Projet d’adaptation aux changements climatiques de Dawson

En réponse à l’inquiétude croissante des résidents quant aux répercussions du réchauffement rapide du climat nordique sur leur collectivité et leurs moyens de subsistance, la Ville de Dawson a achevé en 2010 le premier plan d’adaptation du Yukon, intitulé le plan d’adaptation aux changements climatiques de Dawson. Au Yukon, la ville de Dawson est construite principalement sur une étroite plaine d’inondation près du confluent de la rivière Klondike et du fleuve Yukon. Le lotissement urbain, situé juste au-dessous du cercle polaire arctique, à 64° de latitude nord, se trouve dans une région caractérisée par un pergélisol discontinu, des collines ondulées et des vallées fluviales profondément encaissées. Les résidents de Dawson sont de plus en plus préoccupés par les conséquences du réchauffement rapide du climat nordique sur leur collectivité et leurs moyens de subsistance. Par exemple, le dégel du pergélisol, les incendies de forêt, les inondations et la modification du régime des précipitations, ainsi que les conséquences qui en découlent, tant positives que négatives pour la collectivité et l’environnement naturel. Les conséquences potentielles comprennent les problèmes d’accès, la dégradation des services publics communautaires, les dommages aux bâtiments, l’allongement de la période de végétation pour les agriculteurs locaux, les changements dans l’utilisation des terres, les répercussions économiques et les pressions sur les récoltes traditionnelles. En 2007, le Northern Climate ExChange, un organisme sans but lucratif basé au Yukon, a commencé à travailler avec trois collectivités du Yukon sur la planification de l’adaptation aux changements climatiques. Dawson a été la première collectivité du Yukon à élaborer un plan d’adaptation. Le plan d’adaptation définitif comprend une liste de 43 mesures hautement prioritaires, dont 21 à mettre en œuvre immédiatement et 22 à envisager d’ici 2020. Bon nombre des mesures proposées dans le plan d’adaptation répondent à plus d’une conséquence pour la collectivité. Les mesures proposées allaient de « l’étude de la protection contre les inondations de la station de traitement des eaux usées proposée » à « la mise en œuvre d’une formation de préparation pour répondre aux urgences potentielles liées aux changements climatiques ». L’élaboration du plan d’adaptation de Dawson a permis de créer une ressource communautaire pour soutenir la planification et la prise de décision en matière d’adaptation au niveau local.

Comprendre et évaluer les impacts

Le projet d’adaptation aux changements climatiques de Dawson (Dawson Climate Change Adaptation Project -DCAP) a été proposé pour aider les résidents de Dawson à se préparer à toute condition défavorable ou possibilité que les changements climatiques pourraient entraîner. La ville de Dawson a été choisie par le Northern Climate ExChange en 2008 pour piloter une stratégie d’adaptation aux changements climatiques en raison de l’intérêt qu’elle avait déjà manifesté pour les changements climatiques, de l’infrastructure existante (c’est-à-dire un plan de durabilité), de l’existence de partenaires de recherche pertinents et de l’intérêt des Premières Nations.

Dès le départ, un comité consultatif local a été créé pour diriger le projet. L’un des principaux objectifs du comité consultatif local était de faire participer la collectivité à des discussions sur les risques, les vulnérabilités et les valeurs liés au climat. Pour comprendre les projections en matière de changements climatiques, on a fait appel au Pacific Climate Impacts Consortium (p. ex. les changements en matière de température et de précipitations pour 2041 à 2070 propres à la région de Dawson). D’ici 2050, le Modèle régional canadien du climat prévoit que la température annuelle à Dawson augmentera de 2,5 à 3,5 °C. L’hiver devrait connaître le réchauffement le plus important, soit de 4 à 6 °C, ce qui représente l’une des plus grandes variations de température hivernales de toute la région de l’Ouest de l’Amérique du Nord. Les températures estivales devraient augmenter de 1,5 à 2,5 °C et les précipitations de 10 à 40 %, mais ces estimations sont grandement incertaines.

Dawson a ensuite organisé une semaine de consultation dans la collectivité pour élaborer un scénario régional des répercussions des changements climatiques, analyser les vulnérabilités et élaborer des stratégies d’adaptation. Les vulnérabilités de la collectivité ont été classées par ordre de priorité en fonction du niveau anticipé de la répercussion, de la probabilité de la répercussion et de la capacité d’adaptation de la collectivité. Les participants ont identifié une série de répercussions, notamment le dégel du pergélisol, les incendies de forêt, les inondations et la modification du régime des précipitations, ainsi que les conséquences qui en découlent, tant positives que négatives, pour la collectivité et l’environnement naturel. Les conséquences potentielles comprennent les problèmes d’accès, la dégradation des services publics communautaires, les dommages aux bâtiments, l’allongement de la période de croissance pour les agriculteurs locaux, les changements dans l’utilisation des terres, les répercussions économiques et les pressions sur les récoltes traditionnelles.

Déterminer les actions

Le projet d’adaptation aux changements climatiques de Dawson a été divisé en trois parties : une évaluation de la vulnérabilité, un plan d’adaptation et un plan de mise en œuvre. Le processus de planification s’est déroulé en quatre étapes : 1) Projection des changements climatiques; 2) Détermination des sensibilités et des possibilités; 3) Évaluation des risques; 4) Recommandations finales. La quatrième étape était l’élaboration de mesures d’adaptation. L’évaluation des risques a résumé les problèmes communautaires en une liste de 78 « conséquences communautaires ». Un cadre d’évaluation des risques a ensuite permis de déterminer le niveau de priorité pour traiter chaque conséquence (p. ex. faible, moyen et élevé). Des mesures d’adaptation suggérées ont été formulées pour toutes les conséquences, et une ou plusieurs organisations partenaires (p. ex. le gouvernement du Yukon et le conseil municipal de Dawson) ont été identifiées pour assurer le leadership de chaque mesure.

Le plan final comprend une liste de 43 mesures hautement prioritaires, dont 21 devaient être mises en œuvre immédiatement et 22 devaient être envisagées avant 2020. Bon nombre des mesures proposées dans le plan d’adaptation répondent à plus d’une conséquence pour la collectivité. Les mesures proposées allaient de « l’étude de la protection contre les inondations de la station de traitement des eaux usées proposée » à « la mise en œuvre d’une formation de préparation pour répondre aux urgences potentielles liées aux changements climatiques ». Dans le Dawson Climate Change Adaptation Plan [plan d’adaptation aux changements climatiques de Dawson], les vulnérabilités de la collectivité sont cernées, puis des stratégies d’adaptation sont définies et classées par ordre de priorité.

Mise en œuvre

Pour chacune des 78 conséquences communautaires relevées, des tableaux d’évaluation des risques ont été remplis conjointement par l’équipe de projet et le comité consultatif local, puis approuvés par le comité consultatif technique. Chaque conséquence communautaire comprenait des renseignements sur le niveau d’impact, la probabilité, la capacité d’adaptation, le niveau de priorité global, les mesures d’adaptation suggérées et le ou les partenaires principaux. Par exemple, la conséquence communautaire intitulée « Le déclin du pergélisol oblige à réorganiser le site de la ville » a un niveau d’impact estimé à « élevé » et l’on suggère une « évaluation détaillée du pergélisol » comme mesure d’adaptation. Le gouvernement du Yukon, le gouvernement du Canada, la Première Nation des Tr’ondëk Hwëch’in et la Ville de Dawson figurent parmi les principaux partenaires potentiels. Le Northern Climate ExChange a alloué 120 000 $ pour aider à la mise en œuvre du plan : 30 000 $ ont été utilisés pour embaucher un coordinateur de projet local, et le reste de l’argent a été attribué à quatre projets d’adaptation locaux choisis par le biais d’un processus concurrentiel. Les quatre projets financés ont été réalisés sur une période de huit mois se terminant en juin 2010. En outre, 15 recommandations du plan final ont été mises en œuvre par diverses organisations gouvernementales et non gouvernementales. Les projets comprennent un plan d’intervention d’urgence du service d’incendie de Dawson, une évaluation de la sécurité alimentaire le long de la rivière Dawson (Première Nation des Tr’ondëk Hwëch’in), la compilation par le gouvernement du Yukon d’un inventaire accessible au public des conditions du pergélisol et une évaluation de la vulnérabilité des bâtiments du gouvernement du Yukon à la dégradation du pergélisol. Les projets portaient sur la sécurité alimentaire et énergétique ainsi que sur la sensibilisation aux changements climatiques. Le gouvernement des Tr’ondëk Hwëch’in, par exemple, a obtenu des fonds pour construire une serre communautaire afin d’accroître la sécurité alimentaire locale en prolongeant la période de croissance et en produisant davantage d’aliments locaux.

L’un des objectifs importants du plan était d’intégrer la prise de décision en matière d’adaptation dans les procédures de planification normalisées et de fonctionnement du gouvernement dans la région de Dawson. Aux fins de l’intégration des changements climatiques, le plan d’adaptation comprenait des recommandations organisées selon les procédures opérationnelles normalisées suivantes : utilisation des terres, intervention d’urgence, gestion des incendies et planification des infrastructures. Le processus de planification a permis de sensibiliser la population, mais il reste encore beaucoup à faire avant que les considérations relatives aux changements climatiques ne soient pleinement intégrées dans le processus décisionnel quotidien de la collectivité.

Résultats et suivi des progrès

En 2018, la saison des incendies de forêt s’est avérée particulièrement grave et a démontré la vulnérabilité persistante de la collectivité aux changements climatiques, en plus de susciter des questions sur la préparation et la résilience aux changements climatiques en général et plus précisément aux incendies de forêt. Face à cette situation, des chercheurs de l’Université de l’Alberta ont mené des recherches comportant des discussions avec des décideurs locaux (p. ex. des élus, des urbanistes, des ingénieurs et des responsables de la gestion des urgences) sur leur point de vue concernant le risque d’incendie de forêt, les leçons tirées des dernières saisons d’incendies de forêt et la manière dont ces connaissances seront intégrées dans la politique d’adaptation stratégique et la planification de la saison des incendies de forêt de 2019. Les entretiens avec les décideurs locaux ont permis d’identifier un certain nombre de mesures d’adaptation actuellement mises en œuvre à Dawson. Par exemple, Dawson participe au programme Intelli-feu du gouvernement du Yukon; la Ville collabore avec le territoire pour sensibiliser la collectivité sur la façon de réduire les risques d’incendie de forêt; et elle mène régulièrement des activités de planification de scénarios d’urgence impliquant une variété de différentes parties prenantes.

Le plan d’adaptation aux changements climatiques de Dawson fournit une analyse complète des vulnérabilités, des stratégies d’adaptation, des possibilités pour la collectivité et des répercussions des changements climatiques sur la ville de Dawson. La réussite du projet est due au grand nombre de bénévoles, à un niveau élevé de participation de la collectivité, au soutien important du conseil des Tr’ondëk Hwëch’in et au travail du coordinateur local du projet. Bon nombre des pratiques exemplaires et des leçons apprises sont appliquées aux initiatives de planification de l’adaptation dans d’autres collectivités du Yukon, dont Whitehorse et Mayo. Cependant, la création du plan d’adaptation aux changements climatiques s’est heurtée à de nombreux défis, notamment la variabilité climatique, le manque de communication entre les réseaux existants liés au climat, les contraintes sociopolitiques, le manque de capacités, la volonté d’atténuer les effets plutôt que de s’adapter, le manque d’objectifs mesurables et de résultats souhaités, ainsi qu’un manque général de connaissances scientifiques poussées en ce qui concerne les changements climatiques à échelle réduite. Parmi les facteurs favorables au projet, citons la grande capacité d’adaptation des collectivités historiquement dépendantes des ressources, la connaissance locale du climat, l’inquiétude de la collectivité à l’égard des changements climatiques, l’engagement fort de la collectivité et un corpus croissant de connaissances dans lequel puiser.

Prochaine(s) étape(s)

Selon les résultats de la recherche menée en 2019 par l’Université de l’Alberta, le conseil municipal de la Ville de Dawson est sensibilisé à la protection de l’environnement et accepte la nécessité de s’adapter aux changements climatiques. Les résultats des entretiens avec les décideurs locaux indiquent que si la réflexion sur les changements climatiques va dans la bonne direction, les personnes interrogées estiment nécessaire d’y accorder une plus grande priorité. En ce qui concerne les incendies de forêt, les besoins plus immédiats liés au dégel du pergélisol sont prioritaires. La Ville s’efforce également d’améliorer la sécurité alimentaire locale. L’autosuffisance est une nécessité dans une collectivité aussi isolée.

Une sélection d’adaptations sera mise en œuvre dans le cadre d’un volet du projet d’adaptation de Dawson, financé par le Fonds fiduciaire de la Stratégie pour le Nord.

Ressources