Faire face à la montée des eaux sur l’île Lennox, à l’Île-du-Prince-Édouard

Cette étude de cas concerne le peuple Mi’kmaq qui vit sur l’île de Lennox, une collectivité d’environ 450 personnes située au large de l’Île-du-Prince-Édouard au Canada. Bien que cette collectivité vive sur l’île depuis des milliers d’années, elle est menacée par les effets des changements climatiques : élévation du niveau de la mer, tempêtes plus intenses et plus fréquentes et réchauffement du climat hivernal qui a une incidence sur la couverture de glace. Ces impacts climatiques menacent non seulement les maisons et autres infrastructures de cette collectivité, mais aussi son mode de vie traditionnel, son patrimoine culturel et ses systèmes alimentaires traditionnels tels que la récolte des huîtres. En moins de 200 ans, l’île Lennox a perdu 400 acres de ses terres au profit de la mer et continue de perdre environ 2,47 acres par an. La collectivité travaille avec des chercheurs locaux du Climate Lab de l’Université de l’Île‑du‑Prince‑Édouard afin de déterminer à quoi pourrait ressembler l’avenir de l’île Lennox. Actuellement, les planificateurs communautaires travaillent avec la collectivité de l’île Lennox pour discuter de la planification concernant la viabilité à long terme de la culture et de la collectivité pour les générations à venir.

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Comprendre et évaluer les impacts

La collectivité travaille en étroite collaboration avec le Climate Lab de l’Université de l’Île‑du‑Prince‑Édouard pour définir l’avenir de l’île Lennox. En 2011, la collectivité a entrepris une série de simulations informatiques visant à mieux comprendre l’impact total des changements climatiques sur l’île Lennox. Des cartes ont été créées pour montrer les parties de l’île qui seront submergées par l’élévation du niveau de la mer, ainsi que les zones de l’île les plus touchées par l’érosion côtière. Les cartes utilisent à la fois des données climatiques historiques et des projections climatiques comme moyen de comparaison.

La Première Nation de Lennox Island subit de nombreux impacts climatiques, notamment l’élévation du niveau de la mer (qui pourrait atteindre jusqu’à 3 m au cours des 50 prochaines années, soit environ la moitié de la masse terrestre de l’île), les changements dans la couverture et l’épaisseur de la glace, la fonte de la glace de mer, l’érosion côtière, l’augmentation des ondes de tempête et les dommages causés aux infrastructures locales essentielles. Les principaux risques et vulnérabilités liés au climat auxquels est confrontée la collectivité de la Première Nation de Lennox Island comprennent la perte du patrimoine culturel, la perte du mode de vie traditionnel, la perte de la sécurité humaine, les perturbations météorologiques extrêmes, la perte de maisons et la perte de biens. Les principales infrastructures essentielles sont vulnérables aux effets des changements climatiques, y compris le seul pont qui relie l’île à la province de l’Î.-P.-É., ce qui augmente considérablement la vulnérabilité de la collectivité en cas d’urgence. Toutefois, le bassin de stabilisation des eaux usées, qui est situé trop près du littoral, est potentiellement l’élément d’infrastructure le plus vulnérable. Le risque pour le patrimoine culturel est particulièrement important : l’inondation due à l’élévation du niveau de la mer a un impact sur des sites du patrimoine culturel et sur des terres où les Premières Nations collectent des matériaux pour les cérémonies et inonde les anciens cimetières. Il existe également des risques pour la pêche locale aux huîtres. L’île perd sa base terrestre à un rythme accéléré. De nombreux membres de la collectivité estiment que si la lutte contre les changements climatiques est nécessaire, elle ne fera que retarder l’inévitable, ce qui est extrêmement lourd à porter.

Déterminer les actions

Des consultations à l’échelle de la collectivité sont en cours pour déterminer les meilleurs moyens de mettre en œuvre des mesures d’adaptation qui atténueront les impacts des changements climatiques sur l’île Lennox. Des séances de mobilisation communautaire sur l’aménagement du territoire sont organisées pour recueillir les commentaires des membres de la collectivité. De plus, grâce à son partenariat avec l’Université de l’Î.‑P.‑É., les planificateurs communautaires utilisent des informations scientifiques très détaillées pour guider le processus de planification communautaire et sauvegarder l’île pour les générations futures. Bien que les solutions d’infrastructure grise/d’enrochement côtier soient considérées comme idéales, la collectivité comprend qu’elles ne sont pas pratiques sur le plan des ressources disponibles. Bien que la collectivité n’ait pas l’intention d’abandonner l’île, elle étudie la possibilité d’aménager des propriétés de l’Î.-P.-É. que la Première Nation a récemment achetées; cela se ferait sur une base individuelle et au cas par cas, en se concentrant principalement sur les maisons et les personnes les plus vulnérables. Dans l’ensemble, l’approche consiste à ralentir et à atténuer les impacts des changements climatiques afin de prolonger la capacité de la collectivité à vivre sur l’île Lennox; toutefois, la collectivité comprend qu’il est fort probable que la totalité de l’île soit sous l’eau dans 100 ans, ce qui nécessite une planification réfléchie pour l’avenir de la collectivité de la Première Nation.

Mise en œuvre

Jusqu’à présent, la collectivité se trouve principalement dans la phase de consultation et d’élaboration des mesures, bien qu’elle ait mis en œuvre plusieurs mesures d’adaptation à ce jour. Une mesure d’adaptation mise en œuvre comprend la mise en place d’un mur de roche pour protéger le cimetière de l’île Lennox (anciens lieux de sépulture) contre les impacts de l’élévation du niveau de la mer. Bien que ces types d’ouvrages longitudinaux soient souhaitables pour l’ensemble de l’île, la collectivité comprend que cela n’est pas faisable d’un point de vue logistique avec les ressources disponibles. La collectivité a également lancé une opération de « sauvetage archéologique » d’un site d’importance culturelle constitué de dépôts de coquillages, qui témoigne de la vie des Mi’kmaq qui ont utilisé un îlot adjacent comme camp de base pour la pêche pendant des milliers d’années.

Prochaine(s) étape(s)

Comme la phase de planification est en cours, et que des mesures doivent encore être déterminées et mises en œuvre, le suivi des progrès se fera au fur et à mesure de la mise en œuvre des mesures. La collectivité continue de travailler avec l’Université de l’Î.‑P.‑É. afin de mieux comprendre les impacts des changements climatiques et les risques et vulnérabilités qui en découlent pour les collectivités, ce qui permettra à la collectivité de disposer de l’information nécessaire pour élaborer des plans d’adaptation et d’utilisation des terres à l’échelle de la collectivité qui protégeront à l’avenir les membres de la Première Nation de Lennox Island et leur patrimoine culturel.

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