Initiative de l’évaluation des risques liés aux actifs de transport (ERAT) de Transports Canada à Cap-aux-Meules, Québec

L’initiative de l’évaluation des risques liés aux actifs de transport (ERAT) de Transports Canada, mise en place en 2017 et se poursuivant jusqu’en 2022, vise à soutenir les efforts pour aider le secteur des transports à s’adapter et à renforcer sa résilience aux changements climatiques grâce à une évaluation des risques de haut niveau dans le contexte des changements climatiques dans des installations clés du Canada atlantique. Une équipe de consultants, dirigée par CBCL, a mené des évaluations de risques dans le respect du Protocole du Comité sur la vulnérabilité de l’ingénierie des infrastructures publiques (CVIIP) d’Ingénieurs Canada, qui offre un cadre d’évaluation des risques fondé sur les interactions entre les paramètres climatiques, les infrastructures et les composants opérationnels, pouvant être adapté à chaque site. Le programme a été mis en œuvre dans six gares maritimes du Canada atlantique :

  • Saint-Jean, Nouveau-Brunswick
  • Souris, Île-du-Prince-Édouard
  • Wood Islands, Île-du-Prince-Édouard
  • Digby, Nouvelle-Écosse
  • Caribou, Nouvelle-Écosse
  • Cap-aux-Meules, Québec

Voici les principaux objectifs du programme de l’ERAT :

  • Déterminer les paramètres clés des changements climatiques et les projections climatiques pour les 20, 50 et 100 prochaines années dans le contexte de chaque installation
  • Cerner les composants vulnérables touchant les infrastructures clés à risque de défaillance, de dommage et de perte de service ou de détérioration causée par les changements climatiques ou les conditions météorologiques extrêmes au moyen du Protocole du CVIIP.

Formuler des recommandations pour des plans de mesures correctives afin d’éclairer la gestion des actifs et le financement par Transports Canada. Formuler des recommandations, lorsque cela s’avère utile, concernant les examens des pratiques d’ingénierie, selon les leçons tirées des évaluations. À ce jour, six rapports de l’ERAT ont été publiés. Ceux-ci décrivent les risques climatiques prévus pour les 20, 50 et 100 prochaines années, les résultats de l’évaluation des risques qui présentent les risques touchant les infrastructures essentielles et les opérations en raison des projections climatiques et les recommandations pour améliorer la capacité d’adaptation et la résilience.

Comprendre et évaluer les impacts

La méthodologie d’évaluation de la vulnérabilité des actifs aux changements climatiques à l’aide du Protocole du CVIIP respecte un processus en cinq étapes :

  • Définition du projet
  • Collecte et exhaustivité des données
  • Évaluation des risques
  • Analyse facultative de l’ingénierie, si nécessaire
  • Recommandations et conclusions

L’étape de la définition du projet requiert une description générale de l’installation et de ses infrastructures connexes qui comprend des données sur les aspects suivants :

  • Emplacement
  • Climat historique
  • Objectif et utilisation
  • Âge
  • Cycle de vie
  • Autres renseignements pertinents

Les composants des infrastructures ont été divisés en deux catégories principales : infrastructures matérielles et infrastructures de soutien ou opérationnelles, car les interactions climatiques touchent les actifs matériels (p. ex., l’action des vagues sur les digues, les chutes de pluie dans les stationnements, les vents contre les édifices, etc.) ainsi que les opérations et les procédures. Les infrastructures matérielles visaient tous les actifs matériels essentiels des installations, notamment les édifices, les quais, les digues, etc. Chaque installation a dressé une liste de ses principaux actifs matériels essentiels, qui a été élaborée et confirmée avec TC avant l’étape de l’évaluation des risques. Les infrastructures de soutien, de maintenance et d’exploitation englobent tous les processus et toutes les procédures qui assurent le fonctionnement de l’installation, comprenant aussi les activités pour lesquelles l’installation même a été construite. Une liste des principaux actifs essentiels de soutien, de maintenance et d’exploitation a été élaborée et confirmée avec TC avant l’étape de l’évaluation des risques. La sélection des paramètres climatiques s’est principalement fondée sur les phénomènes météorologiques connus pour avoir un effet sur les infrastructures actuelles et les activités du site, notamment les niveaux d’eau extrêmes, l’action des vagues, les vents, l’intensité des précipitations, le verglas, l’accumulation de neige et les glaces de mer. Les autres paramètres ou des paramètres jugés comme ayant des effets secondaires sur les infrastructures et les composants opérationnels visaient les températures, les éclairs, les pluies acides, l’humidité, la qualité de l’air, le rayonnement solaire ainsi que les journées de réchauffement et de refroidissement (degrés). Ces indicateurs n’ont pas fait l’objet d’une estimation officielle dans l’évaluation finale des risques du CVIIP, mais ils sont compilés en annexe à titre d’information générale.

Déterminer les actions

Un atelier sur l’évaluation des risques, composé de membres du personnel de l’installation, de membres de TC et de CBLC, a été organisé pour recueillir de l’information sur les infrastructures (matérielles et opérationnelles) et pour évaluer les enjeux historiques et actuels relatifs au climat et aux conditions météorologiques défavorables qui touchent les installations. Une matrice des risques de base a été créée afin de mieux comprendre les enjeux historiques et actuels qui touchent les installations. La matrice a été créée en suivant ces étapes : – Les relations entre les actifs et les paramètres climatiques ont été cernées. Le cas échéant, les seuils pertinents liés aux paramètres climatiques ont été notés. – Des scores de probabilité (P) ont été assignés. – Des scores de gravité (G) ont été assignés. – Les valeurs résultantes des risques (R) ont été calculées. Les valeurs assignées selon les scores de probabilité et de gravité ont fourni des conditions de base ainsi qu’un fondement pour la matrice de risques finalisée, comprenant des projections climatiques à court, à moyen et à long terme ainsi qu’un cadre de travail pour cerner et prioriser les mesures. La matrice de risques a tenu compte de plusieurs facteurs liés au rendement des infrastructures et des opérations. Les facteurs de réaction à la maintenance ont examiné la vulnérabilité exacte de l’actif et la mesure dans laquelle cette vulnérabilité affecte la performance globale de l’installation. La relation entre les actifs et le climat a permis de déterminer si un paramètre climatique précis pouvait nuire à l’actif matériel ou opérationnel de quelque manière que ce soit. Dans un tel cas, cette relation était considérée comme faisant partie du score de probabilité et de risque. L’établissement des scores de probabilité et de gravité a respecté le modèle du Protocole du CVIIP afin d’évaluer les probabilités des événements climatiques, de cerner les préoccupations concernant les opérations et les conditions météorologiques extrêmes et d’établir une relation avec la durée de vie des actifs en question. Des scores de probabilité ont été utilisés pour exprimer la probabilité qu’un événement climatique seuil se produise à court, à moyen ou à long terme par rapport aux événements de référence (actuels). Les scores de probabilité ont intégré l’expérience opérationnelle, les antécédents du propriétaire et le jugement professionnel pour évaluer les conséquences d’une perte de rendement ou de fonctionnalité d’un composant des infrastructures dans l’éventualité de l’atteinte d’un seuil climatique. Ces scores ont été utilisés collectivement pour calculer le risque (P x G = R), avec toutes les échéances futures, pour ensuite être intégrés à la matrice d’évaluation des risques dans le but d’établir la priorité des mesures à adopter.

Mise en oeuvre

La matrice de risques a été remplie en utilisant les résultats découlant de l’atelier sur l’établissement des scores de probabilité et de gravité, qui ont ensuite été intégrés dans une carte des priorités. Alors que chaque installation avait une différente série d’actifs et d’infrastructures opérationnelles à évaluer, la carte des priorités a servi de guide pour établir la priorité des mesures d’atténuation des risques individuellement cernées dans les plans d’action relatifs aux actifs. Ces plans ont été créés afin de résumer les principaux actifs, les durées de vie utile restantes, les scores de risques ainsi que les recommandations visant la maintenance, le remplacement ou l’entretien.

En règle générale, l’élévation du niveau de la mer à moyen et à long terme (50-100 ans) était le risque le plus important pour toutes les installations et tous les actifs matériels. En tenant compte de cette observation et du cycle de vie des infrastructures, les recommandations consistaient souvent à poursuivre la surveillance supplémentaire des infrastructures à long terme, au lieu de les remplacer à court terme. Même si les plans d’intervention en cas d’urgence étaient différents d’un terminal à l’autre, ils ont également été pris en compte dans le cadre de l’évaluation des risques. L’évaluation des risques a présenté des commentaires et des recommandations concernant les plans d’intervention en cas d’urgence, comprenant des considérations générales sur le plan des opérations et de la sécurité ainsi que l’inclusion des activités de surveillance et de mise à jour liées au climat.

Résultats et suivi des progrès

L’initiative de l’ERAT a permis de réaliser six évaluations des risques selon le Protocole du CVIIP à l’échelle du Canada atlantique au moyen d’une approche fondée sur les risques pour la planification de l’adaptation et la gestion des actifs. Chaque document a établi les risques pour les infrastructures matérielles et les procédures opérationnelles, les projections et les impacts climatiques, les considérations en matière de surveillance future et les stratégies pour maintenir et remplacer les principaux actifs. En général, dans l’ensemble des terminaux, il y a une série de recommandations qui se chevauchent. La surveillance des paramètres climatiques locaux est approuvée, de même que la mise à jour du Code national du bâtiment afin d’y inclure les effets des changements climatiques. Des options de conception à faible regret qui tiennent compte de la résilience climatique sont aussi présentées. Celles-ci envisagent ce qui suit :

  • Conception fondée sur les conditions climatiques les plus probables
  • Flexibilité ou facteur de sécurité supplémentaire dans la conception pour l’adoption d’un autre plan d’action ou modification à la conception si les conditions climatiques s’écartent de la conception de référence
  • Surveillance des conditions climatiques et du rendement prévus au fil du temps
  • Mise en œuvre de modifications à la conception et à la construction en réponse aux changements climatiques observés.

Résultats et suivi des progrès

Remarque : L’élévation prévue du niveau de la mer fait partie du processus de surveillance continu. L’évaluation des risques s’est surtout appuyée sur des projections climatiques à moyen terme, par opposition à des projections à long terme. Il existe un écart important, surtout en ce qui concerne l’élévation du niveau de la mer, entre les projections climatiques à moyen et à long terme. Puisque l’élévation du niveau de la mer s’accompagne généralement du risque le plus important pour les infrastructures, la surveillance future doit tenir compte de l’écart entre les projections climatiques à moyen et à long terme.

Ressources