Planification et Conception des établissements de Santé dans un Climat Changeant

En 2020, les autorités sanitaires de la Colombie-Britannique ont publié les Lignes directrices pour la résilience climatique dans le contexte de la planification et de la conception d’établissements de santé en C.-B. (version 1.1 – en anglais seulement). Ces lignes directrices visent à s’assurer que les risques climatiques sont cernés et réduits à des niveaux acceptables au cours des premières phases d’un projet d’investissement en immobilisations important (environ 10 ans), de sorte que les établissements soient bien organisés au cours des 50 à 100 prochaines années d’exploitation pour gérer les déchets résiduels ainsi que les risques nouveaux et composés. Les lignes directrices visent à mieux outiller nos établissements de santé et les intervenants du système de santé en leur donnant accès aux données et à l’information nécessaires pour contribuer à minimiser les répercussions associées aux défis actuels et croissants liés aux changements climatiques qui influent sur la capacité de notre système de santé à assurer la prestation de services à la population. Leur élaboration a été dictée par le fait que les établissements et les services de santé partout en Colombie-Britannique sont déjà confrontés aux défis découlant des changements climatiques. Ces défis exercent des pressions et entraînent des interruptions et des conséquences en cascade sur les patients, le personnel de la santé et les communautés de soins dans leur ensemble. Ce document est conçu pour orienter les phases de planification, d’approvisionnement et de mise en œuvre d’un projet de conception-construction. Au besoin, il est possible de modifier et d’améliorer les éléments clés pour répondre aux besoins d’autres types d’établissements, de modèles d’approvisionnement et d’établissements existants. Les leçons tirées de la mise en œuvre des lignes directrices éclaireront les itérations futures. Les lignes directrices ont été élaborées sur une période de 18 mois grâce à la rétroaction, au soutien et aux conseils d’un groupe de travail de l’industrie, d’un comité consultatif multidisciplinaire, d’un groupe de travail de l’autorité sanitaire de la C.-B. et d’un comité directeur. Un remerciement tout spécial à Integral Group et à BC Housing pour leur soutien technique et financier.

Comprendre et évaluer les impacts

Les établissements de soins de santé en C.-B. doivent relever de multiples défis liés aux changements climatiques, y compris une augmentation globale des températures, des vagues de chaleur extrême, des préoccupations touchant les feux de forêt et la qualité de l’air ainsi que des tempêtes plus fréquentes et plus intenses. Par exemple :

  • Tous les établissements ressentiront les effets de la hausse des températures diurnes. D’ici 2080, le nombre de jours où la température sera supérieure à 25 °C sera quatre fois plus élevé que par le passé, entraînant une augmentation des coûts d’exploitation pour la climatisation.
  • Le nombre de jours où la température sera supérieure à 30 °C augmentera de manière considérable dans tous les établissements. Les établissements pourraient devoir composer avec une hausse du nombre de visites de patients à cause du stress thermique.
  • Le nombre de nuits chaudes augmentera considérablement d’ici 2080. Cela pourrait nuire à la capacité de guérison des patients.
  • Des tempêtes plus fréquentes et plus intenses se développeront, et les risques d’inondation augmenteront, entraînant une élévation du niveau de la mer de 1 mètre d’ici 2100.

Voici la série de risques jugés les plus pertinents dans le contexte des projets en C.-B. qui ont fait l’objet d’un examen dans le cadre des Lignes directrices pour la résilience climatique :
1) le réchauffement des températures et les chaleurs extrêmes;
2) l’impact sur la qualité de l’air;
3) les inondations;
4) les pannes de courant;
5) les facteurs de stress chroniques, tout particulièrement les pénuries d’eau et la sécheresse, l’humidité, les cycles de gel et de dégel, les précipitations de neige et le vent.

Le risque constant d’activités sismiques et de pandémies sous-tend ces risques. Même s’il ne s’agit pas de risques climatiques, ces événements ont le potentiel de s’ajouter aux risques climatiques ci-dessus. Par conséquent, les lignes directrices tiennent compte des éventuels synergies et conflits liés à la conception dans le contexte de la résilience climatique et de la conception de la résilience d’un établissement dans un sens plus global. Les répercussions directes et en cascade des changements climatiques peuvent nuire à la capacité des établissements de soins de santé à offrir des soins communautaires dans le contexte des risques suivants : les interruptions des services de santé et de la chaîne d’approvisionnement causées par une pression accrue à mesure que les événements climatiques extrêmes (p. ex., inondations, feux de forêt, canicules) entraînent une hausse du nombre de visites à l’hôpital. Les coûts d’exploitation plus élevés, y compris les coûts énergétiques et les coûts liés aux heures supplémentaires du personnel, réduiront la capacité des établissements à prodiguer des soins. Dommages aux infrastructures et aux systèmes énergétiques : les dommages physiques aux établissements occasionnés par les tempêtes et les inondations peuvent menacer l’intégrité des bâtiments et compromettre les conditions sanitaires. Les contaminants de plus en plus présents dans l’air provenant des feux de forêt, du pollen et d’autres sources peuvent s’infiltrer dans les enveloppes de bâtiments, nuisant ainsi à la capacité des systèmes de CVCA à maintenir une qualité d’air adéquate à l’intérieur. Les températures en hausse et une plus grande variabilité des conditions exerceront plus de pression sur l’équipement, entraînant des défaillances mécaniques et des achats imprévus d’équipement. Demandes d’infrastructures et de ressources hors site : Des pressions exercées sur l’infrastructure des égouts découlant par exemple des précipitations accrues peuvent entraîner des éclosions bactériennes, exerçant davantage de pression sur les hôpitaux. Des dommages aux services publics et aux routes occasionnés par les événements climatiques extrêmes peuvent nuire aux chaînes d’approvisionnement et à la capacité des personnes à se rendre aux établissements.

Déterminer les actions

Les Lignes directrices pour la résilience climatique sont conçues pour être faciles à utiliser par toutes les parties concernées, y compris les autorités sanitaires, les équipes sur la conformité et les promoteurs de projets. Le diagramme de processus (Figure 1) résume les principales étapes entourant l’amélioration de la résilience d’un établissement ainsi que les rôles et les attentes clés de chacun des principaux acteurs concernés. Ceux-ci relèvent de l’une des trois grandes phases suivantes : Planification et conception, approvisionnement et mise en œuvre.

Phase 1 : Planification et conception – Cette section présente un aperçu des activités de planification et de conception en lien avec le cycle de vie d’un établissement, en mettant l’accent sur les phases initiales pendant lesquelles il est plus rentable de réduire les risques et plus réaliste de maximiser les avantages connexes. Cette phase comprend également le processus d’évaluation des risques climatiques, qui est décrit en détail plus loin. Le processus d’évaluation des risques climatiques utilisé dans le cadre des lignes directrices se fonde sur le Cadre d’évaluation des risques climatiques de la C.-B. (en anglais seulement), la norme ISO 14090, le Protocole du Comité sur la vulnérabilité de l’ingénierie des infrastructures publiques (CVIIP), l’initiative Bâtir des collectivités adaptées et résilientes (BARC) du Conseil international pour les initiatives écologiques locales du Canada (ICLEI) et CoastAdapt de l’Australie, pour ne nommer que ceux-là.

L’évaluation des risques climatiques comporte quatre étapes clés :
1) Examen de l’exposition aux risques climatiques
2) Évaluation préliminaire des risques climatiques
3) Atelier d’évaluation sur les risques climatiques
4) Vérification de conformité sur la résilience climatique

Les détails relatifs à chaque étape sont décrits ci-dessous, y compris les objectifs, les échéances et les responsabilités. Des options et des solutions de rechange, notamment des initiatives de « démarrage rapide » ainsi que des raccourcis sont fournis dans les cases partout dans le document.

Phase 2 : Approvisionnement, projet et consultants – Cette section présente un aperçu des principaux éléments et des compétences clés nécessaires permettant de procéder à l’évaluation des risques climatiques dans le cadre de la planification et de la conception. Cette phase décrit les attentes précises des équipes sur la conformité, des promoteurs et des consultants. Le texte dans cette section peut être utilisé pour remplir des demandes de propositions, des contrats et des énoncés de travaux.

Phase 3 : Mise en œuvre – Il s’agit des ressources et des stratégies de conception favorisant la résilience. Cette section fournit des descriptions et des liens vers des ressources permettant d’éclairer le processus d’évaluation des risques climatiques ainsi que les stratégies de conception recommandées pour favoriser la résilience afin de servir de point de départ aux équipes de conception.

Mise en œuvre

L’étape 3 de l’évaluation des risques climatiques offre des conseils pour l’élaboration et la mise en œuvre de conceptions résilientes, où les promoteurs planifient un atelier d’évaluation des risques climatiques et y participent. L’atelier peut comprendre des composantes de différentes méthodologies (p. ex., analyse de l’arbre des défaillances, analyse du Protocole du CVIIP) afin de déterminer si une série de stratégies et de possibilités permettra d’atteindre les objectifs d’une conception résiliente (p. ex., maintenir le confort thermique pendant une canicule prolongée), de produire les avantages connexes escomptés (p. ex., santé des occupants) ainsi que les synergies (p. ex., résilience sismique).

Dans le cadre de la dernière étape de l’atelier, les participants doivent mener une évaluation de haut niveau des stratégies proposées afin de mettre en évidence les stratégies qui méritent d’être poursuivies. Les participants à l’atelier travaillent en collaboration pour trouver des idées afin de renforcer les stratégies actuelles de conception résiliente et pour trouver de nouvelles stratégies dans le but de combler les lacunes cernées. Les participants envisagent d’utiliser les critères employés lors de l’évaluation préliminaire des risques climatiques (étape 2) pour évaluer les stratégies relatives aux points suivants :

  • l’efficacité à répondre aux exigences et à améliorer la résilience;
  • les efforts ou les ressources nécessaires;
  • les coûts (les dépenses d’exploitation et en immobilisations) et le rendement du capital investi;
  • les synergies et les avantages connexes par rapport aux autres priorités organisationnelles;
  • le seuil de risque.

De plus, les Lignes directrices pour la résilience offrent les recommandations suivantes dans le cadre de l’élaboration de stratégies de conception résiliente et des moyens utilisés pour la mise en œuvre : • Considérer simultanément plusieurs niveaux ou échelles • Anticiper les interruptions et les changements • Prévoir les itérations et l’amélioration continue • Favoriser les options et les possibilités de mise en œuvre « sans regret » • Accorder la priorité aux stratégies de conception simples, flexibles et durables • Cultiver les synergies entre les stratégies

Résultats et suivi des progrès

Des conseils pour la surveillance et l’évaluation des mesures de mise en œuvre sont fournis à l’étape 4 (vérification de conformité sur la résilience climatique). La vérification de conformité sur la résilience climatique vise à déterminer dans quelle mesure la conception du promoteur sélectionné aborde de manière suffisante les risques climatiques et les exigences du projet. Cette vérification permet aussi de confirmer les solutions de rechange équivalentes ou meilleures. L’objectif consiste à établir un mécanisme collaboratif et itératif pour le promoteur sélectionné, l’autorité sanitaire et l’équipe sur la conformité (ou le vérificateur indépendant sur les risques climatiques) afin qu’ils puissent passer en revue les données probantes fournies par le promoteur sélectionné et s’assurer que les objectifs de conception résiliente sont respectés.

Prochaine(s) étape(s)

L’outil Lignes directrices pour la résilience est un document évolutif conçu pour être révisé et mis à jour périodiquement. Nous prévoyons qu’il s’agira d’un processus continu. Par conséquent, il est peu probable qu’une version « finale » soit publiée.

Ressources

Liens vers l’étude de cas (en anglais seulement)

Ressources supplémentaires :

Le module sur la santé à l’adresse donneesclimatiques.ca permet de mieux comprendre comment l’information climatique peut être appliquée dans le processus de prise de décisions.