régional prennent le contrôle des opérations forestières dans le cadre d’une tenure par zone. La Municipalité espère actuellement que le transfert des opérations forestières aux partenaires forestiers de la collectivité sera approuvé dans un avenir proche, car cela permettrait à la collectivité et à ses partenaires d’avoir un plus grand contrôle sur la protection de la collectivité, à la fois du point de vue de la lutte antiparasitaire et du risque d’incendie de forêt.

Ressources

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Ressources supplémentaires :