Adaptation aux changements climatiques et protection contre les incendies de forêt dans une forêt communautaire [Harrop-Procter, BC]

En mars 2021, le gestionnaire forestier de la coopérative Harrop-Procter, Erik Leslie, et le reste de la coopérative continuent d’affiner leur plan d’adaptation aux changements climatiques et de protection contre les incendies de forêt afin d’accroître la résilience aux incendies de forêt tels que celui de 2003, qui a détruit des milliers d’hectares de forêt dans les environs et a forcé l’évacuation de la collectivité. La coopérative Harrop-Proctor gère 11 300 hectares de terres de la Couronne forestière provinciale entre les deux collectivités homonymes, près de Nelson, en Colombie-Britannique, dans le sud-est de la province. Le plan d’adaptation et de protection contre les incendies de forêt utilise les données climatiques provinciales ainsi que des données historiques pour étudier les conséquences que les changements climatiques pourraient avoir sur les habitations et les infrastructures locales, l’eau, la biodiversité et le bois. Sur la base de ces données, la coopérative a créé une série de cartes pour visualiser les conséquences. Le plan détermine également une série de mesures actuelles et futures à la disposition de la coopérative Harrop-Procter pour faire face aux changements climatiques à venir. L’une de ces mesures est une étude menée par l’Université de la Colombie-Britannique, qui vise à tester la santé et la croissance de diverses essences d’arbres dans la région afin de déterminer lesquelles seraient les plus résistantes dans les futures conditions climatiques prévues. Le plan s’est jusqu’à présent largement appuyé sur les contributions du public et entend poursuivre cette tendance lors des prochaines réunions. L’élaboration du projet va se poursuivre, la phase de planification devant s’achever en juin 2021.

Comprendre et évaluer les impacts

La coopérative communautaire Harrop-Procter a entrepris de comprendre et d’évaluer les impacts en analysant les données provinciales sur les changements climatiques et en effectuant des évaluations des risques. La région a déjà connu un certain nombre d’incendies de forêt importants, dont un en 2003, qui a suscité une première prise de conscience de la nécessité d’aborder et de s’adapter aux futurs événements liés aux changements climatiques. Un autre grand incendie survenu en 2017 a encore souligné la gravité de la situation. Afin de comprendre systématiquement l’impact des incendies de forêt dans la région, une cartographie approfondie des risques a été réalisée. Cette cartographie a permis d’équilibrer les priorités de la conservation des habitats naturels et de la protection de la santé humaine, et comprenait des données actuelles et des projections futures. Des données historiques ont été utilisées pour visualiser divers aspects de la zone et des variables individuelles qui peuvent actuellement contribuer à la probabilité d’un incendie de forêt, comme le poids du combustible du couvert forestier, l’humidité du sol et l’humidité de l’écosystème. Les données historiques ont également été utilisées pour déterminer l’étendue, la date et la cause des incendies de forêt passés (dont beaucoup sont attribués à la foudre). Enfin, la cartographie s’est également appuyée sur les projections des données climatiques provinciales afin de comprendre les conséquences des incendies de forêt sur les habitations et les infrastructures voisines, l’eau, la biodiversité et le bois. Il a été estimé que toute forme de construction, de bois ou de biodiversité qui réside actuellement sur un terrain sec ou « submésique » devait être considérée comme une priorité absolue. De plus, les zones de tête de bassin avec des charges combustibles élevées doivent également être soigneusement protégées. Des comparaisons ont été faites entre les scénarios de 2018 et de 2085. Les projections climatiques pour la région montrent que la saison estivale deviendra plus chaude et plus sèche, tandis que l’automne, l’hiver et le printemps deviendront plus humides avec une augmentation des cas de précipitations extrêmes. Dans ces conditions, les incendies de forêt estivaux devraient prendre de l’ampleur dans les années à venir.

Déterminer les actions

Des mesures ont été déterminées dans le cadre de la stratégie opérationnelle élaborée par la coopérative. La stratégie d’exploitation a pris en compte les activités précédentes d’évaluation des risques afin de déterminer comment la coopérative Harrop-Procter peut procéder à l’abattage tout en régénérant la forêt afin de créer une résilience aux futurs incendies de forêt. Plus précisément, la stratégie d’exploitation a suggéré d’éventuelles modifications des mesures existantes, telles que la réduction des combustibles d’incendies de forêt (par des éclaircies) et des coupe-feu dans le paysage. Ces considérations opérationnelles ont été éclairées par la cartographie d’évaluation des risques brièvement décrite dans la section Comprendre et évaluer les impacts de cette étude de cas, ainsi que par un examen délibéré des hypothèses de base (incendies, sécheresse et taux de croissance, etc.) et des pratiques actuelles. Des mesures telles que l’introduction intentionnelle d’essences d’arbres plus résistantes aux conditions de sécheresse sont également entreprises en éliminant les cèdres et les pruches hautement inflammables et en conservant des espèces telles que le douglas, le pin, le mélèze et les arbres à feuilles caduques. Toutefois, des tests supplémentaires sont nécessaires pour mieux définir les mélanges idéaux d’essences et de provenances. À cette fin, la coopérative s’est associée à Suzanne Simard, professeure à l’Université de la Colombie-Britannique, et à son équipe dans le cadre d’une étude plus vaste qui consiste à planter et à surveiller la santé et la croissance des semis de diverses essences et provenances, dans le but de comprendre la régénération des forêts dans un climat changeant. Cette étude en particulier a été qualifiée de longue durée. Si bon nombre des mesures entreprises sont permanentes et en constante évolution, les itérations actuelles de ces mesures devaient être consolidées en 2019 et 2020 et se concentrer sur les risques pertinents des 20 à 40 prochaines années, mais la conclusion du plan est désormais fixée à juin 2021.

Résultats et suivi des progrès

Les résultats des mesures actuelles, telles que la réduction du combustible et les coupures de paysage, ont probablement réduit la vulnérabilité des environnements naturels et humains aux incendies de forêt. En outre, ces mesures ont également l’avantage de soutenir le fonctionnement continu de la coopérative. Il a été noté que le « terrain escarpé ou éloigné et les ravins des ruisseaux » continueront probablement de représenter un défi pour la création de coupures de combustible, bien que des « pare-feu fabriqués à la main » aient été suggérés comme solution possible. Les résultats souhaités du plan d’adaptation aux changements climatiques et de protection contre les incendies de forêt ont été explicitement déterminés et comprennent l’intégration des projections des changements climatiques dans le processus décisionnel, « la protection communautaire contre les incendies de forêt comprise dans un contexte plus large », la mobilisation des résidents, l’opérationnalisation du plan et la communication des résultats et des méthodes. Ces résultats feront probablement l’objet d’un suivi lors de réunions et d’ateliers futurs. La coopérative note également que de nombreux choix quant aux mesures qu’elle mène comportent des risques inhérents, que ce soit pour l’environnement humain ou naturel, et qu’il sera probablement toujours difficile de trouver un équilibre approprié. Une mesure particulière, l’étude susmentionnée menée par la professeure Suzanne Simard, qui introduit une variété d’essences et de provenances de semis dans la région, a mis en évidence deux éléments de sa recherche qui nécessiteront un suivi et une évaluation. Tout d’abord, la santé et la croissance des semis ainsi que les liens avec les réseaux mycorhiziens existants seront contrôlés. En outre, le cycle du carbone et la biodiversité du sol seront également mesurés. En fin de compte, cette étude profitera à six sites de recherche différents dans six zones climatiques de l’intérieur de la Colombie-Britannique grâce aux connaissances acquises sur l’adaptation de diverses espèces à des climats particuliers.

Prochaine(s) étape(s)

La coopérative Harrop-Procter a défini un certain nombre de mesures à envisager pour l’avenir. La coopérative a exprimé le besoin de plusieurs réunions publiques supplémentaires afin d’affiner le plan, ainsi que le besoin de discuter avec le conseil d’administration de la coopérative de la collectivité d’Harrop-Procter sur le sujet. L’intérêt d’un atelier pour les praticiens a également été établi, notamment en ce qui concerne les modifications à apporter aux pratiques actuelles. La mise en œuvre des mesures déterminées dans le plan ne devrait pas être totalement achevée avant au moins la fin de la décennie. En ce qui concerne les prochaines étapes liées à l’étude de la professeure Suzanne Simard de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) mentionnée précédemment, les besoins en matière de suivi et d’évaluation ont été définis, mais la nécessité d’une itération n’est pas claire. Enfin, une autre étude de cas réalisée par l’UBC, qui examine de manière générale la gestion des ressources forestières à Harrop-Procter, suggère qu’il pourrait y avoir une place pour une foresterie urbaine accrue au sein des collectivités afin de déplacer l’attention du bois vers le tourisme. Cette stratégie peut également contribuer à tempérer les augmentations prévues des précipitations en automne, en hiver et au printemps.

Ressources

Lien vers l’étude de cas complète (en anglais seulement)

Ressources supplémentaires :

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Lien vers l’étude de cas complète (en anglais seulement)

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