Intervention lors de la crise du verglas dans la péninsule acadienne

Du 24 au 26 janvier 2017, une tempête de neige et de pluie verglaçante a traversé la province du Nouveau-Brunswick. La superficie de la zone touchée était importante; la tempête a traversé toute la province, mais a touché le plus durement la région est-nord-est de la province. La station météorologique d’Environnement Canada à Bas-Caraquet a enregistré 30 mm de pluie et 8 cm de neige supplémentaires entre le 24 et le 26 janvier 2017. L’impact de la pluie verglaçante a été catastrophique. Énergie NB rapporte qu’il y a eu entre 50 et 100 mm de glace accumulée sur les arbres et l’équipement dans la péninsule acadienne. Bien au-delà des inconvénients normaux créés par la pluie verglaçante en hiver, la durée de la tempête et la forte accumulation de glace qui en ont résulté ont entraîné des dommages importants aux infrastructures, plus particulièrement aux arbres et aux infrastructures électriques. Cette tempête hivernale a incité le plus important effort de rétablissement du courant de l’histoire d’Énergie NB, soutenu par une intervention d’urgence coordonnée par l’Organisation des mesures d’urgence du Nouveau-Brunswick (OMU NB), la Croix-Rouge canadienne et les Forces armées canadiennes. Toutes les ressources disponibles d’Énergie NB ont été consacrées à notre réponse à la tempête. Au plus fort de la tempête, 380 équipes de lignes, de poteaux et d’élagage d’arbres ont évalué les dégâts, réparé les infrastructures, dégagé des routes bloquées et rétabli le courant. Une équipe logistique s’est occupée de l’hébergement, des repas et autres besoins des équipes. Une équipe composée d’employés et de cadres supérieurs a visité des centres de réchauffement, pour mettre à jour les clients sur les efforts de rétablissement du courant, et s’est jointe aux Forces armées canadiennes pour rendre visite aux gens chez eux. Il est également important de noter le rôle du capital social dans la contribution à la résilience des résidents pendant la tempête de verglas de 2017. Pendant les situations d’urgence, le capital social peut croître à mesure que de nouvelles amitiés se forment et que les jeunes s’engagent davantage dans leur collectivité et découvrent un intérêt pour le bénévolat. Ces points positifs mis à part, le capital social ne peut être considéré comme un substitut aux services d’urgence officiels.

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Comprendre et évaluer les impacts

En moins de sept ans, la province a connu plusieurs événements météorologiques d’urgence qui ont entraîné des dommages et la mise en place de services d’urgence et, dans de nombreux cas, d’un programme d’aide financière en cas de catastrophe.

  • Décembre 2010 : les comtés de Charlotte et de York ont connu d’importantes inondations dues à de fortes pluies, causant des dommages à hauteur de 13,8 millions de dollars.
  • Décembre 2010 : deux ondes de tempête ont touché les côtes est et nord-est de la province. La première a causé 1,7 million de dollars de dommages en raison des vents violents, des marées hautes et des vagues. La seconde a causé plus de 1,3 million de dollars de dommages. De fortes vagues ont touché la côte est de la province, causant des dommages aux maisons, emportant des routes et entraînant des coupures de courant.
  • Décembre 2013 : une tempête de verglas autour de Noël a recouvert le sud de la province de neige et de pluie verglaçante, pendant 24 à 36 heures. La tempête a entraîné des pannes de courant pour plus de 80 000 clients d’Énergie NB.
  • Juillet 2014 : l’ouragan Arthur est passé au-dessus du Nouveau-Brunswick sous forme de tempête post-tropicale avec de fortes pluies et des vents soufflant en rafales jusqu’à 100 km/heure. La tempête a provoqué des fermetures de routes, des dommages aux infrastructures, des emportements par les eaux, des inondations localisées et des chutes d’arbres dans toute la province. Au total, les dommages ont été estimés à 12,5 millions de dollars.
  • Décembre 2014 : une tempête du nord-est apportant de fortes chutes de neige et de pluie dans plusieurs régions a causé 10,3 millions de dollars de dégâts. Cinquante-six routes à travers la province ont été touchées par des inondations, des emportements ou de l’eau sur les routes.

Ces événements récents indiquent clairement que les changements climatiques ont eu et continueront d’avoir un impact sur la péninsule acadienne sous la forme de conditions météorologiques extrêmes, notamment des précipitations plus extrêmes, plus de pluie au lieu de neige, des vagues de chaleur plus nombreuses et plus longues et des ondes de tempête. La province reconnaît l’importance de comprendre les causes, la fréquence, la gravité et les conséquences des changements climatiques afin de préserver les infrastructures, les moyens de subsistance et les ressources naturelles. À ce titre, la province s’est engagée à renforcer ses capacités de recherche, de collecte de données et de modélisation, afin de mieux soutenir le processus décisionnel.

Déterminer les actions

La province a reconnu la nécessité d’être proactive en ce qui concerne les efforts d’atténuation et d’adaptation liés aux changements climatiques et aux phénomènes météorologiques extrêmes qui y sont associés, ce qu’elle a déjà reconnu dans son Plan d’action sur les changements climatiques (PACC). Les dangers et les risques de catastrophes ont toujours été un sujet de préoccupation, mais les changements climatiques rendent nécessaire l’adaptation à des événements plus intenses et plus fréquents. Traditionnellement, les réponses aux catastrophes ont été réactives, mais les expériences récentes ont montré l’avantage d’investir dans des mesures proactives et préventives. Les efforts de réduction des risques de catastrophe et d’adaptation peuvent se compléter pour protéger la société contre les effets climatiques et mieux positionner les collectivités pour réduire et gérer les impacts des catastrophes de manière plus générale. En outre, la planification de l’utilisation des terres est un outil puissant pour aider à réduire les impacts des catastrophes naturelles, et elle peut éclairer les décisions sur la possibilité et l’endroit d’une reconstruction pendant la reprise suivant une catastrophe. Le PACC reconnaît que les risques climatiques et la planification de l’adaptation peuvent être intégrés de façon exhaustive dans le processus décisionnel provincial; toutefois, bien que le gouvernement provincial ait un rôle important à jouer dans le renforcement de la résilience du Nouveau-Brunswick face aux changements climatiques, bon nombre des décisions les plus importantes seront prises à l’échelle locale. Les planificateurs communautaires, les propriétaires immobiliers, les administrations locales, les Premières Nations, les propriétaires d’infrastructures, les entreprises, les groupes communautaires et environnementaux et les gestionnaires de ressources ont tous besoin de renseignements et d’outils d’orientation importants sur les changements climatiques et l’adaptation. La province a élaboré des mesures qui s’inscrivent sous six grands buts, à savoir : Comprendre les effets des changements climatiques; Construction d’infrastructures pouvant résister aux changements climatiques; Appui de la planification de l’adaptation à l’échelle communautaire; Adaptation des ressources naturelles et de l’agriculture; Réduction des dangers climatiques; et Réduction des répercussions des changements climatiques sur la santé publique.

Mise en œuvre

Un total de 51 recommandations est fourni dans le Sommaire des recommandations découlant de l’analyse de la tempête de verglas 2017. Le rapport sur les leçons tirées d’Énergie NB met en évidence 10 mesures clés qui devaient être mises en œuvre à partir de novembre 2017, les autres échéances des mesures devant être déterminées en consultation avec l’OMU NB. Les mesures à prendre ont été élaborées à partir des principales leçons tirées et observations notées lors de l’analyse. Voici quelques exemples de mesures :

  • Une attention et une sensibilisation accrues grâce à une campagne de préparation et de sécurité avant la saison des tempêtes dans les collectivités rurales, coordonnée avec les dirigeants locaux, les premiers intervenants et l’OMU NB, afin de s’assurer que les clients sont informés et préparés avant la saison des tempêtes.
  • Simplifier les mises à jour sur le rétablissement du courant pour les clients en mettant l’accent sur des éléments visuels et des photographies qui expliquent la séquence des événements pour rétablir le courant.
  • Créer des documents simples destinés au personnel sur le terrain, avec des explications visuelles de diverses circonstances qui se produisent durant des pannes de courant prolongées et du rôle des clients (p. ex., réparer les mâts cassés, débrancher les gros appareils dans la maison, mettre hors circuit les disjoncteurs).
  • Envisager de travailler avec l’OMU NB pour créer une station de radiodiffusion d’urgence spécialisée afin de fournir des renseignements essentiels aux Néo-Brunswickois en temps de crise.
  • Revoir le processus d’évaluation d’Énergie NB afin de fournir des estimations plus précises des temps de rétablissement du courant et de meilleures données initiales.
  • S’assurer que les évaluateurs d’Énergie NB sont équipés des outils appropriés pour effectuer leur travail et communiquer les exigences.
  • Dans le cadre d’un projet de modernisation à l’échelle du service public, Énergie NB prévoit proposer des investissements dans une infrastructure de comptage avancée, y compris des compteurs intelligents, qui pourraient aider les équipes à localiser et à diagnostiquer les pannes plus rapidement pendant les tempêtes et d’autres événements.
  • Examiner comment les efforts d’évaluation, la gestion des tempêtes et les mouvements des équipes sont communiqués aux clients pour faciliter la compréhension du déroulement des opérations.
  • Examiner les efforts déployés lors des tempêtes dans le but de clarifier les rôles et les responsabilités avec les organismes partenaires afin de garantir une réponse efficace et efficiente aux futures tempêtes.

De plus, le PACC décrit 109 mesures qui visent à améliorer la résilience des collectivités et à protéger les Néo-Brunswickois contre les impacts croissants des changements climatiques.

Résultats et suivi des progrès

Énergie NB et l’Organisation des mesures d’urgence du Nouveau-Brunswick (OMU NB) ont réalisé des rapports après action sur des événements d’urgence antérieurs liés à la météo. Dans leurs rapports respectifs sur la tempête de verglas de 2017, il est fait référence aux améliorations qui ont été apportées à la planification, aux protocoles et à l’organisation des urgences.
Des leçons ont été tirées à la suite de la tempête de verglas de 2017 au Nouveau-Brunswick :

  • Nous sommes conscients des symptômes des changements climatiques qui continueront de provoquer des tempêtes et d’autres défis contre lesquels nous devons renforcer notre résilience;
  • Nous reconnaissons que notre société dépend énormément de l’électricité pour assurer notre vie quotidienne;
  • Nous sommes conscients que nous devons, en tant que personnes, tenir compte des avertissements et faire l’effort de nous préparer à l’autosuffisance pendant un certain temps, jusqu’à ce que des secours puissent être mobilisés;
  • Nous notons le haut degré de complexité associé aux interventions d’urgence et la nécessité d’une bonne communication, d’une coopération et d’une tolérance pour que les opérations puissent se dérouler rondement;
  • Nous comprenons pourquoi la planification d’urgence est si importante à tous les niveaux : personnel, local, régional et provincial;
  • Nous reconnaissons les avantages des structures formelles des administrations locales pour aider à organiser et à représenter ses résidents à l’échelle de la collectivité;
  • Nous apprécions l’importance des réseaux de communication et constatons les effets négatifs lorsque ces réseaux ne sont pas à notre disposition;
  • Nous savons que nous pouvons compter sur nos amis et voisins pour nous regrouper et offrir du soutien;
  • Nous avons tiré de nombreuses leçons sur les forces et les faiblesses de notre réseau de services d’urgence qui peuvent être appliquées pour améliorer notre réponse lorsque nous serons confrontés à une crise à l’avenir.

Ces leçons et notre état actuel de conscience accrue de nos vulnérabilités ne peuvent être gaspillés. Les citoyens, les collectivités, les administrations et les organisations bénévoles ne peuvent pas remettre les efforts visant à améliorer notre préparation aux situations d’urgence, de peur de regretter de ne pas avoir agi à la prochaine crise.

Prochaine(s) étape(s)

Le PACC de la province est un engagement à ce que le Nouveau-Brunswick fasse sa part en matière de changements climatiques par une approche propre à la province pour répondre à ses besoins particuliers. Le PACC intègre la nécessité de prendre en compte les impacts croissants des phénomènes météorologiques extrêmes dans l’élaboration de mesures d’adaptation qui contribuent à réduire la vulnérabilité et à renforcer la résilience face aux changements climatiques. Les travaux importants entrepris par les collectivités, les particuliers et les gouvernements sont autant de raisons d’être optimistes face au défi que représentent les changements climatiques et à l’ampleur des mesures requises. Les efforts élargis commencent maintenant et se poursuivront à long terme. On prévoit que la mise en œuvre du PACC prendra du temps et qu’il y aura des défis en cours de route, mais qu’en fin de compte, avec la pleine participation de tous les Néo-Brunswickois, les engagements pourront être réalisés.

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