Aborder la vulnérabilité climatique et la gestion durable de l'eau dans le bassin de la rivière Saskatchewan Sud

En 2016, un rapport final – Adaptation Roadmap for Sustainable Water Management in the SSRB [Feuille de route d’adaptation pour la gestion durable de l’eau dans le bassin de la rivière Saskatchewan Sud] – a été publié par WaterSMART Solutions en collaboration avec le gouvernement de l’Alberta afin de répondre aux préoccupations liées aux inondations et à la sécheresse dans le bassin de la rivière Saskatchewan Sud et autour de celui-ci. Le rapport s’appuie sur des modélisations antérieures à plus petite échelle réalisées dans des sous-bassins particuliers du bassin de la rivière Saskatchewan Sud, qui visaient également à accroître la résilience et à s’adapter plus efficacement aux changements climatiques. Le travail exhaustif sur l’ensemble du bassin de la rivière Saskatchewan Sud a été incité par une inondation mortelle dans la région en 2013, qui a également causé des dommages importants au bâti local. Le rapport présente un certain nombre de changements principalement organisationnels et opérationnels qui pourraient être apportés afin d’atténuer les risques liés aux futurs événements de tempête et à l’imprévisibilité des précipitations. La formulation des options a impliqué divers intervenants, notamment les gestionnaires et les utilisateurs de l’eau. Les modifications potentielles des pratiques opérationnelles ou organisationnelles mentionnées ci-dessus sont d’abord organisées en suivant un calendrier afin de montrer les options qui pourraient être mises en œuvre immédiatement et celles qui nécessiteraient d’abord du temps et des investissements importants. Ensuite, les options ont été classées en fonction de leur potentiel. Bon nombre des options présentées visent à renforcer les ententes et les opérations existantes, notamment le partage des pénuries d’eau dans les districts d’irrigation.

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Comprendre et évaluer les impacts

Ce rapport a utilisé une modélisation approfondie pour bien comprendre les caractéristiques liées aux inondations et aux sécheresses du bassin de la rivière Saskatchewan Sud. La modélisation a été réalisée principalement par HydroLogics Incorporated et a été entreprise d’abord à l’échelle du sous-bassin avant d’être appliquée à l’ensemble du bassin de la rivière Saskatchewan Sud. Le logiciel propriétaire appelé OASIS (Operational Analysis and Simulation of Integrated Systems [analyse opérationnelle et simulation de systèmes intégrés]) a utilisé des données historiques couvrant 81 ans, tout en intégrant les prévisions de la demande future et les prévisions des changements climatiques. En fin de compte, des millions d’heures simulées de données sur la dynamique des bassins fluviaux ont été créées, ce qui a permis de comprendre le fonctionnement du système dans le cadre de divers scénarios. Le modèle à l’échelle du bassin – South Saskatchewan River Operational Model (SSROM) [modèle opérationnel de la rivière Saskatchewan Sud] – a permis une compréhension générale du système, mais les intervenants ont soulevé un certain nombre de préoccupations concernant la modélisation à cette phase de « d’évaluation préliminaire ». Parmi ces critiques, on peut citer le fait que les modèles ne sont pas encore assez détaillés pour prendre en compte de manière importante des facteurs tels que les considérations techniques et économiques, les facteurs environnementaux ou les évaluations des risques. De plus, la variation des mesures de rendement utilisées pour chaque modèle opérationnel de sous-bassin pourrait ajouter une difficulté à la comparabilité si le modèle opérationnel de la rivière Saskatchewan Sud est insuffisant. Le rapport prévoit une augmentation de la demande future en eau, ce qui pourrait exacerber les problèmes de sécheresse. Les données montrent également que les inondations et les sécheresses futures pourraient être plus graves qu’aujourd’hui.

Déterminer les actions

Les mesures d’adaptation ont d’abord été déterminées au niveau du sous-bassin pour chacun des trois sous-bassins pris en compte, puis comparées au modèle opérationnel de la rivière Saskatchewan Sud pour comprendre leurs effets au niveau du bassin. Les mesures ont été déterminées par les gestionnaires et les utilisateurs de l’eau dans le cadre de groupes de travail. Les mesures déterminées ont ensuite été organisées de plusieurs façons. Tout d’abord, des mesures ont été organisées en fonction des sous-bassins. Ensuite, chaque série de mesures a été organisée en fonction du temps qu’il faudra pour les mettre en œuvre, le niveau 1 étant le plus rapide et le niveau 3 exigeant le plus de temps. Enfin, certaines mesures de chaque niveau de classement ont été étiquetées comme étant les « plus prometteuses ». Les auteurs notent que, bien qu’il n’y ait pas de critères stricts pour évaluer la « nature prometteuse » d’une mesure donnée, des facteurs tels que la facilité de mise en œuvre, le coût ou l’impact ont généralement été pris en compte avant de qualifier une mesure de « plus prometteuse ». La formation des mesures présentées dans le rapport final de 2016 a commencé avec l’étude du sous-bassin du projet de la rivière Bow qui a été achevée en 2010. Bon nombre des mesures déterminées s’appuient sur des cadres d’ententes existantes plutôt que d’introduire des approches totalement nouvelles. Par exemple, alors que des ententes de partage de la pénurie existent déjà entre les districts d’irrigation spéciaux de la région afin de distribuer plus intelligemment l’eau en cas de sécheresse localisée, la même stratégie a été proposée pour les besoins municipaux plus généralisés dans tout le bassin.

Résultats et suivi des progrès

Les auteurs de la feuille de route d’adaptation pour la gestion durable de l’eau dans le bassin de la rivière Saskatchewan Sud sont explicites quant aux résultats et aux co-bénéfices associés que le projet offre. Ils notent que le projet a permis « une plus grande connaissance partagée du système d’eau du bassin de la rivière Saskatchewan Sud, de sa gestion et des changements potentiels qui pourraient se produire dans l’environnement et le climat de la région; et deuxièmement, une série d’outils, de modèles et de données disponibles ainsi que des groupes de travail très efficaces pour soutenir la gestion adaptative continue de la rivière. » Bien que les mesures proposées ne soient pas encore entièrement mises en œuvre, il est généralement admis que de nombreuses mesures mises en œuvre bénéficieraient d’une surveillance continue. Les auteurs affirment que l’étude dans son ensemble pourrait servir de testament à l’importance de la planification de l’adaptation. Bien que le rapport et l’ensemble du projet reposent sur un solide noyau de données scientifiques, il est admis que les contextes politiques et économiques pourraient avoir une influence majeure sur le sort du plan d’adaptation. Il est suggéré que la flexibilité offerte par le rapport en raison de la multitude de scénarios et de mesures explorés et proposés pourrait augmenter la probabilité de mise en œuvre de mesures conformes à un climat économique et politique donné.

Prochaine(s) étape(s)

Les auteurs notent que les résultats présentés dans le rapport n’en sont qu’au stade de l’évaluation préalable et qu’il convient donc d’entreprendre diverses études avant la mise en œuvre afin de garantir la robustesse et la fiabilité des mesures. Les études pourraient inclure des analyses coûts-avantages et des évaluations de l’impact sur l’environnement, ainsi que celles qui se préoccupent le plus de la manière dont les intervenants peuvent être directement touchés. Une fois les mesures approuvées, les auteurs suggèrent que les stratégies de niveau 1 (celles qui sont immédiatement applicables) soient poursuivies en premier. Ce n’est qu’après la mise en œuvre des stratégies de niveau 1 que les stratégies de niveau 2 et 3 (celles qui demandent plus de temps et de ressources) doivent être envisagées. Chaque mesure de niveau 2 et 3 doit ensuite être examinée au cas par cas. Le rapport affirme en outre qu’une stratégie de gestion de l’eau adaptative forte sera une stratégie qui sera périodiquement et systématiquement revue en fonction de l’évolution des contextes. Le rapport fait état de l’urgence de ces prochaines étapes alors que l’inévitabilité de futurs événements climatiques extrêmes se profile. Au-delà de la navigation du contexte économique et social dans lequel ces plans existent, la volonté et l’action provinciales sont considérées comme étant primordiales pour la réussite de ce projet et pour la résilience du bassin de la rivière Saskatchewan Sud de manière plus générale. De plus, en décembre 2020, la Banque de l’infrastructure du Canada, le gouvernement de l’Alberta et huit districts d’irrigation ont conclu une entente pour l’Alberta Irrigation Project [projet d’irrigation de l’Alberta] et la Banque de l’infrastructure du Canada a investi 407,5 millions de dollars. Le gouvernement de l’Alberta versera 244,5 millions de dollars et les districts d’irrigation verseront 163 millions de dollars pour construire une infrastructure d’irrigation moderne et accroître considérablement les possibilités de terres irrigables. L’obtention de la clôture financière signifie que toutes les étapes contractuelles ont été achevées. Tous les partenaires ont travaillé avec diligence pour conclure la transaction après avoir signé un protocole d’entente en octobre. Ce projet, qui constitue la plus grande expansion de l’irrigation de l’histoire de l’Alberta, contribuera à la croissance de l’économie albertaine et à la création d’emplois.

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