Faire de la place pour les terres humides : mise en œuvre d’un réalignement géré des digues pour l’assainissement des marais salés et l’adaptation aux changements climatiques en Nouvelle-Écosse

Making Room for Wetlands est une initiative en cours (en 2020) menée par l’Université St. Mary’s et le ministère de l’Agriculture de la Nouvelle-Écosse, ainsi qu’avec d’autres organismes, afin de réduire les risques d’inondation dans plusieurs collectivités le long de la baie de Fundy, en réalignant les infrastructures matérielles existantes. Les infrastructures lourdes existantes, notamment les digues et les aboiteaux, se sont avérées coûteuses à entretenir et inefficaces pour assurer une protection contre l’intensification des inondations et des ondes de tempête. Afin d’assurer une capacité d’adaptation future qui soit économiquement viable, les digues peuvent être raccourcies ou repositionnées en même temps que le retrait ou le repositionnement des aboiteaux. Ces mesures permettront d’inonder délibérément des portions de terres précédemment drainées afin d’assainir les marais salés naturels. Ces marais constituent une défense naturelle contre les inondations en retenant l’eau de pluie et en atténuant les ondes de tempête. Le but de l’initiative Making Room for Wetlands est de fournir une feuille de route afin d’orienter les futurs projets de nature similaire dans la province. Jusqu’à présent, les efforts déployés pour faire face aux risques d’inondation côtière dans la province ont été embourbés dans la confusion des compétences, créant des zones grises et exposant des lacunes dans les politiques.

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Comprendre et évaluer les impacts

Une grande partie des travaux réalisés à Truro, en Nouvelle-Écosse, fait suite à une inondation majeure survenue à l’automne 2012, qui a provoqué une rupture des digues locales et l’évacuation d’une école secondaire avoisinante. Les organisations affiliées à l’initiative Making Room for Wetlands – menée par l’Université St. Mary’s (SMU) et CB Wetlands and Environmental Specialists (CBWES) – se sont partiellement appuyées sur les données d’évaluation des risques d’inondation précédemment modélisées par une société locale d’ingénierie et de services-conseils. Ces organisations ont également pris en compte des aspects tels que l’histoire du site, l’hydrologie et les différents projets de conception de digues. De plus, les responsables du projet ont procédé à une vaste consultation de la collectivité et ont formé un Marsh Body par l’intermédiaire du ministère de l’Agriculture de la Nouvelle-Écosse. Ces mesures ont permis d’encourager la participation du public et d’augmenter le nombre d’organismes. Bien qu’une analyse coûts-avantages formelle n’ait pas été réalisée, les décisions ont été prises en tenant compte de la rentabilité et de la viabilité financière. L’étude souligne que si la mesure dans laquelle les modifications apportées aux digues existantes ont un effet positif sur la capacité d’adaptation reste à déterminer, le maintien du statu quo aurait entraîné une augmentation des inondations et la nécessité d’interventions techniques de plus en plus importantes. Ce cas a fait face à une variété de défis, notamment un manque de données historiques sur les inondations, une ambiguïté sur les compétences et des obstacles liés à l’accès au financement. Malgré les complications susmentionnées, Truro a finalement réussi à créer un plan de gestion des digues, en grande partie grâce à une communication soutenue et à une consultation publique étendue.

Déterminer les actions

Comme il est indiqué ci-dessus, certains renseignements utilisés pour cerner les mesures ont été recueillis dans le cadre d’un programme quelque peu distinct. Ces renseignements présentaient un certain nombre de scénarios hypothétiques fondés sur des modifications des infrastructures de prévention des inondations, ainsi que les coûts fiscaux et l’efficacité associés à chaque mesure. Ces scénarios de risque d’inondation, ainsi qu’une autre modélisation, le LiDAR DEM, les relevés topographiques, les recherches contextuelles et la création d’un Marsh Body sanctionné par le ministère des Pêches et de l’Aquaculture de la Nouvelle-Écosse (parmi une foule d’autres stratégies) ont été utilisés pour déterminer le meilleur plan d’action. Il a également été précisé que toute nouvelle mesure sera axée sur la réduction des coûts d’entretien des digues, l’amélioration de la protection des terres et la réduction des risques d’inondation. Il a fallu consulter non seulement le Marsh Body et les citoyens locaux, mais aussi du service ferroviaire du CN et Nova Scotia Power, car tous deux ont des actifs qui traversent le terrain. Un cimetière historique se trouve également dans la zone et a donc demandé à être pris en considération. Enfin, les principales préoccupations concernant la promotion de la reproduction des moustiques avec l’introduction de nouvelles terres marécageuses et donc d’eau stagnante devaient être abordées avant qu’un plan puisse être convenu. En fin de compte, les responsables du projet et les intervenants susmentionnés ont convenu d’un plan qui prévoit la création de deux nouvelles digues pour protéger les biens du CN ainsi que le cimetière. En outre, les eaux stagnantes seront réduites grâce à la création de canaux stratégiques associée à la rupture délibérée de digues à divers endroits.

Résultats et suivi des progrès

Bien que la mise en œuvre n’ait pas encore eu lieu, il y a certainement eu une multitude de bénéfices communs associés à la phase de planification du projet de réalignement des digues de Truro. Ce projet peut non seulement renforcer la résilience grâce à l’assainissement des plaines inondables, mais aussi contribuer à réduire les coûts d’entretien des digues. En outre, la réintégration des systèmes naturels permettra de mieux protéger les infrastructures et les biens. Le projet fournit également des éléments clés qui seront probablement utiles pour les futurs projets de réalignement de digues en Nouvelle-Écosse. Tout d’abord, le cas de Truro a montré que la communication et la mobilisation du public doivent être au premier plan des efforts de planification pour que le projet obtienne un soutien général. Deuxièmement, le succès de ce projet jusqu’à présent constitue un précédent positif qui pourrait être mis en avant lors de la consultation de futures collectivités nécessitant un réalignement important de digues. Le suivi du projet prendra plusieurs formes sur une période de 5 ans après sa mise en œuvre. Tout d’abord, il s’agira de surveiller les nombreuses incertitudes qui pèsent sur ce projet, telles que l’étendue de la protection contre les inondations (attribuée au délai de développement des marais), les changements dans les degrés de sédiments et de glace ainsi que les effets globaux sur le système hydraulique. Le suivi comprendra également la quantification de la séquestration du carbone et de l’atténuation des inondations à mesure de la construction et de la modification des infrastructures.

Prochaine(s) étape(s)

Autre que la mise en œuvre elle-même, le projet a relevé deux domaines majeurs qui pourraient nécessiter une attention supplémentaire. Le premier est la mesure dans laquelle le réalignement contribuera à renforcer la résilience aux conditions météorologiques extrêmes engendrées par les changements climatiques. Ce facteur est encore inconnu, en partie à cause de données historiques incomplètes, mais peut aussi être attribué au fait qu’il y a une incertitude inhérente à l’introduction de systèmes naturels, en partie à cause des délais, comme mentionné a la section Résultats et suivi des progrès. Ensuite, l’étude faisait également mention d’inquiétudes quant au fait que les interventions effectuées sur le site de la digue de North Onslow (Truro, Nouvelle-Écosse) pourraient avoir des effets négatifs sur le dépôt de sédiments et sur la glace. L’étude souligne également que certains scénarios modélisés suggèrent que les interventions prévues pourraient simplement déplacer géographiquement les zones à haut risque d’inondation. La surveillance du système hydrologique semble tenir compte de cette possibilité dans la période de surveillance de 5 ans après la mise en œuvre. En fin de compte, ce projet sera utilisé comme un guide potentiel pour d’autres projets provinciaux dans le cadre de l’initiative Making Room for Wetlands.

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