Construire pour le changement climatique : un guide rapide pour les propriétaires et les constructeurs

En 2018, la Commission de services du sud-ouest du Nouveau-Brunswick (CSSONB), avec l’aide du Fonds en fiducie pour l’environnement du Nouveau-Brunswick, a créé un guide pratique intitulé Building for Climate Change: A Quick Guide for Homeowners and Builders (Construire en tenant compte des changements climatiques : un guide rapide pour les propriétaires et les constructeurs). Ce guide a été distribué aux bureaux municipaux et à d’autres endroits de la région dans le but de promouvoir les pratiques exemplaires auprès des propriétaires résidentiels afin d’atténuer les risques climatiques. La région a été exposée à des risques climatiques, dont des inondations, des tempêtes de verglas, des tempêtes tropicales et des feux de forêt.

Les mesures cernées dans ce guide comprennent la modernisation et l’amélioration des bâtiments, les stratégies d’aménagement paysager, les pratiques exemplaires pour les constructeurs et les municipalités sur la façon de construire des bâtiments et des habitations plus résistants aux changements climatiques, ainsi qu’une liste de vérification sur les mesures pour contrer les changements climatiques afin que les propriétaires puissent évaluer l’état de préparation de leurs habitations (existantes ou prévues) aux principaux impacts météorologiques découlant des changements climatiques.

Comprendre et évaluer les impacts

Les municipalités dans la région de la Commission de services du sud-ouest du Nouveau-Brunswick (CSSONB) comprennent le district municipal de St. Stephen, la communauté rurale de Charlotte Est, la ville de Saint Andrews, le village de Grand Manan, le village de McAdam, la communauté rurale de l’île Campobello, la communauté rurale de Fundy Shores et le district rural non constitué du sud-ouest du Nouveau-Brunswick. Toutes les municipalités sont situées dans la région du sud-ouest du Nouveau-Brunswick. Puisqu’un grand nombre de ces communautés se trouvent le long du littoral de la baie de Fundy, elles sont exposées à de nombreux risques climatiques, notamment à des inondations côtières (élévation du niveau de la mer et ondes de tempête), à des inondations à l’intérieur des terres, à l’augmentation des précipitations, aux changements touchant la biodiversité des océans, à l’augmentation de la température et aux changements des cycles de gel rapide.

La CSSONB a travaillé en partenariat avec l’Eastern Charlotte Waterways Inc., un centre de recherche et de ressources environnementales sans but lucratif, et avec des représentants des districts de services locaux ainsi que des municipalités locales pour élaborer un plan d’adaptation aux changements climatiques pour la région afin de relever les défis actuels et futurs liés aux changements climatiques et de s’y préparer. Conformément au cadre de travail BARC d’ICLEI Canada, le plan se compose, en partie, d’une évaluation des vulnérabilités et des risques qui a permis d’établir et de classer en ordre de priorité les risques climatiques pour la région.

L’évaluation des vulnérabilités et des risques pour le plan d’adaptation a pris en compte les modèles de projection des risques climatiques, les données ArcGIS, la cartographie des infrastructures et les superpositions, ainsi que les secteurs vulnérables précédemment cernés, notamment les infrastructures matérielles (y compris les infrastructures routières primaires et secondaires), les quais, les propriétés résidentielles, les terminus de traversiers et les infrastructures de barrage.

Ces résultats ont ensuite été présentés dans le cadre d’une série de séances d’engagement public dans l’ensemble du sud-ouest du Nouveau-Brunswick afin d’informer les membres de la communauté au sujet des infrastructures ainsi que des secteurs de services vulnérables, notamment les secteurs économiques, les services de santé publique, les activités récréatives, les populations vulnérables et l’accès interrompu aux biens et aux services.

Déterminer les actions

La CSSONB a réalisé un examen des pratiques exemplaires dans les codes et les normes du bâtiment, notamment celles de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, de l’Ontario, de la Californie et de l’Australie. Cet examen comprenait aussi l’analyse de documents publiés par l’Institut de prévention des sinistres catastrophiques, la National Fire Protection Association, la Federal Emergency Management Agency, l’International Code Council ainsi que l’examen de revues universitaires.

Les mesures cernées dans le cadre de l’examen des pratiques exemplaires ont ensuite été comparées aux normes minimales du Code national du bâtiment du Canada (2010) ainsi qu’aux règlements et politiques adoptés par la province du Nouveau-Brunswick. Cet examen a été effectué pour identifier les lacunes dans le cadre réglementaire actuel afin de simplifier le guide et de le rendre plus utile.

Mise en oeuvre

Les actions décrites dans le guide comprennent des mesures visant à atténuer les effets des feux de forêt, des inondations, des précipitations extrêmes et des vents extrêmes. Le guide présente également des mesures pour les travaux de construction et de modernisation ainsi que pour l’aménagement paysager afin de réduire les risques liés aux événements météorologiques.

La construction en prévision des feux de forêt comprend l’amélioration de la résilience des toits et des revêtements en utilisant des matériaux de construction non combustibles, comme l’argile, le béton et la fibre de verre, et en évitant d’utiliser des matériaux de construction comme des bardeaux en vinyle ou en bois, ainsi que la protection des greniers et des soffites ou avant-toits. Les stratégies d’aménagement paysager comprennent la création de zones de sécurité incendie autour du périmètre des habitations, les techniques de plantation et d’élagage pour réduire les voies de propagation du feu, et la mise en place de ruptures non combustibles (comme des voies piétonnières).

La construction résiliente aux inondations désigne un éventail de stratégies pour éviter les dommages et les pertes liés aux inondations, notamment en évitant de construire dans une plaine inondable centennale (hauteur de base des crues), en limitant l’utilisation de matériaux de construction vulnérables au-dessus de la hauteur de base des crues et en installant des évents d’inondation pour réduire la pression des eaux de crue. Les stratégies d’aménagement paysager comprennent la construction sur la zone la plus élevée du site, la prévision de l’écoulement des eaux de crue et l’ajout de pierres ou de rochers autour des bâtiments au-dessus et au-dessous du sol pour éviter l’affouillement (l’érosion des matériaux des murs de fondation et des semelles).

La construction en prévision des événements extrêmes de pluie, de neige et de vent tient compte à la fois de l’augmentation de la fréquence et de la durée de ces événements, et de la probabilité accrue d’épisodes de pluie pendant les mois d’hiver. Même si le Code du bâtiment prévoit déjà des mesures pour atténuer les dommages causés par les phénomènes météorologiques extrêmes, des mesures supplémentaires sont à prévoir, notamment des bordures de toit plus profondes, des matériaux de protection des avant-toits, la conception de structures avec des toits en croupe plutôt que des toits à pignon, des attaches anti-ouragan et des techniques de solin appropriées pour les fenêtres, les portes et les terrasses. Les stratégies d’aménagement paysager comprennent l’utilisation de matériaux perméables pour les surfaces dures, les horaires d’arrosage des pelouses et les stratégies de plantation d’arbres.

De plus, le guide présente aux propriétaires un questionnaire leur permettant d’évaluer par eux-mêmes dans quelle mesure leur habitation est prête à affronter les risques climatiques.

Résultats et suivi des progrès

Une meilleure construction pourrait en fait coûter moins cher, car certaines des suggestions formulées dans le guide permettent en réalité d’économiser de l’argent. Headwaters Economics, un groupe de recherche sans but lucratif au Missouri, a analysé le coût de la construction d’une habitation résistante aux feux de forêt, comparativement aux autres solutions possibles. Cette analyse a permis de constater que la construction d’une maison « intelligente face au feu » pourrait coûter un peu moins cher qu’une habitation typique. L’étude, publiée en novembre 2018, a permis de comparer les coûts de construction d’une habitation de plain-pied, de 2 500 pieds carrés avec trois chambres à coucher en utilisant des données de comparaison de coûts facilement accessibles pour plusieurs régions des États-Unis. Les auteurs ont examiné le toit, les murs extérieurs, la terrasse et l’aménagement paysager. L’étude a toutefois révélé que la modernisation des habitations existantes coûtait plus cher. Cependant, ces renseignements devraient encourager les constructeurs, les concepteurs et les architectes à considérer attentivement les techniques de construction qui améliorent la résilience aux diverses menaces liées au climat.

De plus, bon nombre des améliorations proposées dans le guide sont simples et rentables, et servent deux objectifs. Certaines modifications relativement peu coûteuses des techniques standards de construction d’habitations peuvent améliorer considérablement la capacité d’une habitation à résister à des événements climatiques extrêmes. Il existe d’autres approches de risques croisés, y compris, sans s’y limiter :

  • les plateformes ancrées qui résistent au soulèvement causé par le vent ainsi qu’aux forces des eaux d’inondation;
  • la réduction des surplombs de toit afin d’atténuer le risque d’exposition aux feux de forêt ainsi que le soulèvement causé par le vent;
  • le bardage en brique ou en pierre qui est à la fois résistant au feu et au vent;
  • l’utilisation d’une poutrelle à membrure tombante ou à talon pour augmenter la résistance au vent et la formation de barrages de glace pouvant exacerber les charges lors de fortes précipitations, et contribuant aux efforts d’atténuation des feux de forêt.

Prochaine(s) étape(s)

Le guide suggère aux urbanistes, aux agents de développement, aux inspecteurs en bâtiment et aux autres responsables de prendre des mesures qui peuvent ultimement améliorer les pratiques de planification et la construction en recommandant fortement aux gouvernements locaux d’adopter des règlements qui obligent l’adoption de certaines des pratiques exemplaires décrites dans ce document, dont les suivantes :

  • Interdire ou adapter la construction dans les zones régulièrement sujettes aux inondations.
  • Rendre obligatoires les pratiques de construction au-dessus du niveau de base des crues pour les nouvelles structures dans les zones d’inondation survenant une fois sur 50 ans.
  • Interdire l’utilisation de toitures combustibles dans les zones présentant un risque réel de feux de forêt, ou interdire tout simplement les toitures combustibles.
  • Interdire l’utilisation de revêtements combustibles dans les zones présentant un risque potentiel de feux de forêt.
  • Rendre obligatoire l’utilisation d’attaches anti-ouragan sur les raccordements chevrons/fermes aux murs.

Ressources