Renforcer la résilience des collectivités : Considérations clés et leçons tirées de douze collectivités canadiennes

QUEST, une organisation non gouvernementale nationale qui fait la promotion de Smart Energy Communities (collectivités énergétiques intelligentes), a dirigé une initiative sur deux ans, intitulée « Les municipalités et les services publics s’unissent pour renforcer la résilience des communautés », qui vise à traiter les impacts des phénomènes météorologiques extrêmes (p. ex. les vents violents, les tempêtes de verglas, les inondations et les feux de forêt) sur la résilience énergétique des collectivités et des services publics d’énergie dans tout le pays. Près de 90 % des services publics d’énergie canadiens ont été fortement touchés par des phénomènes météorologiques extrêmes au cours de la dernière décennie. Malgré la nécessité d’un approvisionnement énergétique fiable, il existe peu d’outils et de processus d’évaluation pour aider les administrations et les services publics locaux à collaborer et à planifier efficacement l’atténuation des risques et l’adaptation aux changements climatiques. Cette initiative de deux ans a impliqué douze municipalités canadiennes dans les provinces du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard, du Manitoba et de l’Alberta, et elle poursuivait les objectifs suivants : 1) encourager la collaboration entre les municipalités, les services publics d’énergie et les autres intervenants des collectivités, 2) mener des évaluations des risques et de la vulnérabilité aux changements climatiques en utilisant des méthodologies approuvées, et 3) éclairer les mesures d’adaptation aux changements climatiques et de préparation aux situations d’urgence.

Comprendre et évaluer les impacts

L’initiative « Les municipalités et les services publics s’unissent pour renforcer la résilience des communautés » de QUEST visait à encourager la collaboration entre les municipalités, les services publics d’énergie et d’autres intervenants clés des collectivités, afin d’entreprendre une évaluation des risques et de la vulnérabilité aux changements climatiques à l’aide de plusieurs outils, ainsi qu’à travailler ensemble à la sélection de mesures d’adaptation aux changements climatiques, notamment : l’adoption de politiques et de pratiques, l’augmentation de prises de décision fondées sur les risques, l’amélioration des infrastructures, de l’aménagement du territoire de la planification des actifs, de la planification énergétique et des mesures de fiabilité, l’augmentation de l’éducation du public, de la communication, de la coordination, ainsi que des mesures et interventions d’urgence pendant des pannes de courant prolongées. Qu’elles soient situées à l’intérieur des terres ou sur la côte, les collectivités participantes sont exposées aux principaux types de risques climatiques suivants : 1. les dangers hydrologiques (p. ex. les inondations, l’élévation du niveau de la mer, l’érosion côtière et les tempêtes), et 2. Les dangers atmosphériques, en particulier les tempêtes de verglas, les tempêtes de vent, les blizzards, la grêle et les ouragans sur la côte est, ainsi que les pannes de courant et les interruptions de services qui y sont associées. D’autres dangers climatiques de plus en plus importants préoccupent les municipalités, notamment les vagues de chaleur prolongées, les déficits en eau, les feux de forêt et de broussailles, les interruptions de l’approvisionnement en nourriture et en médicaments et les déversements de matières dangereuses dus au mauvais temps. Les dangers hydrologiques et atmosphériques présentent des risques importants pour les infrastructures municipales (p. ex. les réseaux d’eaux pluviales, les réseaux d’eau potable et d’eaux usées, les routes municipales, les abris ou les communications), ainsi que pour les systèmes de distribution d’énergie, la continuité des services essentiels, sans parler des incidences sur la propriété privée, la santé et la sécurité publiques et l’économie locale. Les données et les cartes climatiques historiques et projetées pour ce rapport ont été extraites du Climate Change Hazards Information Portal (CCHIP) (Portail d’information sur les risques liés aux changements climatiques). Les données climatiques de chaque collectivité ont été extraites dans des feuilles de calcul et les données pertinentes ont été utilisées pour élaborer des résumés de données climatiques pour chaque collectivité.

Déterminer les actions

Cette initiative menée par QUEST (entre 2018 et la fin de 2019) a aidé douze municipalités de l’Alberta, du Manitoba, du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard à élaborer des évaluations des risques et de la vulnérabilité climatiques en utilisant une combinaison de collecte de données, d’exercices en atelier, d’outils d’évaluation validés et de méthodes pour élaborer des recommandations adaptées au contexte pour l’adaptation et la résilience aux changements climatiques. Phase 1 : Une étape d’évaluation des risques et de la vulnérabilité aux changements climatiques qui aboutit à un rapport d’évaluation pour chaque collectivité. QUEST a conçu et animé un atelier interactif et participatif réunissant plusieurs groupes d’intervenants clés en 2018. Les ateliers ont permis aux municipalités de déterminer les dangers, les risques et les vulnérabilités, tout en examinant les possibilités de réduire les risques et d’améliorer la performance environnementale des collectivités. Chaque collectivité participante a reçu son rapport d’évaluation des risques et de la vulnérabilité aux changements climatiques, qui comprenait une analyse plus approfondie des risques et de la résilience à tous les dangers climatiques, à l’aide du Disaster Resilience Portal (Portail de résilience aux catastrophes) du JIBC. Phase 2 : Une étape orientée vers l’action qui aboutit à un ensemble de recommandations précises pour faire progresser la résilience. Sur la base des résultats du sondage et du premier atelier, QUEST a conçu et animé un deuxième atelier interactif et participatif au cours du second semestre de 2019, avec les mêmes groupes d’intervenants. Le but de l’atelier était de déterminer des recommandations spécifiques à un lieu qui répondent aux points faibles reconnus. L’atelier a permis aux participants de sélectionner des recommandations en fonction du type de dangers relevés dans leur collectivité, de les classer par ordre de priorité et d’attribuer un coût, un échéancier et un responsable de service. Chaque collectivité participante a reçu son rapport de recommandations pour la résilience à la fin de 2019. Phase 3 : Mise en réseau et échange de connaissances.

Mise en œuvre

Au cours de la deuxième phase du projet, QUEST a aidé les municipalités participantes à sélectionner des recommandations adaptées aux dangers climatiques auxquels la collectivité est confrontée, ainsi que des initiatives et des politiques déjà en place. Les recommandations comprennent la sécurisation du budget et du financement, le développement d’une gouvernance municipale intégrée touchant au climat, le renforcement de l’éducation et de la communication publiques, l’intégration des risques climatiques et des mesures d’adaptation dans l’aménagement du territoire, les règlements et la gestion des actifs, et la construction d’infrastructures énergétiques résilientes. Les principales recommandations relatives au développement d’une gouvernance municipale intégrée sont les suivantes : créer un groupe de travail pour superviser les progrès et faire progresser les mesures d’adaptation aux changements climatiques; veiller à ce que l’évaluation des dangers/risques soit intégrée dans les principaux documents de planification municipale; et élaborer un Plan d’adaptation aux changements climatiques, en intégrant les recommandations issues de cette évaluation. Les principales recommandations relatives à la communication publique pour la préparation aux situations d’urgence comprennent les suivantes : élaborer une stratégie de communication intégrée axée sur les principaux dangers; élaborer une stratégie permanente d’éducation et de sensibilisation du public spécifique aux populations vulnérables, en travaillant avec des organismes partenaires; travailler avec les propriétaires actuels dans les zones inondables; organiser régulièrement des exercices communautaires pour chaque type de danger; et renforcer la collaboration avec l’industrie, les entreprises locales, les établissements de soins et les écoles. Les principales recommandations relatives à l’aménagement du territoire et à la gestion des actifs comprennent les suivantes : actualiser les plans d’aménagement du territoire et de gestion des actifs afin de tenir compte des dangers et des risques climatiques; veiller à ce que la collectivité dispose de règlements ou d’une réglementation appropriés pour limiter/interdire le développement dans des zones inondables; et investir dans les infrastructures vertes. Les principales recommandations relatives à la construction d’infrastructures énergétiques résilientes comprennent les suivantes : renforcer la collaboration avec les services publics; veiller à ce que toutes les installations et tous les services municipaux essentiels disposent d’une alimentation de secours fixe et de sources d’énergie multiples; étudier les systèmes de surveillance de l’énergie ainsi que les ressources énergétiques locales et le stockage d’options locales d’énergie et de chaleur renouvelables aux installations et aux abris municipaux.

Résultats et suivi des progrès

Tout au long de l’initiative, QUEST a permis d’établir des forces et des faiblesses communes aux municipalités participantes. Les points forts communs se classent dans les catégories suivantes : Plan de gestion des urgences (PGU) (p. ex. des PGU sont en place et régulièrement révisés); Coordination et communication (p. ex. le maire et le conseil municipal comprennent généralement leurs rôles et responsabilités en matière de communication avec le public avant, pendant et après un événement); Résilience énergétique (p. ex. des alimentations de secours fixe et mobile existent pour la plupart des établissements essentiels); Aménagement du territoire et gestion des actifs (p. ex. les documents d’aménagement du territoire et les plans de gestion des actifs tiennent de plus en plus compte des dangers climatiques); et la Sécurité alimentaire (p. ex. la plupart des collectivités encouragent les jardins et les marchés locaux, mais n’ont pas de politique pour augmenter le nombre de toits verts, de jardins communautaires, notamment, ni de stratégie de sécurité alimentaire). Les vulnérabilités communes se classent dans les catégories suivantes :

  • Infrastructures hydrauliques (p. ex. priorisation continue pour la séparation et le remplacement des anciennes conduites d’eaux pluviales et d’égouts);
  • Infrastructures énergétiques (p. ex. toutes les municipalités dépendent du réseau principal pour l’électricité);
  • Approvisionnement en énergie (p. ex. l’éducation du public sur la préparation aux situations d’urgence est encore faible);
  • PGE (ne tiennent pas compte des projections climatiques, et donc ne tiennent pas compte de la fréquence ou de la gravité accrue des inondations, des feux de forêt et/ou des nouveaux dangers climatiques);
  • Communications (p. ex. la plupart des collectivités ne disposent pas d’un inventaire des compétences et des ressources de la collectivité);
  • Planification (p. ex. la plupart des collectivités n’ont pas de groupe de travail ou de comité établi pour assurer la coordination et la responsabilité de l’avancement des mesures d’adaptation);
  • Alimentation, médicaments (p. ex. toutes les municipalités n’ont pas de stratégie pour les interruptions de l’approvisionnement alimentaire); et
  • Transport (p. ex. les petites collectivités doivent obtenir ou désigner des véhicules pour transporter les personnes vulnérables vers les abris).

Prochaine étapes

Au cours de la deuxième phase du projet, QUEST a aidé les municipalités participantes à sélectionner des recommandations adaptées aux dangers climatiques auxquels la collectivité est confrontée, ainsi que des initiatives et des politiques déjà en place. Les recommandations comprennent la sécurisation du budget et du financement, le développement d’une gouvernance municipale intégrée touchant au climat, le renforcement de l’éducation et de la communication publiques, l’intégration des risques climatiques et des mesures d’adaptation dans l’aménagement du territoire, les règlements et la gestion des actifs, et la construction d’infrastructures énergétiques résilientes. Parmi les principaux défis à relever par les municipalités, on peut citer le manque de ressources financières pour une action proactive, le manque de ressources humaines et les difficultés organisationnelles, ainsi que le manque d’harmonisation entre les différents ordres de gouvernement. Parmi les principaux défis à relever par les services publics d’énergie, citons la gestion de l’incertitude et de l’augmentation des coûts, ainsi que des investissements importants pour améliorer la gestion du réseau en temps réel. Chaque recommandation et chaque défi sont couverts de manière plus détaillée dans le rapport.

Le projet se termine par huit conseils pour élaborer une stratégie de résilience, notamment :

  1. Sachez où vous vous situez avant de commencer;
  2. Connaissez votre ennemi;
  3. Soyez général, ouvert, rigoureux;
  4. Reconnaissez vos forces et vos faiblesses;
  5. Considérez vos options;
  6. Ne réinventez pas la roue, améliorez simplement son application;
  7. Assurez-vous de disposer de ressources financières stables; et
  8. Répétez le processus.

En outre, des conseils sont fournis pour élaborer une stratégie de communication efficace, y compris des messages clés par type de danger.

Ressources

Lien vers l’étude de cas complète (en anglais seulement)

Ressources supplémentaires: