Résilience aux faibles émissions de carbone et gouvernance transfrontalière des écosystèmes municipaux : Une étude de cas du ruisseau Still

Cette étude de cas du ruisseau Still (2017), effectuée par l’équipe d’adaptation aux changements climatiques (ACT) du Pacific Water Research Centre de l’Université Simon Fraser, illustre la collaboration fructueuse entre les villes de Vancouver et de Burnaby dans le grand Vancouver, dont les résultats ont permis d’améliorer la santé des écosystèmes et d’apporter de nombreux avantages à la collectivité dans le corridor du ruisseau, notamment le retour de saumons reproducteurs, après des décennies de négligence. Le partenariat, la gouvernance créative, la mobilisation communautaire et les approches de financement novatrices ont tous été des éléments essentiels qui ont aidé les deux villes à s’unir pour investir dans la santé de l’écosystème et lancer la restauration du ruisseau Still, l’un des deux seuls ruisseaux ouverts de la ville de Vancouver. Bien que les projets d’« infrastructures vertes » fondés sur les écosystèmes puissent aider les municipalités à s’adapter aux impacts des changements climatiques, tels que les inondations et la chaleur extrême, tout en offrant d’autres avantages communs, les administrations locales n’évaluent pas actuellement l’ensemble des avantages et des services fournis par les écosystèmes, ce qui compromet l’importance des infrastructures vertes dans les contextes décisionnels et politiques.

Comprendre et évaluer les impacts

Les changements climatiques entraînent une remise en question de la capacité d’adaptation des écosystèmes partout en Colombie-Britannique (C.-B.). Les conditions météorologiques extrêmes, notamment les précipitations intenses, les tempêtes côtières et les étés longs, chauds et secs, mettent à l’épreuve la résilience d’espèces qui sont forcées de se déplacer vers le nord et de s’installer plus haut sur les pentes, entrant souvent en concurrence avec les habitations humaines, en plus d’être confrontées à la fragmentation et à la perte d’habitat dues au développement humain et aux modes d’extraction des ressources. Des écosystèmes sains contribuent à l’absorption des inondations et au refroidissement passif des infrastructures construites, tout en améliorant la qualité de l’air, en augmentant l’espace de loisirs, en contribuant au bien-être physique et mental des personnes et en augmentant les prix de l’immobilier. Les écosystèmes sont donc de plus en plus reconnus comme un facteur important d’adaptation aux changements climatiques et ils apparaissent comme des priorités pour les villes sous la rubrique d’approches d’« infrastructures bleues-vertes » et de « Green Shores » dans le contexte côtier. Cependant, de nombreux écosystèmes s’étendent sur deux ou plusieurs municipalités et peuvent se fragmenter en raison d’approches de gestion différentes ou conflictuelles de villes voisines. Ce projet examine trois études de cas d’écosystèmes urbains dans la région du Grand Vancouver, afin d’explorer les défis et les bonnes pratiques à l’échelle municipale en matière de gouvernance des écosystèmes transfrontaliers dans un climat en changement. L’influence de la prise de décisions municipale était évidente dans le contexte du ruisseau Still, et cette étude de cas est donc devenue le point de mire du projet. Afin d’évaluer les résultats de la prise de décisions transfrontalière, des indicateurs et des valeurs associés à la santé des écosystèmes ont été sélectionnés et surveillés. L’évolution de chaque indicateur a été suivie dans le temps en cartographiant des documents d’archives et en examinant l’histoire des politiques et de la gestion de la région.

Déterminer les actions

L’équipe de recherche a procédé à des analyses documentaires sur les indicateurs de la santé des écosystèmes, ainsi que sur les méthodes d’évaluation des services et des écosystèmes. Des sondages sur le contexte politique ont été réalisés pour trois écosystèmes transfrontaliers (forêts de la côte nord, Boundary Bay, ruisseau Still), ainsi qu’un examen complet de l’historique de gestion et une analyse chronologique de la gouvernance du bassin versant du ruisseau Still. Les résultats des recherches ont été vérifiés sur le terrain à l’aide de praticiens municipaux et régionaux, qui ont participé aux approches de gestion du ruisseau Still, et ils comprennent une analyse des décisions politiques qui ont conduit à des succès ou des défis pour la santé des écosystèmes, et des recommandations pour les municipalités à partir des leçons tirées.

Résultats et suivi des progrès

L’étude de cas du ruisseau Still démontre la valeur de la collaboration municipale et les principales façons que les villes peuvent adopter pour travailler ensemble et réussir dans ce domaine. Le projet a révélé un certain nombre de succès qui illustrent une gouvernance municipale transfrontalière efficace, y compris la collaboration et le partenariat entre plusieurs ordres de gouvernement, des établissements universitaires et privés et des groupes communautaires, qui ont permis d’élaborer conjointement des stratégies et des mesures; et les efforts municipaux dans les deux villes pour faire participer le public et intégrer les connaissances locales dans le processus de planification, informer et sensibiliser, et ainsi obtenir un large soutien pour les politiques et les plans. Sur la base de ces résultats, quatre recommandations majeures pour la gouvernance municipale des écosystèmes transfrontaliers ont été formulées (applicables à d’autres municipalités), à savoir : tendre la main et former des partenariats; établir une entité collective formelle; accéder à du financement et des ressources de sources municipales; et faire participer la collectivité. Cette étude de cas a permis de révéler plusieurs défis pour la gestion des écosystèmes frontaliers au ruisseau Still. Ainsi, l’héritage du développement historique se traduit par une limitation de l’espace aménageable, et il existe de nombreuses utilisations du sol et priorités municipales concurrentes. Les municipalités avoisinantes peuvent avoir des priorités d’utilisation des terres très différentes en raison de leur historique de gestion et de leur contexte socio-économique uniques. La sensibilisation des gouvernements et du public à la valeur des écosystèmes est encore limitée. Enfin, les écosystèmes relèvent souvent de la compétence de plusieurs gouvernements, et il est peu probable que la santé des écosystèmes soit le mandat principal d’une municipalité. Malgré ces défis politiques, l’étude de cas du ruisseau Still met en évidence des exemples de pratiques de gouvernance d’écosystèmes qui ont abouti à des changements positifs en matière d’intégrité écologique et de résilience climatique renforcée.

Prochaines étapes

En plus des quatre recommandations politiques déjà mentionnées (tendre la main et former des partenariats; établir une entité de collaboration formelle; accéder à du financement et des ressources provenant de sources multiples; faire participer le public), ce projet comprend les prochaines étapes en matière de recherches supplémentaires, qui comprennent les suivantes : l’achèvement d’une analyse complète des valeurs fournies par les services et les bienfaits de l’écosystème du ruisseau Still dans deux municipalités; la détermination et l’analyse des changements dans d’autres indicateurs de la santé de l’écosystème du ruisseau Still afin de fournir une évaluation plus complète des facteurs contribuant à la vitalité du système au fil du temps; les conclusions politiques élaborées ici pourraient être testées pour leur pertinence parmi les collectivités ayant des cadres de gouvernance et de financement uniques (p. ex. les communautés des Premières Nations, les municipalités rurales et les districts régionaux); et la pertinence des conclusions stratégiques pourrait être mise à l’épreuve dans d’autres provinces et territoires.

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