Initiative des actifs naturels municipaux de la rivière Courtenay

La ville de Courtenay a présenté une demande pour entreprendre ce projet dans le cadre de l’Initiative des actifs naturels municipaux (MNAI) afin de comprendre comment les actifs naturels du corridor de la rivière Courtenay pourraient contribuer à atténuer les risques d’inondation, surtout dans le centre-ville, et de déterminer la façon dont ils se comparent aux solutions techniques sur le plan des coûts et des avantages.

La ville de Courtenay se trouve sur la côte est de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique, sur les terres de la Première Nation K’ómoks. Les rivières Tsolum et Puntledge convergent dans la rivière Courtenay, qui se jette dans un estuaire où se trouve la ville. Les zones de faible altitude situées près des rivières et de l’estuaire composent la plaine inondable, qui est sujette aux inondations. Dans le passé, la ville s’est en grande partie développée dans la plaine inondable, où les inondations se font de plus en plus fréquentes et intenses, ayant des impacts sur les corridors de transport, les entreprises et les propriétés publiques et privées.

Le projet a permis d’élaborer quatre scénarios pour déterminer comment les actifs naturels pouvaient atténuer les inondations : élargir la rivière Courtenay; naturaliser un ancien site de scierie; rétablir les voies d’écoulement naturelles de la rivière Courtenay et retirer les bâtiments à risque de la plaine inondable. Dans le cadre de ce projet, ces options ont été modélisées individuellement et ensemble.

La ville de Courtenay dispose d’un solide programme de gestion des actifs depuis plusieurs années déjà. En 2013, elle a évalué la façon dont trois options d’infrastructure technique (digues) pouvaient protéger la zone commerciale du chemin Ryan contre les inondations. En misant sur cette étude, la ville de Courtenay a ensuite voulu explorer comment les actifs naturels pouvaient protéger son centre-ville et réduire au minimum les dommages et les pertes.

Comprendre et évaluer les impacts

On s’attend à ce que les changements climatiques augmentent la fréquence et l’ampleur des inondations, à mesure que les régimes de précipitations changeront et que le niveau de la mer augmentera. Au cours des dix dernières années, l’augmentation du nombre d’inondations dans le système de la rivière Courtenay a fait ressortir les vulnérabilités locales ainsi que la nécessité d’évaluer et d’améliorer les niveaux existants de protection contre les inondations. Les inondations de 2009, de 2010 et de 2014 ont touché des corridors de transport essentiels, le parc Lewis, la zone commerciale du chemin Ryan ainsi que d’autres propriétés privées et publiques.

En réponse aux inondations de 2009 et de 2010, la ville a mené en 2012-2013 une étude sur la gestion des inondations, financée par une subvention d’Emergency Management BC. Cette étude comprenait une analyse des débits de crue et des niveaux de marée à diverses périodes de retour de l’événement. L’étude a permis de conclure que les niveaux maximums de crue pourraient augmenter de 1,1 m et de 2,4 m d’ici 2100 et 2200 respectivement, et que les niveaux records d’onde de tempête pourraient augmenter de 15 % d’ici 2100 et de 15 % supplémentaires d’ici 2200. Les inondations ont tendance à se produire dans le centre-ville plus d’une fois sur 20 ans. La prévention des dommages causés par les inondations actuelles et celles, beaucoup plus importantes, qui se produisent tous les 200 ans, nécessitera un effort concerté à grande échelle partout dans la communauté. La figure ci-dessous illustre les inondations de 2014 dans le centre-ville.

La ville a connu de multiples scénarios d’inondation, notamment ceux découlant :

  • Des marées hautes et des ondes de tempête à l’intérieur des terres;
  • Des débits d’eau élevés arrivant en aval à la suite de précipitations;
  • Des débits de la rivière influencés par les barrages de BC Hydro.

Ces événements peuvent se produire simultanément pendant les mois d’hiver ou individuellement. En pratique, cela signifie que les inondations peuvent se produire en amont ou en aval du quartier d’affaires. Les renseignements orthographiques indiquent que le débit de la rivière a été contraint et détourné de sa trajectoire historique. Cela peut contribuer à l’ampleur et à la nature des inondations, et présenter des possibilités d’atténuation.

Déterminer les actions

La méthodologie de la MNAI en ce qui concerne les actifs naturels respecte le processus standard de gestion des actifs, c’est-à-dire les étapes d’évaluation, de planification et de mise en œuvre, en soulignant les nouvelles considérations requises pour les actifs naturels locaux et les services connexes. Le processus de la MNAI commence par une première séance d’engagement avec les représentants du gouvernement local, notamment des représentants des parcs, des travaux publics, des systèmes d’information géographique, de l’ingénierie, de la planification, de la gestion de l’eau et des eaux usées, et des finances. Pendant la séance initiale d’engagement, les plans et les priorités de la communauté font l’objet d’une discussion. Par la suite, les principaux actifs naturels dans les limites de la communauté sont cernés, en indiquant les services importants qu’ils fournissent. Cette première séance d’engagement vise à établir ce qui suit :

  • Les actifs naturels qui feront l’objet d’une évaluation
  • Les limites géographiques des actifs à l’étude
  • L’expertise et les compétences pertinentes pour l’évaluation des actifs naturels
  • Le personnel du gouvernement local qui participera au processus d’évaluation
  • Les besoins en matière de données pour l’évaluation et les sources des données pertinentes

Après la première séance d’engagement communautaire, l’équipe de la MNAI travaille avec les partenaires du gouvernement local pour réaliser une évaluation des actifs naturels. Cela comprend ce qui suit :

  1. Définir la portée des actifs naturels à considérer.
  2. Répertorier et évaluer l’état des actifs.
  3. Quantifier les niveaux de service existants des actifs, ainsi que les avantages connexes.
  4. Quantifier la valeur financière des actifs naturels si les services qu’ils fournissent devaient être assurés par une solution de rechange technique.
  5. Élaborer des scénarios pour explorer d’autres plans de gestion et les implications futures en ce qui concerne les niveaux de service existants.
  6. Quantifier les niveaux de service dans le cadre des scénarios de rechange.
  7. Élaborer des plans d’exploitation et de gestion fondés sur les conditions actuelles, les risques et les trajectoires des niveaux de service souhaités.

L’étude de 2013 sur la gestion des inondations a permis d’évaluer trois options d’infrastructure technique (digues) pour atténuer les impacts des inondations. Ces options visaient à protéger la zone commerciale du chemin Ryan contre les inondations. Voici les options : 1. Mur de protection contre les inondations de la rivière Tsolum : un mur construit pour offrir une protection contre les événements d’inondation plus petits et plus fréquents (1 fois sur 20 ans à 1 fois sur 50 ans), mais non contre les événements plus importants, c’est-à-dire 1 fois sur 200 ans. 2. Digue circulaire : élévation de l’ancienne route de l’île et de la route 19A pour fournir une meilleure protection contre les inondations lors d’événements extrêmes (1 fois sur 200 ans). Les propriétés situées à l’extérieur des digues devraient faire l’objet d’un retrait géré; les digues pourraient augmenter la profondeur des inondations en amont. 3. Option de digue circulaire partielle : semblable à la digue circulaire (option 2 ci-dessus), avec l’ajout d’un canal d’évacuation des crues sur la route Comox. Le canal d’évacuation dirigerait les eaux de crue vers les terres agricoles avoisinantes. L’étude n’a pas modélisé les impacts des solutions naturelles d’atténuation des inondations, notamment l’aménagement d’autres voies d’écoulement de la rivière ou l’élargissement du chenal. Les séances de consultation avec les parties prenantes dans le cadre de l’étude ont fait ressortir un intérêt marqué pour les solutions naturelles de gestion des inondations.

Mise en oeuvre

Quatre options d’atténuation des inondations à partir d’actifs naturels ont été cernées aux fins d’évaluation :

  1. Élargissement de la rivière Courtenay : Cette option nécessite le retrait des digues actuelles en palplanches et l’inclinaison des berges de la rivière Courtenay afin d’élargir et de naturaliser le chenal de la rivière sur toute sa longueur. Cette option permettrait éventuellement d’augmenter la capacité de stockage et d’acheminement de l’eau vers l’estuaire, tout en réduisant certaines des responsabilités de la ville en ce qui concerne l’entretien des digues actuelles.
  2. Kus Kus Sum : Cette option comprend la naturalisation d’un ancien site de scierie de 3,36 hectares afin de rétablir la zone intertidale naturelle et les voies d’écoulement des eaux (un projet connu sous le nom de Kus Kus Sum). Ce projet est actuellement dirigé par la Première Nation K’ómoks, la ville de Courtenay et la Comox Valley Project Watershed Society, en collaboration avec l’Interfor Corporation (actuellement propriétaire de la propriété). Ce projet s’accompagne de nombreux avantages environnementaux et sociaux; cependant, les avantages spécifiques à l’atténuation des inondations n’ont pas été modélisés. Le projet Kus Kus Sum permettrait d’augmenter la capacité de stockage et d’acheminement de l’eau vers l’estuaire.
  3. Rétablissement des voies d’écoulement naturelles : Tel que mentionné précédemment, une grande partie du développement historique de la ville s’est produite dans la plaine inondable, entraînant la canalisation et le remplissage de la rivière Courtenay. Cette option offre la possibilité de rétablir les voies d’écoulement naturelles ou de connecter de nouvelles voies d’écoulement. Cette option permettrait d’augmenter la capacité d’acheminement de l’eau vers l’estuaire.
  4. Retrait géré : Cette option concerne le retrait géré graduel de l’ensemble de la plaine inondable au fil du temps, ne permettant que des utilisations des terres compatibles avec les inondations dans la plaine inondable. Cela nécessiterait d’importantes acquisitions de terrains ainsi que des mesures correctives, mais permettrait d’atténuer les impacts indésirables des inondations.

La modélisation des inondations réalisée par la MNAI a produit des données sur les profondeurs de crues de surface pour une série de scénarios d’inondation. Pour l’analyse des scénarios, les deux événements d’inondation suivants ont été définis :

  1. Inondation A – selon les conditions d’inondation de 2009.
  2. Inondation B – selon les hypothèses suivantes :
    1. Conditions d’inondation survenant 1 fois sur 200 ans dans les rivières Tsolum et Browns
    2. Rivière de Puntledge selon des taux de décharge maximums
    3. Marée moyenne de haute marée (MWLT)
    4. Aucune onde de tempête ni aucun changement climatique

L’analyse pour ces deux événements a également tenu compte des profondeurs variées des crues de surface afin de comprendre une multitude de scénarios d’inondation. Un cinquième scénario a également été défini en supposant le retrait et le déplacement des propriétés touchées par l’inondation de 2009. Dans le cadre de ce scénario, aucune donnée supplémentaire sur la profondeur des crues de surface n’était requise. Cependant, ce scénario permettrait d’atténuer considérablement le risque d’inondation, tout en offrant la possibilité d’améliorer les actifs naturels au sein de la ville de Courtenay.

Résultats et suivi des progrès

Compte tenu de l’exposition importante des actifs bâtis de la ville de Courtenay au risque d’inondation, un retrait et un déplacement gérés de l’environnement bâti réduiraient considérablement les risques d’inondation. Ce fut l’objectif du cinquième scénario. Dans le cadre de ce scénario, l’on supposait que tout bâtiment touché par l’événement d’inondation A (l’étendue et l’ampleur de l’inondation de 2009) serait déplacé. La valeur totale des propriétés touchées est d’environ 6,8 millions de dollars. Il s’agit d’une indication approximative du coût d’achat de ces propriétés. Ces propriétés représentent un total de 8,4 hectares de terres qui pourraient être naturalisées dans le cadre du scénario de retrait. Les coûts supplémentaires associés à ce scénario sont les suivants :

  • les coûts de démolition;
  • les coûts de reconstruction à l’extérieur des zones inondables (toutefois, l’achat des propriétés existantes devrait fournir un capital important aux propriétaires pour compenser une partie des coûts de reconstruction);
  • les coûts de naturalisation

La modélisation des inondations réalisée par la MNAI a produit des résultats sur les profondeurs de crues de surface pour une série de scénarios d’inondation. À partir de ces scénarios, quatre profondeurs de crues de surface ont été établies. Les résultats de la modélisation de l’évaluation des dommages causés par les inondations ont révélé ce qui suit : selon les conditions d’inondation de 2009, les améliorations des actifs naturels permettraient de réduire les dommages causés par les inondations de 723 000 $. Dans le cas d’une inondation plus importante et plus étendue, les améliorations des actifs naturels réduiraient les dommages causés par les inondations de 2,4 millions de dollars. Les valeurs présentées ci-dessus ne tiennent pas compte de l’éventail d’avantages connexes importants. De plus, les valeurs seules ne tiennent pas compte des coûts permanents associés à la surveillance, à l’exploitation et à l’entretien dans le contexte de chaque scénario modélisé.

Il est important de tenir compte des avantages connexes lors de l’intégration des actifs dans un plan de gestion. Les décisions économiques et politiques qui se concentrent étroitement sur les compromis économiques entre les infrastructures conventionnelles et les actifs naturels peuvent négliger un certain nombre d’avantages associés aux actifs naturels. Même si les contraintes en matière de temps et de capacité n’ont pas permis à la ville de cerner les avantages connexes pertinents relativement aux actifs naturels considérés, ceux-ci comprennent probablement l’accès à des espaces verts et récréatifs pour les résidents, la rétention hydraulique et les fonctions liées à la qualité de l’eau.

Prochaine(s) étape(s)

L’étude de gestion et d’atténuation des inondations et le plan de gestion intégrée des eaux pluviales de la ville de Courtenay sont en cours d’élaboration. À ce titre, la ville continue d’explorer un éventail d’options dans le but d’adopter la meilleure approche pour atténuer les inondations dans la zone du projet. Cette analyse indique que les améliorations des actifs naturels ne suffisent pas à elles seules à réduire de manière significative les risques d’inondation pour la ville. Des stratégies de gestion des actifs naturels et d’ingénierie sont nécessaires, avec trois options possibles :

  1. Option A – Entièrement technique – Ignorer les actifs naturels et se concentrer uniquement sur les grandes infrastructures techniques de protection contre les inondations.
  2. Option B – Approche technique et naturelle – Tirer parti autant que possible des actifs naturels afin de réduire au minimum le nombre de solutions d’ingénierie requises pour une protection contre les inondations.
  3. Option C – Approche entièrement naturelle (c.-à-d. retrait et déplacement) – Investir de manière importante dans la restauration de la plaine inondable naturelle grâce au retrait et au déplacement des zones de la ville qui sont le plus à risque.

Ressources