Projet de formation d’ambassadeurs et d’ambassadrices en prévention et surveillance de la maladie de Lyme au Québec

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a réalisé un projet de formation en partenariat avec Conservation de la nature Canada (CNC) qui s’est déroulé entre janvier et décembre 2019 dans les régions où la maladie de Lyme (ML) est un enjeu de santé publique grandissant. Il avait comme objectif de former des ambassadeurs et ambassadrices en prévention de la maladie par une approche de formation en cascade (formation de formateurs et formatrices). Une fois formés, les membres de ce nouveau réseau régional devaient réaliser des activités de sensibilisation auprès de leurs collègues et de leurs clientèles au sujet de la ML, ainsi que des activités d’échantillonnage de tiques de façon autonome dans leurs communautés respectives. Au total, 18 ambassadeurs et ambassadrices ont été formés et 28 activités de sensibilisation ont été organisées, atteignant de façon directe au moins 1860 personnes dans sept régions sociosanitaires (RSS) distinctes. Durant cette période, 28 activités d’échantillonnage de tiques furent réalisées, permettant de collecter 36 tiques (par surveillance active et passive). L’évaluation du projet par les participants et participantes fut très positive. Le projet répondait clairement à un besoin chez les travailleurs et travailleuses extérieurs et chez la population générale, laissant croire que ce genre d’initiative – combinant formation en cascade et science communautaire – possède des caractéristiques intéressantes dont pourraient bénéficier les autorités de santé publique pour répondre aux besoins de prévention et de surveillance de la ML au Québec.

Comprendre et évaluer les impacts

Avec les changements climatiques, l’aire de répartition des tiques porteuses de la Maladie de Lyme (ML), Ixodes scapularis, s’élargie vers le nord. Plusieurs régions du sud du Québec font donc face à ce nouvel enjeu de zoonose, qui à long terme peut créer des problèmes articulaires, cardiaques et articulaires chez les individus affectés par la maladie. C’est pourquoi les autorités de santé publique du Québec ont implanté un programme de surveillance intégrée de la ML. Ce programme repose sur la compilation des données de surveillance des cas humains et celles de la surveillance des tiques rapportées par des méthodes active et passive. Le déploiement de ce programme de surveillance nécessite cependant d’importantes ressources, en particulier pour l’échantillonnage de tiques dans les municipalités de régions à risque. De plus, les travailleurs les plus exposés à la ML sont généralement dans des emplois où il peut être plus difficile d’assurer un bon suivi de la sensibilisation et la prévention de cette maladie (emplois saisonniers, aux horaires atypiques et en milieu rural, donc géographiquement dispersés) ou n’ont pas accès à du matériel dans un langage qui leur est accessible (en particulier les travailleurs immigrants et/ou allophones).

Déterminer les actions

Le principal objectif de ce projet était de développer une formation bilingue pour les responsables de parcs canadiens en utilisant une méthode de formation en cascade (c.-à-d. formation de formateurs et de formatrices). Elle devait ainsi permettre de former des employés et employées ou des gestionnaires de divers parcs naturels d’accès public (ou toute organisation de conservation de la nature avec des travailleurs extérieurs) afin qu’ils deviennent des ambassadeurs et des ambassadrices en prévention dans différentes régions de la province où il existe un risque de contracter la ML. Plus spécifiquement, la formation avait pour buts de 1) permettre à chaque ambassadeur et ambassadrice d’être en mesure d’informer et de sensibiliser à son tour les diverses populations vulnérables à l’acquisition de la ML (collègues, gestionnaires, bénévoles, et clientèles des parcs d’accès public), en plus de 2) savoir réaliser des échantillonnages de tiques I. scapularis dans l’environnement de façon sécuritaire et autonome en suivant un protocole standardisé. Le contenu de la formation a été développé afin de couvrir les deux objectifs d’apprentissage, soit la sensibilisation et l’échantillonnage autonome. Le contenu théorique a été produit en vulgarisant et ajustant du matériel des gouvernements provincial et fédéral afin de créer un atelier interactif ainsi que qu’une trousse de formation. La trousse d’accompagnement était composée d’un cahier de formation des ambassadeurs (bilingue), de matériel de sensibilisation ainsi que d’un kit de démarrage pour l’échantillonnage. Chaque atelier se concluait avec un exercice pratique sur la procédure d’échantillonnage de tiques, adaptée du protocole standardisé de la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

Mise en oeuvre

En faisant partenariat avec Conservation de la nature Canada (CNC), des ambassadeurs et des ambassadrices potentiels ont été identifiés par l’équipe du projet parmi les employés et employées, les gestionnaires, les collaborateurs et collaboratrices de CNC, en fonction de leurs lieux de travail, de leur expérience antérieure en matière de sensibilisation, de leur intérêt personnel et de leur disponibilité. Cette méthode de sélection des ambassadeurs visait à rejoindre le plus grand nombre possible de régions à risque pour la ML pour la sensibilisation du public, ainsi qu’à augmenter le nombre de sites d’échantillonnage sur des sites ne faisant pas nécessairement partie du programme régulier de surveillance intégrée. Ces ambassadeurs ont participé à trois ateliers d’une demi-journée chacun, donnés par un expert de l’INSPQ au début de la saison d’activité des tiques, mais avant la haute saison touristique. Le volet pratique (échantillonnage supervisé de tiques) était effectué à l’extérieur, à proximité du lieu de formation, là où les conditions d’échantillonnage étaient réunies. Après avoir suivi l’atelier, les ambassadeurs et ambassadrices nouvellement sensibilisés et outillés étaient invités à organiser des activités de sensibilisation à la ML et des activités d’échantillonnage dans leurs organisations respectives durant la période d’activité, de juin à septembre 2019. Ces activités se réalisaient sur une base volontaire, et les ambassadeurs et ambassadrices pouvaient compter sur un soutien à distance de la part des experts de l’INSPQ au besoin.

Résultats et suivi des progrès

Au total, 28 activités différentes furent organisées dans sept régions de la province affectées par la ML. Parmi ces activités, certaines étaient ponctuelles telles que des groupes de discussion, d’autres répétitives (par exemple dans les camps de jour), ou encore en continu comme des affiches sur les lieux de travail. De plus, 28 échantillonnages ont pu être réalisés, ce qui représente 56km parcourus en zones boisées. De plus, la sensibilisation des participants à la ML a aussi amené à la collecte de 25 tiques découvertes de façon accidentelle sur des individus ou des équipements. Lors des évaluations de suivi, les ambassadeurs ont exprimé un grand intérêt envers l’initiative ainsi qu’un maintien à long terme de ce réseau de sensibilisation.

Prochaine(s) étape(s)

Deux suites au projet sont présentement en développement: en premier lieu, la possibilité d’un déploiement pan-canadien de la formation et, en deuxième lieu, la réalisation (déjà en cours) d’un projet similaire de formation d’ambassadeurs portant sur les maladies transmises par les moustiques. Ce dernier vise entre autres à adapter la formation en mode virtuel, afin de s’adapter au contraintes sanitaires liées à la pandémie de Covid-19.

Ressources

Lien vers l’étude de cas complète (en anglais seulement)