Bande indienne de Kanaka Bar : Évaluation de la vulnérabilité aux changements climatiques

Kanaka Bar et ses membres ont entrepris l’évaluation de la vulnérabilité aux changements climatiques de Kanaka Bar en 2018 pour comprendre leurs vulnérabilités, préparer une transition de la communauté et élaborer des stratégies d’adaptation pour protéger leur milieu et leur économie des futurs impacts des changements climatiques. La bande indienne de Kanaka Bar est située à 18 kilomètres au sud de Lytton, dans la région du canyon du Fraser en Colombie-Britannique (C.-B.), à la frontière ouest de la région de Thompson Okanagan. Elle est connue comme le « point chaud du Canada », c’est-à-dire que la région est constamment l’un des endroits où il fait le plus chaud en C.-B. La bande compte parmi les quinze communautés autochtones qui composent la nation Nlaka’pamux. Les ancêtres de Kanaka Bar savaient que pour survivre, il faut de l’air, de l’eau, de la nourriture, un toit, de l’énergie et des communications. En gardant ces éléments à l’esprit et en reliant la science d’aujourd’hui au savoir traditionnel, Kanaka Bar a élaboré des programmes, des plans, des projets et des initiatives pour s’assurer que ses membres seront autonomes et résilients, et donc capables de maintenir les six (6) éléments physiologiques fondamentaux pour les générations à venir. Le cheminement de Kanaka Bar en matière de changements climatiques commence par une sensibilisation et une mobilisation de la communauté. Kanaka Bar a observé des changements dans son milieu, comme des hausses et des baisses de température, des irrégularités dans le régime de précipitations, une augmentation des sécheresses, des vents bizarres, des menaces d’incendie plus importantes et la perte du saumon sauvage. Les risques, les probabilités et les conséquences ont été consignés dans un rapport qui comprend également des stratégies d’adaptation centrées sur les principales vulnérabilités de Kanaka Bar, l’approvisionnement en eau, les incendies de forêt, l’accès aux aliments traditionnels et les routes d’accès de la communauté. La liste des stratégies d’adaptation a également été rédigée en tant que « Haute priorité » et « Priorité secondaire » afin de soutenir l’affectation des ressources (personnes, temps, technologie et argent) de Kanaka Bar aux mesures qui soutiennent le mieux la résilience de la communauté. Tout au long de leur cheminement, les Kanakas, en tant qu’entité collective, utilisent la technologie existante pour recueillir des données spécifiques au site, les analyser et les comparer aux « risques, probabilités et conséquences » prévus, mettre en œuvre des stratégies de transition et d’adaptation et veiller à ce que l’histoire des Kanakas soit diffusée afin que d’autres puissent apprendre et suivre leur propre voie.

Comprendre et évaluer les répercussions

Le cheminement de Kanaka Bar par rapport aux changements climatiques a commencé par une prise de conscience et une acceptation des changements climatiques. Les Kanakas savent intuitivement que les impacts auxquels ils sont confrontés dans leur communauté (incendies de forêt, inondations, qualité de l’air, couches d’inversion de la fumée, vents, pannes d’électricité, modification des régimes de précipitations et de la chaleur) augmenteront en fréquence, en durée et en intensité, et que les impacts négatifs sur les systèmes locaux (alimentation, électricité, transport, etc.) seront encore plus importants. Pour mieux comprendre les impacts sur leur communauté, les Kanakas ont entrepris une évaluation de la vulnérabilité aux changements climatiques. Ils ont appliqué un processus de planification stratégique en trois phases qui s’est appuyé sur l’apport local (mobilisation communautaire), le savoir traditionnel et une évaluation scientifique des impacts des changements climatiques.
Des exemples d’observations faites par les membres de la communauté ont été recueillis lors de séances de mobilisation communautaire et comprenaient : une diminution de la quantité et de la qualité des baies et d’autres plantes, une augmentation des inondations des routes, des sous-sols, des champs d’épuration et des ponceaux au cours des mois printaniers; et une mauvaise qualité de l’air associée aux incendies de forêt. En 2018, une discussion de groupe dirigée a permis de relever et de dresser un inventaire des valeurs et des préoccupations de la communauté. Des informations ont été présentées à la communauté sur les projections observées et futures en matière de changements climatiques. Par exemple, des données du Pacific Climate Impacts Consortium (PCIC) et de ClimateBC ont été utilisées pour produire des projections régionales et spécifiques à des sites pour les périodes 2020, 2050 et 2080, qui ont montré des projections axées sur la température, les précipitations et les écoulements fluviaux. Les résultats ont indiqué que les changements futurs pourraient inclure : des températures plus élevées tout au long de l’année; plus de précipitations au printemps, en automne et en hiver et moins en été; moins de neige et plus de pluie; des tempêtes plus fréquentes et plus intenses; des changements dans les ressources en eau de surface; une pression continue sur les populations de saumon; des changements dans les aliments traditionnels; et un risque accru d’incendies de forêt. En combinant ces informations avec les commentaires de la communauté, des domaines ont été déterminés qui indiquent les plus grandes vulnérabilités et les priorités les plus importantes de la communauté, notamment : les ressources en eau, les incendies de forêt, les aliments traditionnels, les routes d’accès.

Identifier les actions

Les Kanakas se sont efforcés de comprendre l’avenir incertain en réalisant d’abord un plan d’utilisation des terres (2015), un plan de développement économique communautaire (2016) et une évaluation de la vulnérabilité aux changements climatiques (2018). Une méthodologie intégrée a été utilisée pour l’évaluation de la vulnérabilité aux changements climatiques de Kanaka Bar, à partir d’analyses des changements climatiques et de l’hydrologie, de savoir traditionnel et d’études scientifiques. Elle a été complétée par des séances de mobilisation communautaire et des recherches secondaires. En utilisant les valeurs et les domaines de préoccupation désignés par la communauté, l’évaluation de 2018 a également défini des domaines prioritaires pour la planification de l’adaptation. L’approche contenait des éléments provenant de divers cadres de planification de la vulnérabilité et de l’adaptation, comme le Cadre de mise en œuvre pour la planification de l’adaptation aux changements climatiques à l’échelle du bassin versant élaboré par le Conseil canadien des ministres de l’environnement (CCME). L’approche adoptée pour évaluer la vulnérabilité de Kanaka Bar aux changements climatiques comprenait quatre grandes phases de projet : Phase 1 (Évaluation de base et analyse des projections et des impacts des changements climatiques sur les ressources hydriques) Phase 2 (Séances de mobilisation de la communauté et discussions avec les dirigeants et le personnel de la communauté pour recueillir le savoir traditionnel, enregistrer les observations climatiques et déterminer les valeurs clés et les domaines de préoccupation). Phase 3 (Évaluation de la vulnérabilité des valeurs communautaires et des domaines de préoccupation, en fonction des projections climatiques et des impacts sur les ressources hydriques et, plus largement, sur le territoire traditionnel). Phase 4 (Détermination des stratégies d’adaptation initiales pouvant être mises de l’avant pour réduire la vulnérabilité de la communauté et renforcer sa résilience). Les éléments d’adaptation prioritaires portent sur : les ressources hydriques, les forêts/les incendies de forêt, les aliments traditionnels, le soutien à l’autosuffisance, ainsi que la mobilisation et l’éducation des jeunes et de la communauté. La liste des stratégies d’adaptation comprend à la fois des mesures d’adaptation « hautement prioritaires » et « secondaires » pour chaque domaine. Ainsi, pour les ressources hydriques : installer des stations de surveillance météorologique dans la communauté (Haute priorité), et évaluer et surveiller l’hydrologie des lacs du bassin versant supérieur (Priorité secondaire).

Mise en œuvre

Les Kanakas ont mis en place une surveillance permanente de la qualité de l’air, des ressources hydriques et de la météo, et ils ont réduit de manière proactive les risques d’incendie de forêt. Les Kanakas ont installé trois stations météorologiques, cinq des sept stations hydrométriques, 12 projets solaires, quatre stations de surveillance du vent et un contrôleur de la qualité de l’air. Cela permet d’obtenir des données météorologiques empiriques spécifiques au site qui sont utilisées pour planifier les changements et s’y préparer. Les données produites sont vérifiées fréquemment et un rapport écrit est rédigé sur la fréquence, la durée et l’intensité des événements (FDI). Au fur et à mesure que les événements météorologiques augmentent, les Kanakas peuvent ajuster leurs investissements proactifs, leur échéancier et leurs budgets, afin de créer une résilience dans les six domaines principaux pour leurs membres : air, eau, nourriture, toit, énergie et communications. Des centres de résilience sont également en cours de réalisation (où l’air, l’eau, la nourriture, le toit, l’énergie et les communications sont maintenus). Un bâtiment communautaire à Upper Kanata sera construit au printemps 2021 et il servira de lieu de rassemblement et de centre des opérations d’urgence. Le bâtiment sera relié au réseau de BC Hydro, mais sera également alimenté par l’énergie solaire, l’énergie éolienne et les petites centrales hydroélectriques de la communauté, dans l’éventualité où celle-ci viendrait à manquer d’électricité – les buts et les fonctions du bâtiment ne seraient ainsi pas perdus. Le bâtiment peut servir de centre de refroidissement alimenté par accumulateur en été et de centre de chauffage en hiver, où le service de téléphonie cellulaire, l’internet et l’éclairage continuent de fonctionner, quelle que soit l’urgence régionale. Ces mêmes caractéristiques sont reproduites dans un bâtiment de services de Lower Kanaka et à une aire de repos obligatoire (Must Stop Rest Stop ou MSRS) sur la route 1. La MSRS servira également de plateforme éducative pour montrer aux visiteurs comment être résilient face au climat en présentant les investissements proactifs dans les énergies renouvelables, l’alimentation, l’emploi et les initiatives de sécurité financière à une échelle locale. Fonctionnant 24 heures sur 24 toute l’année, la MSRS sera une oasis où les voyageurs pourront s’arrêter en toute sécurité en cas de mauvais temps, d’accident ou de fermeture de routes. Les Kanakas sont également en phase de conception d’une agriculture en milieu contrôlé (CEA) pour produire des fruits et légumes frais toute l’année, les cultures en plein champ et les serres étant progressivement abandonnées.

Résultats et suivi des progrès

L’évaluation de la vulnérabilité représente la première étape importante pour comprendre les scénarios climatiques futurs, en particulier la manière dont ces scénarios pourraient avoir une influence sur les ressources hydriques et la santé et le bien-être général de la communauté. À partir de l’évaluation de la vulnérabilité, Kanaka Bar met en œuvre des projets d’adaptation en réponse aux impacts des changements climatiques qui réduisent les effets négatifs sur la communauté en préparant la communauté et les infrastructures civiles aux futurs changements connus et prévisibles. La stratégie d’adaptation présente une liste de stratégies d’adaptation préliminaires pour chacune des principales vulnérabilités – appelées thèmes d’adaptation (c’est-à-dire l’approvisionnement en eau, les incendies de forêt, l’accès aux aliments traditionnels et les routes d’accès à la communauté). Chaque vulnérabilité comporte des catégories de mesures d’adaptation de « Haute priorité » et de « Priorité secondaire ». Les projections climatiques pour le territoire de Kanaka Bar et les vulnérabilités de la communauté sont désormais bien comprises. La mise en œuvre des options d’adaptation nécessite une planification minutieuse et des données propres au site, ainsi qu’une comparaison des nouvelles données avec les prévisions. Un nouveau membre du personnel, le coordonnateur des terres de Kanata, surveille les instruments installés à Kanaka, les compare aux projections et aux prévisions et signale régulièrement les changements au Conseil.
Dans certains cas, des informations supplémentaires peuvent être nécessaires pour mieux comprendre les systèmes et les impacts (p. ex. la fonte des glaciers et la bathymétrie) afin de déterminer la meilleure ligne de conduite à adopter. Cela peut nécessiter des évaluations supplémentaires, des analyses coûts-avantages et des efforts de planification à long terme, alors que certaines mesures peuvent être mises en œuvre à un coût et un effort relativement faibles. Alors que certaines communautés et entreprises ont peut-être négligé les initiatives de surveillance des changements climatiques, la communauté de Kanaka Bar a été à maintes reprises à la pointe des pratiques durables sur le plan environnemental qui ont fait la différence pour sa communauté, la région du canyon du Fraser en C.-B. et notre planète.

Prochaines étapes

La vision de Kanaka Bar est de rester déterminé à utiliser ses terres et ses ressources pour maintenir une communauté autosuffisante, durable et dynamique. Les Kanakas continueront à suivre le statu quo et les changements dans les six domaines fondamentaux (dans l’ordre : air, eau, nourriture, toit, énergie et communications), à les diffuser et à faire connaître les mesures qu’ils prennent pour se préparer aux impacts des changements climatiques et s’y adapter. Les Kanakas continueront à investir dans des infrastructures durables et ils ont déjà mis en place les premières mesures proactives pour devenir une communauté autosuffisante à 100 % en matière d’alimentation durable. Leur plan quinquennal actuel (connu sous le nom de Community Economic Development Plan ou CEDP) arrive à son terme, de sorte qu’ils sont en train d’élaborer un nouveau plan quinquennal intitulé Community Resilience Plan (CRP) qui sera en place de 2021 à 2026. Le CRP donnera à la gouvernance une liste des livrables sur cinq (5) ans avec des priorités et des échéanciers. Le plan des Kanakas continuera à se concentrer sur les six (6) fondements physiologiques qui sont touchés par les changements climatiques. Les Kanakas poursuivront leur préparation à l’environnement et l’économie de demain, afin que leurs enfants et petits-enfants aient les mêmes chances, sinon plus, que les générations d’aujourd’hui.

Les Kanakas reconnaissent que les changements climatiques ont des conséquences à la fois physiques et psychologiques et que les gens en sont inquiets. C’est pourquoi les Kanakas continueront à parler librement de leur parcours afin que chacun puisse en apprendre sur les changements proactifs et y adhérer.

Ressources

Lien vers l’étude de cas complète (en anglais seulement)

Ressources supplémentaires :

Si vous souhaitez en savoir plus sur les expériences et les histoires des peuples autochtones dans un climat changeant, visitez le Indigenous Climate Hub (en anglais seulement). Vous pouvez également trouver sur la plateforme un certain nombre d’outils de ressources sur le changement climatique pour que les peuples autochtones puissent surveiller et s’adapter au climat en constante évolution.

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