Prévision des dommages économiques associés aux inondations causées par les ondes de tempête : étude de cas dans la région de Tantramar au Nouveau-Brunswick

En s’appuyant sur des recherches antérieures ayant estimé les changements dans les niveaux des inondations causées par les ondes de tempête à partir des changements projetés dans l’élévation du niveau de la mer, Green Analytics s’est associé à l’Université Mount Allison en 2012 pour effectuer une analyse comparative des dommages économiques associés aux inondations côtières causées par les ondes de tempête dans le cadre de scénarios futurs de changements climatiques dans la collectivité de Sackville, au Nouveau-Brunswick, et a identifié les répercussions possibles pour les stratégies d’adaptation de la collectivité. La région de Tantramar, dans le Sud-Est du Nouveau-Brunswick, est une zone côtière soumise à de fortes forces de marée provenant de la partie supérieure de la baie de Fundy. Elle s’appuie sur un système de digues d’environ 33 km pour protéger la ville de Sackville, une voie ferrée et une route interprovinciale, ainsi que les terres agricoles environnantes. Dans la région de Tantramar, l’une des plus grandes menaces liées aux changements climatiques est l’évolution des risques d’inondation associés à l’élévation du niveau de la mer. La mesure dans laquelle les collectivités comme la ville de Sackville et la région de Tantramar devraient élaborer des plans d’adaptation conçus pour faire face à ce risque dépend de la prévision des coûts associés aux inondations futures. En s’appuyant sur la recherche menée par Daigle (2012), qui a estimé les changements dans les niveaux des inondations causées par des ondes de tempête à partir des changements projetés dans l’élévation du niveau de la mer, la recherche actuelle a pu examiner les coûts potentiels des dommages causés par les inondations à la ville de Sackville et à la région environnante pour quatre secteurs économiques : résidentiel, commercial/industriel, agricole et public.

Comprendre et évaluer les impacts

La question de l’élévation du niveau de la mer et de ses répercussions pour les collectivités côtières du Nouveau-Brunswick est devenue une préoccupation grandissante à mesure que la science des changements climatiques continue de faire progresser notre compréhension de la question.

Des travaux antérieurs, soutenus par Solutions d’adaptation aux changements climatiques pour l’Atlantique et l’Université Mount Allison, ont documenté les risques d’inondation importants auxquels est confrontée la région de Tantramar. Les estimations du niveau de la mer publiées récemment pour une onde de tempête de 8,9 m (une année sur dix, par exemple) pourraient submerger environ 90 % du système de digues existant et inonder temporairement 20 % de la ville de Sackville, au Nouveau-Brunswick. Dans le but de mieux comprendre les coûts économiques associés aux risques d’inondation liés aux changements climatiques, cette étude a été menée dans le cadre d’un partenariat entre Green Analytics et l’Université Mount Allison, et a été financée par Solutions d’adaptation aux changements climatiques pour l’Atlantique, l’Université Mount Allison et le Conseil de recherches en sciences humaines. Les estimations du niveau de la mer ont été obtenues de Daigle (2012) et combinées avec les biens à risque (par exemple, les résidences, les entrepôts) dans un système d’information géographique (SIG) hébergé à l’Université Mount Allison. À l’aide d’un régime de scénarios de changements climatiques et d’actifs à risque connus, trois objectifs ont été définis : (1) caractériser les dommages potentiels existants (ou de base) associés aux inondations dues aux ondes de tempête; (2) caractériser la façon dont ces dommages potentiels sont susceptibles de changer avec les augmentations prévues de l’élévation du niveau de la mer liée aux changements climatiques; (3) démontrer comment les scénarios d’adaptation peuvent être analysés pour leur efficacité à réduire l’exposition aux dommages causés par les inondations. Pour cette étude de cas, le coût des dommages potentiels des inondations à Sackville a été évalué par secteur économique : résidentiel, commercial/industriel, agricole et public. Les estimations des dommages ont ensuite été organisées pour décrire les dommages causés par les inondations pour une série de scénarios de changements climatiques futurs et d’adaptation, formant ainsi l’analyse comparative.

Déterminer les actions

Afin d’évaluer le potentiel d’adaptation de la collectivité pour compenser les coûts attendus, les auteurs se sont appuyés sur les contributions des parties prenantes locales en combinaison avec la littérature générale sur l’atténuation des inondations pour définir quatre stratégies d’adaptation. Une série de stratégies ou d’options d’adaptation ont été identifiées pour démontrer comment les collectivités de Sackville et de la région de Tantramar évaluent l’influence des stratégies d’adaptation. Des recherches antérieures ont exploré certaines mesures d’adaptation dans le cadre d’un processus de mobilisation des parties prenantes. La rétroaction issue de la réunion du groupe de discussion des parties prenantes qui s’est tenue le 19 avril 2011 a permis d’identifier plusieurs options de mesures d’adaptation, par exemple : déplacer l’usine de traitement des eaux d’égout, augmenter la hauteur des digues et relocaliser des résidents et des entreprises. Ces suggestions ont constitué le point de départ de la définition des stratégies d’adaptation. En s’appuyant sur les contributions des parties prenantes locales et sur la littérature générale relative à l’atténuation des inondations, l’équipe de recherche a défini trois scénarios d’adaptation à analyser en plus des scénarios de type « statu quo » ou de référence, qui constituent un point de départ à prendre en compte pour la région de Tantramar : statu quo, rehaussement des digues, réinstallation et infrastructure naturelle. Afin de recueillir les connaissances, l’expertise et les répercussions politiques locales, un atelier d’une demi-journée a été organisé le 31 mai 2012 pour présenter les résultats préliminaires et discuter de la faisabilité, tant physique que politique, de chaque scénario d’adaptation. L’atelier a réuni un petit groupe d’experts et d’intervenants locaux représentant un éventail de domaines de connaissances, notamment : la politique locale, l’hydrologie, l’agriculture, la gestion des digues et la gestion des zones humides. Chaque scénario a été examiné en détail. L’atelier avait pour objectif de discuter de chaque scénario afin de réduire les risques d’inondation, les répercussions politiques et les coûts prévus. Le consensus était centré sur le calendrier des scénarios. Par exemple, le rehaussement des digues a été considéré comme la solution à court terme la plus efficace, laissant le temps d’élaborer des stratégies et des politiques à plus long terme nécessaires pour fournir une protection plus permanente contre la vulnérabilité aux inondations.

Mise en œuvre

À la suite de ces discussions avec les intervenants, les scénarios d’adaptation suivants ont été redéfinis comme suit : 1. Statu quo (référence), en supposant qu’aucune mesure d’atténuation ou d’adaptation n’est prise et que tous les changements du système peuvent être attribués aux changements climatiques; 2. Le rehaussement de la digue, impliquant une augmentation de 1 m de la hauteur de la digue de 8,5 m à 9,5 m au-dessus du niveau de la mer, un délai de deux à trois ans pour coordonner la politique et assurer le financement, et un plan de travail de cinq ans aboutissant à un achèvement en 2020; 3. La relocalisation, qui consiste à déplacer les propriétés très vulnérables vers des zones de vulnérabilité limitée. Ce scénario n’implique pas de réinstallation forcée ou d’expropriation. Il s’agit plutôt de déterminer les dommages potentiels qui peuvent être évités si la réinstallation a lieu. Cette réinstallation pourrait être soutenue par une série d’options politiques, notamment des incitatifs fiscaux et une planification stratégique de l’utilisation des terres. Aux fins de cette analyse, on a supposé que : 1) il faudrait 13 ans pour coordonner la politique et le financement afin de soutenir cette stratégie; 2) la réinstallation commencerait en 2025 et ne serait pas terminée avant 2045; 4. Stratégie mixte, impliquant à la fois le rehaussement des digues et la réinstallation. Il existe de nombreuses stratégies d’adaptation possibles qui pourraient être explorées. Les stratégies choisies pour ce projet sont destinées à mettre en évidence les deux stratégies susceptibles de fournir des avantages importants en ce qui concerne l’évitement des coûts associés aux dommages. En outre, en raison de la limitation des données, les coûts associés à la mise en œuvre n’ont pas pu être calculés de manière très détaillée.

Résultats et suivi des progrès

Une approche courante pour évaluer les répercussions directes implique l’utilisation de ce que l’on appelle une « courbe des dommages », qui met en relation la profondeur des eaux de crue et la gravité attendue des dommages. Heureusement, la relation entre la profondeur de l’inondation et les dommages causés à un bien donné est relativement cohérente, ce qui justifie l’utilisation de courbes de dommages par stade déjà établies, produites par le U.S. Army Corps of Engineers. Les contraintes de temps et de ressources n’ont pas permis de mesurer les biens incorporels. Sans données historiques détaillées sur ces dommages liés aux inondations, il est difficile de les intégrer dans l’évaluation comparative réalisée dans ce rapport. Bien que certaines données historiques étaient disponibles (résumées dans la section 2.2), elles n’étaient pas assez détaillées pour établir une relation entre les dommages causés par les inondations et les périodes de retour des inondations, et ne permettaient pas non plus de saisir pleinement les éléments manquants décrits ci-dessus. Enfin, l’analyse suppose qu’il n’y a pas de changement dans la population, d’augmentation du développement urbain ou d’autres changements dans la configuration sociale, économique et spatiale des zones vulnérables aux inondations. En d’autres termes, l’analyse maintient constantes les conditions de 2012. Bien qu’il s’agisse d’une hypothèse irréaliste, elle permet une comparaison intertemporelle non biaisée.

Prochaine(s) étape(s)

L’étude de cas recommande que les recherches futures explorent les attitudes et les préférences du public en matière d’adaptation et de réduction au minimum des risques d’inondation et de la vulnérabilité. Elle recommande également que les recherches futures explorent les évaluations multiattributs de la gestion des inondations alors que la région de Tantramar continue à améliorer sa compréhension des pressions qu’elle subit en raison des changements climatiques. De même, il sera important de comprendre les avantages de la réduction des inondations pour la santé et le bien-être des personnes. Cependant, la région de Tantramar doit mettre au point une stratégie intégrée qui rassemble les principales parties prenantes afin de gérer correctement les risques d’inondation auxquels toutes les parties prenantes sont confrontées et de garantir une réduction à court et à long terme de la vulnérabilité aux inondations.

Ressources

Lien vers l’étude de cas complète(en anglais seulement)

Ressources supplémentaires :

L’utilisation des projections en changements climatiques permet de prendre de meilleures décisions d’adaptation, car cela vous permet de mieux comprendre comment le climat peut changer. Pour savoir comment choisir, accéder et comprendre les données climatiques, visitez la Zone d’apprentissage de Donneesclimatiques.ca.