Mine Minto de Capstone Resources

Depuis 2007, la mine Minto de Capstone Resources a subi un certain nombre de modifications pour faire face à des précipitations extrêmes imprévues et à une dégradation du pergélisol. La mine Minto a été planifiée au début des années 1990, à une époque où les changements climatiques n’étaient pas une préoccupation majeure. Minto est la plus grande mine en activité au Yukon, et en 2013, elle sera la seule à fonctionner toute l’année. Planifiée dans les années 1990 et ouverte en 2007, la mine est située dans la zone de pergélisol discontinu, à 240 km au nord de Whitehorse, près du fleuve Yukon, sur le territoire traditionnel de la Première Nation de Selkirk. Au départ, il était prévu que l’entreprise Minto produise 371 millions de livres de cuivre sur une durée de vie prévue de huit ans. La mine s’est agrandie à plusieurs reprises depuis sa création, et des découvertes récentes devraient permettre de prolonger la durée de vie de la mine au-delà de 2020. Les problèmes liés aux changements climatiques, y compris les inondations et la dégradation du pergélisol, ont assailli la mine depuis son ouverture. La nature de ces problèmes et la manière dont Capstone a réagi illustrent à la fois la manière dont les changements climatiques se manifestent et les défis auxquels une mine doit faire face pour répondre et s’adapter aux problèmes. La Première Nation de Selkirk, située en aval de la mine, a un intérêt direct dans le maintien de l’intégrité environnementale de la région et elle joue un rôle majeur dans la réduction au minimum des effets externes négatifs du site minier.

Comprendre et évaluer les impacts

Les pluies et les ruissellements survenus en 2008 et 2009 ont contraint l’entreprise à demander des modifications de son permis d’utilisation de l’eau afin de pouvoir rejeter de l’eau non traitée dans le réseau du fleuve Yukon. En 2008, de fortes pluies ont provoqué des inondations et l’usine de traitement des eaux usées de la mine a été débordée, ce qui a entraîné le rejet de quelque 350 000 mètres cubes d’eau non traitée dans le fleuve Yukon. La teneur des effluents (0,05 mg par litre) était supérieure à la norme du permis du Yukon, qui était de 0,01 mg par litre. Ironiquement, le bassin de stockage de l’eau avait été conçu pour assurer une disponibilité en eau tout au long de l’année, étant donné que l’on s’attendait à une sécheresse estivale saisonnière occasionnelle. Les précipitations de 2008 ont également emporté une section de quatre kilomètres de la route de transport de la mine vers Minto Landing, qui rejoint la route du Klondike. En 2009, le problème de l’excès d’eau sur le site de la mine, attribué cette fois à une fonte printanière exceptionnellement importante, a été exacerbé par l’effondrement partiel de la paroi de la fosse de stockage en raison de la fonte du pergélisol, et 750 000 m3 d’eau ont été déversés dans le réseau du fleuve Yukon.

Déterminer les actions

De nombreux éléments indiquent que le problème de gestion de l’eau reflète l’incapacité à prendre en compte de manière réaliste les tendances climatiques à la conception de la mine. Après les inondations de 2008-2009, la direction de Capstone a reconnu que les projections climatiques réalisées à la conception de la mine n’avaient pas pris en compte la possibilité des changements climatiques. À la suite des inondations, la société a envisagé de laisser l’eau s’accumuler sur le site de la mine, puis de la traiter et de la rejeter en plusieurs étapes. Toutefois, il a été reconnu que cela aurait aggravé le problème, car les chutes de neige en hiver et les crues printanières ne feraient qu’augmenter le volume d’eau. Par conséquent, Minto a effectué des rejets dans le système du Yukon en dépassant les niveaux précisés dans son permis d’utilisation d’eau. Les réponses à plus long terme comprenaient creuser des fossés pour gérer l’eau sur le site, élaborer un nouveau plan de gestion de l’eau basé sur des données hydrologiques plus récentes et, en 2010, construire une nouvelle usine de traitement d’eau conçue pour traiter 4 000 mètres cubes d’eau par jour. Le mouvement de l’empilage de résidus secs est reconnu comme un problème. L’empilage de résidus secs a été conçu pour résoudre un problème induit par le climat, mais en a entraîné un autre. Si cette réponse peut être considérée comme inadaptée, elle illustre la capacité d’un climat en changement à se traduire par de multiples facteurs de stress et la difficulté de cerner les réponses appropriées. La réponse initiale consiste à surveiller la situation et à construire une butée pour tenter de stabiliser l’amoncellement. À plus long terme, la société travaille conjointement avec la Première Nation de Selkirk pour élaborer une stratégie visant à résoudre ce problème.

Mise en œuvre

Capstone a acheté la mine Minto à Sherwood Resources en 2007, et elle a apporté un certain nombre de modifications pour faire face aux précipitations extrêmes imprévues et à la dégradation du pergélisol. Capstone a modifié ses opérations ou les a élargies à plusieurs reprises depuis sa création, et chaque étape a été précédée d’une évaluation environnementale et de la soumission d’un plan de fermeture et d’assainissement. La possibilité des changements climatiques joue un rôle de plus en plus rigoureux dans le processus de planification et d’évaluation, et les projections climatiques utilisant une modélisation à échelle réduite produite par le Scenarios Network for Alaska Planning (SNAP) sont intégrées dans le processus de conception de la dernière phase d’expansion de la mine (novembre 2013). À ce stade, les opérations doivent être déplacées sous terre, ce qui peut être bénéfique pour la fermeture et l’assainissement, car les détritus resteront sous terre et ne seront pas exposés aux intempéries.

Résultats et suivi des progrès

L’industrie minière peut tirer des leçons pertinentes des expériences de Minto. Il s’agit notamment de la reconnaissance claire par la société des changements climatiques en tant que problème, du réexamen des projections climatiques comme base d’une réponse technique aux problèmes hydrologiques, de l’investissement dans la gamme de réponses aux stress générés par les changements climatiques au cours des six dernières années, du partenariat croissant avec la Première Nation de Selkirk pour désigner et traiter les externalités environnementales potentielles touchant leur territoire traditionnel, et de l’incorporation des projections climatiques à long terme fondées sur des hypothèses de réchauffement dans la planification et l’assainissement. La réponse de Minto aux événements climatiques imprévus peut être caractérisée comme une gestion adaptative basée sur la nécessité. Si cela reflète la polyvalence de la direction, la viabilité économique de la mine et la commercialisation des minerais dans le cadre de contrats d’avance de cinq ans lui ont donné la capacité de supporter les coûts d’intervention et d’adaptation à mesure que les problèmes se présentaient. Une entreprise plus marginale sur le plan économique serait peut-être incapable de réaliser les mêmes interventions.

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