Régularisation du lac Supérieur et du lac Ontario : face à l’incertitude concernant les niveaux d’eau des Grands Lacs d’amont

L’étude intitulée Régularisation du lac Supérieur et du lac Ontario : face à l’incertitude concernant les niveaux d’eau des Grands Lacs d’amont (l’Étude) a réuni divers ordres de gouvernement ainsi que des intervenants et des experts par l’entremise de la Commission mixte internationale (CMI) pour examiner les niveaux d’eau, compte tenu des technologies de modélisation améliorées et de l’évolution des bonnes pratiques en matière de participation des intervenants. Bien que l’impulsion de l’Étude ait été largement guidée par la directive générale de la CMI de comprendre les effets des conditions climatiques changeantes sur les Grands Lacs et les options pour y faire face, la participation des intervenants a permis de clarifier et de préciser les objectifs de l’Étude. Les intervenants ont notamment exprimé des préoccupations concernant la santé des écosystèmes, les inondations, l’érosion, la valeur des propriétés, les coûts de transport, l’approvisionnement en eau et les loisirs. Bien que le comité de l’Étude n’ait pas le mandat de mettre en œuvre des mesures, l’Étude s’est conclue par une multitude de recommandations. La plus importante de ces recommandations était la promotion d’un nouveau plan de régularisation pour le lac Supérieur, qui s’est avéré plus performant dans des conditions de sécheresse et d’inondation. Le nouveau plan de régularisation a été élaboré en consultant les intervenants concernés qui ont contribué à créer et à comparer plus de 100 plans de régularisation de rechange. Malgré une multitude de recommandations, l’Étude a conclu également que la modélisation et les projections doivent être améliorées en ce qui concerne le réseau des Grands Lacs afin d’obtenir un degré de certitude plus élevé quant aux risques futurs auxquels la région est confrontée.

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Comprendre et évaluer les impacts

Comme l’indique le titre de l’Étude, le problème central auquel est confronté le lac Supérieur est l’incertitude quant aux niveaux d’eau futurs en raison des changements climatiques connus et prévus. Afin de mieux comprendre ces changements et leurs effets sur les intervenants, l’Étude a entrepris une analyse des conditions hydroclimatiques. En effectuant cette analyse hydroclimatique, l’Étude visait à mieux comprendre les précipitations et l’évaporation dans les Grands Lacs, à examiner l’exactitude des données historiques et à utiliser une nouvelle modélisation pour évaluer les impacts potentiels des changements climatiques sur les niveaux d’eau. L’Étude s’est également appuyée sur la mobilisation des intervenants pour mieux comprendre les préoccupations relatives aux niveaux d’eau incertains, dont beaucoup sont décrites à la section Brève description. Certains des risques climatiques futurs pourraient être associés à de faibles niveaux des lacs, ce qui pourrait avoir une incidence sur l’approvisionnement en eau des municipalités, les écosystèmes et la valeur des propriétés, entre autres impacts. Le principal défi pour comprendre les impacts potentiels des niveaux imprévisibles des lacs a été le manque de certitude lié aux renseignements fournis par les analyses hydroclimatiques. Les incertitudes actuelles pourraient être réduites au minimum par des efforts de collecte de données plus robustes et coordonnés. Dans cette optique, l’Étude préconise une expansion des programmes officiels de collecte de données dans la région des Grands Lacs et un effort continu pour améliorer les analyses entreprises par l’Étude.

Déterminer les actions

Afin de déterminer les mesures à prendre, l’Étude a utilisé un modèle de vision commune. La planification de la vision commune est « un processus itératif et collaboratif grâce auquel les participants peuvent mieux comprendre les implications de toute décision de régularisation ». Grâce à ce modèle, les participants ont créé plus de 100 plans de régularisation de rechange. Sur les plus de 100 plans créés, le comité de l’Étude a sélectionné 4 des plans les plus performants pour un examen plus approfondi. Sur ces 4 plans, il est apparu que l’un d’entre eux était plus performant, voire aussi performant, dans tous les scénarios de niveaux d’eau, y compris des niveaux les plus bas et les plus élevés. Ce plan de régularisation le plus performant a finalement été sélectionné par le comité de l’Étude. Outre l’élaboration de nouveaux plans de régularisation, l’Étude a également désigné les avantages qui pourraient découler de l’introduction d’une stratégie de gestion adaptative. Le comité de l’Étude est arrivé à la conclusion qu’une stratégie de gestion adaptative était nécessaire après avoir admis que les nouveaux plans de régularisation ne pouvaient à eux seuls contrecarrer les effets négatifs des niveaux extrêmes des lacs. En outre, les interventions d’ingénierie lourde s’accompagnent de coûts prohibitifs et de longs délais de mise en œuvre. Les stratégies de gestion adaptative proposées comprendraient des éléments tels que la surveillance et la modélisation permanentes, l’évaluation itérative des risques, la « gestion de l’information et la sensibilisation », ainsi que la collaboration gouvernementale à plusieurs niveaux. L’Étude note que la collaboration entre de nombreuses parties en vue de créer une approche normalisée de la gestion de l’adaptation peut s’avérer difficile.

Résultats et suivi des progrès

La phase de planification de l’étude Régularisation du lac Supérieur et du lac Ontario : face à l’incertitude concernant les niveaux d’eau des Grands Lacs d’amont a donné lieu à divers résultats, notamment la proposition d’un nouveau plan de régularisation et la nécessité d’une stratégie coordonnée de gestion adaptative. Outre la production de recommandations, la phase de planification a également permis de désigner les domaines qu’il n’est pas possible de poursuivre pour le moment, ainsi que les possibilités d’améliorer l’efficacité. Tout d’abord, l’Étude a déterminé que la clarté et la facilité de la régularisation pourraient être améliorées en consolidant l’actuelle régularisation du lac Supérieur et ses diverses modifications subséquentes en un seul document facile à comprendre. Deuxièmement, l’Étude a permis de conclure que les efforts de restauration par une ingénierie lourde (en particulier à un endroit précis près du lac Michigan) auraient des effets négatifs sur les intervenants et coûteraient très cher, et qu’il fallait donc les abandonner. De plus, bien que la régularisation de plusieurs lacs ait été envisagée à l’origine comme une stratégie potentielle pour répondre à l’incertitude liée aux niveaux d’eau du lac Supérieur, il a été déterminé qu’une telle voie s’accompagnerait également de coûts extrêmement élevés et pourrait s’avérer inefficace en raison d’une multitude de facteurs entourant notamment l’incertitude des conditions climatiques futures dans la région élargie des Grands Lacs. Il a été noté qu’un renforcement de la surveillance et de la modélisation hydroclimatiques sera une étape nécessaire pour évaluer efficacement les risques futurs. Les complications découlant de la nécessité d’une coordination inter/intra-gouvernementale peuvent constituer un obstacle à ce suivi.

Prochaine(s) étape(s)

Comme il est brièvement indiqué à la section Cerner les mesures à prendre de ce résumé d’études de cas, l’Étude recommande l’adoption d’un nouveau plan de régularisation pour le lac Supérieur. Ensuite, une stratégie de gestion de l’adaptation est suggérée afin de faciliter une surveillance hydroclimatique améliorée, des formes supplémentaires de collecte de données pertinentes, ainsi qu’une multitude d’améliorations de la coordination intergouvernementale et intragouvernementale. La création d’un conseil consultatif sur les niveaux d’eau des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent est essentielle à l’amélioration de la coordination au sein des organismes gouvernementaux et entre eux aux fins de l’administration d’une stratégie de gestion adaptative. Afin de créer un nouveau conseil consultatif et de mettre en œuvre une stratégie de gestion de l’adaptation, l’Étude indique que la Commission mixte internationale (pour laquelle l’Étude a été réalisée) doit rechercher des possibilités de financement auprès des gouvernements concernés. En outre, l’Étude recommande la mise en place d’une « étude collaborative sur la gestion adaptative régionale » afin de mieux guider la création d’une stratégie de gestion de l’adaptation et de s’appuyer sur le travail effectué dans le cadre de cette Étude. Il est important de souligner que l’Étude conclut également que des ressources supplémentaires ne devraient pas être consacrées à la « régularisation de plusieurs lacs dans le réseau des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent » en raison de l’incertitude climatique, des coûts prohibitifs et des exigences institutionnelles qui accompagneraient une telle démarche.

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