Jardins pluviaux et rigoles de drainage sur des terrains contaminés

Le réaménagement d’une friche industrielle (autour de 2006 à aujourd’hui) sur le site de l’ancienne caserne Currie des Forces canadiennes dans la ville de Calgary a fourni une occasion unique à la Ville de travailler avec le promoteur (la Société immobilière du Canada) sur un quartier innovant qui s’efforce d’atteindre le statut de quartier LEED. Cela inclut l’utilisation généralisée de pratiques d’aménagement à faible incidence (AFI) pour gérer les eaux pluviales. Les pratiques et méthodes d’AFI sont un ensemble de choix de conception physique qui permettent de retenir et de traiter les eaux pluviales à la source ou à proximité, réduisant ainsi la charge du réseau municipal d’eaux pluviales. Dans ce projet particulier, la construction de jardins de pluie, de zones de biorétention, de tranchées d’infiltration et de systèmes de collecte des eaux de pluie est la principale méthode d’interception ou de traitement des eaux pluviales. Les techniques utilisées sur ce site et les leçons tirées au cours des années qui ont suivi sa construction ont été appliquées ailleurs et font désormais partie des orientations locales et nationales visant à améliorer la résilience des villes face à l’augmentation de l’intensité et de la fréquence des précipitations due aux changements climatiques.

Comprendre et évaluer les impacts

Compte tenu de la densification en cours, de nombreuses villes canadiennes sont déjà confrontées à d’importants problèmes de ruissellement des eaux de surface qui surchargent les infrastructures d’égouts locales, ce qui entraîne des coûts d’entretien et de traitement plus élevés et augmente le risque d’inondation des sous-sols en raison de refoulements d’égouts. Avec les changements climatiques qui devraient augmenter le nombre d’épisodes de fortes précipitations, qui sont plus susceptibles de provoquer des refoulements d’égouts, car les canalisations sont remplies à l’excès très rapidement, ce problème ne pourra que gagner en importance au fil des ans. Il est important de souligner qu’à l’origine, le site de la caserne Currie n’avait pas été aménagé avec l’intention d’une adaptation aux changements climatiques. Cependant, le promoteur souhaitait retenir et traiter les eaux pluviales à la source ou à proximité de celle-ci, sans utiliser de point de décharge d’eaux pluviales. Il a donc choisi d’adopter des techniques d’AFI, notamment des jardins de pluie, des citernes d’eau de pluie, des zones de biorétention et des tranchées d’infiltration. La mise en œuvre de techniques d’AFI est économiquement justifiée par la réduction des charges des égouts, même en l’absence de changements climatiques. Cependant, étant donné que ce n’est pas le cas, exiger que les nouveaux aménagements retiennent les eaux de ruissellement locales sur place est un plan particulièrement tourné vers l’avenir, car on s’attend à ce que les changements climatiques augmentent la fréquence et l’ampleur des précipitations de forte intensité.

Déterminer les actions

Au cours de l’aménagement, plusieurs réunions ont eu lieu entre les concepteurs, les services d’approbation et la direction de la Ville, pour discuter de la façon dont la nature unique du site avait une incidence sur la pertinence des méthodes d’AFI par rapport aux méthodes plus traditionnelles de gestion des eaux pluviales. La Ville de Calgary était en train de rédiger des directives pour les méthodes d’AFI en même temps que la conception du site, et les deux équipes de projet ont communiqué fréquemment pour s’assurer qu’elles pouvaient apprendre de leurs expériences respectives. L’aménagement est prévu en quatre phases, dont trois sont achevées, et il permettra à terme de loger quelque 18 000 Calgariens.

 

Mise en oeuvre

La mise en œuvre des pratiques d’AFI à l’échelle des lots peut être réalisée de manière relativement simple et économique. Ainsi, les jardins pluviaux du site de la caserne Currie sont créés à partir de 0,3 m à 1 m de terre végétale et de paillis organique peu compactés, contre 10 à 15 cm habituellement, ce qui leur permet de retenir beaucoup plus d’eau sur place. Bien que les coûts varient en fonction de l’entrepreneur et du coût des fournitures, le fait d’apporter des modifications simples comme celle-ci – augmenter la profondeur du sol dans un aménagement paysager qui était construit de toute façon – est une méthode relativement peu coûteuse pour obtenir des résultats substantiels. Le site de la caserne Currie dispose d’une proportion similaire d’espaces perméables par rapport à d’autres aménagements semblabes; cependant, l’espace disponible est utilisé à bon escient pour améliorer la fonctionnalité de la gestion des eaux pluviales. Calgary bénéficie d’un microclimat assez unique dû aux effets des chinooks. Il s’agit de masses d’air chaud qui touchent la ville, de sorte que même au milieu de l’hiver des Prairies, les températures peuvent augmenter de façon spectaculaire; ainsi, en 1962, un tel épisode a fait grimper la température de plus de 40 °C en une heure. Cela signifie que toute conception doit tenir compte d’une fréquence élevée de phénomènes de gel-dégel. Dans le cas du site de la caserne Currie, cela a nécessité une sortie de drainage surélevée avec un raccordement à l’égout qui ne se bouche pas.

Résultats et suivi des progrès

Les inspections effectuées par des consultants et le personnel de la Ville de Calgary indiquent que les méthodes d’AFI existantes fonctionnent bien. L’une des forces de la méthode d’AFI en tant que gestion des eaux pluviales est qu’elle rend l’espace plus habitable que les méthodes traditionnelles. Les processus d’évapotranspiration de la végétation contribuent à produire un microclimat plus frais dans la chaleur de l’été, à enrichir la biodiversité et à créer un environnement plus esthétique pour les personnes qui y vivent. Tous ces éléments contribuent à créer une collectivité plus saine et plus heureuse tout en retenant et en traitant les eaux pluviales.

Prochaines étapes

Assurer un entretien continu des éléments d’AFI est essentiel à leur fonction continue, et comme une grande partie de la fonction repose sur la santé de la végétation, en conjonction avec les structures techniques, il s’agit d’un processus d’apprentissage en continu. Il existe des responsabilités partagées sur les terrains privés et publics pour prendre soin des installations innovantes dans ce quartier. Les phases ultérieures de l’aménagement du site de la caserne Currie n’ont pas mis en œuvre la méthode d’AFI de la même manière que les premières phases, principalement en raison d’un certain nombre de difficultés de mise en œuvre et de coûts initiaux élevés. La mise en œuvre continue ainsi que l’entretien et la maintenance des structures existantes des installations d’AFI sont également importants à mesure que le temps passe, car laisser les jardins de pluie se remplir de détritus diminuera considérablement leur rendement.

Ressources