Un plan d’adaptation aux changements climatiques dirigé par des spécialistes

En 2013, la Ville de Bridgewater, en Nouvelle-Écosse, a présenté un Plan d’action municipal contre le changement climatique (PAMCCC) (en anglais seulement) à la province de la Nouvelle-Écosse visant à répondre aux questions suivantes : « Quelles sont les répercussions possibles du climat changeant sur la ville de Bridgewater et de quelle manière notre collectivité peut-elle y réagir? » Bridgewater anticipe des hivers et des étés plus chauds, davantage de précipitations, de canicules, de périodes de sécheresse et de précipitations extrêmes ainsi qu’une élévation du niveau de la mer de 0,5 m à 1,5 m au cours des 90 prochaines années. Ces changements climatiques suscitent des inquiétudes concernant la disponibilité et la qualité de l’eau, l’élévation du niveau de la mer et les changements touchant le rendement des systèmes d’infrastructures, ce qui oblige les autorités locales à modifier la façon dont elles gèrent leurs immobilisations et leurs activités. Après avoir analysé les températures extrêmes et les risques que doit affronter la collectivité, le PAMCCC a cerné neuf vulnérabilités et risques différents nommés « préoccupations en matière d’adaptation ». Pour aborder ces préoccupations, la Ville, les résidents de la localité, les partenaires communautaires et les ministères et organismes régionaux allaient mettre en œuvre 19 stratégies d’adaptation échelonnées sur une période de 5 à 7 ans. D’autres intervenants et groupes communautaires ayant des expertises précises liées aux changements climatiques et à l’adaptation ont été consultés, et les stratégies ont été organisées selon les thèmes suivants : Préservation, Évitement, Protection, Adaptation et Retraite gérée. Dans son rapport sur le développement durable présenté au conseil, le personnel signale que 80 % des mesures du PAMCCC ont été partiellement ou entièrement mises en œuvre.

Comprendre et évaluer les impacts

Le Plan d’action climatique de Bridgewater ne fait aucune mention précise d’événements météorologiques ou climatiques; il se penche plutôt sur l’avenir en prévision d’un climat changeant. Des hivers et des étés plus chauds, davantage de précipitations, de canicules, de périodes de sécheresse et de précipitations extrêmes ainsi qu’une élévation du niveau de la mer de 0,5 m à 1,5 m au cours des 90 prochaines années font partie de certaines des prévisions pour la province. Ces prévisions ont été extrapolées à partir de données scientifiques mondiales et canadiennes sur le climat, qui ont été publiées dans le rapport de 2011 de l’Association des solutions d’adaptation climatique de l’Atlantique (ACASA). La Ville a travaillé en étroite collaboration avec la Regional Emergency Management Organization (REMO) et elle a utilisé le modèle d’évaluation des risques et des vulnérabilités (ÉRV) comme cadre de travail pour mener son enquête et s’adapter aux changements climatiques liés aux risques, tant à l’échelle locale que régionale. De plus, une évaluation technique des vulnérabilités de la rivière LaHave a été réalisée, car il a été déterminé que des infrastructures municipales et d’autres infrastructures bâties, ainsi que les réseaux de transport, pourraient être considérablement touchés. L’objectif général était d’adopter une position proactive sur l’adaptation en menant des études sur les risques d’inondation et d’érosion des berges de la rivière. Plusieurs autres intervenants ont également été consultés afin de combler toutes les lacunes du processus. Les établissements et les infrastructures touchés ont été analysés au moyen de consultations avec le service d’ingénierie et d’autres employés municipaux. Les répercussions sur la collectivité ont été évaluées grâce à des consultations avec des intervenants externes (santé publique, ministère de l’Environnement, services communautaires, etc.) et une réunion publique a été organisée par l’intermédiaire du Réseau communautaire sur le développement durable. Voici les intervenants consultés :

  • Population générale
  • Service municipal d’ingénierie
  • Service municipal des parcs, des loisirs et de la culture
  • Commission des services publics de Bridgewater
  • South Shore Health – services de santé publique
  • Services communautaires de la Nouvelle-Écosse – bureau du district de Lunenburg
  • Regional Emergency Management Organization (REMO) du comté de Lunenburg
  • South Shore Business Growth Association
  • Fondation Bluenose Coastal Action
  • Service de police de Bridgewater

Déterminer les actions

La Ville a adopté une approche de gestion des risques dans le cadre de laquelle le vaste éventail d’enjeux liés au climat décrit dans les directives de la province a été intégré. Ces enjeux ont été utilisés pour cerner les principales sphères de préoccupation et les mesures que la Ville pouvait prendre pour aborder et atténuer les problèmes cernés. La Ville a également analysé les dangers liés aux conditions météorologiques extrêmes et à la lenteur de l’apparition des risques auxquels la communauté est confrontée ainsi que le niveau actuel de préparation afin de produire un résumé des vulnérabilités et des risques, appelé « préoccupations en matière d’adaptation ». Les préoccupations répondaient à un ou à plusieurs des critères suivants :

  • Pertinence par rapport à la santé et à la sécurité de l’être humain (surtout pour les populations vulnérables)
  • Pertinence par rapport aux dommages à long terme pour la communauté (du point de vue des infrastructures ainsi que d’une perspective sociale, économique ou environnementale)
  • Pertinence par rapport à la surcharge des services et à l’incapacité à fournir un secours d’urgence ou des services de rétablissement aux personnes ou aux organisations touchées

Neuf vulnérabilités et risques ont été cernés et classés dans le cadre de ce processus. Par la suite, la Ville, les résidents de la localité et les partenaires communautaires ont mis en œuvre 19 stratégies d’adaptation. Les stratégies ont été résumées et publiées en 2014 dans le Plan d’action municipal contre le changement climatique (PAMCCC). La mise en œuvre de ces stratégies a été présidée par le directeur de la planification, en collaboration avec l’ingénieur municipal, la Regional Emergency Management Organization, le planificateur du développement durable, un inspecteur du service d’incendie et l’urbaniste municipal. La planification de l’adaptation était un tout nouveau projet pour la Ville. Pour aborder les problèmes liés aux capacités limitées, des experts dans ce domaine ainsi que d’autres collectivités de la Nouvelle-Écosse ont été consultés dans le cadre du même processus de planification. L’objectif dans ce contexte était d’en apprendre davantage au sujet des approches adoptées par divers spécialistes. L’ensemble des stratégies et des mesures pouvant être adoptées par la Ville ont été prévues sur un horizon temporel de 5 à 7 ans pour aborder l’adaptation (réagir à un climat changeant) ainsi que l’atténuation (réduire les émissions de gaz à effet de serre).

Mise en oeuvre

Comme l’indique le rapport sur le développement durable de 2019 de la Ville de Bridgewater, 80 % des mesures décrites dans le PAMCCC ont été mises en œuvre partiellement ou complètement. Ce rapport répartit les progrès de l’initiative selon les cinq domaines de priorité du plan comme suit : 33 % des mesures dans tous les domaines ont été mises en œuvre et ont été couronnées de succès, 47 % des mesures ont été mises en œuvre partiellement ou sont en cours d’élaboration et 20 % des mesures n’ont pas encore été commencées. Voici un exemple des principaux faits saillants provenant du domaine de priorité « Planification d’urgence », de 2015 à 2019 :

  • Planification d’urgence : installation d’un nouveau groupe électrogène dans le garage des travaux publics et amélioration du système d’alimentation de secours pour inclure les pompes de carburant et d’autres zones de l’installation. Installation de nouvelles génératrices dans l’usine de traitement des eaux usées et aux stations de pompage 3 et 4. En 2018, les installations d’eaux usées ont fait l’objet d’une évaluation de conformité selon les normes post-désastre.

Les mesures décrites dans le PAMCCC qui n’ont pas été achevées et qui nécessitent une gestion continue ont été évaluées et réaffectées aux services municipaux concernés. Voici un exemple d’un service et de mesures réaffectées qui ne sont pas encore achevées :
Service : Ingénierie

  • Améliorer les capacités pour la planification d’urgence et la participation de la REMO
  • Élaborer et améliorer la continuité des opérations et les plans
  • Améliorer les sources d’alimentation de secours et les fournitures d’urgence

Un certain nombre de mesures ont été jugées comme manquant de pertinence organisationnelle ou de priorité ou ne justifiant pas d’efforts supplémentaires, tandis que d’autres ont été classées comme manquant de marge de manœuvre pratique pour l’amélioration. Voici un exemple d’une telle mesure :

  • Établir un système de consignation des risques climatiques locaux pour les infrastructures : le personnel surveille déjà les répercussions des dommages occasionnés par les tempêtes et d’autres impacts liés aux changements climatiques. Des efforts supplémentaires seraient nécessaires pour améliorer le système de compte rendu/rapport. Étant donné le manque de capacités pour entreprendre ce travail, ce point ne s’inscrit pas dans la liste des priorités organisationnelles.

Résultats et suivi des progrès

Grâce au PAMCCC, divers plans et projets liés à l’adaptation aux changements climatiques, qui étaient en cours d’élaboration, ont été réunis dans un même cadre de travail, accompagnés d’une cible et d’un objectif globaux. Ces projets comprenaient notamment les travaux suivants : planification relative au drainage et aux eaux pluviales, développement à faibles répercussions, planification exhaustive de la gestion des espaces verts et planification énergétique. Tous ces projets ont été mis en œuvre depuis l’élaboration du PAMCCC. Ces mesures ont fait l’objet d’une surveillance et d’une évaluation dans le rapport sur le développement durable publié en 2019, qui offrait aussi des mises à jour sur le statut des mesures. Ce rapport recommande également un examen du plan d’action climatique, en indiquant que des recommandations sont attendues pour obtenir plus de précisions de la part de la province concernant les exigences en matière d’adaptation aux changements climatiques. La principale difficulté dans le cadre du processus de planification de l’adaptation était le manque d’expertise sur l’adaptation climatique au sein de la Ville et de la collectivité. Il s’agissait d’un nouveau projet pour la Ville. Pour relever ce défi, une étude cartographique des risques d’inondation a été menée afin de mieux comprendre les répercussions sociales, économiques et environnementales des inondations dans les milieux urbains. De plus, les collectivités de la Nouvelle-Écosse qui participaient à un processus de planification semblable ont été consultées, en mettant l’accent sur la collaboration de la Regional Management Organization (REMO), car cette organisation avait l’expertise nécessaire pour soutenir le processus de planification de l’adaptation. Selon le comité consultatif sur les services climatiques municipaux, le PAMCCC de Bridgewater et celui d’autres municipalités locales en Nouvelle-Écosse constituent une importante étude de cas pour les chercheurs universitaires qui souhaitent comprendre les répercussions du programme. Trois leçons ont été tirées de cette recherche concernant les éléments clés qui aident les autorités locales à élaborer et à mettre en œuvre des plans d’adaptation :

  1. Un mandat juridique exigeant que toutes les municipalités élaborent un PAMCCC.
  2. Un renforcement collaboratif des capacités et un soutien provincial.
  3. Et surtout, une mesure incitative économique intergouvernementale, comme la taxe sur l’essence.

Prochaine(s) étape(s)

En allant de l’avant, les mesures du PAMCCC qui n’ont pas encore été achevées ont fait l’objet d’un examen par la haute direction et elles ont été réaffectées aux services municipaux pour être mises en œuvre. Le rapport sur le développement durable de la Ville souligne que la mise en œuvre de ces mesures nécessiterait des ressources adéquates, qui devront être prévues au budget de la Ville à l’avenir. De plus, le rapport explique que le personnel est en attente de recommandations afin d’obtenir plus de précisions et de conseils de la province sur les exigences de la mise à jour et de l’examen du PAMCCC.

Ressources