Adapter les communications pour mieux informer les groupes vulnérables

Alors que les changements climatiques mondiaux augmentent la probabilité des canicules, la Direction de la santé publique de Montréal, au Québec, prend des mesures pour s’assurer que les membres les plus vulnérables de sa collectivité restent informés des meilleures mesures à prendre pour rester en sécurité en cas de canicule. La Direction se prépare activement aux canicules depuis un certain temps. Dès 1994, Montréal a souhaité informer ses citoyens des dangers de la chaleur extrême, en publiant des brochures sur les moyens de rester au frais pendant une canicule. Au fil du temps, la Direction s’est rendu compte que de nombreuses personnes avaient des difficultés à accéder à l’information ou à mettre en œuvre les recommandations. Elle a constaté que les deux groupes les plus exposés à la mortalité et à la morbidité liées à la chaleur étaient également ceux qui avaient des difficultés à accéder à l’information : les personnes âgées et celles souffrant de maladies mentales ou de toxicomanie. En conséquence, Montréal s’est lancée dans une stratégie de perfectionnement de ses moyens de communication pour mieux accéder à ces groupes.

Comprendre et évaluer les impacts

La chaleur extrême, surtout pendant des périodes prolongées, peut avoir des effets négatifs graves sur la santé d’une personne. En outre, les groupes de personnes les plus vulnérables sur le plan physiologique sont les personnes âgées et celles qui souffrent de maladies mentales et de toxicomanie. À la suite du décès par coup de chaleur d’un travailleur forestier local en 1994, la Direction régionale de santé publique de Montréal a lancé un programme visant à informer ses citoyens des dangers liés aux coups de chaleur et de certains moyens d’y faire face. Cela a été réalisé principalement par la diffusion de brochures sur le sujet. Ce programme a ensuite été affiné en 2002 lorsque la Direction régionale de santé publique a mené sa première campagne de sensibilisation à la chaleur. La canicule européenne de 2003, qui a fait plus de 35 000 morts, a incité Montréal à créer son premier plan d’intervention en cas de canicule. Ce plan a ensuite été révisé en 2007. En 2010, Montréal a connu une vague de chaleur de cinq jours qui a fait passer le plan au stade de l’intervention active, entraînant le déploiement de centres de refroidissement dans toute la ville et d’une campagne de communication agressive. L’efficacité de ce programme a été étroitement surveillée et il a été constaté que souvent les parents, les amis et les proches des personnes souffrant de problèmes de santé mentale n’étaient pas conscients des risques accrus auxquels ce groupe est confronté. Il a alors été décidé d’adapter les communications à des groupes particuliers dans l’espoir de parvenir à une sensibilisation plus large aux besoins uniques des différents groupes face à la chaleur extrême.

Déterminer les actions

La version actuelle du plan régional chaleur accablante ou extrême est le résultat de nombreuses années de révision et d’itération. L’examen majeur réalisé en 2007 a révélé que plusieurs groupes démographiques clés avaient des difficultés à accéder aux renseignements ou à les mettre en pratique. En réponse, la Direction régionale de santé publique de Montréal a modifié sa stratégie de communication afin de cibler plus efficacement les groupes individuels. La Direction régionale de santé publique a eu recours à des groupes de discussion et à des sondages pour mieux comprendre les obstacles à la communication et à la mise en œuvre et les mesures à prendre pour surmonter ces obstacles. Il a également été noté que la collaboration avec un large éventail de groupes est essentielle pour pouvoir produire et diffuser un plan efficace; certains de ces groupes inclus dans la phase de collaboration et de consultation étaient divers services municipaux, des intervenants régionaux et des collectivités voisines. En outre, certaines personnes interrogées ont indiqué qu’il incombait à la Direction régionale de santé publique de diriger le projet, sachant que de nombreux partenaires souhaitaient apporter leur contribution, mais attendaient de l’autorité sanitaire qu’elle prenne une direction claire et structurée. Un autre point à prendre en considération est la façon dont les plans de développement à long terme ont une incidence sur les résultats de santé des citoyens en cas de canicule. Si une collectivité entreprend un programme agressif de plantation d’arbres, par exemple, ses citoyens peuvent être mieux protégés du stress thermique que ceux d’une collectivité qui n’a pas adopté de tel programme.

Mise en œuvre

Si les personnes âgées et celles souffrant de maladies mentales ou de dépendances sont les plus vulnérables, elles ne sont pas le seul groupe sélectionné pour recevoir des messages particuliers. Par exemple, l’un des autres groupes bénéficiant de messages ciblés était celui des professionnels ayant de jeunes enfants à la maison. Même si beaucoup de ces groupes recevaient les mêmes renseignements de base (boire de l’eau, se reposer dans des endroits climatisés, réduire l’activité physique), la formulation et l’imagerie seraient adaptées pour mieux capter l’attention de groupes distincts et leur transmettre des renseignements. Les professionnels qui travaillent avec de jeunes enfants, par exemple, ont créé des affiches et des brochures particulières comportant des images d’enfants afin d’attirer leur attention. En outre, il a été déterminé que toutes les suggestions ne sont pas réalisables pour toutes les populations. Les personnes à mobilité réduite, par exemple, peuvent avoir du mal à s’abriter dans un endroit climatisé. Des messages particuliers ont été envoyés à ces groupes, avec des solutions adaptées à leurs besoins particuliers. À la suite d’une révision du plan régional sur la chaleur accablante ou extrême en 2010, il a été constaté que les messages destinés aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale étaient encore insuffisants. En conséquence, la Direction régionale de santé publique a commencé à collaborer avec les centres de services sociaux, les organisations communautaires et les hôpitaux psychiatriques pour assurer de meilleurs soins et une meilleure couverture pour cette population.

Résultats et suivi des progrès

Malgré ces précautions, il n’a pas été possible d’éviter les décès en surnombre causés par les canicules. Il est souvent difficile de déterminer exactement si une personne est décédée des suites d’un stress thermique lors d’un épisode de chaleur extrême. Une méthode qui tente de déterminer le nombre de décès d’un tel événement consiste à comparer le taux de mortalité pendant une vague de chaleur au nombre habituel de décès pendant la même période sans chaleur extrême et à compter la différence comme un « décès en surnombre » attribuable au stress thermique. Un rapport faisant suite à la canicule de 2010 à Montréal a révélé que la ville a connu 106 décès supplémentaires pendant cette période de chaleur extrême. Toutefois, ce même rapport a noté que le nombre de décès excédentaires était inférieur à ce qu’il aurait été en l’absence des mesures prises et que le plan régional chaleur accablante ou extrême a permis de réduire les taux de mortalité et de morbidité (voir « ressources » pour plus de renseignements).  

Prochaine(s) étape(s)

La Direction de la santé publique de Montréal continuera de surveiller l’efficacité du plan régional chaleur accablante ou extrême, en le mettant à jour à mesure que de nouveaux renseignements et méthodes seront disponibles.

Ressources

Lien vers l’étude de cas complète

Ressources supplémentaires :