Bassins de rétention humides et secs

Confrontée au dilemme de gérer les eaux de ruissellement des nouveaux aménagements de manière rentable, la Ville de Boucherville, au Québec, a choisi d’utiliser un mélange d’installations de rétention humides et sèches pour créer un système de rétention qui non seulement remplit bien sa fonction hydrologique prévue, mais améliore en même temps la beauté et l’habitabilité du quartier. Lorsqu’un espace vert naturel est aménagé pour l’usage humain, les zones précédemment végétalisées cèdent la place à des surfaces durcies comme le béton et l’asphalte. Ces surfaces n’absorbent pas facilement l’eau, mais la transportent rapidement hors des lieux, ce qui peut provoquer des inondations et des refoulements d’égouts en aval, en plus de polluer les eaux réceptrices avec les détritus présents sur les rues et les trottoirs. La rétention de l’eau sur place ralentira ce processus, mais les conceptions traditionnelles sont coûteuses et ne constituent pas des éléments agréables du paysage d’une collectivité.

Comprendre et évaluer les impacts

Les précipitations qui tombent dans une zone naturalisée seront retenues et filtrées par la végétation et les sols existants. Lorsqu’un terrain vierge est aménagé, la végétation est défrichée et les sols naturels sont recouverts d’une surface durcie et imperméable comme le béton ou l’asphalte. Plutôt que d’être retenue sur le site, ces surfaces imperméables achemineront rapidement l’eau hors du site, soit dans le réseau d’égouts municipal, soit dans le système hydrologique naturel, selon la façon dont le site est conçu. Cela peut entraîner des contraintes sur le réseau d’égouts, car la majorité des précipitations se déposent immédiatement dans les canalisations, au lieu de s’écouler de manière plus contrôlée au fil du temps. Par conséquent, l’augmentation de l’aménagement sans tenir compte de la rétention des eaux de pluie peut accroître le risque d’inondation des sous-sols. En outre, le risque d’inondation de surface causé par le gonflement d’une rivière est également accru pour la même raison. La Ville de Boucherville a reconnu le problème que ce type d’aménagement pouvait causer et a entrepris de le contrer. Consciente de son budget limité et espérant obtenir certains cobénéfices, elle a opté pour un système intégrant des bassins de rétention secs et humides. La Ville a engagé des ingénieurs‑conseils qui ont créé des simulations hydrologiques des flux d’eaux pluviales afin de déterminer le moyen le plus efficace de retenir l’eau sur le site. La décision d’intégrer la structure recommandée dans le système de parcs de la Ville a été prise après les simulations.

Déterminer les actions

La Ville savait qu’elle devait faire quelque chose au sujet des répercussions du ruissellement des eaux pluviales. La rivière Sabrevois est vulnérable aux changements de débit, et des problèmes environnementaux se poseraient rapidement si le ruissellement n’était pas contrôlé après le nouvel aménagement. La Ville était également particulièrement intéressée par l’utilisation d’un modèle à faible coût, afin de ne pas décourager l’aménagement et les ventes de biens immobiliers par des frais exorbitants liés aux eaux pluviales. Une fois que la combinaison d’éléments humides et secs a été décidée, la Ville s’est mise au travail pour tenter d’intégrer ces éléments dans la collectivité de manière à améliorer l’habitabilité de l’espace. Il a été décidé qu’une fois les bassins de rétention des eaux pluviales construits, ils seraient intégrés au réseau de loisirs de la ville par le biais de pistes cyclables et de sentiers pédestres.

Mise en œuvre

Deux bassins de rétention humide ont été construits. Ils ressemblent à de petits lacs urbains, étant effectivement une dépression qui reste partiellement remplie toute l’année, mais qui possède la capacité de retenir plus d’eau lors d’un événement de précipitations. Ces deux bassins humides ont été complétés par la construction de deux bassins secs supplémentaires, qui restent secs la majorité de l’année, mais sont également capables de retenir de grandes quantités d’eau lors d’un événement de précipitations. Les deux types de bassins ont été reliés par des voies de drainage. Enfin, une fois les bassins terminés, ils ont été ajoutés au réseau de pistes cyclables et de sentiers pédestres, ce qui permet aux gens de profiter de l’eau, de la végétation et de la faune.

Résultats et suivi des progrès

Les bassins offrent des améliorations notables en matière de réduction des inondations. Les « lacs urbains » de rétention offrent une protection contre les événements d’inondation se produisant environ tous les 50 ans, par opposition à la protection contre les événements se produisant environ aux 10 ans fournie par les infrastructures d’eaux pluviales précédentes de la municipalité. Ensemble, les quatre bassins offrent une capacité de rétention des eaux pluviales similaire à celle de l’espace vert qui existait avant l’aménagement. De cette façon, l’aménagement pourrait se faire sans engendrer de contraintes supplémentaires inutiles pour le réseau d’égouts municipal ou l’environnement naturel. Les bassins humides retiennent également une couche de végétation qui aide à filtrer l’eau avant qu’elle ne soit rejetée dans l’environnement, réduisant ainsi la pollution. De plus, l’aspect récréatif du nouvel aménagement s’est avéré très populaire auprès des citoyens, démontrant ainsi qu’une infrastructure fonctionnelle ne doit pas nécessairement être une horreur pour la collectivité qu’elle dessert.

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