Rapport d’évaluation des risques liés aux changements climatiques de l’aéroport de Penticton

En 2020, Transports Canada et Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC) ont confié à Prism Engineering la production d’un rapport d’évaluation des risques liés aux changements climatiques pour l’aéroport régional de Penticton, à l’intérieur de la Colombie-Britannique. L’aéroport régional de Penticton appartient à Transports Canada, qui en assure aussi l’exploitation. Cet aéroport dessert les régions d’Okanagan-Sud, de Similkameen et de Kootenay-Ouest, pour un total d’environ 150 000 vols de 2017 à 2019.

Les changements climatiques nuisent aux opérations de l’aéroport de nombreuses façons et peuvent avoir des conséquences négatives sur ses infrastructures. L’aéroport se trouve dans un fond de vallée traversé par la rivière Okanagan, avec des canaux et des digues. Un barrage contrôle la rivière à la sortie du lac Okanagan. L’aéroport a été construit dans une zone marécageuse et la fondation ainsi que les substrats du site ont été transportés sur place pour s’assurer d’avoir une zone acceptable pour terminer la construction. En règle générale, la terre sous le site est composée de sols sablonneux. Par conséquent, la zone se draine très bien durant les périodes de pluie ou d’inondation, malgré les nappes phréatiques élevées.

Une évaluation des risques à l’aide du protocole du Comité sur la vulnérabilité de l’ingénierie des infrastructures publiques (CVIIP) a été utilisée pour déterminer la vulnérabilité des composants des infrastructures en ce qui concerne les prévisions en matière de changements climatiques spécifiques à l’aéroport de Penticton et à la région avoisinante. L’évaluation a tenu compte des infrastructures actuelles relatives à la mécanique, à l’électricité et au transport par rapport à la chaleur et aux précipitations liées aux paramètres climatiques, cernant ainsi 136 interactions climatiques avec les infrastructures. L’analyse du CVIIP a permis d’établir 80 risques faibles, 31 risques modérés et 8 risques élevés d’interactions. Alors qu’aucune mesure n’était nécessaire pour les risques faibles, les risques modérés et les risques élevés nécessitaient la prise de mesures pour aborder et atténuer les vulnérabilités. Cette analyse a ensuite été utilisée pour formuler une série de recommandations à court et à moyen terme, en attribuant aux interactions constituant un risque plus élevé des recommandations à court terme à traiter rapidement. Les huit interactions à risque élevé cernées ont fait l’objet de recommandations à court terme.

Comprendre et évaluer les impacts

Transports Canada cherchait à aborder les éventuels impacts des changements climatiques en effectuant une évaluation des risques et des vulnérabilités pour :

  • assurer la fiabilité du service de ses systèmes de transport;
  • déterminer quels composants des infrastructures pourraient être vulnérables au climat et aux impacts liés aux conditions météorologiques;
  • cerner et classer par ordre de priorité les risques et les mesures qualitatives afin d’améliorer la résilience des actifs et des opérations aux changements climatiques.

L’évaluation des risques climatiques s’est fondée sur des données provenant du Pacific Climate Impacts Consortium (PCIC) et a tenu compte des scénarios RCP 2.6, 4.5 et 8.5 à 2060 prévus en matière de changements climatiques. Le scénario RCP 8.5 de fortes émissions de gaz à effet de serre a été utilisé dans l’évaluation et comparé à une période de référence historique s’échelonnant de 1971 à 2000. De nombreux indices climatiques ont été cernés, y compris les précipitations durant l’été, les températures minimums pendant la nuit, le nombre de journées sous le point de congélation, le nombre de journées plus chaudes, soit celles de plus de 25 °C et de 30 °C, la plus chaude journée de l’année, la chaleur extrême et les pluies extrêmes.

Les infrastructures évaluées dans le cadre du projet s’inscrivaient dans trois catégories principales :

Transport : y compris les rampes, les voies de circulation, les pistes de décollage et d’atterrissage, et les appareils de drainage.

Composants électriques : les composants répertoriés dans la catégorie électrique ont été organisés par système, y compris les systèmes de distribution électrique, les systèmes de groupes électrogènes et les systèmes d’éclairage. Cela comprend les systèmes dans l’ensemble des différents bâtiments.

Composants mécaniques : les composants répertoriés dans la catégorie mécanique ont été organisés par système ou par équipement, y compris les systèmes de chauffage central, les équipements de chauffage autonomes, les appareils de CVCA, l’équipement de distribution d’air, l’équipement de plomberie, les services de restauration et d’entretien ménager ainsi que les systèmes de protection et de contrôle des incendies. Cela comprend les systèmes dans l’ensemble des différents bâtiments.

Déterminer les actions

L’évaluation des risques climatiques respecte le protocole du CVIIP, qui décrit un processus et une méthodologie en cinq étapes pour évaluer les vulnérabilités des composants des infrastructures selon des impacts climatiques propres à la région :

  • Définition du projet
  • Collecte de données et suffisance
  • Évaluation des risques Analyse technique (facultative)
  • Conclusion et recommandations

Ces étapes permettent à l’équipe du projet d’évaluer systématiquement les vulnérabilités des composants des infrastructures par rapport à des impacts climatiques propres à la région. Chaque fois qu’une « décision » doit être prise dans le cadre du processus, des analyses supplémentaires peuvent être effectuées (p. ex., analyse technique). Sinon, il peut être nécessaire de retourner à l’étape 3 pour réaliser un examen plus approfondi.

La définition du projet consistait à dresser une liste des infrastructures à évaluer, à déterminer les paramètres climatiques relatifs au site précis du projet, à définir le calendrier futur de l’évaluation des infrastructures, à comprendre les considérations opérationnelles pertinentes à l’aéroport et à cerner les données ainsi que les ressources requises pour les prochaines étapes du processus du CVIIP.

La collecte de données et la suffisance comprenaient l’évaluation des renseignements pertinents et une activité préliminaire d’évaluation des risques, y compris les plans des bâtiments, les rapports, les documents relatifs aux pistes de décollage et d’atterrissage, les registres des services publics et des travaux d’entretien ainsi que les futurs modèles climatiques. À cette étape-là, les éléments suivants ont été considérés : composants de transport, composants électriques, composants mécaniques ainsi que la manière dont chacun de ces composants pourrait être touché par les indices climatiques sélectionnés.

En fonction de chaque composant d’infrastructure et de chaque événement climatique, l’expert du mode de transport, l’ingénieur électricien et l’ingénieur mécanicien ont examiné la vulnérabilité potentielle en cas d’interaction. Le principal objectif de l’étape 3 consiste à quantifier le risque associé à chaque interaction, qui est évalué pendant l’atelier sur l’évaluation des risques. Un risque est défini comme étant le produit de la probabilité et de la gravité d’un événement négatif qui survient (risque = gravité x probabilité). En utilisant l’évaluation préliminaire des risques comme guide, un atelier sur l’évaluation des risques a été organisé avec les membres du personnel opérationnel et avec les parties prenantes afin de déterminer si une interaction entre chaque composant et un événement climatique pouvait survenir à l’aéroport de Penticton, et d’atteindre un consensus entre tous les participants par rapport au score de risque associé à chaque interaction. Cet atelier a permis de créer une liste de 136 interactions climatiques avec les infrastructures classées comme suit : risque faible, risque modéré et risque élevé.

Mise en oeuvre

Une priorité pour la prise de mesures soit à court terme (risques devant être abordés rapidement et recommandations à traiter immédiatement), soit à moyen terme (à aborder lors de l’amélioration de la conception du site ou du remplacement d’un composant) a été accordée aux interactions climatiques avec les infrastructures classées comme risque modéré (31) et comme risque élevé (8). Les huit interactions à risque élevé liées à la chaleur extrême et aux événements de précipitations extrêmes ont été classées prioritaires pour une prise de mesures à court terme, tandis que les interactions à risque modéré ont été classées pour une prise de mesures à moyen terme.

Transport:

Une seule interaction climatique nécessitait une recommandation à court terme pour les infrastructures de transport :

  • évaluation de la capacité actuelle de drainage pour s’assurer que le système de drainage peut gérer les précipitations actuelles et prévues.

Composants électriques:

Quatre interactions climatiques nécessitaient des recommandations à court terme pour les composants électriques :

  • Examiner et mettre à l’essai l’infrastructure de mise à la terre afin d’obtenir une mesure de référence aux fins de comparaison et pour la mise à l’essai future de la conductivité et de la résistivité du sol existantes des tiges de mise à la terre.
  • Effectuer une analyse thermique des panneaux de contrôle électriques pour cerner et corriger les éventuelles défaillances.
  • Inspecter les lampadaires pour déterminer la présence de corrosion ou de dommages mécaniques, ce qui pourrait compromettre l’intégrité structurale du poteau.
  • Mener un examen détaillé des conduits souterrains afin de déterminer l’étendue des dommages et des débris ainsi que l’état actuel des conducteurs et des boîtiers de câblage.

Composants mécaniques:

Trois interactions climatiques nécessitaient des recommandations à court terme pour les infrastructures électriques :

  • Effectuer une analyse technique de la charge thermique de la salle électrique ATB pour déterminer si le système de ventilation actuel est adéquatement conçu pour respecter les exigences de refroidissement de l’espace, étant donné le nombre plus élevé de journées où la température grimpe à 40 °C.
  • Effectuer une évaluation de l’état des unités de climatisation actuelles dans les bâtiments du centre de commande de l’éclairage de l’aéroport et des groupes électrogènes de secours.
  • S’assurer que toutes les stations de douches oculaires avec plomberie sont dotées de systèmes de filtration adéquats.

À l’heure actuelle, des protocoles opérationnels et des processus de procédures sont en place à l’aéroport pour gérer les événements climatiques présents sur le site. Compte tenu des prévisions relatives aux changements climatiques, on recommande de revoir et de réviser ces politiques et procédures afin que le personnel opérationnel puisse réagir efficacement aux événements climatiques prévus. Les améliorations procédurales peuvent être effectuées immédiatement, car elles ne nécessitent pas d’amélioration des infrastructures ni de coût en capital.

Résultats et suivi des progrès

L’évaluation des risques liés aux changements climatiques qui a été menée a permis de cerner huit vulnérabilités à risque élevé sur des infrastructures essentielles et sur la capacité opérationnelle de l’aéroport. Les recommandations à court terme visent à évaluer et à atténuer les vulnérabilités immédiatement, tout en mettant en œuvre des politiques pour surveiller la capacité des infrastructures en tenant compte des changements climatiques. De plus, les protocoles opérationnels et de procédures font actuellement l’objet d’une mise à jour et d’un examen dans le but d’intégrer les résultats de l’évaluation des risques et les impacts d’un climat changeant. En plus des risques climatiques et des recommandations formulées, l’analyse de risques décrit également l’importance de tenir compte des paramètres liés aux changements climatiques en ce qui concerne la capacité de charge des infrastructures, l’importance de l’observation et de la surveillance continues du rendement des infrastructures et l’identification des lacunes dans la disponibilité des données ou la qualité des données qui requièrent davantage de travail.

Prochaine(s) étape(s)

Tandis que les recommandations à court terme sont abordées immédiatement, une liste de 31 recommandations à moyen terme existe. Ces recommandations seront abordées lors de l’amélioration du site ou du remplacement d’un composant. De plus, on encourage Transports Canada à intégrer des politiques pour promouvoir les évaluations des risques liés aux changements climatiques avant d’entreprendre un important projet d’amélioration des actifs. Il s’agit de veiller à ce que les risques liés aux changements climatiques soient pris en compte dès le début des cycles de planification des projets afin d’assurer une plus grande résilience des actifs par rapport aux prévisions en matière de changements climatiques. Plusieurs exclusions existent dans le cadre du projet en ce qui concerne les futures évaluations des risques liés aux infrastructures, notamment le réseau d’égouts (un système d’infrastructure civile), la tour de contrôle de l’aérodrome, l’activité des oiseaux migrateurs et les rénovations qui étaient en cours au moment de l’évaluation.

Ressources

Lien vers l’étude de cas complète

Ressources supplémentaires : 

  • Comprenez davantage comment les informations climatiques peuvent être appliquées à la prise de décision en explorant le module Transport sur DonnéesClimatiques.ca