Chiffrer les impacts des changements climatiques sur l’infrastructure publique de l’Ontario

Au mois de juin 2019, le Bureau de la responsabilité financière (BRF) de l’Ontario a lancé le projet « Chiffrer les impacts du changement climatique sur l’infrastructure publique » (Chiffrer les ICIP) pour analyser les coûts qui pourraient découler des impacts du changement climatique sur les infrastructures municipales et provinciales de l’Ontario et la façon dont ces coûts pourraient avoir une incidence sur les perspectives budgétaires à long terme de la province.

Les changements climatiques constituent un risque sérieux pour les infrastructures publiques de l’Ontario, et on prévoit que les impacts seront de plus en plus coûteux en raison de la détérioration accélérée des infrastructures, de l’augmentation des dépenses d’exploitation et du nombre croissant d’interruptions de service. Pour mener à terme le projet Chiffrer les ICIP, le BRF a travaillé en partenariat avec le Centre canadien des services climatiques (CCSC) afin de fournir les projections climatiques régionales nécessaires à l’analyse des coûts et à l’analyse d’ingénierie détaillée menée par WSP Canada.

Les deux premières phases du projet Chiffrer les ICIP comprenaient une évaluation de l’état des infrastructures provinciales et municipales. La troisième phase, dont l’achèvement est prévu en 2022, vise à produire une analyse des coûts associés aux changements climatiques dans l’ensemble de trois secteurs publics : bâtiments, transport et eau. L’analyse des coûts du projet comprend également une évaluation des coûts associés à l’adaptation des infrastructures publiques à différents risques climatiques ainsi qu’une analyse comparative de différentes stratégies de gestion des actifs.

Selon les résultats de la première analyse sectorielle sur les coûts pour les bâtiments publics (publiée le 7 décembre 2021), les changements climatiques ajouteront environ 6 milliards de dollars aux coûts d’entretien des installations et des bâtiments publics afin de les conserver en bon état pour le reste de la présente décennie (2022 à 2030). D’ici la fin de 2100, selon le scénario d’émissions élevées (RCP8.5), les coûts cumulatifs supplémentaires d’entretien pourraient atteindre 116 milliards de dollars si aucune mesure n’est prise.

Comprendre et évaluer les impacts

Le projet « Chiffrer les impacts du changement climatique sur l’infrastructure publique (Chiffrer les ICIP) de l’Ontario », dirigé par le Bureau de la responsabilité financière (BRF) de l’Ontario, a suivi une approche interdisciplinaire combinant des analyses de gestion des actifs, d’ingénierie, de science climatique et d’économie. Pendant la première et la deuxième phase du projet, le BRF a évalué la composition et l’état des infrastructures provinciales et municipales, et il a publié ses résultats en novembre 2020 et en août 2021. Durant la troisième phase (se terminant en 2022), les responsables du projet Chiffrer les ICIP ont utilisé un modèle de détérioration de l’infrastructure, développé par le ministère de l’Infrastructure de l’Ontario, pour la projection des répercussions financières découlant des risques climatiques sélectionnés sur l’infrastructure publique de l’Ontario selon différents scénarios d’émissions. Le modèle d’analyse est fondé sur des données provenant des sources suivantes :

  • Projections de variables climatiques : projections régionales à plus petite échelle de précipitations extrêmes, de chaleur extrême et de cycles gel-dégel selon des scénarios d’émissions faibles, modérées et élevées.
  • Inventaires des actifs provinciaux et municipaux (installations et bâtiments publics, infrastructure de transport et d’eau) : la valeur de remplacement actuelle (VRA), les coûts de maintien des actifs en bon état et les retards de réparation.
  • Élasticités des coûts climatiques : relations entre les variables climatiques (p. ex., changements touchant les températures et les précipitations) et les coûts d’infrastructure, y compris les coûts associés aux dommages et à l’adaptation.

Alors que de nombreux risques climatiques touchent l’infrastructure publique, le projet Chiffrer les ICIP met l’accent sur les précipitations de pluie extrêmes, la chaleur extrême et les cycles de gel-dégel, car ce sont les plus susceptibles d’avoir les plus graves répercussions budgétaires et ils peuvent être projetés avec le plus haut degré de certitude scientifique. Le BRF a travaillé en partenariat avec WSP Canada pour réaliser une analyse sur les aspects d’ingénierie du projet Chiffrer les ICIP. Le Centre canadien de services climatiques (CCSC) a fourni des projections régionales selon les scénarios de faibles émissions (RCP2.6), d’émissions modérées (RCP4.5) et d’émissions élevées (RCP8.5) pour les variables climatiques sélectionnées à l’aide de la base de données BCCAQv2.

Déterminer les actions

Il deviendra plus coûteux de maintenir l’infrastructure publique en bon état pendant le reste de la décennie en raison des impacts des changements climatiques. Lors de la troisième et dernière phase du projet Chiffrer les ICIP (automne 2021 – se terminant en 2022), le BRF a travaillé avec WSP Canada pour analyser les « élasticités des coûts climatiques » associées aux dommages causés à l’infrastructure au fil du temps, en l’absence de mesures d’adaptation, et il les a comparées aux coûts dans le cadre de différentes stratégies d’adaptation. Cette approche met l’accent sur l’évaluation des impacts des variables du changement climatique (chaleur extrême, précipitations extrêmes et cycles de gel-dégel) selon quatre types de coûts :

Coûts associés aux dommages
Gestion des actifs dans le cadre d’un climat changeant, sans mesures d’adaptation :

  1. Changements touchant la durée de vie utile (DVU) : les actifs peuvent se détériorer plus rapidement (ou plus lentement dans certains cas) à cause des changements à long terme des variables climatiques clés. La détérioration accélérée des actifs entraîne des coûts de rétablissement supplémentaires ou plus fréquents ainsi que des coûts de renouvellement accéléré des actifs.
  2. Changements touchant les dépenses d’exploitation et d’entretien : en l’absence de mesures d’adaptation, les variables des changements climatiques peuvent avoir des répercussions sur les coûts d’exploitation et d’entretien.

Coûts d’adaptation
Gestion des actifs dans le contexte d’un climat changeant selon deux différentes approches d’adaptation :

  1. La stratégie réactive suppose que les bâtiments publics sont reconstruits à la fin de leur cycle de vie utile (renouvellement des actifs) pour résister aux projections de fin de siècle visant les précipitations de pluie extrêmes et la chaleur extrême. Les coûts de renouvellement des actifs surviennent seulement à la fin de la durée de vie utile, lorsque l’actif est entièrement remplacé. Cela produit une adaptation graduelle des actifs, avec 77% des bâtiments adaptés d’ici 2100.
  2. La stratégie proactive suppose que la plupart des bâtiments publics sont rénovés pendant leur durée de vie utile pour résister aux projections de fin de siècle visant les précipitations de pluie extrêmes et la chaleur extrême. Les coûts de rénovation sont associés au remplacement de composants à n’importe quel moment durant la durée de vie de l’actif. Cette stratégie prévoit une adaptation de tous les bâtiments d’ici 2060.

Mise en oeuvre

Cette étude de cas, qui se poursuit encore, concerne l’évaluation des impacts des changements climatiques et elle ne comprend pas d’information sur la phase de mise en œuvre fondée sur les résultats de l’évaluation.

Résultats et suivi des progrès

Les résultats provenant de l’analyse de coûts des impacts climatiques sur les installations et bâtiments publics ont été publiés en décembre 2021.

  • Les changements touchant certaines variables climatiques augmenteront les coûts du maintien des bâtiments publics de l’Ontario en bon état, qu’ils soient adaptés ou non.
  • Les implications budgétaires à long terme dépendront de la gravité des changements climatiques futurs.
  • Les coûts cumulatifs, l’horizon temporel des coûts et la proportion des bâtiments adaptés varient selon les différentes stratégies d’adaptation :
    • Aucune stratégie d’adaptation : 116 milliards de dollars en coûts supplémentaires cumulatifs sont prévus d’ici 2100 (scénario d’émissions élevées). Cependant, tous les actifs immobiliers demeureront vulnérables aux changements climatiques.
    • Adaptation proactive : les coûts initiaux sont beaucoup plus élevés, comparativement à d’autres stratégies. Toutefois, les coûts cumulatifs d’ici 2100 sont plus faibles que ceux de la stratégie sans adaptation, s’établissant à 104 milliards de dollars (scénario d’émissions élevées). De plus, tous les bâtiments publics sont adaptés d’ici 2060, réduisant considérablement la vulnérabilité au fil du temps.
    • Stratégie réactive : les coûts ont un profil de croissance semblable à celui de la stratégie sans adaptation, mais ils s’accompagnent d’économies de coûts vers la fin du siècle, totalisant 91 milliards de dollars (scénario d’émissions élevées). Cependant, seulement 32 % des bâtiments sont adaptés d’ici 2060 et seulement 77 % d’ici la fin du siècle, entraînant une plus grande vulnérabilité aux risques climatiques au fil du temps.
  • L’évaluation des stratégies de gestion des actifs ne tient pas compte des avantages considérables non chiffrés de l’adaptation, notamment les économies réalisées grâce à la réduction de la vulnérabilité et des perturbations des services publics.
  • Les résultats de cette évaluation ne représentent que la limite inférieure des coûts pour les propriétaires d’actifs publics, car ils ne tiennent pas compte de la complexité de l’éventail complet des risques climatiques sur les systèmes élargis bâtis, sociaux, économiques et environnementaux.
  • La méthodologie interdisciplinaire, y compris l’application novatrice du modèle de détérioration utilisant les élasticités de coûts climatiques, offre un modèle utile pour les gestionnaires d’actifs dans plusieurs secteurs.

Prochaine(s) étape(s)

Les produits livrables finaux de la troisième phase du projet Chiffrer les ICIP sont attendus en 2022. Ils comprennent :

  • Un rapport d’évaluation sur les répercussions financières des précipitations extrêmes, de la chaleur extrême et des cycles de gel-dégel sur l’infrastructure du transport en commun.
  • Un rapport d’évaluation sur les répercussions financières des précipitations extrêmes, de la chaleur extrême et des cycles de gel-dégel sur l’infrastructure d’eau publique.
  • Un rapport sommaire qui présentera les observations et les résultats du projet Chiffrer les ICIP

Ressources

Lien vers l’étude de cas complète

Ressources supplémentaires: