Stratégie de résilience aux changements climatiques de l’aéroport de Saint John

En 2021, l’aéroport de Saint John a élaboré une stratégie de résilience aux changements climatiques afin de comprendre la probabilité d’événements futurs liés aux changements climatiques, comme les inondations et les conditions hivernales changeantes, ainsi que les conséquences sur les infrastructures et les activités de l’aéroport. Il est important de comprendre les éventuels impacts des changements climatiques sur l’aéroport afin de soutenir la gestion des actifs, l’entretien et les infrastructures ainsi que la prise de décisions liées aux politiques.

Pour évaluer ces risques, le protocole du Comité sur la vulnérabilité de l’ingénierie des infrastructures publiques (CVIIP) a été utilisé. Les risques climatiques pertinents liés à la température, aux précipitations, aux conditions hivernales, au brouillard, à la foudre, aux tempêtes et aux feux de forêt ont été cernés. Les projections climatiques pour les périodes de 2021 à 2050 et de 2051 à 2080 ont été comparées aux valeurs et tendances historiques (de 1976 à 2005) pour les paramètres climatiques pertinents. Un seuil a été attribué à chaque paramètre climatique. Par conséquent, si une projection climatique dépassait ce seuil, les infrastructures ou activités étaient jugées vulnérables. Pour évaluer le risque, des scores ont été attribués à chaque interaction climat-infrastructure en fonction de la vulnérabilité par rapport aux seuils et de la probabilité du risque potentiel. Sur les 109 interactions analysées, 29 ont été jugées comme étant des risques élevés, 79 des risques modérés, faibles ou négligeables, et aucune interaction n’a été jugée comme étant un risque extrême. Des recommandations ont ensuite été formulées pour améliorer la résilience de l’aéroport. Ce projet a été soutenu par le Programme de l’évaluation des risques liés aux ressources de transport de Transports Canada.

Comprendre et évaluer les impacts

L’aéroport de Saint John dans la ville de Saint John, au Nouveau-Brunswick, accueille environ 280 000 passagers chaque année. L’aéroport est situé près de la rivière Mispec, à environ 8 km de la baie de Fundy. Pour comprendre et évaluer les risques potentiels associés aux changements climatiques sur l’aéroport de Saint John, les paramètres climatiques pertinents pouvant toucher les infrastructures et les activités de l’aéroport ont été établis à partir d’entrevues avec le personnel de l’aéroport et de l’examen des codes de construction, des événements climatiques antérieurs et de la documentation scientifique. Les paramètres climatiques comprenaient les températures moyennes/extrêmes, les précipitations extrêmes, les inondations riveraines, les conditions hivernales changeantes, les vents violents et les tempêtes, les périodes de brouillard, les épisodes de sécheresse et les feux de forêt. Les paramètres climatiques pour les conditions historiques (de 1976 à 2005) ont été comparés aux projections à court terme (de 2021 à 2050) et à long terme (de 2051 à 2080) selon le pire scénario d’émissions (RCP 8.5). Les données et les renseignements sur les tendances climatiques proviennent de l’Atlas climatique du Canada, du portail des données climatiques pour assurer l’avenir du Canada, de l’outil IDF-CC et de la documentation scientifique.

Saint John connaîtra une augmentation des températures au fil des ans et des saisons. La température maximale moyenne devrait passer de 29,1 °C à 31,2 °C à court terme et elle pourrait atteindre jusqu’à 33,6 °C à long terme. La durée et la période de la saison de croissance seront également touchées, ce qui aura des répercussions sur l’entretien de la végétation et la gestion de la faune. Une augmentation des événements de précipitations extrêmes est aussi prévue, ce qui pourrait contribuer à l’inondation des rivières voisines. Une hausse des températures hivernales pourrait contribuer à une augmentation des pluies verglaçantes, des pluies sur la neige, des tempêtes de glace et des épisodes de fonte rapide des neiges, ce qui pourrait également aggraver les inondations. La région pourrait connaître de plus en plus de tempêtes et d’éclairs intenses. Des épisodes de brouillard sont déjà présents à Saint John et l’on s’attend à ce qu’ils deviennent plus fréquents en raison de l’élévation du niveau de la mer et de l’augmentation des températures, mais l’ampleur des changements prévus n’a pu être déterminée. L’on s’attend également à ce que les périodes de sécheresse diminuent légèrement à court terme et augmentent légèrement à long terme, ce qui aura un effet sur la qualité et la quantité de l’eau. Enfin, le nombre de feux de forêt dans l’est du Canada pourrait doubler ou tripler d’ici 2100.

Déterminer les actions

Pour évaluer la vulnérabilité des infrastructures et des activités aux changements climatiques, la documentation de l’aéroport a été examinée et des entrevues ont été menées avec le personnel de l’aéroport. Cela a permis de cerner 29 composants d’infrastructure à inclure dans l’évaluation. Les composants de l’infrastructure ont été classés selon les catégories suivantes : systèmes côté piste, systèmes côté ville, bâtiments de l’aéroport, infrastructure civile, autres infrastructures de l’aéroport (p. ex., communications, électricité, carburant) et activités.

Pour chaque paramètre climatique, un seuil de conception a été attribué d’après l’expérience et les commentaires du personnel ainsi que les codes de conception. Les valeurs seuils pour chaque paramètre climatique ont été comparées aux données de référence historiques correspondantes et aux projections pour les périodes de 2021 à 2050 et de 2051 à 2080. Si une valeur de projection climatique dépassait le seuil attribué, l’infrastructure était considérée comme étant vulnérable aux changements climatiques, signifiant qu’elle pouvait être plus à risque à l’avenir.

Mise en oeuvre

Après avoir compris les impacts potentiels associés aux tendances climatiques futures et attribué des seuils de conception, une évaluation des risques a été réalisée. Pour chaque interaction climat-infrastructure pertinente, un score de risque a été attribué pour les périodes de 2021 à 2050 et de 2051 à 2080 en fonction de la vulnérabilité de l’infrastructure et de la probabilité de chaque risque potentiel. L’évaluation a cerné un total de 109 risques, dont 29 risques élevés et 79 risques modérés, faibles ou négligeables et zéro risque extrême.

Les risques les plus élevés étaient liés aux inondations de la piste et des infrastructures en raison des précipitations ou des crues de la rivière Mispec. Les autres risques élevés concernaient les impacts des conditions hivernales changeantes, comme les épisodes de pluie verglaçante et les fortes charges de neige, le vent, la foudre et la pluie sur les activités aéroportuaires. La plupart des dangers climatiques à risque élevé qui ont été cernés s’accompagnaient de conséquences, car ils pouvaient interrompre les horaires de vol, augmenter les activités de maintenance et perturber les opérations aéroportuaires, notamment les communications, la visibilité ainsi que la santé et la sécurité du personnel. Si l’on compare les risques pour le milieu et la fin du siècle, on constate une augmentation des risques négligeables, faibles et élevés, et une diminution des risques modérés, principalement liés aux paramètres climatiques associés au temps froid.

Résultats et suivi des progrès

Pour chaque interaction, une recommandation a été formulée : le risque ne nécessite pas d’étude supplémentaire; une mesure corrective est requise; une mesure de gestion est nécessaire; ou une étude supplémentaire est requise. Les principales recommandations pour les risques les plus élevés sont les suivantes :

  • Système de parafoudre pour réduire le risque de perturbations des systèmes de communication en raison de la foudre.
  • Augmentation de la longueur de la piste pour atténuer le risque de réduction de la performance des avions et de la portée de la charge utile à cause de la hausse des températures. L’augmentation de la longueur de la piste permettrait également de réduire les risques liés aux inondations et à la visibilité associée au brouillard.
  • Infrastructure pour faible visibilité afin de réduire les risques de mauvaise visibilité liés au brouillard.
  • Études supplémentaires sur la dynamique de la rivière Mispec, les causes des inondations et les avantages des mesures visant les infrastructures ou les opérations dans le but de réduire les inondations, notamment les systèmes de drainage des pistes ou les digues.

Le rapport d’évaluation a également noté les difficultés à prévoir l’apparition de risques cumulatifs et, même s’ils n’ont pas été inclus dans l’évaluation des risques, il est nécessaire d’en tenir compte lors de la gestion et de la planification des risques futurs.

Prochaine(s) étape(s)

L’aéroport de Saint John veillera à intégrer les recommandations provenant de cette évaluation lors de la planification des immobilisations et du remplacement des infrastructures. Les recommandations feront partie d’une stratégie plus vaste pour aborder les changements climatiques, protéger les activités de l’aéroport de Saint John et améliorer la résilience.

Ressources