Évaluation des changements climatiques pour faciliter l’adoption d’un projet hydroélectrique

Après avoir lancé une étude des impacts des changements climatiques sur ses activités il y a plus de 10 ans, Manitoba Hydro a intégré les impacts des changements climatiques dans l’évaluation environnementale et économique d’une nouvelle centrale électrique de 695 mégawatts (MW), la centrale de Keeyask, située dans le nord du Manitoba, sur le cours inférieur du fleuve Nelson. Les recherches montrent que les changements des conditions climatiques et hydrologiques peuvent de plus en plus avoir une incidence sur l’exploitation, la performance et la sécurité futures des installations hydroélectriques existantes. Les organismes de réglementation ont reconnu la nécessité de garantir que la nouvelle installation fonctionnerait de manière efficace et efficiente en dépit des changements climatiques, à savoir des périodes de sécheresse prolongée et des changements dans les cycles saisonniers de l’eau, les précipitations, l’évapotranspiration, le rayonnement et le vent. Manitoba Hydro a mené des études sur les tendances climatiques historiques et a élaboré des scénarios climatiques futurs, qui ont été intégrés à l’évaluation du climat futur dans le processus d’approbation réglementaire et d’octroi de permis environne

Comprendre et évaluer les impacts

Le projet de Keeyask est une centrale hydroélectrique de 695 mégawatts (MW) qui est développée en partenariat avec Manitoba Hydro et quatre Premières Nations du Manitoba : la Nation crie de Tataskweyak, la Première Nation de War Lake, la Première Nation de York Factory et la Nation crie de Fox Lake. Les partenaires, qui travaillent ensemble, sont connus collectivement sous le nom de Partenariat limité de la centrale de Keeyask. La centrale est située à environ 725 km au nord de Winnipeg, sur le cours inférieur du fleuve Nelson. Bien consciente de sa dépendance au climat et aux écoulements fluviaux, Manitoba Hydro a intégré l’évaluation du climat futur dans sa stratégie commerciale et sa planification des ressources. Au cours de la dernière décennie, l’étude des changements climatiques est devenue une partie intégrante de plusieurs évaluations environnementales et économiques. Afin d’évaluer les impacts potentiels des changements climatiques, l’équipe d’ingénieurs spécialisés en climat de la société a retenu 5 des 109 simulations de Modèles de circulation générale (MCG) pour représenter les changements futurs dans les débits moyens à l’horizon 2050, soit une période de 35 ans. Les projections retenues couvrent 90 % de l’incertitude de toutes les simulations climatiques, vont d’une réduction de 9,6 % des débits globaux à une hausse de 28 %. Pour intégrer cette évaluation hydrologique dans une analyse de rentabilité économique, les signaux de changement des cinq simulations ont été ajoutés dans la base de données des débits observés à long terme. Les cinq scénarios de débits futurs ont ensuite été entrés dans le programme de simulation de l’analyse à long terme du système hydraulique (SPLASH) pour évaluer les revenus annuels moyens. Étant donné que 70 % des 109 projections initiales des modèles de climat montrent une augmentation des débits, l’analyse a attribué une probabilité de hausse des revenus plus élevée au plan comprenant la centrale de Keeyask.

Identifier les actions

L’équipe de Manitoba Hydro affectée aux changements climatiques, qui fait partie de son Service d’ingénierie en ressources hydriques, a adopté une approche prospective en se penchant sur les changements climatiques dans son énoncé des impacts environnementaux (EIE) du projet et dans l’étude de la nécessité du projet et des solutions de rechange (NFAT). L’EIE a tenu compte de trois facettes des changements climatiques : 1) l’effet de l’environnement, dont le climat, sur le projet; 2) l’effet du projet sur l’environnement, dont les émissions de gaz à effet de serre (GES); et 3) la sensibilité de l’évaluation aux changements climatiques. Les deux premières facettes répondaient aux lignes directrices fédérales de l’EIE, et la troisième s’inscrivait dans une mesure de précaution prise par le Partenariat pour déterminer si les conclusions de l’évaluation environnementale demeureraient valables avec de futures conditions climatiques. Ayant choisi de développer et de renforcer son expertise en climat à l’interne, Manitoba Hydro a formé une équipe réunissant les connaissances et les compétences voulues. En 2007, Manitoba Hydro s’affiliait à Ouranos pour tirer parti de l’importante base de données sur le climat du consortium, participer à des projets conjoints et profiter de l’expérience d’autres experts en climat.

Mise en œuvre

Les rapports de l’équipe sur les conditions climatiques passées et prévues et ce qu’elles signifiaient pour ses installations dans le bassin versant de Nelson-Churchill ont été utilisés pour appuyer les arguments de l’entreprise en faveur de la résilience climatique lors de l’analyse environnementale et du processus d’octroi de permis pour des projets tels que le remplacement du déversoir à Pointe du Bois, la ligne de transport Bipole III, la régulation du lac Winnipeg et le projet de transport d’électricité Manitoba-Minnesota (MMTP) prévu. Quand des questions liées au climat surgissent, l’équipe maison y répond et, ce faisant, permet à l’entreprise d’explorer plus à fond l’adaptation aux changements climatiques. Par conséquent, Manitoba Hydro étudiera des mesures additionnelles qui tiendront davantage compte des impacts des changements climatiques sur la planification à long terme. Ces mesures porteront entre autres sur l’examen de futurs changements dans les variations saisonnières de l’apport en eau, les sécheresses, la demande énergétique et la prévision de la demande de pointe. Après avoir pris en considération les recommandations de la Commission de protection de l’environnement (CPE) et de la Régie des services publics (Régie), en 2014, la province a octroyé un permis de construction au Partenariat limité de la centrale de Keeyask.

Résultats et suivi des progrès

Durant les audiences de la Régie, des experts externes ont rigoureusement examiné l’analyse de Manitoba Hydro. Les préoccupations portaient notamment sur le fait que la résolution des modèles climatiques utilisés n’était pas adéquate et que l’analyse de l’entreprise ciblait exclusivement le ruissellement annuel moyen sans tenir compte des changements dans le cycle saisonnier et de la gravité de la sécheresse. La réponse à ces critiques a cependant posé peu de problèmes, car celles-ci portaient sur des enjeux que l’équipe de Manitoba Hydro affectée aux changements climatiques avait déjà examinés à fond, par exemple, le fait que la variable du ruissellement utilisée intégrait les changements dans les précipitations, l’évapotranspiration, le rayonnement et le vent. Peu après les audiences réglementaires concernant l’octroi du permis pour la centrale de Wuskwatim, l’entreprise a mis sur pied la division des Études hydrologiques et hydroclimatiques. Intégrée au service des Ressources hydriques, la division a pour mandat de fournir à l’ensemble de l’entreprise des études spécialisées en génie et une expertise dans plusieurs domaines – impact des changements climatiques, hydrologie, modélisation des bassins versants et prévision des débits – pour répondre plus particulièrement aux besoins des études environnementales, de la planification des ressources, des examens réglementaires, de l’exploitation, de l’octroi de permis et du soutien technique durant la planification, la conception et la construction. Avec le temps, l’entreprise a considérablement approfondi sa compréhension de sa dépendance au climat et a dû intégrer les connaissances acquises aux processus réglementaires.

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