Restauration d'un marais dans le domaine Taschereau

En 2009, la Corporation du Domaine du seigneur Taschereau a lancé le projet Domaine Taschereau afin d’aménager un parc écologique et récréatif tout en réhabilitant les fonctions écologiques du site.

Fondé en 1738, l’ancien domaine seigneurial de Taschereau est situé en majeure partie dans la plus vaste
zone humide de la vallée de la rivière Chaudière. Autrefois, il abritait un riche écosystème aquatique constitué d’un marais, de marécages, d’un étang et de prairies humides en plus de renfermer une faune et une flore diversifiées. Toutefois, l’agriculture et l’urbanisation ont contribué au déboisement et à l’assèchement de cette zone avec, entre autres conséquences, la disparition du marais vers 1890.

Échelonné sur un horizon de 10 ans, l’aménagement Domaine Taschereau – Parc nature avait pour objectif d’aménager un parc écologique de 0,53 km2 à des fins récréatives, touristiques et culturelles et de revitaliser l’aire inondable de l’ancien domaine en restaurant le marais disparu. Cette revitalisation visait à réhabiliter les fonctions écologiques du milieu humide, améliorer la qualité des eaux de surface et mettre le site en valeur à des fins récréatives et éducatives. L’aménagement final du parc a permis d’augmenter la quantité de sites naturels publics dans la région, de diversifier les écosystèmes fauniques et d’améliorer le stockage et la filtration des eaux de ruissellement dans le contexte de changements des régimes hydriques liés aux changements climatiques.

Comprendre et évaluer les impacts

Le projet de parc naturel a été instigué dès les années 1990, initialement afin d’offrir davantage d’espaces verts publics à la population locale et participer à l’attractivité et la qualité de vie dans la région. Le lieu étant une zone inondable du bassin versant de la rivière Chaudière, subissant environ une inondation par mois à l’époque, la construction y était déjà interdite et le secteur était demeuré relativement naturel, utilisé de façon informelle entre autres par les ornithologues amateurs. Ce contexte, en plus de l’historique du lieu comme ancienne seigneurie de l’époque de la Nouvelle-France, a poussé à la création d’un organisme – la Corporation du Domaine du seigneur Taschereau – afin de mettre en œuvre ce projet porteur pour la communauté locale. C’est en cours de développement du projet que les instigateurs ont noté l’opportunité de restauration écologique et la possibilité d’utiliser le futur parc comme outil de gestion des eaux.

Déterminer les actions

Avant même les initiatives de restauration écologique, la vision entourant l’aménagement du lieu était d’offrir un parc qui était non seulement accessible à la population, mais mettait aussi en valeur le caractère inondable du secteur et la liberté des eaux. À titre d’exemple, l’une des premières infrastructures bâties fut une promenade en bois, conçue pour demeurer accessible même lors des grandes crues printanières. C’est de plus en effectuant des recherches historiques que les porteurs de projets ont pu constater la présence ancienne d’un marais, qui avait disparu progressivement travers le temps en raison de l’agriculture et que les cultivateurs du secteur recréaient ponctuellement en creusant l’ancienne dépression. L’organisation a donc décidé de réhabiliter adéquatement l’ancien marais afin de recréer le milieu humide significatif qui s’y trouvait autrefois. Une variété de plus petites initiatives se sont ajoutées afin d’enrichir l’impact du projet principal au fil du temps. À titre d’exemple, la communauté locale des ornithologues amateurs s’est mobilisée afin de réaliser un inventaire des oiseaux présent sur le site, dans le but de monter une programmation éducative du parc et faire un suivi dans le temps des effets de la restauration écologique.

Mise en oeuvre

Du point de vue de la logistique et de la gouvernance, une collaboration continuelle avec une variété d’acteurs a dû être maintenue tout au long du projet. Le premier grand geste a été la création d’un organisme à but non-lucratif, la Corporation du Domaine du seigneur Taschereau, dès les années 1990 afin d’assurer la coordination de projet. Comme le parc devait prendre vie sur une zone qui recoupait plusieurs terrains, des ententes de partenariat ont dû être développées avec les différents propriétaires terriens, dont la Ville de Sainte-Marie. L’appui de la municipalité s’est prolongé tout au long de la réalisation du projet, autant par du financement que par son soutien lors du développement de nouveaux partenariat (par exemple avec l’organisme local de bassin versant) et l’obtention de permis. La municipalité a de plus facilité la consultation et participation de la population locale, ce qui a favorisé le soutien de la communauté envers le projet. De plus, la communauté d’affaires locale a soutenu le projet dès la première heure en se mobilisant pour offrir financement et visibilité au projet.

Dans son aspect technique, le projet a finalement consisté en la restauration du marais, d’une superficie de 22 000 m2. Ainsi, à la suite d’importants travaux d’excavation et d’aménagement du sol, environ 27 000 m3 de terre ont été retirés du site pour faire place au nouveau marais, dénommé Grand marais Denis-Sylvain. Le marais a été aménagé de manière à favoriser l’établissement d’une faune abondante et diversifiée tout en maintenant l’équilibre du nouvel écosystème, par exemple avec un bassin de rétention du sable pour prévenir l’ensablement. Des zones d’eaux peu profondes ont été aménagées et ensemencées de 16 espèces de plantes aquatiques indigènes. Ces zones servent à la fraie des poissons et ont permis l’aménagement d’abris à leur intention. Elles contribuent également à la nidification des oiseaux ainsi qu’à l’alimentation de certaines espèces d’oiseaux, de mammifères et d’amphibiens. De plus, une passe migratoire a été construite pour faciliter la circulation des poissons entre le marais et la rivière Chaudière. Par ailleurs, 900 arbres et arbustes ainsi que 2 500 plantes aquatiques ont été plantés sur les pourtours du marais afin que la faune puisse se nourrir, s’abriter et se reproduire.

Restauration d'un marais dans le Domaine Taschereau + I

Végétalisation du milieu humide après sa création, Domaine Taschereau - Parc Nature

Image of a sustainable urban rainwater management project in the City of Vancouver. The schematic includes incorporation of greenscaping as a way of not only beautifying the streetscape, but also to provide functional purposes such as rainwater management and small areas of habitat refugia. The image shows the integration of sustainable design with climate adaptation actions. Specific foci are on the inclusion of more city street trees, native plants, areas for pollinators, rain gardens, and the creation of common spaces for gathering.

Résultats et suivi des progrès

Les résultats de la création du parc et de la restauration du marais sont variés, allant du redéveloppement des écosystèmes au bien-être de la communauté de Sainte-Marie.

Après plus de 20 ans de développement, la création du parc a permis la reconstitution d’un marais de 22 000 m2, l’arrivée de certaines espèces animales associées aux milieux humides et dont le statut est passé
de celui de nicheur potentiel à celui de nicheur confirmé comme la loutre des rivières et
le martin-pêcheur, l’augmentation de la capacité de stockage des eaux de crue de 1 100 m3, la plantation de 19 000 arbres (en particulier le long des sentiers pour le confort des visiteurs), la réalisation d’activités de sensibilisation auxquelles ont participé des centaines de personnes ainsi que l’ouverture d’un espace naturel public de grande valeur écologique accessible à toute la population locale et participant à la fierté régionale.

Prochaine(s) étape(s)

Puisque la construction du parc comme tel et la restauration du marais ont été complétées en 2017, aucune nouvelle grande étape majeure n’est prévue pour le moment. De simples travaux correctifs pour re-méandrer un ruisseau sont planifiés. Du côté de l’aménagement du parc, de nouvelles installations sont prévues à moyen et long terme afin d’améliorer son accessibilité et la diversité de l’offre d’activités. Par exemple, la construction d’un lien cyclable et pédestre entre la Véloroute et le pont Beshro est prévue, ainsi que la création d’une aire horticole et d’un réseau de sentiers glacés.

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